Interview de Mme Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'industrie, à LCI le 7 juin 2021, sur la politique industrielle, la réforme des retraites, la relance économique et les élections régionales.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELISABETH MARTICHOUX
Bonjour à tous. Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur LCI, ministre déléguée à l'Industrie. Dans 15 jours, on aura le résultat du premier tour des élections régionales dans lesquelles vous êtes engagée dans les Hauts-de-France, assez mal engagée, on peut le dire, du côté de la majorité, on va y revenir tout à l'heure, les sondages ne sont pas favorables face à Xavier BERTRAND, qui est donné gagnant à tous les coups, on y reviendra. Mais plus positif ce matin, c'est ce qu'on appelle le baromètre de l'attractivité, c'est-à-dire le baromètre qui mesure les investissements étrangers, il est annuel, on va avoir la Une des Echos, et à ce titre, la France est en pole position par rapport au reste de l'Europe, on a bien traversé la crise, enfin, on a traversé la crise, pardon, comme tous les pays, qu'est-ce qui joue en notre faveur à ce niveau-là ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, c'est l'illustration que la politique d'attractivité voulue par le président de la République fonctionne, je rappelle que c'est la troisième année consécutive, et ça ne s'était pas passé avant, que la France est sur la première marche du podium pour les investissements directs étrangers, et fait complémentaire, la France en termes de projet industriel a autant de projets industriels que l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Espagne réunis, ce qui prouve que la volonté de reconquête industrielle voulue par le président de la République fonctionne, parce que nous avons pris des mesures d'attractivité, des mesures qui facilitent l'installation des étrangers, des entreprises étrangères en France, et je rappelle que ces investissements, c'est des emplois pour les Français.

ELIZABETH MARTICHOUX
Combien, combien ont été créés par ces investissements étrangers, vous avez le niveau, là pour cette année 2020 ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est de l'ordre de 28.000 emplois qui sont, ce sont des projets, donc qui sont en perspective pour les Français, et c'est un nombre considérable, ce sont des emplois nets.

ELIZABETH MARTICHOUX
Que, pays investit le plus en la France, là ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez les Etats-Unis, vous avez l'Allemagne c'est toujours à peu près les mêmes pays, mais ce qui est intéressant, c'est que, on attire de nouveaux pays, et surtout, on équilibre, puisque, vous avez... par exemple, la Chine s'est retirée beaucoup, s'est repliée sur son marché, et vous avez d'autres pays qui prennent le relais.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, un petit bémol quand même sans doucher l'enthousiasme, c'est vrai que la photo est bonne, mais le rythme des projets, lui, décélère, on voit bien que dans les projets, c'est à la baisse, c'est 18 % pour la France, alors qu'elle est de 13% en moyenne en Europe, il y a un risque objectif qu'on perde la première place, comment l'éviter ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, je pense qu'il faut surtout faire attention à ce que les investisseurs ne temporisent pas, parce que ils peuvent être inquiets de ce qui va se passer l'année prochaine en 2022, et il est clair que…

ELIZABETH MARTICHOUX
Inquiets par quoi ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Inquiets par le résultat des élections présidentielles, pour le dire très simplement, certains programmes ne tiennent pas la route à leurs yeux, et moi, je commence à entendre, alors de manière très discrète, des interrogations, il est clair que si le président MACRON passe une deuxième fois, il y aura un enthousiasme pour continuer à investir en France, mais c'est quelque chose de fragile et qu'il faut regarder en face. Le Rassemblement national…

ELIZABETH MARTICHOUX
Attendez, vous êtes en train de nous dire…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Le Rassemblement national par son programme qui, notamment, ferme en quelque sorte les frontières, ou en tout cas, a une attitude vis-à-vis des investissements étrangers très ambiguë, ce n'est clairement pas une chance pour l'emploi en France.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et ce n'est pas un argument un peu électoraliste, pardon, ce n'est pas un peu capilo-tracté, comme on dit, de dire que les investisseurs s'inquiéteraient de l'arrivée de Marine LE PEN au pouvoir…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, moi, je pense que les journalistes peuvent faire leur travail de leur côté et effectivement se rapprocher des investisseurs pour savoir quelle est leur opinion, très simplement, mais moi, c'est ce que j'entends sur le terrain…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce qui vous revient, c'est que des entreprises vous disent…

