Interview de M. Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur, avec RTL le 20 avril 2021, sur les contrôles lors du confinement, la police et la lutte contre les trafics de drogue.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

BENJAMIN SPORTOUCH
Bonjour Gérald DARMANIN.

GERALD DARMANIN
Bonjour.

BENJAMIN SPORTOUCH
Merci d'être avec nous ce matin. Nous sommes toujours en confinement, les contrôles se poursuivent, y a-t-il un relâchement des Français ? Est-ce que vous avez constaté une augmentation des amendes que vos forces de l'ordre, eh bien, ont remis aux Français ces derniers temps ?

GERALD DARMANIN
Non, il n'y a pas de relâchement, ce week-end, il y a eu 100.000 contrôles, 16.000 verbalisations, on est dans la moyenne des verbalisations, dans la moyenne des contrôles par les forces de l'ordre. Je crois que les Français, dans cette crise, ils respectent énormément les règles qu'on leur a imposées, je constate beaucoup de respect du couvre-feu, il peut y avoir ici ou là évidemment des exceptions, mais pour passer beaucoup de nuits avec les policiers et les gendarmes, partout sur le territoire national, je constate que les Français, malgré, bien sûr, des réactions d'humeur, et la difficulté de la situation, respectent les règles que nous imposons.

BENJAMIN SPORTOUCH
Vous allez amplifier les contrôles avec les beaux jours, parce que c'est vrai que ça peut donner envie de sortir ?

GERALD DARMANIN
En même temps, il y a l'espoir donné par le président de la République, qui évoque, dans les semaines qui viennent, du mieux, parce que nous sommes à 13 millions, quasiment, de personnes vaccinées d'une première dose, et on voit l'arrivée de cet espoir. Le beau temps, c'est aussi un moment pour que les gens restent dehors et se contaminent moins par définition. Donc on va, à la fois, rajouter des contrôles, vous avez vu qu'on a fait des contrôles vis-à-vis de l'extérieur, notamment du Brésil. Et puis, deuxièmement, je constate aussi que malgré ce respect, malgré l'envie de voir l'espoir arriver, les services de réa sont très impactés, dans mon département, le Nord, il y a plus de gens en réanimation aujourd'hui qu'il y en a eu lors du premier confinement. Donc ça reste une maladie extrêmement violente et extrêmement grave.

BENJAMIN SPORTOUCH
Une affaire dans l'actualité qui a frappé les Français, c'est l'enlèvement de la petite Mia, Gérald DARMANIN, Le Parisien nous apprend ce matin qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre un certain Rémy DAILLET-WIEDEMANN, une sorte de gourou, une figure de la sphère complotiste. Il est réfugié en Malaisie. Est-ce que vous connaissiez son nom, est-ce que vous pouvez nous confirmer ce matin ce mandat d'arrêt ?

GERALD DARMANIN
Ce que je peux vous confirmer, c'est que les gendarmes, des centaines de gendarmes, travaillent sur l'affaire de la petite Mia, qu'ils ont retrouvée saine et sauve, ce qui était un défi, et ce qui était important, ils ont retrouvé les personnes responsables de ce rapt, et effectivement, il y a des ramifications qui semblent à la fois survivalistes, vous savez, ces gens extrémistes qui considèrent qu'il faut se protéger contre tout, et qui sont capables de tueries, on l'a vu au drame d'Ambert, avec les 3 gendarmes qui sont décédés à Noël, et puis, des ramifications internationales.

BENJAMIN SPORTOUCH
Et on le recherche donc, cet homme ?

GERALD DARMANIN
Par définition, le ministre de l'Intérieur, ne donne pas des informations particulières sur les enquêtes en cours, mais en tout cas, il y a des ramifications internationales, la Suisse, pour le retour de madame la mère et de sa fille, et puis, pour d'autres personnes.

