Interview de Mme Olivia Grégoire, secrétaire d'Etat à l'économie sociale, solidaire et responsable, à France Info le 14 mai 2021, sur la vaccination contre le coronavirus, les aides aux entreprises de l'économie sociale et les élections régionales.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Olivia Grégoire - Secrétaire d'Etat à l'économie sociale, solidaire et responsable

Média : France Info

Texte intégral

LORRAIN SENECHAL
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour.

LORRAIN SENECHAL
C'est le premier long week-end après le déconfinement, c'est un week-end de retrouvailles, en famille, c'est un week-end où on souffle après près de deux mois de confinement parfois. Est-ce que vous craignez un relâchement des comportements, des gestes barrières ?

OLIVIA GREGOIRE
Je ne crois pas. Moi j'ai envie de dire qu'il faut se fonder sur ce que l'on a vu, sur le comportement hyper responsable des Français. Souvenez-vous, ce n'est pas si longtemps, à Noël, il y avait pas mal d'appréhension lors des déplacements, des retrouvailles en famille, et les Français avaient été très responsables, ils avaient augmenté les tests, et pour la plupart avaient pris des mesures extrêmement sérieuses : préservation des gestes barrières, attention maximum à l'endroit de nos plus aînés. Moi j'ai confiance en eux, confiance dans leurs responsabilités, ils ont bien compris qu'on était tous dans le même bateau, soit on était sérieux tous ensemble, soit cet enfer continuerait, par conséquent j'ai confiance en eux. Ce qui compte je dirais, c'est, moi ce qui m'importe c'est plutôt après, c'est lorsqu'à compter du 30 juin, début juillet, où ça va commencer à vraiment se rouvrir, et c'est quand on fait, quand on n'a plus besoin de faire attention, je dirais, qu'il va falloir faire encore plus attention. Mais pour ce week-end je suis plutôt confiante et heureuse qu'ils puissent se retrouver et profiter un peu.

MARIANNE THEOLEYRE
Mais là, dès maintenant, il y a un peu plus de 19 millions de personnes qui ont reçu leur première dose, vous leur demandez d'être prudents ?

OLIVIA GREGOIRE
Je crois qu'il faut continuer à être prudent, déjà tant qu'on n'est que primo vacciné, qu'on n'a pas sa seconde dose de vaccination, ce qui est le cas de nombre de Français. Vous avez totalement raison, on était hier soir à 18,9 millions de Français vaccinés, et l'objectif fixé par le Premier ministre de 20 millions sera atteint le 17 mai. Je veux dire qu'hier c'est plus d'un tiers des 2 200 centres de vaccination qui étaient ouverts, tous les centres de vaccination sont ouverts pendant ce week-end, nocturne compris, et nous en profitons aussi pour mobiliser…

MARIANNE THEOLEYRE
Pas tous, il y a la moitié des centres de fermés, selon Doctolib.

OLIVIA GREGOIRE
Alors, ce n'est pas l'information que j'ai. Moi l'information que j'ai, c'est que ce week-end on peut se faire vacciner et que c'est aussi ouvert en nocturne. On a mobilisé, pour vous dire, 500 000 vaccinateurs en plus des aides-soignants, des kinés, des infirmiers, pour pouvoir vacciner, et on leur donne évidemment une prime pour les encourager à être à nos côtés. Je crois que, moi c'est les chiffres que j'ai du ministère de la Santé, il y a un gros effort et le chiffre sera atteint de 20 millions lundi, c'est ça qui compte.

LORRAIN SENECHAL
Oui, donc avec 2 jours de retard, mais on est globalement sur l'objectif du gouvernement. Vous dites qu'on continue à vacciner, mais certaines voix s'élèvent pour qu'on adapte cette campagne de vaccination, justement à ces week-ends prolongés. Ecoutez ce qu'en disait hier soir sur France Info Franck LOUVRIER, le maire Les Républicains de La Baule.

FRANCK LOUVRIER, LE MAIRE LES REPUBLICAINS DE LA BAULE
Il faut une vaccination saisonnière. Il ne faut pas uniquement penser qu'on va autant vacciner à Paris au mois d'août qu'on va vacciner autant et plus sans doute à La Baule au mois d'août. Donc voilà, il y a vraiment un équilibre à retrouver. En termes de moyens pour l'instant, je ne suis pas à même aujourd'hui de vous dire si nous serons capables de répondre à ce souhait de vouloir se faire vacciner sur son lieu de vacances.

