Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie, avec BFM TV le 16 avril 2021, sur le tourisme confronté à l'épidémie de Covid-19.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger et à la francophonie

Média : BFM TV

Texte intégral

Q - Ce matin sur BFM TV pour évoquer un calendrier. Mi-mai, c'est tenable ou pas ? Les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Vous connaissez la formule. Il faut s'accrocher à cette promesse ?

R - C'est le cap qui a été clairement fixé par le Président de la République, cet horizon de la mi-mai. Naturellement, cela veut dire qu'on doit tous poursuivre, continuer ces efforts. D'ailleurs, il semble qu'ils commencent à payer puisqu'on voit une forme de stabilisation pour l'instant, et dans les départements qui ont mis en oeuvre ces mesures de freinage, le plus tôt, les seize départements, on voit que cela commence à baisser. Donc si nous continuons sur cette voie-là, je touche du bois, nous serons en condition. Et regardez, la vaccination continue à monter en puissance. Vendredi dernier, il y a une semaine, c'était 500 000 injections sur une journée.

Q - C'est un record qui n'a pas été égalé depuis.

R - On est chaque jour quand même sur plusieurs centaines de milliers. Cela veut dire aussi que l'objectif de millions de vaccinés à la mi-mai, des trente millions à la mi-juin, on pourra le tenir. Regardez les annonces qui ont été faites par Pfizer en termes de livraisons. Cela, ce sont des éléments positifs, en vue d'atteindre ce pivot de la mi-mai.

Q - Peut-on dire, sans entrer dans les détails car j'imagine que c'est plus compliqué, que mi-mai, il y aura des réouvertures ? On peut dire cela ?

R - On travaille tous. On se met tous en condition de pouvoir faire des premières réouvertures, dans certains espaces de plein air. On pense notamment aux terrasses, c'est ce que le Président de la République avait indiqué. Egalement certains établissements culturels, type musées. Mais vous savez, cette réouverture va se faire graduellement et progressivement. A chaque phase, il faut qu'on s'assure que lorsqu'on met un pied devant, le sol est bien solide et qu'on ne compromet pas la suite du processus parce que rien ne serait pire que de rouvrir trop vite pour devoir refermer, comme c'est arrivé dans certains pays, au Portugal par exemple.

Q - Bien sûr. Cette réouverture sera-t-elle territoriale ?

R - Cela fait partie des sujets qui sont sur la table. Le gouvernement a eu une approche territoriale ces dernières semaines dans un premier temps. Il est vrai que le dialogue territorial est toujours important parce qu'il pourrait s'avérer que certains territoires connaissent une décrue plus rapide que d'autres. Donc c'est dans les sujets en cours de travail.

Q - On ne peut donc pas exclure qu'il y ait une réouverture territoriale, que certains secteurs, certains départements plus précisément, ouvrent plus vite que d'autres, compte-tenu de leur épidémie qui serait plus maîtrisée ?

R - On l'a déjà fait. Donc cela veut dire qu'on sait le faire. On est le 16 avril, on parle de la mi-mai, c'est donc dans un mois.

Q - C'est demain.

R - C'est demain : c'est dans un mois. Certes, il faut se préparer. C'est d'ailleurs pour cela que l'on travaille avec les professionnels, et hier c'était un point d'étape avec le Président. Chacun a pu faire part des travaux conduits avec les professionnels, pour ma part, avec les professionnels du tourisme, au sein du comité de filière. Pour autant, le travail se poursuit. Hier, nous étions aux 100 000 décès. N'oublions pas cela. Beaucoup, dans nos familles, nous connaissons des gens qui ont été touchés, atteints, frappés, donc je crois que tout cela doit nous inciter à beaucoup de vigilance. Mais sans perdre l'espérance, naturellement, parce qu'on sent la lumière au bout du tunnel, avec ces efforts, avec la vaccination, et les protocoles qui sont travaillés.

(...)

Q - D'autres mesures pourraient être mises en place dans les prochains jours pour des voyageurs arrivant d'autres pays ? Ou je pensais aussi à ceux qui sont en transit, quelqu'un qui fait un Rio-Bruxelles-Paris, n'est-il pas autant à risque que quelqu'un qui arrivait auparavant directement en France ?

R - Il y a déjà une première mesure qui a été celle de suspendre les vols jusqu'à...

Q - C'est jusqu'au 19.

R - Voilà. C'est le temps qu'il nous faut pour préparer le nouveau protocole sanitaire qui s'appliquera pour les voyageurs venant du Brésil. Et qui pourrait s'appliquer le cas échéant à d'autres pays si d'autres variants devaient émerger. On travaille là à un cadre. D'ailleurs ce cadre après, on va aussi le discuter avec nos partenaires européens pour inciter peut-être à ce qu'ils puissent être repris pour qu'il y ait effectivement la meilleure coordination, puisque vous évoquiez par exemple les voies de transit. Si on a tous la même approche, forcément, c'est mieux en termes d'efficacité.

Q - Les vols avec le Brésil, les liaisons aériennes avec le Brésil vont-elles reprendre lundi, ou pourrait-il y avoir une prolongation de cette suspension ?

R - L'idée, c'est d'arriver à avoir ce nouveau protocole sanitaire qui permette de s'assurer que des voyageurs venant du Brésil puissent accéder aux territoires, mais sans faire courir de risques aux résidents en France. D'où un certain nombre de tests, de mesures d'isolement. Tout cela est en cours de travail, au moment où je vous parle il y a des réunions interministérielles, donc voyez la tâche.

(...)

Q - Vous voulez faire un commentaire ?