BENJAMIN SPORTOUCH
Donc on le saura peut-être dans les prochains jours. On en vient à l'actualité policière, Gérald DARMANIN, les syndicats de police appellent aujourd'hui à des rassemblements devant tous les tribunaux de France pour protester contre le verdict en appel qu'ils jugent trop clément dans l'affaire de Viry-Châtillon, dont on a beaucoup parlé ces derniers temps, c'était en 2016, des policiers qui avaient été brûlés dans leur voiture. Est-ce que vous soutenez cette mobilisation, Gérald DARMANIN ?

GERALD DARMANIN
Moi, je ne soutiens pas les manifestations devant les institutions, et je me fixe deux règles depuis que je suis ministre de l'Intérieur : ne pas commenter une décision de justice, quelle qu'elle soit, et soutenir les policiers victimes, parce que ces policiers ont été reconnus comme victimes par le tribunal, il y a eu beaucoup de personnes qui ont été condamnées à des peines lourdes par la cour d'Assises, je voudrais le rappeler, jusqu'à 20 ans de prison, et ils ont été victimes d'actes absolument ignobles et odieux, d'actes de barbarie, vouloir brûler vifs des policiers dans une voiture, il n'y a pas d'autre mot que de dire que c'est de la barbarie. Et donc samedi matin, je les recevrai, ces policiers…

BENJAMIN SPORTOUCH
4 policiers samedi matin, vous les recevez.

GERALD DARMANIN
Exactement. D'abord, pour leur apporter une nouvelle fois le soutien du gouvernement, comme l'a fait le gouvernement de Bernard CAZENEUVE, puisque c'était en 2016 que ces faits ignobles se sont déroulés, et de manière générale, les soutenir comme je le fais tous les jours, les policiers les gendarmes, et le président de la République, hier, a eu l'occasion, dans un grand journal, mais aussi en déplacement, de leur redire leur soutien.

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais on va y revenir, mais les recevoir à Beauvau, est-ce que ça ne sonne pas comme une forme de désaveu de la décision des magistrats, est-ce que vous estimez que la justice est globalement trop clémente quand il s'agit de violences aux policiers.

GERALD DARMANIN
Non, moi, vous savez, je n'oppose jamais la police et la justice, d'autant que dans cette affaire, c'est la cour d'Assises, c'est-à-dire des jurys populaires qui ont donné ce verdict, moi, je n'étais pas au procès, donc je ne commente pas cette décision de justice, je veux dire en revanche que la société, l'Etat, les politiques, le ministre de l'Intérieur doivent soutenir les policiers, et les gendarmes lorsqu'ils sont, comme c'est trop souvent le cas, agressés verbalement, psychologiquement, physiquement ; je rappelle que je suis le ministre d'une administration qui a perdu 11 de ses fonctionnaires l'année dernière en service. Et qu'il y a des milliers, chaque année, de policiers et de gendarmes blessés. Donc on ne peut pas faire la politique du hasard de l'actualité. Le jour où ça ne se passe pas bien pour les policiers, vraiment, vouloir les soutenir, y compris médiatiquement, et le jour où ils sont en difficulté, de leur dire : mais alors, on leur doit davantage d'inspections, on leur doit davantage les contrôler, la police, c'est une magnifique administration avec des gens très courageux…

BENJAMIN SPORTOUCH
C'est une magnifique administration qui ressent une sorte de malaise aussi, par exemple, peut-être quand ils ont lu Emmanuel MACRON dans Le Figaro, qui fait un peu du « en même temps », il soutient les forces de l'ordre, mais reconnaît qu'il existe des contrôles au faciès, il le redit, il faut nommer les choses et les regarder en face. Est-ce que pour vous aussi, Gérald DARMANIN, eh bien, il y a des contrôles au faciès dans notre pays ?