LORRAIN SENECHAL
Comment faire pour adapter cette demande qui va donc forcément être plus forte sur les lieux de villégiature que dans les grandes villes ?

OLIVIA GREGOIRE
Bien sûr. Franck LOUVRIER connaît bien le fonctionnement de l'Etat, il a été pendant des années au coeur de l'Etat, il sait aussi que ça n'est pas une petite gageure que d'assurer la logistique de cette vaccination, ça n'est pas rien. Ça paraît pour certains, et surtout certaines oppositions, ce n'est pas le cas des propos de Franck LOUVRIER, mais ça peut paraître parfois caricaturalement facile, ça ne l'est pas. A cette heure, la doctrine qui peut évoluer, je ne suis pas ministre de la Santé, mais à cette heure, on doit se faire vacciner au même endroit la seconde fois que la première. Pourquoi ? Pour des raisons logistiques de traçabilité et d'accompagnement, ce qui me semble normal. Donc à cette heure…

LORRAIN SENECHAL
Donc on évite de se faire vacciner sur son lieu de vacances.

OLIVIA GREGOIRE
On peut se faire vacciner avant de prendre son train, on peut se faire vacciner avant de partir, on peut aussi anticiper, vous le savez, et vous avez cité Doctolib que j'en profite pour remercier, ils font un super boulot et on a quand même de belles entreprises françaises à nos côtés, vous avez aujourd'hui possibilité, dès que vous avez plus de 18 ans, d'obtenir des créneaux à partir du moment où les rendez ne sont pas pris, ça veut donc dire que même étant bien en deçà de l'âge de 50 ans, vous pouvez à 30 ans parvenir à obtenir des créneaux. C'est plus difficile…

MARIANNE THEOLEYRE
Où il y a 20 000 rendez-vous à peu près par jour, il y a eu 29 millions de recherche en 48 heures sur « Vite ma dose ».

OLIVIA GREGOIRE
Bien sûr.

MARIANNE THEOLEYRE
Donc quand est-ce qu'on ouvre à tout le monde ? On attend de 15 juin ?

OLIVIA GREGOIRE
On attend le 15 juin.

LORRAIN SENECHAL
Et pourquoi attendre si longtemps ?

OLIVIA GREGOIRE
Ce n'est pas si longtemps. Je vais vous dire, il y a un moment, il y a une progressivité qui a été mise en place, il y a une règle, la règle ses priorité aux plus fragiles, priorité aux personnels médico-sociaux, priorité au cas de comorbidité, aux femmes enceintes, aux comorbidités possibles. On va…

LORRAIN SENECHAL
Tout de même Olivia GREGOIRE…

OLIVIA GREGOIRE
On va arriver à un cap le 20 mai. Je vais vous dire, moi je ne dévierai pas, donc j'ai plaisir à répondre aux questions, mais je ne dévierai pas de la stratégie qui est celle posée par le Premier ministre. Elle est progressive, elle est pragmatique, elle est prudente. On ne va pas accélérer, on fait en sorte que rien ne se perde, il y a de l'anti gaspi, de l'ESS dans cette vaccination, parce qu'on ne perd pas les doses…

LORRAIN SENECHAL
Economie Sociale et Solidaire.

OLIVIA GREGOIRE
… on les propose à ceux qui n'ont pas 50 ans et qui veulent se faire vacciner rapidement. On essaie de s'adapter au mieux, mais il n'est pas question de changer de doctrine à l'aune des semaines, sinon ça n'est pas une doctrine.

LORRAIN SENECHAL
Simplement, ça veut dire qu'il va falloir commencer à sortir le calendrier, parce qu'il y a 12 semaines entre 2 doses, il y a 42 jours même dans le cas d'AstraZeneca, et donc il faut penser à ça, à la seconde dose qui risque de tomber en plein mois de juillet ou mois d'aout.

OLIVIA GREGOIRE
Mais on y pense et je pense bien qu'Olivier VERAN y travaille. L'enjeu c'est de voir peut-être comment il peut améliorer, desserrer, à l'aune de ce que vient de dire Franck LOUVRIER…

MARIANNE THEOLEYRE
On peut envoyer des doses dans les zones touristiques, plus de doses ?