AGNES PANNIER-RUNACHER
On temporise, on ne prend pas tout de suite de grandes décisions, on ne ferme pas tout de suite le site de Belgique pour le rapatrier en France, ce qui est très dommage, parce que, aujourd'hui, près d'un industriel sur deux est prêt à relocaliser en France dans les prochains mois et dans les prochaines années, et c'est intéressant parce qu'ils disent dans les prochaines années, pour être sûrs que tout se passe bien l'année prochaine.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc l'idée, enfin, ce que vous dites, c'est que cela peut faire peur aux industriels, et donc, vous dites aux électeurs : ne votez pas Marine LE PEN, l'économie française pourrait en subir des effets négatifs…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je dis juste chacun, nous avons un programme économique, et que le programme économique d'Emmanuel MACRON est clairement le plus crédible, et d'ailleurs, il est d'autant plus le plus crédible qu'il porte ses fruits, on le voit dans les chiffres de l'investissement direct étranger en France, nous sommes sur la première marche du podium. On le voit sur les projets industriels, on le voit sur l'amélioration de la situation économique française, avec le rebond attendu, nous sommes parmi les premiers en termes de rebond, en termes de croissance, tout cela est l'effet d'une politique voulue par le président de la République et accompagnée par le gouvernement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Le président MACRON qui a évoqué un retour sous une forme encore assez floue de la réforme des retraites, ça, le risque de conflits sociaux que ça pourrait entraîner au cas, où, effectivement, elle susciterait des contestations sociales, ça aussi, ça peut faire craindre les industriels, non, pour le niveau économique de l'activité en France ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que tout le monde réalise, on a besoin d'une réforme des retraites, aujourd'hui, les retraites des plus jeunes ne sont pas financées, et il y a quelque chose d'inéquitable dans cette situation, de même, nous savons tous que lorsque vous êtes une femme et que vous avez eu un parcours haché, parce que vous vous êtes arrêtée pour accueillir un enfant, parce que vous n'avez pas toujours pu reprendre à plein temps, vous avez une retraite qui est très petite par rapport à ce que vous pourriez espérer, et donc tout cela, il va falloir l'affronter, on ne l'a pas encore réglé, donc oui, cette réforme des retraites, elle a vocation à être faite, c'est le président de la République qui en décidera le tempo, c'est aussi une réforme sur laquelle…

ELIZABETH MARTICHOUX
... Sur le tempo, parce que Bruno LE MAIRE hier disait : sans tarder.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, sans tarder.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est-à-dire ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et en même temps, nous sommes sur un sujet où ce sera le président de la République qui sera le maître des horloges, le maître des horloges, nous avons toujours été très clairs dans notre programme de 2017, donc nous avions fait indiqué ce que nous allions faire, et je dirais, nous avons fait ce que nous avons dit, dans la mesure du possible, je crois qu'il était difficile en 2017 de prévoir la crise de la Covid, donc que ce soit maintenant ou que ce soit dans un cadre programmatique pour la présidentielle, en tout état de cause, cette réforme, elle est utile, elle est équitable, ça, c'est important, le président de la République a reconnu également qu'il fallait probablement revoir certains paramètres, parce que, il fallait qu'elle soit comprise, et que, au fond, elle suscite l'espoir que nous, nous mettons derrière cette réforme, c'est-à-dire une réforme qui permet à chacun d'avoir une retraite digne lorsqu'il a travaillé.