GERALD DARMANIN
Mais vous parliez tout à l'heure d'Emmanuel MACRON, moi, je voudrais souligner à quel point ce président de la République fait pour les forces de l'ordre. 10.000 policiers et gendarmes supplémentaires, aujourd'hui, au moment où je vous parle, nous n'avons pu dire partout en France qu'il y aura plus de policiers dans tous les commissariats de France, les grands comme les petits, que lorsqu'il est arrivé en responsabilité, je prends l'exemple de la loi sécurité globale, dont on a dit que jamais elle ne serait adoptée, l'article 24 est toujours là, il va être promulgué par le président de la République, les remises de peine, vous savez, quand vous êtes condamné, les remises de peine générales ont été abolies, les remises de peines automatiques, lorsqu'on s'attaque à des policiers ou à des gendarmes, c'est le président de la République qui l'a souhaité, vous parliez tout à l'heure des contrôles au faciès, le président de la République, il apporte surtout une solution devant cette question qui se pose et que vous relayez dans les médias…

BENJAMIN SPORTOUCH
Les caméras…

GERALD DARMANIN
Mais oui, très largement. Les caméras piétons, à partir du 1er juillet…

BENJAMIN SPORTOUCH
Oui, pour lutter contre ces contrôles au faciès…

GERALD DARMANIN
Pour lutter contre tout. Pour lutter également contre ceux qui insultent les policiers et qui ensuite sur déposition disent : ce n'est pas vrai. Et vous savez, les policiers et les gendarmes, ils sont les premiers à demander ces caméras, aujourd'hui, ils les achètent même eux-mêmes, ce qui n'est pas légal, pour pouvoir se protéger, parce qu'ils sont la cible souvent des quolibets, des insultes... Et moi, je voudrais vraiment redire à quel point le président de la République, on l'a vu hier à Montpellier, tient la barre ferme, et il n'y a pas de monopole de l'autorité en France, dans les partis politiques, le président de la République, il est celui qui incarne aujourd'hui cette autorité.

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais certains y ont vu un virage sécuritaire justement dans cette interview au Figaro et ce déplacement à Montpellier, le président de la République reconnaît lui-même qu'il y a une augmentation des violences aux personnes, une forte augmentation, mais alors, du coup, on se dit, Gérald DARMANIN, est-ce que ça veut dire que pendant ces 4 ans, vous vous êtes bien confronté à un mur, qu'il y a eu une forme d'échec de votre part, Marine LE PEN, qui sera ce soir l'invitée de Thomas SOTTO, dit que le pays est passé de l'insécurité à l'ensauvagement, Gérard COLLOMB, votre prédécesseur à Beauvau, dit : les choses ne s'améliorent pas sur le terrain, même dans les quartiers de reconquête républicaine…

GERALD DARMANIN
Alors, vous ne lisez pas très bien, si j'ose dire, l'interview du Figaro, puisque, d'abord, le président commence par dire, et c'est un fait incontestable, qu'il y a une baisse généralisée des atteintes aux biens, il y a moins de cambriolages, il y a moins de voitures volées, il y a moins de voitures brûlées, et c'est un fait important, parce qu'on le doit notamment grâce à la police et à ces moyens technologiques nouveaux que sont les caméras de vidéoprotection ; ensuite, il y a des atteintes aux personnes qui ont augmenté, pour deux raisons, les violences conjugales, les violences intrafamiliales qui ont augmenté de façon extrêmement importante, du fait notamment de la libération de la parole et du Grenelle qu'a mis en place le président de la République, tous les policiers de France, tous les gendarmes de France nous expliquent qu'il y a 5 ou il y a 10 ans, les femmes n'allaient pas porter plainte pour violences conjugales comme elles le font aujourd'hui, et tant mieux, il faut qu'elles continuent à le faire. Et puis, des trafics de stupéfiants qui, eux, augmentent, et ces trafics de stupéfiants, d'abord, ça veut dire qu'il ne faut pas qu'on tienne un discours de banalisation…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais on va y venir, pardon, Gérald DARMANIN, on va y venir, mais tout de même, quand vous entendez Gérard COLLOMB qui dit : les choses ne s'améliorent pas, eh bien, ce n'est pas rien quand même…