OLIVIA GREGOIRE
On peut essayer de réfléchir à ça, je ne doute pas qu'Olivier VERAN soit en train d'y réfléchir au ministère de la Santé. Moi étant ministre à Bercy à cette heure, les informations dont je dispose c'est qu'on doit se faire vacciner la deuxième fois au même lieu que la première, si on a possibilité compte tenu des doses et de la masse, de faire évoluer la pratique, on le fera, vous pensez bien qu'on ne joue pas avec ça. Notre objectif c'est d'arriver le plus vite possible à faire vacciner tout le monde et les 12 semaines elles sont bien intégrées.

MARIANNE THEOLEYRE
Et pour l'été, est-ce qu'il y aura des doses, est-ce qu'il y aura suffisamment de bras surtout ?

OLIVIA GREGOIRE
C'est tout l'objet de ce qu'on fait. Suffisamment de bras, vous voyez je vous le disais, on en a mobilisé 500 000 de plus et je les remercie, pour ce pont de l'Ascension, ce n'est pas le pont de la vaccination, ça vaccine. On travaille évidemment. Agnès PANNIER-RUNACHER y travaille jour et nuit aux côtés de Bruno LE MAIRE pour qu'on ait les doses, on a aujourd'hui les doses nécessaires… Vous savez, il y a un mois on nous disait « vous n'aurez jamais 20 millions le 17 mai ». Bon. Moi je suis assez pragmatique, assez basique, il s'avère que le 17 mai on sera peu ou prou, à un jour près, à 20 millions, à cette heure, on tient la cadence.

MARIANNE THEOLEYRE
Mais vous allez réquisitionner du personnel pour cet été ?

OLIVIA GREGOIRE
Réquisitionner, c'est un mot un peu frontal. On encourage, on incite, on rémunère ceux qui vont donner de leur temps, pendant leurs congés, notamment dans le personnel médico-social, c'est ce qu'on a déjà commencé à faire avec des primes, par exemple, je ne veux pas trop parler d'argent de bon matin puisqu'on parle de sanitaires, mais des primes qui sont aussi adoptées par exemple les pour les nocturnes, ce qui n'était pas forcément le cas avant. Donc réquisitionner, je ne sais pas, inciter et rémunérer à la hauteur de leur engagement, ça c'est sûr.

LORRAIN SENECHAL
Olivia GREGOIRE, secrétaire d'Etat à l'économie sociale et solidaire on va parler dans un instant de la relance, de la reprise, et notamment dans le secteur de l'économie sociale et solidaire, juste après un coup d'oeil sur le fil info à 08h40 avec Diane FERCHIT.

- Fil Info

MARIANNE THEOLEYRE
Avec la secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire, Olivia GREGOIRE. On parle beaucoup des aides pour les restaurants, les commerces, les entreprises, est-ce qu'il reste de l'argent pour l'économie sociale et solidaire, pour le monde associatif dont vous avez la marge ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors déjà, les acteurs économiques de l'ESS, économie sociale, solidaire et responsable, mutuelles, coopératives, entreprises solidaires d'utilité sociale, fondations et associations, il y a cinq acteurs économiques dans l'ESS, sont tous éligibles et ont tous eu droit aux mêmes aides que le reste des entreprises, le prêt garanti d'Etat, le fonds de solidarité, la suspension des charges sociales, tout ça a été mis en oeuvre pour les entreprises de l'économie sociale et solidaire. Force est de constater que sur les 206 milliards d'euros, à date, qui ont été injectés dans l'économie, pour aider nos entreprises et les acteurs de l'économie sociale et solidaire, il y a une réalité, les associations, notamment, ne vont pas assez chercher, demander ces aides. C'est ce qu'on appelle d'ailleurs…

MARIANNE THEOLEYRE
Elles ne les connaissent pas, elles ne savent pas ?

