Texte intégral
SONIA MABROUK
Bienvenue à vous et bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
SONIA MABROUK
Le gouvernement via les préfets consulte les maires sur le maintien ou pas des élections régionales, l'opposition vous accuse de manipulation, pourquoi tant de tergiversations de votre part ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors l'opposition s'oppose jusque-là il n'y a pas tellement de surprise, moi j'observe que si le gouvernement avait décidé de ne pas consulter les maires, on nous aurait reproché de ne pas faire de consultation. Je crois que c'est fondamental d'écouter tout le monde, reporter les élections régionales et départementales ce serait une décision lourde qui doit être prise dans le plus grand consensus possible. Dans un premier temps nous les avons déjà reportées de mars à juin et cela a fait l'objet de longues heures de discussion à l'Assemblée nationale et au Sénat, c'est moi qui représentait le gouvernement à cette occasion et nous avons dit aux parlementaires que si d'aventure la situation sanitaire ne permettait pas de tenir les élections régionales, il y aurait une large consultation et in fine un vote au Parlement.
SONIA MABROUK
Mais jusqu'où la consultation, la session des maires de France, de nombreuses associations d'élus vous ont dit oui pour la maintenir, pourquoi les maires aujourd'hui, on dirait que vous voulez leur faire porter la responsabilité de cette décision.
MARLENE SCHIAPPA
Non pas du tout mais je crois que la question de la démocratie elle est fondamentale, la démocratie ne doit pas s'arrêter parce qu'il y a une pandémie. Mais ensuite…
SONIA MABROUK
Elle l'est depuis des mois.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument et c'est problématique à mon sens. moi je suis favorable à maintenir les élections en juin, c'est mon point de vue personnel, mais je pense que c'est important de se prononcer, mais in fine ce sont les maires qui vont organiser ces élections, le ministère de l'Intérieur sera à leurs côtés pour les soutenir, les aider, les équiper, les outillés mais il me semble important de demander aux personnes qui seront en première ligne, pour aller trouver des assesseurs, pour aller organiser les élections de façon très concrète, il me semble fondamental de les consulter, le Premier ministre a raison de le faire.
SONIA MABROUK
Ça veut dire que vous allez suivre l'avis des maires donc.
MARLENE SCHIAPPA
Je crois que le Premier ministre, Jean CASTEX, est en train de chercher le consensus le plus grand possible.
SONIA MABROUK
Mais jusqu'à quand va-t-il le chercher Marlène SCHIAPPA ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors il y aura un débat cette semaine. Vous savez que le Premier ministre s'est engagé à échanger avec le Parlement et donc je crois que dans la semaine nous serons fixés pour avoir une date très précise avec des positions claires des uns et des autres.
SONIA MABROUK
Vous avez dit tout à l'heure que l'opposition s'oppose, elle ne fait s pas que cela, elle vous accuse manipulation parce que vous craignez ce scrutin, est-ce que vous craignez un Waterloo électoral ?
MARLENE SCHIAPPA
Pas du tout. Vous savez d'abord le gouvernement est préoccupé plus par la situation sanitaire et par la situation actuelle, la relance économique que par les élections. Je crois que les élections c'est un temps démocratique fondamental pour notre pays, mais ce qui nous fait prendre des décisions ce n'est pas de savoir si tel ou tel parti dans telle ou telle région va faire tel ou tel score.
SONIA MABROUK
Ça ne vous intéresse pas du tout de savoir que ce scrutin pourrait favoriser les sortants, vous n'y prêtez pas du tout attention et je dois vous croire.
MARLENE SCHIAPPA
Sincèrement moi je vais vous dire à titre personnel, je pense que la situation politique et les équilibres électoraux ne vont pas varier entre juin et septembre, il ne va pas se passer quelque chose de miraculeux pendant l'été. Donc je pense que c'est une erreur de prêter ces intentions là au gouvernement. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les élections se maintiennent, en tant que ministre chargée de la Citoyenneté, c'est aussi mon devoir d'équiper les maires et de les outiller, après en tant que personne engagée politiquement bien évidemment je souhaite que les candidats de la République En Marche l'emporte. Laurent SAINT-MARTIN exemple mobilise une très belle équipe autour de lui en Ile-de-France.
SONIA MABROUK
Mais qui ne porte pas assez… ni d'effet.
MARLENE SCHIAPPA
Alors je ne suis pas d'accord.