GERALD DARMANIN
Monsieur SPORTOUCH, vous arrivez dans la même interview à expliquer qu'on est sans doute trop lâche avec les délinquants, et en même temps, dire politique sécuritaire, déjà, ce mot m'agace, il n'y a pas de politique sécuritaire, il y a une politique de la sécurité, parce que c'est la sécurité, c'est la liberté de chacun de nos concitoyens, et le président de la République a dit quelque chose de très fort dans cette interview, c'est la politique sociale, la sécurité, celle qui protège ceux qui n'ont rien. Et je n'ai pas du tout non l'impression que notre politique s'essouffle, au contraire, les trafics de drogue, très importants qui, depuis très longtemps, dans les quartiers, existent, dont la consommation vient souvent d'ailleurs des personnes qui sont plus embourgeoisées, elles concernent tout le monde, ces questions de trafics de drogues, eh bien, nous sommes aujourd'hui en train de gagner cette bataille.

BENJAMIN SPORTOUCH
Aveu d'impuissance dit Marine LE PEN…

GERALD DARMANIN
Non, mais madame LE PEN, depuis que je suis petit, je regarde la télévision, monsieur LE PEN, madame LE PEN, Agnès LE PEN disent ça, ils disent : l'immigration est partout, la délinquance est partout, ça fait 40 ans qu'ils le disent. Donc madame LE PEN, c'est comme un disque rayé, qui répète sans cesse des choses, et qui, par ailleurs, ne vote jamais ce qu'on lui propose, elle n'a pas voté la loi sur le séparatisme, alors qu'elle condamne tous les jours l'islamisme, et que nous faisons des choses extrêmement fortes contre l'islamisme, elle n'a pas voté la création des 10.000 policiers et des gendarmes, elle n'a pas voté l'augmentation du budget de la Justice, pour être plus ferme, elle n'a pas voté la loi renseignement, elle n'a pas voté la loi contre le terrorisme. Madame LE PEN, c'est le coq de Chanteclair, elle voit le soleil se lever, elle pense que c'est elle qui le fait lever. Bon, donc, mettons madame LE PEN de côté…

BENJAMIN SPORTOUCH
Enfin, et Xavier BERTRAND, que vous connaissez, qui est toujours votre ami, enfin, je crois, et qui dit que c'est une France " Orange mécanique "...

GERALD DARMANIN
Oui, mais d'abord, ce sont des propos de campagne, et c'est toujours dommage de faire des propos de campagne sur des grands sujets politiques.

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais vous, vous n'êtes pas en campagne, est-ce que le président de la République n'est pas en campagne en faisant ce déplacement hier ?

GERALD DARMANIN
Mais non, moi, Monsieur, je suis à mon poste de ministre de l'intérieur, et c'est ce que demandent les Français, tous les jours, j'essaye, j'essaye, parce que ce n'est pas évident, et les Français le savent, de protéger nos concitoyens devant des maux qui sont très anciens, vous savez, la concentration des ghettos, ce n'est pas Emmanuel MACRON, qui est élu depuis 4 ans, qui l'a faite, bon, j'ai été maire de Tourcoing avant qu'Emmanuel MACRON soit président de la République, dans le quartier de la Bourgogne, dont vous avez parlé ce matin, c'est 90% de logements sociaux, mais ça fait…

BENJAMIN SPORTOUCH
Eh bien, justement…

GERALD DARMANIN
Non, mais attendez, sur ce point, voilà, regardez, ça, c'est très intéressant, à Tourcoing, la ville où je suis élu, il y a 90% de logements sociaux dans un quartier de 10.000 habitants, ça, ça fait 40 ans que ça existe, ça fait 40 ans qu'il y a 70% de familles monoparentales, qu'il y a de la drogue partout, et qu'il y a des gens très courageux qui essayent de s'en sortir ; c'est grâce à Emmanuel MACRON qu'on met 300 millions d'euros pour refaire totalement ce quartier…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais, Gérald DARMANIN, justement…

GERALD DARMANIN
Et vous allez dire : le président de la République, il est responsable de cette situation…

BENJAMIN SPORTOUCH
Eh bien attendez, je vais vous faire écouter justement, parce que tout le monde a été interpellé hier par cette femme voilée, Naima AMADOU, c'est son nom, qui a interpellé à Montpellier le président de la République. Ecoutez.