OLIVIA GREGOIRE
pour plein de raisons, vous avez bien raison, c'est ce qu'on appelle le non recours, un, elles peuvent ne pas les connaître, d'où l'importance d'en parler sur des médias comme le vôtre, de bon matin, pour leur faire connaître ces aides, elles ont droit à ces aides, deux, aussi, et souvent, comme dans les ménages les plus précaires, on remarque que beaucoup d'associations se disent « je ne vais pas demander parce que je ne vais pas être éligible et je n'aurai pas droit », donc il y a une forme d'autocensure, et moi je veux dire avec force ce matin qu'elles ont droit à toutes les aides, elles ont droit en plus à une aide spécifique que j'ai mise en place pour elles, le dispositif Urgence ESS, c'est 30 millions d'euros en plus, c'est de l'urgence pure, on ne parle pas de relance ici…

MARIANNE THEOLEYRE
C'est pour qui alors, qui est éligible ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors, c'est pour tous les acteurs de l'économie sociale et solidaire qui ont moins de 10 salariés, associations comprises, elles peuvent obtenir en 15 jours 5 à 8 000 € d'aide directe, on n'est pas ici sur un prêt à taux 0, c'est une subvention directe, pour leur permettre d'aider, d'accompagner un peu leur trésorerie qui est très faible, c'est un des marqueurs de l'économie sociale et solidaire, on a aujourd'hui plus de 10 millions d'euros qui ont déjà été décaissés, sur cette aide, il en reste à peu près entre 15 et 20 millions d'euros, il faut se connecter sur urgence-ess.fr, remplir un petit questionnaire qui est hyper simple et vous avez la réponse en 15 jours, il faut que les associations demandent ces aides, et je pense notamment aux plus petites. Pour l'instant on a plutôt réussi, j'ai plutôt réussi à adresser cette aide à celles qui n'avaient rien eu, 62 % des structures qui sont aidées avec ce fonds d'urgence sont des structures qui n'avaient pas eu le fonds de solidarité. Et on remarque quoi ? On remarque que ce sont principalement les associations culturelles et les associations sportives qui font appel à ces aides, ça c'est vraiment du domaine de l'urgence. Je veux juste vous dire qu'il y a aussi 1,3 milliard d'euros dans le plan de relance pour les acteurs de l'ESS, dont 200 millions d'euros déjà directement pour les associations, on est en train de décaisser ces aides pour les associations…

MARIANNE THEOLEYRE
Les associations de lutte contre la pauvreté ?

OLIVIA GREGOIRE
Exactement, et en faveur de l'hébergement d'urgence, toutes les semaines je me déplace, j'étais encore mercredi à Saint-Denis pour apporter une aide de plus de 200 000 €, presque 300 000, à une association qui aide des mamans en difficulté, la semaine d'avant c'était 396 000 € pour une association parisienne qui fait de l'aide alimentaire, on est en train de décaisser ces 200 millions d'euros, la relance c'est maintenant.

LORRAIN SENECHAL
Et comment vous faites, Olivia GREGOIRE, pour les petites entreprises ou les associations qui doivent commencer à rembourser les prêts garantis par l'État dont vous parliez ? Parce que les échéances elles commencent pour celles qui ont obtenu ces prêts au tout début de la crise, parfois elles n'ont pas les moyens de les rembourser.

OLIVIA GREGOIRE
Déjà et je peux vous garantir que la Fédération bancaire française est à mes côtés, comme la Banque de France, il y a eu de la bienveillance et de l'indulgence à l'endroit des acteurs associatifs. Par exemple, les associations qui ont eu des découverts dépassés, au mois de décembre, au mois de novembre, ont eu une bienveillance et n'ont pas été ennuyées par leur banque, je n'ai pas eu, pour vous dire, au cabinet, je n'ai pas eu, alors que j'ai demandé à ce qu'on me le fasse remonter, une seule association qui se soit vue mise en difficulté parce que le découvert autorisé était dépassé. Les acteurs bancaires, on les critique souvent, il faut aussi les remercier quand ils sont à la hauteur. Aujourd'hui il y a possibilité, toujours et encore, de discuter avec son banquier, c'est pareil avec les impôts, c'est pareil avec la dette sociale. La meilleure façon de se confronter au problème, déjà si on a un problème, c'est d'aller en parler au Médiateur du crédit, si on a un crédit, ils sont disponibles pour les associations, d'en parler à sa banque, et donc déjà le dialogue, et si jamais il y a des difficultés, je le redis, Bruno LE MAIRE le dit souvent, ça paraît dingue, mais on le fait, on traite au cas par cas, à Bercy, avec la Direction générale des entreprises, les acteurs économiques qui ont des difficultés encore. Donc, pour les associations qui auraient du mal, tout est possible, on peut étaler le remboursement, vous voyez, on a annoncé avant-hier que la dette sociale, 12 milliards d'euros, la dette sociale, serait étalée sur 3 ans, on aura 3 ans au moins pour rembourser les dettes sociales qui auront été pas remboursées à date, donc on est indulgent, on laisse le temps de la progressivité aussi là-dedans.

