Texte intégral
Merci Simon et bonjour Thomas,
Mesdames, Messieurs,
Avec Clément Beaune, nous sommes très heureux d'être ici, d'être aussi les premiers ministres européens à nous rendre en Irlande depuis plus d'un an. Nous avions depuis longtemps, Clément Beaune et moi, souhaité faire ce déplacement dès que ce serait possible. Je l'avais dit à Simon. Et ce moment-là est arrivé.
Nous sommes dans une période qui commence à devenir agréable avec les petits déconfinements progressifs qui s'organisent à la fois en France et en Irlande. Je crois que nous sommes très heureux d'être là, Clément et moi. Clément d'abord parce qu'il a ici des souvenirs d'étudiant, et nous sommes allés faire un pèlerinage dans le lieu où il a étudié tout à l'heure. Et c'était je crois avec beaucoup d'émotion pour lui. Et puis moi, parce que j'ai un peu de celtitude en commun avec les Irlandais. Il se trouve que, Simon le sait, à un moment de ma vie, lorsque j'étais maire de ma ville, à Lorient en Bretagne, j'ai rencontré le maire de Galway qui est devenu depuis Président de la République d'Irlande. Avec celui qui était à l'époque le maire de Galway, nous avons organisé un jumelage entre Galway et Lorient à ce moment-là. Alors c'est tout à fait émouvant de se retrouver ensuite dans de nouvelles dispositions institutionnelles. En tout cas, la France a une relation très forte avec l'Irlande, et je me suis fait dire même, lors de l'opération Bantry bay en 1796, le général Hoche venait de Bretagne. Et donc, il y a toute une histoire.
Nous sommes très heureux d'avoir pu nous rendre aussi sur le port de Dublin tout à l'heure. J'ai trouvé cette visite, avec Clément Beaune, très intéressante. Nous avons pu constater à la fois le développement des liaisons maritimes directes avec la France, auquel tu faisais référence, mais aussi la mise en place du contrôle douanier et sanitaire pour les marchandises en provenance de Grande-Bretagne. Tout cela nous a amené finalement aussi au Protocole nord-irlandais d'une certaine manière.
Mais l'essentiel, ce sont les deux messages que nous venons porter ici. D'abord un message d'optimisme pour la relation franco-irlandaise. Nous sommes désormais votre plus proche voisin au sein de l'Union européenne. Je pense que nous pouvons construire entre nos deux pays une relation à la hauteur de nos affinités, à la hauteur de nos intérêts, de nos cultures et des valeurs que nous portons ensemble en Europe et dans le monde.
Et d'ailleurs nous allons adopter une déclaration politique qui va poser le cadre de la relation et du dialogue bilatéral et qui favorisera les relations et la coopération dans tous les domaines : économique, universitaire et scientifique - et je sais en particulier à quel point Trinity College entretient des relations très fortes avec des universités françaises.
Cette coopération conjointe, nous allons également la mener au niveau européen. Nous renforcerons notre coordination en prévision de la Présidence française de l'Union européenne qui commencera le 1er janvier prochain. Nous aurons l'occasion je pense, cher Simon, de valider notre plan d'action, que nous avions engagé le 3 décembre lorsque nous nous étions vus à Paris. Et j'espère que ce plan d'action pourra être signé et validé lorsque le Président de la République, Emmanuel Macron se rendra ici à Dublin à l'invitation des plus hautes autorités de la République d'Irlande.
Nous allons essayer aussi, au moment de la présidence française de l'Union européenne, de faire en sorte que nos relations bilatérales confortent la volonté commune que nous avons sur l'avenir et le destin de l'Europe, parce que nous partageons quasiment tout le temps la même volonté, la même ambition.
Nous voulons aussi porter un message de solidarité et de responsabilité avec l'Irlande, dans ce qui est un moment de gravité. Gravité parce que la pandémie n'est pas encore derrière nous et que nous devons rester coordonnés entre Européens pour la sortie de pandémie. Coordonner nos efforts, les harmoniser, et en même temps, décupler nos actions pour lutter contre le coronavirus dans le reste du monde. Car l'immunité sera totale ou elle ne sera pas. À cet égard, je souhaite, puisque nous allons mieux, que les autorités irlandaises puissent alléger les contraintes imposées aux voyageurs en provenance de France. J'espère que nous pourrons en parler étant donné que nous faisons beaucoup de progrès en ce qui nous concerne. Et donc les déconfinements progressifs, je l'espère, permettront d'améliorer cette situation.
Gravité parce que nous sommes confrontés à de graves crises internationales, et je vais évidemment, surement, évoquer avec Simon la situation dramatique à Gaza et le rôle du Conseil de sécurité où nous siégeons en ce moment côte à côte. Et nous avons pris, tu l'as rappelé, des initiatives hier pour aboutir à une résolution permettant le cessez-le-feu immédiat, la cessation des hostilités qui est le point de départ de tout ce qui peut se passer après.
Gravité enfin parce que, nous le savons tous, une crise est possible sur cette île et que l'esprit de responsabilité peut faire défaut.
Je veux être clair : le respect du Protocole nord-irlandais, c'est beaucoup plus que le respect des engagements pris ; le respect du Protocole nord-irlandais, c'est aussi le choix de la paix.
Néanmoins, le Royaume-Uni reste pour nous un partenaire essentiel. Nous avons beaucoup à faire sur de nombreux sujets d'intérêt commun. C'est aux Britanniques de nous dire ce qu'ils souhaitent de leur côté. Et nous sommes prêts à travailler ensemble. Je l'ai déjà dit la semaine dernière à notre collègue Dominique Raab.
Voilà l'essentiel de ce que je voulais dire en vous renouvelant, chers amis, tout le plaisir que nous avons d'être là. C'est toujours assez classique de dire cela dans des conférences de presse, "nous avons le plaisir d'être là... etc...". Mais là, vraiment, profondément, c'est vrai. Parce que nous avons en plus une relation non seulement de confiance, mais d'amitié, qui va encore se renforcer au cours des entretiens que nous allons avoir.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 mai 2021