NAIMA AMADOU
Monsieur le Président, j'ai mon fils qui a 8 ans, il m'a demandé si le prénom de Pierre existait vraiment ou c'est que dans les livres, tellement qu'il y a un manque de mixité dans le quartier. Et je lui ai dit : non, mon fils, Pierre, ça existe vraiment. Il y a des gens qui s'appellent Pierre.

BENJAMIN SPORTOUCH
Le prénom de Pierre existe vraiment dit-elle…

GERALD DARMANIN
Oui, j'étais là…

BENJAMIN SPORTOUCH
Vous étiez à côté. On voit un président un peu sidéré, ce n'est pas son habitude, il a toujours plutôt de la répartie, vous aussi, est-ce que vous l'êtes, est-ce que vous vous y retrouvez dans une France en morceaux qu'on n'a pas réussi à réparer, que le président n'a pas réussi à réparer ces quatre dernières années, c'était son objectif, une France apaisée ?

GERALD DARMANIN
Mais que le président de la République essaie de réparer, mais vous ne refaites pas le quartier de La Paillade à Montpellier ou le quartier de la Bourgogne à Tourcoing en 3 ans, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? La dame qui témoigne, elle témoigne pour deux raisons, et je trouve que c'est très juste ce qu'a dit cette dame, d'abord, c'est une femme, comme vous l'avez dit, qui était voilée, qui avait le foulard, et c'est elle qui demandait la mixité sociale, c'est elle qui remerciait les forces de police de lutter contre les stupéfiants, c'est elle qui s'attaquait aux barbus, elle l'a dit elle-même, vous n'avez passé qu'un extrait, d'abord, moi, j'ai confiance dans la République lorsque Naima, qui est née au Maroc, elle l'a dit elle-même, qui est arrivée à l'âge de 7 ans en France, dit : moi, je veux de la mixité sociale dans mon quartier, je veux des policiers…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais il n'y en a pas…

GERALD DARMANIN
Je veux lutter contre l'islamisme, mais bien sûr, c'est pour ça que dans le quartier de La Paillade, le maire de Montpellier, je ne le suis pas, vous dirait que, hier, indépendamment de lutter contre le trafic de stupéfiants, nous refaisons tout dans ce quartier, et notamment, on évite de faire 90% de logements sociaux dans un immeuble, ça ne peut pas marcher. Et puis, deuxièmement, moi, je constate que cela fait 30 ou 40 ans que cela existe, et vous me dites : est-ce que vous n'êtes pas sidéré ? Mais c'est pour ça que je fais de la politique, si je ne faisais pas de la politique, si de mon expérience de maire…

BENJAMIN SPORTOUCH
Oui, mais on se demande ce qui s'est passé en 4 ans, voilà, c'est aussi ça ce que…

GERALD DARMANIN
Mais je vais vous amener dans certains quartiers, eh bien, regardez, alors, qu'est-ce qui s'est passé…

BENJAMIN SPORTOUCH
Pensent ce matin, les auditeurs, qui nous écoutent…

GERALD DARMANIN
Qu'est-ce qui s'est passé en 4 ans, si vous nous aviez accompagnés hier avec le président de la République, comme vos collègues journalistes, vous auriez constaté que les policiers municipaux, les policiers nationaux, Naima, témoignent de l'hyper-présence désormais de la police et de l'éradication des trafics de drogues dans ces quartiers…