SONIA MABROUK
Vous ne regardez pas les sondages de la même manière alors.
MARLENE SCHIAPPA
Si, si j'ai regardé les sondages, mais les sondages…
SONIA MABROUK
Vous les voyez avec des lunettes roses.
MARLENE SCHIAPPA
Non pour l'instant je crois que sont surtout des sondages de notoriété et je ne crois pas qu'Audrey PULVAR ou Julien BAYOU soit plus haut que Laurent SAINT-MARTIN, je vois que pour l'instant il y a un équilibre et chacun attend qu'il y ait justement un lancement de campagne, des débats.
SONIA MABROUK
Mais Valérie PECRESSE écrase le match en Ile-de-France.
MARLENE SCHIAPPA
Elle est sortante, elle est davantage connue mais Laurent SAINT-MARTIN est quelqu'un qui gagne à être connu, c'était le rapporteur, c'est toujours le rapporteur général du budget, il s'est chargé d'un certain nombre de missions importantes pour la République En Marche.
SONIA MABROUK
Vous voyez que vous vous intéressez à la campagne, vous faites sa campagne là en direct.
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr je réponds à la question et je défends mon camarade Laurent SAINT-MARTIN qui a beaucoup de mérite et qui avec une belle équipe autour de lui propose des choses importantes comme par exemple la police régionale en Ile-de-France.
SONIA MABROUK
Oui alors attendez, il y a aussi un autre sondage, celui des régionales et il y a celui des présidentielles, nous sommes à un an, c'est de sondage IFOP, le match Marlène SCHIAPPA, MACRON-LE PEN tient toujours la corde après presque 5 ans de pouvoir d'Emmanuel MACRON, la présidente du RN reste l'aiguillon du second tour, est-ce que ce n'est pas votre échec ?
MARLENE SCHIAPPA
Je crois que c'est un échec collectif. Vous le savez moi quand j'étais jeune, quand j'étais adolescente, quand à Jean-Marie LE PEN était à 15%, on était scandalisé, on en faisait des manifestations, des chansons, des protestations et tout le monde se disait que c'était un scandale et que maintenant il fallait le faire baisser dans les sondages. Quelques années après on s'étonne même plus que Marine LE PEN soit au second tour des élections, on en fait même en postulat en fait et moi ça, ça…
SONIA MABROUK
Qui le fait, est-ce que ce n'est pas vous au pouvoir, la majorité ?
MARLENE SCHIAPPA
Pas du tout.
SONIA MABROUK
Vous actez qu'elle est déjà au second tour.
MARLENE SCHIAPPA
Moi je ne le fais jamais, vous aurez remarqué je ne fais jamais et je pense qu'à force de dire face à Marine LE PEN qui est-ce qu'il y aura au second tour, je pense qu'on part du principe qu'elle sera là et qu'on l'installe dans le paysage. Jordan BARDELLA par exemple n'a même plus à faire campagne, ce week-end il a montré qu'il ne connaissait pas ses propres propositions pour les élections, qu'il ne savait pas les chiffrer et je crois qu'il n'y a pas un vote sur la compétence des uns et des autres, il y a un vote peut-être de colère et un vote pour manifester autre chose qu'une volonté de responsabilité.
SONIA MABROUK
Alors avant 2022, il y a toujours l'épidémie, Olivier VERAN annonce que la vaccination sera élargie aux plus de 55 ans et plus mais comment vaincre aujourd'hui de la défiance du vaccin Astrazeneca ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est une vraie question, le Premier ministre Jean CASTEX s'est fait vacciner lui-même.
SONIA MABROUK
Je ne sais pas si ça va suffire.
MARLENE SCHIAPPA
Non rien ne suffit en soi, moi je pense que on a eu dans un premier temps la défiance vis-à-vis des vaccins en général et j'observe qu'en quelques semaines en quelques mois…
SONIA MABROUK
Vous l'avez un peu gonflé cette défiance quand même Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Je ne crois pas qu'on l'ait gonflé, honnêtement on a voulu répondre vraiment point parfois aux inquiétudes. Dans un premier temps vous aviez des discours complotistes, d'ailleurs vous en avez encore sur les vaccins, je pense qu'on est le pays de Pasteur, il est fondamental de rappeler que les vaccins, ils ont une efficacité qui est prouvée scientifiquement et que c'est en se vaccinant qu'on pourra enfin voir la lumière au bout du tunnel. Quant à l'Astrazeneca moi je ne vais pas faire comme tous les gens qui disent je ne suis pas scientifique mais et qui vous donne un avis très clair sur la composition, etc. je ne suis pas scientifique à titre personnel je ne peux pas vous faire de démonstration scientifique mais j'écoute ce que disent les médecins. J'étais encore dans un centre de vaccination, le président de l'Ordre des médecins de Corse, Michel MOZZICONACCI qui a impulsé un centre de vaccination à côté d'Ajaccio disait que sur les 1000 personnes qui l'a vacciné à l'Astrazeneca aucune n'avait eu d'effet secondaire.
