Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec BFM TV le 1er avril 2021, sur le tourisme confronté à l'épidémie de Covid-19.

Prononcé le 1er avril 2021

Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Monsieur Lemoyne, vous comprenez que les Français tout d'un coup réservent des trains alors qu'on leur dit que pendant quatre semaines, il vaut mieux rester à la maison ?

R - Les Français, vous savez, depuis le début, ils ont été très responsables. Et là, ce qui se passe, quand on écoute les témoignages, c'est que les gens prennent leurs dispositions pour pouvoir s'isoler pendant les quatre semaines. Et d'ailleurs, le chef de l'Etat l'a dit, ce week-end de Pâques permet aux gens de pouvoir faire encore ces déplacements inter-régionaux pour organiser ces quatre semaines.

Q - Notamment déposer les enfants chez les grands-parents ?

R - Exactement, parce que les vacances à la base, elles s'étendent du 10 avril au 3 mai. Comme les zones sont fusionnées, finalement, les zones qui devaient être en vacances un peu plus tard vont l'être dès vendredi 9 avril. Donc, tout cela c'est de l'organisation, mais nous tablons depuis le début, et nous saluons la responsabilité, le sens de la responsabilité des Français parce qu'effectivement, c'est beaucoup qui pèse sur leurs épaules, et chapeau ! On leur demande encore de la patience, des efforts qui sont demandés, mais on espère que c'est bien la "der des ders", cette fois-ci.

Q - D'accord, mais il y a des Français qui ont réservé des vacances, cela ne tombe pas dans la date prévue, c'est au-delà des dix kilomètres, alors, tant pis, j'y vais et je prends le risque. Que leur dites-vous à ces Français ? Leur dites-vous qu'il faut annuler ?

R - Les professionnels ont mis en place des systèmes d'annulation ou de report. Je veux rendre hommage, d'ailleurs, - vous évoquiez " Gîtes de France "-, ils font partie de ces plateformes qui ont décidé de proposer le report ou le remboursement. Eh bien, cela, chapeau, parce que cela donne de la confiance et les Français vont ainsi pouvoir ne pas être pénaliser deux fois.

Q - Mais il faut annuler ces vacances ?

R - Ce qui est sûr, c'est que là, si vous avez prévu de partir en vacances, vous partez, soit pour quatre semaines, soit vous ne partez pas. Ou pour ceux qui ne partent pas en vacances, il faut choisir son lieu de résidence pour les 4 semaines et s'organiser avant lundi prochain 19h.

Q - Voilà, parce qu'il faut bien préciser, il y a peut-être une ambiguïté, il y a des vacances scolaires qui sont unifiées, il n'y a plus de zone, elles ont lieu du 12 au 26 avril pour tout le territoire, mais cela ne veut pas dire qu'on a le droit de partir. On a les enfants à la maison puisqu'ils n'ont plus d'école à ce moment-là, mais on doit respecter les règles, c'est-à-dire la limitation des dix kilomètres autour de chez soi.

R - Tout à fait. Vous avez, pendant ce week-end, la capacité de choisir de vous isoler, ailleurs, en France, encore une fois, en prenant toutes les précautions. Quelque part, ce ne sera plus "métro, boulot dodo", ce sera plutôt "rando, boulot, repos", mais cela peut être pas mal aussi. Ce qui est important, c'est de le faire avec grande responsabilité, limiter les contacts, limiter les déplacements, limiter aussi les déplacements inter-régionaux. Pendant quatre semaines, il y a cet effort qui est demandé, mais pour pouvoir reconquérir un certain nombre d'activités, un certain nombre de possibilités, et aussi pour sauver cet été. Parce que, là, les efforts ont les fait maintenant pour en finir avec ce fichu variant, avec ce fichu virus, et le chef de l'Etat a tracé les perspectives : à partir de la mi-mai, on s'engage dans un cycle de réouverture progressive et cela, c'est important, parce que ces efforts, on ne les demande pas comme cela pour ne rien obtenir derrière, c'est pour recouvrer une vie la plus normale possible, une fois que la vaccination monte en puissance.

Je rappelle : 10 millions de vaccinés à la mi-avril, 20 millions à la mi-mai, 30 millions à la mi-juin.

Q - Mais on a le droit, là, durant ces quatre semaines, d'aller déposer son enfant chez les grands-parents à l'autre bout de la France, ne va-t-on pas abuser de ce droit ?

R - Encore une fois, nous tablons sur la responsabilité collective. Les contrôles seront renforcés. Après, on ne peut pas mettre un gendarme ou un policier derrière chaque Français. Je crois que c'est important, la responsabilité, et je crois que tout le monde est conscient. Regardez : tout le monde a, autour de soi, des exemples de gens qui ont été touchés, qui sont hospitalisés. On a tous connu, hélas, des décès. Et je crois que tout cela fait aussi qu'il y a beaucoup de responsabilité et je crois qu'il faut le saluer.