MARIANNE THEOLEYRE
Vous parliez de la relance, la relance c'est maintenant dites-vous, est-ce qu'il y aura un deuxième plan de relance, d'investissement, et est-ce que les aides seront conditionnées à un engagement environnemental ou social ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors moi je, mais c'est votre fonction, donc c'est normal…

LORRAIN SENECHAL
C'est Emmanuel MACRON qui appelle à un plan d'investissement…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, oui, mais Emmanuel MACRON est le président de la République, ça n'a échappé à personne, moi je suis une modeste secrétaire d'Etat, et à Bercy, avec Bruno LE MAIRE, on conduit la relance, donc aujourd'hui déjà… voyez, on est à un peu plus de 30 milliards d'euros de décaissés sur les 100 milliards, on est donc dans les clous de ce qu'on avait fixé, mais ça veut dire qu'il y a encore beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent, en ce moment même, qui est en train d'être déployé pour financer des entreprises…

LORRAIN SENECHAL
Et qui est bloqué en partie à Bruxelles parce que la Pologne, notamment, n'a toujours pas ratifié le plan de relance européen.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais pas que, ça c'est pareil, verre vide, verre plein, moi je vous parle de 30 milliards qui sont aujourd'hui décaissés, peu importe que Bruxelles ait voté ou pas à cette heure, il y a 40 milliards français, il y en a 30 qui sont décaissés au moment où je vous parle, et donc ça veut dire que l'argent il est injecté dans nos entreprises. Le temps doit être notre allié, il faut aller vite si on veut que les entreprises soient debout en fin d'année et l'année prochaine, donc d'abord on passe 2000 % de nos journées à faire en sorte que le décaissement soit effectif et les financements arrivent dans les entreprises, et notamment les entreprises de tous les territoires, l'industrie, etc. Est-ce qu'il y aura, à un moment ou un autre, une réflexion nécessaire sur un investissement de plus long terme, c'est-à-dire, je ne vous parle pas d'un deuxième plan de relance, exactement le même, je vous parle de ce qu'a dit Bruno LE MAIRE, c'est-à-dire peut-être une adaptation et des financements supplémentaires sur le long terme ? Ça fait partie des sujets sur lesquels nous réfléchissons.

MARIANNE THEOLEYRE
Conditionné à un engagement environnemental ou social ?

OLIVIA GREGOIRE
Alors ça c'est un vrai débat, un grand débat, qui s'appelle la conditionnalité des aides publiques. C'est un débat que nous avons eu, j'ai siégé 3,5 ans en tant que vice-présidente à la Commission des finances au Parlement, c'est un débat que nous avons eu pendant l'urgence, et l'an passé notamment lors des projets de loi de finances, ça n'a pas été accepté. Pourquoi ? non pas parce que nous avons un a priori, ou que le gouvernement est contre, pas du tout, il y a du sens dans cette approche, en revanche en crise, en période de crise, ce qui était le cas l'an passé, ce qui est encore pour partie le cas quand même, au plan économique, le signal majeur, pour les entreprises, mais aussi pour les marchés, c'est la confiance. La confiance ça veut dire que si vous conditionnez, si nous avions conditionné, les PGE ou le fonds de solidarité, pour des petites entreprises, à des engagements environnementaux, qui auraient possiblement été définis après, elles ne seraient tout simplement pas aller chercher les aides, et c'est là qu'est le drame. Donc, à chaud on n'a pas voulu. Est-ce qu'à froid, u est-ce que de façon plus tiède, dans les mois ou années qui viennent, ce sujet se posera ? Je n'ai aucun doute, et nous n'avons aucune frayeur à l'adresser, j'y travaille personnellement sous les radars, comme on dit, mais c'est un vrai sujet, est-ce qu'à chaud il fallait le faire ? Je ne crois pas. A froid ? A réfléchir.

LORRAIN SENECHAL
La reprise en tout cas elle arrive, 5 % de croissance, c'est ce qu'attend le gouvernement pour cette année…

OLIVIA GREGOIRE
5.7.