ELIZABETH MARTICHOUX
Très bien, ça, c'est les grands principes, sur le calendrier, c'est flou, je vous demande votre conviction, Agnès PANNIER-RUNACHER, sans tarder dans la bouche de Bruno LE MAIRE, ça veut dire avant 2022, avant l'élection présidentielle, et vous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je le redis, je le redis, c'est une réforme, c'est le président de la République qui est maître des horloges…

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais votre conviction ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et moi, je suivrai le président de la République…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il décidera, mais vous ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est lui qui décidera. C'est lui qui décidera.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et vous, sans tarder, vous reprenez la formule de Bruno LE MAIRE ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Sans tarder, sans tarder, ça veut dire que vous êtes dans une réforme qui arrive dans les prochains mois, mais c'est au président de la République de décider.

ELIZABETH MARTICHOUX
LR fait des propositions économiques, tiens, pour doper l'industrie, dont vous êtes en charge, on a vu hier dans le JDD, dans la liste des propositions du parti de Christian JACOB une baisse de 30% de l'impôt de production, donc plus loin, plus fort que le gouvernement, il a raison, ils ont raison ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, moi, je constate avec intérêt, et je trouve ça même assez piquant, que toutes les mesures que proposent les Républicains sont des mesures qui ont commencé ou qui sont mises en oeuvre par notre gouvernement, vous parlez de la baisse des impôts de production, 10 milliards d'euros cette année, je rappelle que cette mesure avait suscité plutôt de l'opposition de la part des Républicains, notamment ceux qui étaient à la tête d'exécutifs locaux, le fait de faciliter l'accès à la participation, à l'intéressement, ça, c'est la loi pacte, ça fait 2 ans que c'est en place, le fait de faciliter l'installation des sites industriels, ça, c'est la loi…

ELIZABETH MARTICHOUX
D'accord, vous dites quoi, la politique de droite de LR, c'est vous qui la faites ? Mais eux, ils veulent aller plus vite, ils veulent aller plus loin…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, je dis que les Républicains excellent dans le copié-collé, et qu'ils loupent un élément essentiel pour la reprise industrielle et la reprise économique, c'est le sujet des emplois, c'est-à-dire, ils parlent comment on accompagne les entreprises, c'est très bien, on est plutôt d'accord, puisqu'ils copient collent ce que nous avons proposé plutôt en moins bien, en revanche, ils passent complètement à côté du sujet, aujourd'hui, les entreprises peinent à recruter, elles ne trouvent pas les compétences, et pourtant, on a encore du chômage, et ce sujet-là de la formation, de la reconversion, de l'accompagnement des jeunes vers l'emploi, est totalement ignoré dans le programme des Républicains.

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc ce sont des copieurs de votre programme, ce n'est pas vous qui vous inspirez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, à partir du moment où nous avons été les premiers à faire toutes ces mesures sur lesquelles ils ont d'ailleurs manifesté en leur temps des réticences, oui, je pense que ça s'appelle copié-collé, après, moi, je pense que c'est une bonne nouvelle qu'ils reconnaissent que ces mesures ont créé un climat économique en France meilleur que lorsque nous sommes arrivés aux affaires.

ELIZABETH MARTICHOUX
Deux questions précises, réponses brèves, avant de passer à la politique électorale, puisque vous parlez de relance, un an après la décision, un an après la décision la France n'a toujours pas tout touché un euro du plan de relance européen, je rappelle qu'on a 40 milliards en France sur les 750 milliards, est-ce que c'est normal, est-ce que ça ne vous frappe pas que de la décision à l'exécution, il se passe autant de temps, toujours pas un euro ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, très simplement, la France, c'est un plan de relance de 100 milliards d'euros, 40 milliards…

ELIZABETH MARTICHOUX
Moi, je vous parle du plan de relance européen…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vais y arriver, 40 milliards d'euros seront financés par l'Union européenne. Nous avons déjà déployé 30 milliards d'euros. L'argent de l'Union européenne arrive cet été, de l'ordre de 5 milliards d'euros, et qu'est-ce qui explique cette année, c'est un processus démocratique. Il y a une validation par les Parlements, c'est du même ordre que lorsqu'on annonce une loi où il y a une validation par les parlementaires…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a toujours une explication…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Simplement…