Q - Les professionnels du tourisme tout de même l'ont "mauvaise", parce qu'ils comptaient sur ces vacances de Pâques pour se refaire en partie. La situation est difficile pour eux, depuis maintenant un an. Les réservations, d'ailleurs un peu au dernier moment, marchaient bien. Et puis là, patatras, c'est le couperet qui tombe. Qu'est-ce que vous leur dites à ces professionnels du tourisme ?

R - J'ai réuni ce matin le bureau du comité de filière tourisme ; donc, je peux vous en parler, et nous sommes en contact, chaque semaine et chaque jour. Là aussi, très grande responsabilité : je veux leur rendre hommage, parce qu'ils ont accepté toutes ces mesures, parce qu'ils sont bien conscients de l'état sanitaire dans lequel on est et du fait qu'il faut en sortir ; et en sortir aussi pour pouvoir avoir une saison estivale qui se déroule le mieux possible. Et depuis le début, d'ailleurs, le Premier ministre a veillé à réunir, régulièrement, - prenez les professionnels de la montagne qui ont été entravés depuis le mois de décembre - il les a réunis à trois reprises. Et donc, le Premier ministre est attentif à ce que l'on puisse mettre en place des dispositifs d'accompagnement, parce qu'ils ne peuvent pas travailler, eh bien, cela veut dire que nous, notre devoir, c'est le soutien.

Q - Ils seront aidés ?

R - L'Etat est là. Je peux vous dire qu'aujourd'hui, c'est la première fois que je donne ce chiffre, on en est à 26 milliards d'euros de soutien déployé aux acteurs du tourisme.

Q - 26 milliards... ?

R - 26 milliards depuis le début de la crise.

Q - Depuis un an, pour le tourisme ?

R - Exactement. 26 milliards d'euros, c'est 11 milliards d'euros de prêts garantis par l'Etat, c'est 6 milliards d'euros de fonds de solidarité, c'est 6 milliards d'euros d'activité partielle... bref, je pourrais continuer. Tout cela pour vous dire qu'on adapte les dispositifs, à chaque fois, pour tenir le plus grand compte. Regardez, les remontées mécaniques, depuis la semaine dernière, ils peuvent déposer leur dossier pour être indemnisés à hauteur de 70% de leurs charges fixes. On continue, dès lors que, on le voit, ces vacances de printemps ne seront pas des vacances comme les autres. On va poursuivre tous ces dispositifs, parce que c'est la condition pour garder les talents, garder les compétences et pouvoir rebondir, le moment venu.

Q - On pourra partir en vacances, cet été ? On pourra vivre des vacances normales ?

R - Moi, j'ai beaucoup d'espoir pour cette saison d'été, parce que la vaccination va monter en puissance. 30 millions de personnes vaccinées, c'est l'objectif à la mi-juin. C'est considérable. Et puis, il y aura une envie, justement, de prendre un bol d'air, de s'oxygéner. En tous les cas, d'après les premières tendances, cette envie est là. Et j'incite les Français, à ce moment-là, à choisir la France. On travaille avec Atout France, avec les territoires et les professionnels à des campagnes, le moment venu, parce que, naturellement, aujourd'hui, ce n'est pas l'ambiance, mais le moment venu, pour pouvoir s'organiser...

Q - Vous promettez aux Français un été exceptionnel ?

R - Bleu-blanc-rouge.

Q - Bleu-blanc-rouge.

R - Voilà, un été où on va à nouveau....

Q - Mais avec des protocoles sanitaires, encore ?

R - Bien sûr, d'ailleurs, on travaille avec les professionnels aux différentes phases. Le chef de l'Etat a promis de revenir prochainement devant les Français pour exposer tout cela. Donc, vous le voyez, il y a la lumière au bout du tunnel, on tient ensemble. Tenir ensemble, c'est un peu notre deuxième devise nationale, après liberté, égalité, fraternité. Maintenant, il y a "tenir ensemble", depuis plusieurs mois. On l'a fait, on va continuer et on va réussir.

Q - Pendant qu'on parlait, une bonne nouvelle : votre collègue, Roselyne Bachelot, la ministre de la culture, est sortie de l'hôpital, où elle avait été admise pour des complications liées au Covid. C'est son entourage qui donne cette information. Elle entame maintenant une période de convalescence.

R - C'est un grand bonheur, parce qu'on sait combien cela peut être dur d'être touché, on a tous des témoignages, et moi, je me réjouis, parce qu'avec Roselyne Bachelot, on travaille beaucoup ensemble sur ces sujets. Culture et tourisme ont partie liée. C'est parce qu'à un moment, un certain nombre de sites culturels, patrimoniaux, muséaux, pourront rouvrir, que les Français pourront aussi profiter de ce qui fait les charmes de la France.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 2021