LORRAIN SENECHAL
5.7, ça a même été revu à la hausse par Bruxelles, mais pour l'instant le gouvernement reste sur 5 %, en tout cas ce qui risque d'arriver avec la reprise c'est quelque chose qu'on n'a pas vu depuis des années, c'est l'inflation, 4,2 % d'augmentation des prix prévue aux Etats-Unis, du jamais vu depuis 2008. Est-ce qu'en France aussi il faut craindre une augmentation des prix ?

OLIVIA GREGOIRE
On surveille de très près, à cette heure on n'est pas du tout sur les mêmes chiffres qu'aux Etats-Unis…

LORRAIN SENECHAL
1 % en France, 1,2.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, 1,2, exactement, et sur certains biens et produits spécifiquement, l'essence, le tabac, bon ! Ce qui est très important c'est que ça ne devienne pas structurel et que ça ne contamine pas, cette inflation, l'ensemble des biens, notamment de première nécessité. Nous sommes extrêmement attentifs à Bercy, à cette heure on n'est pas inquiet, mais ça fait partie des fondamentaux qu'on observe de très près, il ne faudrait pas que la relance s'accompagne d'une hausse des prix, il faut aussi, là, considérer que les ménages les plus fragiles sont en difficulté, beaucoup aussi, d'entre eux, ont vu leurs emplois vaciller, pour partie certains les ont perdu, et donc l'inflation est un mal que nous surveillons de très près à Bercy, on n'est pas inquiet à cette heure, on est vigilant.

LORRAIN SENECHAL
Olivia GREGOIRE, secrétaire d'Etat à l'économie sociale et solidaire, vous restez avec nous, on jette juste un coup d'oeil sur le Fil Info à 08h50 avec Diane FERCHIT.

- Fil Info

LORRAIN SENECHAL
Toujours avec Olivia GREGOIRE, la secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire. Il n'y aura pas de liste En Marche aux régionales de Provence Alpes Côte d'Azur, puisque votre collègue du gouvernement Sophie CLUZEL a renoncé à et apporte son soutien à la liste Les Républicains du président sortant Renaud MUSELIER, mais qui comprend aussi des membres de la République En Marche. Il y a eu des semaines d'atermoiements, sur France Info Sophie CLUZEL la semaine dernière disait qu'elle conduirait une liste jusqu'au bout. Tout ça pour ça finalement ? Est-ce que vous n'avez pas peur que les électeurs soient déboussolés ?

OLIVIA GREGOIRE
C'est un très bon film.

LORRAIN SENECHAL
C'est un feuilleton oui. Ça nous a tenus en haleine.

OLIVIA GREGOIRE
C'était un très bon film, c'est devenu un feuilleton. Bon, position de Sophie CLUZEL, moi je ne suis pas très fan des EDL langue de bois, donc je vais vous dire le fond de ma pensée…

LORRAIN SENECHAL
Des Eléments De Langage.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, ce n'est pas mon truc, j'ai mon propre langage et j'assume mes positions. Position difficile pour Sophie CLUZEL, délicate en tout cas, inconfortable.

LORRAIN SENECHAL
Vous l'avez eue au téléphone depuis ou… ?

OLIVIA GREGOIRE
Elle sait le soutien que je lui apporte pour ce qu'elle fait déjà depuis 4 ans au gouvernement, sur un sujet qui me tient à coeur, et c'est une femme engagée. Et je sais et j'imagine que ça a dû être inconfortable. La politique c'est difficile. Qu'est ce que je remarque très prosaïquement ? Je remarque que 22 % des candidats de la liste de Renaud MUSELIER sont des acteurs locaux qui sont La République En Marche. Donc je remarque qu'il y a une forme de cohérence, une forme de cohérence quand même dans la liste de Renaud MUSELIER. Il avait dit : pas de caciques, pas de parlementaires, pas de ministres, c'était valable pour Les Républicains, pour la République En Marche. Pourquoi ? Pas pour embêter le monde, parce qu'il voulait une liste purement régionale, avec des compétences, c'est le mot qu'il avait à la bouche sans arrêt, régionale. En ça, la liste est cohérente, et je trouve donc que, à la fin du feuilleton ou du match qui n'est pas encore terminé, je vous l'accorde, en tout cas la saison 1 démontre que nous avons une liste où il y a des acteurs locaux, engagés de La République En Marche, aux côtés d'acteurs locaux engagés Les Républicains.