BENJAMIN SPORTOUCH
Les trafics de drogues, justement, alors ça, c'est la mère des batailles, dit le président de la République…

GERALD DARMANIN
Non, mais attendez, qu'est-ce qui s'est passé en 4 ans…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais soudainement, parce que…

GERALD DARMANIN
Il s'est passé, Monsieur SPORTOUCH…

BENJAMIN SPORTOUCH
En 2016, il disait tout l'inverse…

GERALD DARMANIN
Que nous reprenons le terrain, nous reprenons le terrain contre le trafic de drogue, et notamment ce quartier, il y a encore 2 ans, il aurait été impossible à un président de la République, me semble-t-il, de se rendre sur place et discuter avec les habitants, ces habitants, ils ont été parfois séquestrés par des dealers, et par le travail de la police, de la mairie de Montpellier, de la justice, on a réussi à mettre ces personnes derrière les verrous…

BENJAMIN SPORTOUCH
Et c'est sur le cannabis notamment que vous voulez lutter, contre le cannabis, mais est-ce que c'est vous qui avez changé d'avis, le président de la République, en 2016, il disait qu'il n'était pas contre la légalisation du cannabis, c'était alors le candidat MACRON, est-ce que tout d'un coup, à l'approche de la campagne présidentielle, le ministre Gérald DARMANIN a fait changer d'avis le Président MACRON, et que tout d'un coup, eh bien, il faut une lutte acharnée contre le cannabis, 17 millions de Français…

GERALD DARMANIN
Ecoutez, moi, j'échange avec le président de la République depuis que j'ai été ministre des Comptes publics, donc en charge aussi des douanes depuis 4 ans, je l'ai toujours vu très opposé à la drogue, il a toujours validé toutes les oppositions à la drogue, et puis, vous savez cette histoire de cannabis, moi, je trouve que le discours un peu bobo, un peu bourgeois de consommation récréative, que souvent les beaux quartiers ont, alors, ce sont les classes politiques dirigeantes, parfois, médiatiques qui consomment des stupéfiants, disent : eh bien, finalement, ce n'est pas si grave un joint de temps en temps, mais c'est extrêmement grave.…

BENJAMIN SPORTOUCH
C'est ce que dit. Jean-Baptiste MOREAU, vous savez, un député de votre majorité…

GERALD DARMANIN
Oui, non, mais Jean-Baptiste…

BENJAMIN SPORTOUCH
Il dit : on a essayé la prohibition, c'est un échec, il faut passer à autre chose…

GERALD DARMANIN
C'est ce que dit Damien ABAD aussi à droite, c'est ce que dit Robin REDA à droite, donc je pense malheureusement qu'il y a beaucoup de gens qui se trompent sur cette question, mais ça n'empêche pas l'amitié qu'on peut porter pour eux, mais c'est un discours de d'irresponsabilité, la mère de famille qui élève seule ses deux gamins dans le quartier de La Paillade ou le quartier de la Bourgogne à Tourcoing, et qui a deux gamins de 14 et 15 ans, qui vont cahin-caha au collège et au lycée, et qui fument du chichon, alors ça peut être sympathique quand on est dans le 16ème arrondissement de fumer du chichon, mais enfin, la mère de famille qui est toute seule, et qui explique à ses enfants que la drogue, c'est de la merde, qu'en l'occurrence, il y aura de la déscolarisation, que, eux, ils vont devoir faire des petits larcins pour pouvoir se payer leurs doses, parce que ça coûte très cher sa dose, d'abord, de cannabis, dont la TLC est très importante, même le journal Le Monde l'a évoqué, en a fait un article complet, et désormais, la cocaïne, qui est partout sur le territoire national, eh bien, en santé publique, en santé psychologique, et de manière générale dans la vie sociale, c'est…