SONIA MABROUK
Puisque vous écoutez les médecins généralistes qui vous disent qu'ils ont du mal aujourd'hui à convaincre les Français des citoyens qui viennent et qui certains veulent faire un choix parmi les vaccins.
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr c'est pour ça que je vous donne les arguments qui sont donnés par les médecins eux-mêmes, je pense que l'essentiel c'est de se vacciner, après moi je ne veux pas obliger les gens à choisir tel ou tel vaccin, il y a évidemment une liberté et l'idée mais pas de contraindre qui que ce soit à quoi que ce soit.
SONIA MABROUK
Alors les autotests, ils sont disponibles enfin, pourquoi toujours un temps de retard chez nous en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Tout est relatif, un temps de retard par rapport à quel autre système.
SONIA MABROUK
Oh là, là. On va commencer par l'Allemagne, les autotests sont déjà légion sur place chez nos voisins.
MARLENE SCHIAPPA
Alors Clément BEAUNE qui s'occupe de la question des relations européennes et des affaires européennes a expliqué qu'il y avait des pays qui communiquaient plus en plus ou moins pardon sur tel ou tel sujet. Il y a une question de culture aussi, moi j'ai entendu dans les débats l'opposition dire, ah oui mais aux Etats-Unis c'est merveilleux parce qu'on peut acheter, etc. Je suis un peu surprise de voir que maintenant…
SONIA MABROUK
Est-ce qu'il n'y a pas une question d'efficacité en réalité Marlène SCHIAPPA, pourquoi est-ce que vous ne reconnaissez pas parfois les erreurs les retards, les volte-face. Par exemple comme sur l'espacement des doses, vous avez fait un changement de doctrine, reconnaissez-le.
MARLENE SCHIAPPA
Ce que j'allais dire, c'est que je suis un peu surprise de voir parfois les Etats-Unis donné comme modèle de système de santé alors que si vous n'avez pas une carte bancaire vous ne pouvez pas arriver aux urgences et qu'il y a des millions de personnes pauvres qui n'ont pas pu même faire un test de Covid parce qu'elles n'avaient pas l'argent pour cela. Je crois que le système de santé français a fait ses preuves, qu'il est efficace et après il y a des ajustements face à cette pandémie qui est inédite, il n'y a aucun pays qui ait réussi à ce stade à éradiquer la pandémie.
SONIA MABROUK
Alors tout autre sujet, des inscriptions, des tags antimusulmans ont été retrouvés sur les murs du centre cultural Avicenne de Rennes, le gouvernement condamne bien sûr, mais est-ce que vous y voyez aussi le symbole d'un climat peut-être qui s'installe ?
MARLENE SCHIAPPA
Il y a évidemment un climat de violence et de haine, il n'y a pas une journée qui se passe sans qu'on découvre des menaces de mort ou des appels à la haine, que ce soit vis-à-vis des lieux de culte, vis-à-vis des responsables politiques, vis à vis des journalistes. J'adresse évidemment tout mon soutien aux personnes qui ont été visées par ces tags, je me rendrai tout à l'heure à la Grande Mosquée de Paris avec monsieur le Recteur afin d'échanger avec lui à quelques jours du début du ramadan, la laïcité c'est aussi la liberté de conscience, c'est aussi la liberté de pratiquer son culte sans être inquiété pour cela donc il est fondamental que nous poursuivions notre protection des lieux de culte.
SONIA MABROUK
Parce qu'il y a une montée d'actes contre les lieux de culte, dont les églises d'ailleurs il y a quelques jours c'était l'incendie dans l'église d'Avesnes sur Helpes, dont vous pouvez peut-être confirmer la piste criminelle.
MARLENE SCHIAPPA
Alors il y a une enquête qui est en cours et donc l'enquête devra faire toute la lumière sur ce qui s'est produit, mais oui j'insiste la laïcité ça n'est pas contre les religions jamais et donc les personnes qui commettent ces actes doivent être poursuivies et condamnées parce que c'est inadmissible dans la République française de s'en prendre aux croyants ou de menacer leurs lieux de culte.