MARIANNE THEOLEYRE
Elle doit intégrer la liste Sophie CLUZEL ? Elle doit démissionner ?

OLIVIA GREGOIRE
Ah non. Au moment où je vous parle…

LORRAIN SENECHAL
De toute façon, ce n'est pas possible, c'est les conditions posées par Renaud MUSELIER.

OLIVIA GREGOIRE
Voilà, les conditions avaient été posées, elle n'intègre pas la liste, elle n'a pas vocation à démissionner et je trouverais dommage d'ailleurs qu'elle le fasse. Encore une fois, compte tenu de son engagement majeur, moi ce que j'ai envie de dire ce matin, c'est une chose, c'est que j'ai écouté Eric WOERTH notamment sur les médias il y a quelques jours, j'ai beaucoup écouté aussi des gens assez calmes, assez posés de la droite républicaine et humaniste, et je dois dire que je suis intimement convaincue, et je les connais un peu, intimement convaincue que peu importe ce feuilleton de PACA, la clarification politique chez Les Républicains, ce n'était pas une option. Ça s'est passé sur les régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur, je pense que ça se serait passé tout de même, quoiqu'il arrive, même sans l'épisode PACA. Pourquoi ? Parce que quand vous écoutez, comme je l'ai fait pendant 3 ans et demi, Les Républicains par exemple au Parlement, et c'est une famille que je respecte au même titre que le Parti socialiste sont de grands partis d'opposition modérée…

LORRAIN SENECHAL
Vous-même vous avez travaillé avec Xavier BERTRAND, avec Jean-Pierre RAFFARIN il y a quelques années.

OLIVIA GREGOIRE
J'ai travaillé il y a des années pour une personnalité politique, d'ailleurs qui a quitté Les Républicains, et moi je remarque que beaucoup des modérés, des humanistes plutôt, ont quitté Les Républicains. Ça fait quand même quelques années que Les Républicains ont un bateau qui tangue, et encore une fois je ne m'en réjouis pas, ce n'est pas une très bonne nouvelle pour l'équilibre démocratique. Qu'est ce que je remarque ? Je remarque qu'aujourd'hui, qu'est-ce qui rassemble un Eric CIOTTI et un Renaud MUSELIER ? Qu'est-ce qui rassemble économiquement, pour sortir un peu de la polémique, un discours économique comme celui de Guillaume PELTIER, qui veut augmenter la TVA, qui veut remettre la TVA sociale au milieu du jeu, etc. versus…

LORRAIN SENECHAL
Il veut augmenter les salaires, aussi, Guillaume PELTIER.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais avec des voies et moyens qui sont assez étonnants et qui ne correspondent absolument pas à la matrice des Républicains. Qu'est-ce qu'il y a de commun aujourd'hui entre un Guillaume PELTIER et un Eric WOERTH ? Entre une Michèle TABAROT et un Laurent WAUQUIEZ ? Je crois qu'il n'y a plus rien en commun, et je crois que cette clarification politique elle aurait eu lieu quoiqu'il advienne et peu importe l'épisode de PACA. Moi j'ai un objectif dans mon engagement politique, qui s'énonce très clairement : battre le Rassemblement national ou à défaut le faire battre.

MARIANNE THEOLEYRE
Oui mais justement, cette alliance LR – LaREM, elle ne change rien dans les intentions de vote, on la vu dans notre sondage cette semaine, dans tous les cas de figure le RN est en tête au premier tour.

LORRAIN SENECHAL
15 points d'avance, pour Thierry MARIANI.

OLIVIA GREGOIRE
Moi, les sondages je les lis, les sondages je ne les commence pas…

MARIANNE THEOLEYRE
Il serait même plus fort au premier tour avec cette alliance.

OLIVIA GREGOIRE
Les sondages, je ne les commente pas. D'abord, vous avez de multiples sources sondagière sur ce sujet, variables. J'ai beaucoup de respect pour eux mais ce n'est pas avec ça que je conduis ma pensée politique. Je sais que le suspense est incommensurable, je pense qu'on est assez grands et assez raisonnables dans notre pays pour attendre de voir ce que donneront les résultats le 20 et le 27 juin. Je disais la même chose il y a quelques jours sur la liste de Sophie CLUZEL, possible ou pas, le résultat le 17 mai, vous voyez on a même eu le résultat avant, donc laissons un mois et on verra ce que ça donne.