BENJAMIN SPORTOUCH
Vous savez combien de Français ont déjà…

GERALD DARMANIN
Attendez, attendez, je termine, et moi, je ne sais pas…

BENJAMIN SPORTOUCH
17 millions de Français ont déjà fumé un joint, est-ce que... et l'une de vos députés dit : il faudrait 330 millions d'interpellations si on veut s'en prendre à tous les consommateurs, voilà ce que dit Caroline JANVIER, donc elle dit : c'est un peu de l'esbroufe, on ne pourra pas faire cette politique…

GERALD DARMANIN
Non, moi, j'ai mes convictions. Non, mais attendez, mes convictions politiques, ce n'est pas parce que c'est difficile, et ce n'est pas parce que depuis 30 ans ou 40 ans, on a laissé la drogue prospérer qu'il faut aujourd'hui baisser les bras. Deuxièmement, je dis à tous les pères et aux mères de famille qui se battent, tous les éducateurs qui se battent, tous les médecins qui se battent, pour qu'il n'y ait plus de consommation de cannabis chez les jeunes notamment, qu'ils doivent continuer à se battre, et qu'on sera derrière eux, et que je ne serai pas le ministre qui légalisera…

BENJAMIN SPORTOUCH
Vous, vous n'avez jamais fumé de joint, Gérald DARMANIN ?

GERALD DARMANIN
Non, j'en connais plein qui l'ont fait et qui le regrettent…

BENJAMIN SPORTOUCH
Dans votre entourage. Même dans votre entourage, des amis qui l'ont fait et qui…

GERALD DARMANIN
Il y en a sans doute, et je condamne cette consommation…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais alors, vous allez faire quoi ? Augmenter les amendes par exemple pour consommation ?

GERALD DARMANIN
Mais attendez, Monsieur SPORTOUCH, c'est trop important comme discussion, tous ces gamins qui sont déscolarisés, sous prétexte qu'on aimerait bien pour une raison sans doute de politique, parce que ça fait plus sympa de dépénaliser, parce que sans doute, c'est très difficile de lutter contre la drogue, on devrait être lâche politiquement, la dépénalisation du cannabis, c'est la fin d'une certaine autorité, et qu'est-ce qu'ils vont faire ces trafiquants, vous savez, dans le quartier de La Paillade, c'est 20.000 euros, 20.000 euros en argent liquide, ou 30.000 euros parfois, à Marseille, c'est 100.000 euros des points de deals, qu'est-ce qu'ils vont faire ces trafiquants, ils vont ouvrir une petite échoppe, en payant leur URSSAF, en payant les impôts, ils vont tenir des horaires, à faire l'Inspection du travail quand ils vont vendre demain du cannabis, mais ce n'est pas sérieux…

BENJAMIN SPORTOUCH
Mais vous savez qu'on peut acheter des graines de cannabis en France…

GERALD DARMANIN
Mais ce n'est pas sérieux…

BENJAMIN SPORTOUCH
Est-ce que vous allez interdire la vente des graines de cannabis ?

GERALD DARMANIN
Ce n'est pas sérieux, la lutte contre la drogue, et la drogue, c'est le cannabis, la cocaïne, l'héroïne, est une lutte que doivent faire tous les républicains…

BENJAMIN SPORTOUCH
Et vous allez interdire la vente des graines de cannabis ?

GERALD DARMANIN
Eh bien, j'interdirai, mais, écoutez, Monsieur SPORTOUCH, je suis contre la drogue en général, mais je voudrais dire aussi que dans ce débat, la droite n'est pas claire, et je constate qu'il y a beaucoup de dirigeants de droite désormais qui sont lâches sur cette question, donc posez-leur la même question, ma réponse et la réponse du gouvernement d'Emmanuel MACRON est claire : on lutte contre la drogue avec la première des forces, et que c'est la première des batailles, mais posez la question aux candidats de droite, je trouve qu'ils sont désormais un petit peu loin de ce que souhaite désormais la voix populaire.

BENJAMIN SPORTOUCH
La campagne est donc vraiment lancée. Merci beaucoup Gérald DARMANIN. Bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 21 avril 2021