Texte intégral
WASSILA GUITOUNE
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour.
WASSILA GUITOUNE
Vous venez donc d'annoncer la très probable signature d'un contrat ALSTOM avec l'Ukraine grâce au gouvernement français qui va accompagner financièrement l'Ukraine pour moderniser ses réseaux ferroviaires, on parle d'une vingtaine de locomotives qui seraient exclusivement produites à Belfort ou un peu plus ?
BRUNO LE MAIRE
Le contrat porte sur 130 locomotives au total, une vingtaine au minimum qui seraient effectivement produites à Belfort, ce qui assure un plan de charge, pour Belfort, pour les six à sept années à venir, donc c'est une excellente nouvelle pour Belfort et la signature de cet accord intergouvernemental entre le gouvernement français et le gouvernement ukrainien est une excellente nouvelle pour le site de Belfort, une excellente nouvelle pour ALSTOM, une excellente nouvelle pour tous les salariés et tous les ouvriers de Belfort. Je m'étais rendu sur le site ALSTOM de Belfort il y a quelques mois, j'avais vu qu'il y avait des inquiétudes parce que certains contrats exports arrivaient à expiration, tout le monde attendait avec beaucoup d'impatience la signature de ce contrat avec l'Ukraine, ça fait plusieurs années qu'il est en cours de négociations, il est maintenant signé, je le redis, c'est une excellente nouvelle pour tous les salariés de Belfort.
WASSILA GUITOUNE
Vous le dites justement, c'est une très bonne nouvelle, c'est ce que disent d'ailleurs les syndicats dès aujourd'hui, mais on peut aussi voir le verre à moitié vide, c'est que dans quelques mois, à la fin de l'été, il y a très peu de contrats pour ALSTOM Belfort, on est proche du zéro même, ce qui fait qu'il va y avoir deux tiers des salariés de la production qui vont être au chômage technique, est-ce qu'il n'y a pas eu un manque d'anticipation à ce propos-là ?
BRUNO LE MAIRE
Le contrat dont je vous parle sécurise a minima 150 emplois sur les six à sept années à venir, dont 100 à Belfort, donc c'est déjà une anticipation, ça fait plusieurs années que nous travaillons sur ce contrat avec les ukrainiens et personnellement, comme ministre de l'Economie, cela fait près de 3 ans que je travaille sur ce contrat, donc je pense qu'il y a eu une anticipation au contraire considérable. C'est des contrats qui représentent des montants importants, près d'1 milliard d'euros, donc ça demande du temps de négociation, de l'anticipation, et aujourd'hui je crois qu'il faut surtout se réjouir de ce résultat et de la garantie que ça donne pour l'emploi d'ALSTOM Belfort.
WASSILA GUITOUNE
Et est-ce qu'on peut imaginer d'autres accords de ce type avec d'autres pays qui bénéficieraient là aussi au site de Belfort ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je travaille, vous savez, tous les jours à essayer de trouver des contrats avec d'autres pays à l'exportation, donc bien sûr il peut y avoir d'autres contrats, il peut y avoir d'autres possibilités, y compris d'ailleurs avec l'Ukraine, je ne le cache pas, mais nous travaillons sur d'autres possibilités, dans d'autres pays, avec toujours une obsession pour ma part, garantir l'emploi sur les territoires, et en particulier sur le Territoire-de-Belfort qui me tient très à coeur.
WASSILA GUITOUNE
Et est-ce qu'on est obligé de passer par ce genre d'accord, parce qu'on a un peu l'impression, si là encore on voit le verre à moitié vide, on a un peu l'impression de forcer la main aux Ukrainiens en les accompagnant financièrement et ne leur disant voilà, c'est donnant-donnant, on vous donne de l'argent mais vous travaillez avec des sites comme ALSTOM, est-ce que la simple réputation d'une entreprise comme ALSTOM ne suffit pas ?
BRUNO LE MAIRE
ALSTOM a une réputation qui est exceptionnelle, bien sûr, mais, vous savez, les enjeux sont tels, notamment pour les finances de l'Ukraine, pour la réalisation de ces projets, pour l'emploi industriel sur le site de Belfort, mais aussi pour l'industriel en Ukraine, il est parfaitement légitime qu'il y ait des accords intergouvernementaux, qu'il y ait des prêts, le Trésor va apporter 350 millions d'euros de prêts pour ce projet, qu'il y ait des garanties bancaires, BPI va apporter 400 millions d'euros de garanties bancaires, parce que les enjeux financiers sont très importants, donc on ne force évidemment la main de personne, mais sur un contrat de près d'1 milliard d'euros je pense qu'on ne peut pas nous reprocher de prendre les garanties financières nécessaires.
WASSILA GUITOUNE
On va passer rapidement à un autre dossier Monsieur LE MAIRE, impossible de parler de Belfort et de ne pas évoquer évidemment la situation de GENERAL ELECTRIC, je ne vous rappelle pas l'histoire, mais un peu quand même pour simplifier, on vit à chaque année à Belfort, et à Bourogne, un plan social, le groupe a supprimé sur notre région 1000 emplois en 5 ans, est-ce que vous avez des regrets sur ce dossier ?