LORRAIN SENECHAL
Vous parlez de clarification politique au sujet des Républicains, mais chez vous également. Quelle ligne il faut adopter par exemple face au Rassemblement national ? Celle d'Eric DUPOND-MORETTI, qui traite Marine LE PEN de raciste ou celle de son collègue de l'Intérieur. Gérald DARMANIN, qui lui dit que Marine LE PEN est trop molle sur l'insécurité ou l'immigration ?

OLIVIA GREGOIRE
Je vois bien les références que vous faites, mis bout-à-bout on peut considéré qu'il y a des divergences, moi je peux vous dire qu'il n'y a pas l'ombre du début d'un papier de feuille à cigarette entre Eric DUPOND-MORETTI et Gérald DARMANIN quant à l'opinion qu'ils ont et que je partage de Marine LE PEN. Nous on est extrêmement clair. Qu'il y ait des divergences dans un parti politique, dans un mouvement politique, ce n'est pas grave c'est même plutôt signe de vitalité. Qu'il y ait des oppositions irréconciliables comme je le disais au sein des Républicains il y a quelques minutes, ça c'est plus grave. Mais…

LORRAIN SENECHAL
Comme sur la laïcité au sein de La République En Marche, on a eu l'épisode avec cette candidate…

OLIVIA GREGOIRE
… entre DARMANIN et DUPOND-MORETTI – on y arrive – je n'ai aucun problème à en parler, mais juste DUPOND-MORETTI et DARMANIN sont parfaitement alignés, l'ennemi raciste à abattre, l'ennemi de la République, c'est Marine LE PEN.

LORRAIN SENECHAL
Je parlais de cette affaire, « affaire » en tout cas cette candidate la République En Marche dans l'Hérault, qui porte un voile sur les affiches de campagne. Elle n'est plus candidate la République En Marche.

OLIVIA GREGOIRE
Non.

LORRAIN SENECHAL
Stanislas GUERINI lui a retiré, le patron du parti En Marche, l'investiture…

OLIVIA GREGOIRE
Oui et il a bien fait.

LORRAIN SENECHAL
Et il a été critiqué pour ça, par une grande partie de votre parti.

OLIVIA GREGOIRE
Et il a bien fait, donc moi j'assume.

LORRAIN SENECHAL
Elisabeth BORNE, par exemple, à votre place, la ministre du Travail qui elle vient de la gauche, disait qu'elle n'était pas forcément d'accord avec cette ligne du parti, à titre personnel.

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien, c'est très clair, au même titre que moi à titre personnel, je suis d'accord avec la décision courageuse, pour répéter aussi ce qu'a dit Gérald DARMANIN, la position de Stanislas GUERINI. Soyons très clairs, ça a été dit et redit, mais il faut encore le redire. En droit, cette jeune femme avait parfaitement le droit, au nom du droit électoral, de porter le voile. Est-ce que nous, en termes de mouvement politique, nous sommes favorables à ce que ce signe ostentatoire d'appartenance religieuse, soit sur les affiches électorales de la République En Marche ? La réponse est non. Ma position serait absolument la même si ça avait été une kippa ou si ça avait été une croix trop ostentatoire. Je crois que dans un moment où il y a beaucoup de choses qui nous séparent, et quand on brigue une investiture et un mandat de représentation, il faut embarquer le plus de monde possible et ne pas mettre en avant des choses qui peuvent séparer.

MARIANNE THEOLEYRE
Pas sur l'affiche, mais elle peut faire campagne avec le voile.

OLIVIA GREGOIRE
Ça n'est pas au programme…

LORRAIN SENECHAL
Ailleurs, dans un autre parti en tout cas.

OLIVIA GREGOIRE
…à cette heure, avec tout le respect que j'ai pour elle, et ça n'est pas Ad Hominem, mais ça n'est pas dans nos valeurs de La République En Marche, et je pense que Stanislas, s'il a été peut-être maladroit sur le re-tweet etc., mais dépassons un peu les…

LORRAIN SENECHAL
De Jordan BARDELLA, du Rassemblement national.

OLIVIA GREGOIRE
…Twitter et compagnie, sur le fond, a fondamentalement raison.

LORRAIN SENECHAL
Merci beaucoup Olivia GREGOIRE, secrétaire d'Etat à de l'Economie sociale et solidaire. Bonne journée.

OLIVIA GREGOIRE
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mai 2021