R - Oui, parce qu'on voit toutes ces réactions. Je veux dire que le maître-mot, c'est vigilance, prudence ; et c'est d'ailleurs pour cela que l'on travaille sur des réouvertures qui se font graduellement, progressivement, il ne s'agit pas de compromettre le mouvement général de réouverture. C'est pour cela qu'il faudra y aller de façon précautionneuse, avec beaucoup de garanties sanitaires et de protocoles, et effectivement ce ne sera pas une réouverture tout d'un coup d'un seul.

Quand un des Tweetos dit que l'on réouvre les restaurants, etc... cela va se faire progressivement. On parle d'abord de terrasses, on parlera ensuite d'intérieurs avec des jauges, etc...

Et c'est parce que cela va être très progressif aussi que notre devoir, c'est de continuer à rester aux côtés des secteurs concernés d'un point de vue du soutien économique. Nous travaillons aussi avec Bruno Le Maire, Alain Griset et Elisabeth Borne sur les dispositifs, leur poursuite ou leur adaptation en fonction de cette reprise qui sera progressive.

Q - C'est une remarque qu'on lit souvent, les restaurateurs qui disent : moi, avec juste 20% de ma terrasse, je ne retrouve pas mon chiffre d'affaire, on a peur que, du coup, cela ne suffise pas.

R - C'est pour cela que l'on restera à leurs côtés. Nous avons des outils qui sont simples, qui fonctionnent bien, avec l'activité partielle et le fonds de solidarité, on peut travailler sur les paramètres et continuer à être à leurs côtés car, effectivement, avec les jauges, ils ne feront pas forcément le chiffre qu'ils faisaient avant.

Cela fait un an que l'on investit pour préserver les talents, les compétences, la ressource humaine, ces femmes et ces hommes qui, avec leur sourire, vous ensoleillent la journée, ce n'est pas pour les lâcher aujourd'hui.

Q - Le pass sanitaire, on en est où ? Cela va arriver ou pas ?

R - Des travaux sont conduits au niveau européen pour avoir ce certificat sanitaire qui permettra la mobilité, qui facilitera la mobilité. L'idée, c'est d'avoir, soit sous forme électronique, soit papier mais de façon normalisée, standardisée, la preuve que soit vous êtes vacciné, soit vous avez votre test PCR négatif, soit vous êtes immune parce que vous avez été touché, vous êtes guéri, etc...

Il y a une grande convergence des Etats membres avec la Commission européenne. Le Parlement européen se prononcera sur ce dispositif et on peut imaginer qu'il entrerait en vigueur dans la deuxième quinzaine de juin. Donc en fait, c'est un outil.

Q - Pour les vacances estivales.

R - C'est un outil qui est mis à la disposition et qui permet de faciliter la reprise de la mobilité à un moment, au moment de la saison estivale.

Q - C'est bien pour voyager, pour aller en Grèce, au Portugal, en Espagne ou en Italie.

R - En France ! Parce que la France ne désespère pas d'accueillir des Européens naturellement.

Q - Bien sûr, pour qu'ils puissent venir en France. Mais, pourquoi ne pas imaginer un pass sanitaire en France, à partir de la mi-mai, pour aller en effet au restaurant, pour aller dans un musée, et un peu plus tard au cinéma ou au stade ? Est-ce quelque chose est sur la table également ?

R - On voit que c'est d'ailleurs un sujet qui fait beaucoup réagir, parce que le fait de conditionner l'accès à tel ou tel espace, à la production soit de la vaccination, soit d'un test PCR, soit d'une immunité, c'est vrai qu'au moment où tout le monde n'est pas encore vacciné, cela pose un sujet éthique. Je pense qu'aujourd'hui, c'est essentiellement un outil dédié à la mobilité : retrouver cette capacité à se déplacer en Europe, c'est cela la première vertu. Après, ce qui est important, c'est de continuer à garder notre outil "TousantiCOVID" qui permet une bonne traçabilité, pour être prévenu si on a été à proximité de quelqu'un qui a été déclaré positif. C'est important de garder ce type d'outil.

Q - Une question enfin sur les vacances d'été. Mi-avril, c'est le moment où l'on commence à vouloir réserver, à quoi va ressembler cette saison estivale ? Qu'avez-vous envie de dire aux professionnels du tourisme, hôteliers, patrons de camping, les locations bien sûr, et aux Français qui espèrent pouvoir partir en vacances ? À quoi va ressembler la saison estivale ?

R - Vous savez, je ne suis pas Mme Irma, je ne fais pas de l'astrologie. Ce que je sais, ce que je peux vous dire, c'est que les professionnels - j'en suis le témoin - se préparent de façon très sérieuse et très méthodique. Je le vois avec les campings, les hôtels, les activités, etc... Je pense que l'on aura cette capacité à souffler, à pouvoir s'oxygéner, à redécouvrir la France sous toutes ses facettes, et les professionnels seront prêts à vous accueillir dans les meilleures conditions sanitaires. Je parle de cela, parce qu'il faudra, je pense, conserver encore un certain nombre de gestes barrières et de précautions. Et d'ailleurs, ce que l'on voit dans l'évolution des comportements des touristes eux-mêmes, c'est que l'on se retrouve plus dans un cercle familial, on a peut-être tendance à louer ensemble un même endroit et ne pas aller tous s'entasser aux mêmes endroits au même moment. On le voit aussi avec les territoires ruraux qui tirent leur épingle du jeu. C'était la leçon de l'été 2020, et je pense que ce sera pareil pour l'été 2021. Pour tout vous dire, mon voeu, c'est que l'été bleu-blanc-rouge soit le grand tube de l'été 2021.


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 20 avril 2021