SONIA MABROUK
Alors sur le fond justement de la laïcité vous en parlez, vous avez acté la fin de l'Observatoire de la laïcité menée par Jean-Louis BIANCO, pour en parler Jérémy PELTIER de la Fondation Jean-Jaurès et auteur avec vous Marlène SCHIAPPA du livre qui a été réédité " laïcité. " aux éditions de l'Aube nous a rejoints en studio, bonjour à vous.
JEREMY PELTIER
Bonjour.
MARLENE SCHIAPPA
J'aime beaucoup ce que vous faites.
SONIA MABROUK
Forcément vous avez écrit le même livre. D'abord est-ce que vous êtes d'accord Marlène SCHIAPPA avec l'essayiste Caroline FOUREST quand à affirme que l'Observatoire de la laïcité s'est déshonoré au cours de sa mission.
MARLENE SCHIAPPA
Alors moi je ne veux pas rentrer dans les débats polémiques parce qu'on sait qu'il y a beaucoup de polémiques autour de l'observatoire de la laïcité moi ce que je veux dire c'est qu'en tant que ministre chargée de cette question dans mon décret d'attribution je suis chargée par le président de la République et le Premier ministre de faire respecter et de défendre la laïcité, c'est que je crois que la laïcité n'est pas assez portée au sein de l'appareil d'Etat. Et donc c'est tout à fait légitime après 8 ans de vouloir faire évoluer ce portage, de mettre fin à l'action de l'Observatoire de la laïcité et de créer un dispositif à deux étages avec un bureau de la laïcité d'une part et d'autre part un Haut conseil à la laïcité, ou une instance de ce type.
SONIA MABROUK
Peut-être que votre coauteur Jérémy PELTIER ne fera pas de la langue de bois, est-ce qu'il y a eu Jérémy PELTIER de la complaisance de cet observatoire de la laïcité envers des organisations douteuses, quel bilan vous vous faites justement de cet observatoire.
JEREMY PELTIER
je crois que et pour reprendre les propos de Caroline FOUREST, ce qu'il était contesté via l'Observatoire, ce n'était pas la conception juridique qu'il faisait de la laïcité, c'était pas leur bilan d'un point de vue de leur conception juridique c'est peut-être, un certain nombre de partenariats, un certain nombre d'accointances avec un certain nombre d'associations notamment qui sont intervenues dans les écoles et en fait moi je suis très effrayé quand je vois les sondages sur la laïcité et quand on interroge les collégiens, quand on interroge les lycéens sur la façon dont ils perçoivent ce sujet-là, on voit qu'il y a une forme de relativisme et je pense qu'un certain nombre de gens qui sont intervenus dans les écoles au cours des 10 dernières années ont une part de responsabilité et donc je pense que c'est très sain de changer les équipes quand il faut changer les équipes.
SONIA MABROUK
En tous les cas vous définissez la laïcité de votre point de vue et la laïcité point dans cet ouvrage. On va conclure sur Europe 1 il y a quelques jours Gérald DARMANIN sur la polémique autour du financement de la mosquée de Strasbourg a réaffirmé Marlène SCHIAPPA qu'il n'y avait pas de place en France pour les ennemis de la République, comment vous réagissez alors à la colère du maire d'Albertville sommé par la justice de délivrer le permis de construire d'une école à cette association islamique Milli Gorus ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui c'est un vrai problème juridique notamment en ce qui concerne la délivrance des permis de construire et donc là aussi le tribunal administratif doit se prononcer ou va se prononcer. Le projet de loi contre les séparatistes va nous outiller et va nous permettre de mieux agir.
SONIA MABROUK
Oui mais ce n'est pas rétroactif.
MARLENE SCHIAPPA
Non ce n'est pas rétroactif mais c'est justement parce qu'il y avait des trous dans la raquette que nous agissons plus fermement sur ces questions-là.
SONIA MABROUK
Et on voit bien évidemment que ça reste des défis importants, vous les évoquez notamment dans ce livre « Laïcité point » avec Jérémy PELTIER. Merci Marlène SCHIAPPA et merci à vous Jérémy PELTIER d'avoir été notre invité ce matin sur Europe 1.
MARLENE SCHIAPPA
Merci.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 avril 2021