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, moi je ne suis pas un homme de regrets, je suis un homme de combats, et je me bats pour que ALSTOM ait son contrat ferroviaire, ait son contrat locomotives avec l'Ukraine, ALSTOM l'a eu, je me bats que GE réduise son plan social, avec 200 postes concernés nous sommes passés à 134 postes, et un objectif qui est par de départs contraints, je continuerai à me battre pour GE, ALSTOM, je me suis battu pour qu'il n'y ait pas de départs contraints et je compte bien continuer à me battre, mois après mois, pour GE offre des perspectives au site de Belfort. Qu'est-ce qui est essentiel à nos yeux ? A mon avis trois choses…
WASSILA GUITOUNE
…Vous avez refusé par exemple une table ronde et les syndicats ont eu l'impression d'être lâchés par le gouvernement.
BRUNO LE MAIRE
Non, mais les syndicats ne peuvent pas avoir l'impression d'être lâchés par le gouvernement alors que je suis ce dossier tous les jours, et je me bats pour GE Belfort tous les jours, et que nous obtenons des résultats. Il faut faire des tables rondes lorsque c'est utile, au moment où nous pouvons débloquer un certain nombre de choses, j'ai encore eu le président de GENERAL ELECTRIC, Larry CULP, au téléphone il y a quelques jours, donc je ne suis pas là pour faire de l'affichage, je pense que ce n'est pas utile, je suis là pour, dans mes fonctions, obtenir des résultats, et ma porte est toujours ouverte pour discuter avec les organisations syndicales, je le fais très régulièrement, nous avons tenu le plus grand compte de leurs observations, qui sont constructives, qui sont pertinentes, qui permettent d'aller de l'avant, mais j'ai devant moi des engagements à tenir sur trois points qui sont essentiels, et sur lesquels, une fois encore, je me bats tous les jours, avec l'appui des organisations syndicales, avec l'appui des salariés, avec l'appui des collectivités locales et du maire de Belfort, Damien MESLOT, pas de départs contraints, des solutions pour les turbines Arabelle avec un travail sur une seule solution souveraine pour les turbines Arabelle qui équipent le parc nucléaire, ça aussi…
WASSILA GUITOUNE
Et on en est où d'ailleurs ?
BRUNO LE MAIRE
Ça avance, on progresse, mais quand il s'agit de trouver une solution souveraine pour un actif aussi stratégique que les turbines Arabelle qui équipent le parc nucléaire, il est légitime que ça prenne du temps, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain, c'est des enjeux industriels, financiers, technologiques, qui sont trop importants pour que ça se fasse du jour au lendemain. Et le troisième point sur lequel je me bats c'est le projet industriel de l'entreprise. Aujourd'hui le projet industriel que nous présente GE n'est pas encore satisfaisant, le projet sur la diversification n'est pas encore satisfaisant, donc je continue à me battre pied à pied, mais nous avançons dans la bonne direction sur les trois points qui sont clés à mes yeux, pas de départs contraints, une solution souveraine pour les turbines Arabelle qui équipent le parc nucléaire, moi je crois au nucléaire, je l'ai toujours dit, je considère que c'est une énergie décarbonée qui est un atout stratégique pour notre pays, donc récupérer la souveraineté sur les turbines Arabelle c'est un jeu majeur et qui demande des mois de négociations. Et puis le troisième point c'est le projet de diversification de l'entreprise, sur lequel nous attendons des améliorations de la part de GE.
WASSILA GUITOUNE
Dernière question Monsieur LE MAIRE, les syndicats ont entamé une procédure judiciaire contre GENERAL ELECTRIC, est-ce que vous vous pensez que l'avenir de GE passe encore avec les Américains, parce que pour les syndicats, et pour beaucoup de salariés, c'est non, c'est fini, il faut arrêter, on parle même de crise de confiance avec la direction du groupe américain, est-ce que vous vous soutenez les syndicats de GE dans leur démarche judiciaires et est-ce que vous pensez que l'avenir de GE passe encore avec les Américains ?
BRUNO LE MAIRE
Je travaille bien avec la direction de GENERAL ELECTRIC, je suis en contact, je suis en contact régulier avec Larry CULP, ma responsabilité de ministre de l'Economie et des Finances c'est justement, à ce niveau de discussion, travailler avec la direction de GE pour que nous puissions obtenir de leur part des engagements fermes, des engagements solides et des engagements qui soient respectés, ma responsabilité n'est pas d'entrer dans des procédures judiciaires avec GE, ma responsabilité c'est ce dialogue régulier, ferme, que j'entretiens avec la direction de GE depuis plusieurs mois.
WASSILA GUITOUNE
Merci à vous Bruno LE MAIRE, je rappelle que vous êtes ministre de l'Economie, et que vous étiez donc ce matin sur France Bleu Belfort Montbéliard.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 mai 2021