Déclaration de M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, en réponse à une question sur la Birmanie, à l'Assemblée nationale le 6 avril 2021.

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Circonstance : Question au gouvernement à l'Assemblée nationale

Texte intégral

Monsieur le Député,

Je partage complètement votre indignation. Ce coup d'Etat a eu lieu depuis deux mois et la situation est extrêmement grave, vous l'avez décrite. Le week-end dernier encore, une vingtaine de manifestants ont été tués, s'ajoutant aux 550 déjà assassinés par la junte depuis le 1er février. C'est une répression aveugle et brutale, comme on en a rarement vue.

Par rapport à cela, vous avez raison, il ne suffit pas d'un déclaratif, même s'il est essentiel, même s'il est important qu'il ait lieu ici, dans cette Assemblée, pour que ce soit entendu partout. Mais il faut aussi prendre des mesures, nous les avons prises, déjà, par les sanctions que nous avons pu édicter, dans le cadre de l'Union européenne, sur notre initiative, à l'égard des onze principaux organisateurs et chefs de la junte militaire, y compris le commandant en chef. Nous allons rajouter, à ces sanctions, des sanctions économiques prises aussi au niveau européen, parce que seules, cela n'a pas beaucoup de sens, mais prises au niveau des 27, contre les entités économiques liées à l'armée, pour qu'elles puissent être en application très rapidement.

Nous avons aussi suspendu, au niveau européen et nous-mêmes, tout soutien budgétaire aux programmes gouvernementaux et nous avons, en même temps, augmenté notre aide à la population civile, aux organisations de soutien humanitaire pour que les populations qui vivent dans le drame puissent être secourues. Et nous allons poursuivre en ce sens, avec cette difficulté particulière : c'est à la fois de frapper au coeur les intérêts économiques des forces armées et, tout en le faisant, ne pas pénaliser en plus les populations qui vivent dans ce pays.

En tout cas, c'est la logique dans laquelle nous sommes avec l'Union européenne et au niveau du Conseil de sécurité aussi, avec l'ensemble de nos partenaires de l'ASEAN, tous les pays directement concernés, nous menons une offensive pour que, en particulier la Chine, prenne les initiatives nécessaires, parce qu'elle a le pouvoir de le faire.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2021