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a toujours une explication, je vous demande si la lenteur…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Elizabeth MARTICHOUX, il n'y a pas de retard, puisque l'argent, nous sommes en train de le déployer, donc ce n'est qu'un mécanisme de trésorerie, mais l'argent, il est aujourd'hui au travail, et je veux juste rappeler une chose, sur les projets industriels par exemple, aujourd'hui, il y a près de 2.000 entreprises, près de 2.000 entreprises industrielles qui sont accompagnées par le plan de relance, c'est 20 fois plus que ce qui s'était passé en 2008, 2009, donc vous voyez, l'Europe ne nous retarde pas, ils ont leur processus, c'est un processus démocratique, et l'argent sera déployé, puisque nous le déployons en temps masqué.

ELIZABETH MARTICHOUX
Là, il y a un peu de langue de bois, parce que si on compare l'efficacité américaine, un plan de relance absolument massif, et des chèques qui arrivent déjà, pardon, dans les boîtes des Américains…

AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est le cas aujourd'hui en France…

ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous pose une question simple, il ne s'agit pas de salaires, il s'agit de mesurer l'efficacité…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais Elizabeth MARTICHOUX, nous avons pris les devants, mais tout à fait…

ELIZABETH MARTICHOUX
D'une politique européenne, est-ce que…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais là, pour le coup, je ne vous suis pas du tout, parce que nous avons pris les devants avec le plan de relance.

ELIZABETH MARTICHOUX
Mais je ne vous demande pas ce qu'a fait la France, je vous dis l'Europe…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais si, parce que c'est lié, ces deux plans sont liés, et donc les financements de l'Europe vont arriver en appui, mais à partir du moment où on a pris les devants, il y a une partie du programme qui est aujourd'hui financée qui sera payée par l'Europe.

ELIZABETH MARTICHOUX
5 milliards sur les 40 milliards, cet été ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Cet été, tout à fait.

ELIZABETH MARTICHOUX
Cet été, avant le 21 septembre ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, avant le 21 septembre…

ELIZABETH MARTICHOUX
Avant le 21 septembre... une question précise aussi, parce que ça peut intéresser les Français, cet été, dans quelques semaines, les professionnels du tourisme vont devoir rembourser les clients qui n'ont pas pu partir du fait de la crise sanitaire, et qui se sont vu remettre des bons d'achat, c'est très concret, il y en a beaucoup qui l'ont vécu, or, plusieurs agents de voyage n'auront pas la trésorerie nécessaire pour rembourser, d'abord, est-ce que les consommateurs risquent d'être lésés, il y a un milliard d'avoirs qui sortent…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il y a un rapport qui a été fait sur cette situation qui est beaucoup moins inquiétante que ce qu'on a pu lire dans les journaux, puisque ça se compte plutôt en dizaines de millions d'euros la question de ce qui pourrait manquer à l'appel, deuxièmement, le gouvernement est mobilisé, Alain GRISET est mobilisé pour accompagner les entreprises qui ont généré ces avoirs, les CLUB MED, les entreprises aéronautiques. Donc quel est leur sujet, c'est un sujet de trésorerie, depuis le début de la crise, nous avons accompagné les entreprises pour qu'elles passent des difficultés de trésorerie, il n'y a aucune raison que ça ne se passe pas de la même manière, nous le faisons au niveau des entreprises…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donc vous allez les aider ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
On va les accompagner, encore une fois, la trésorerie, c'est quelque chose qui se rembourse, c'est-à-dire, dans différentes circonstances, on a été capable d'accompagner les entreprises pour leur permettre de passer le cap, il n'y a aucune raison que ça ne se passe pas de la même manière, et puis, vous avez un mécanisme assurantiel derrière qui permet aux... c'est-à-dire que vous prenez une assurance qui vous rembourse si d'aventure votre voyagiste disparaît la clé sous la porte, donc vous avez un double mécanisme, et nous sommes évidemment, comme d'habitude, aux côtés des entreprises pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de difficulté.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a des risques de faillite pour les entreprises, est-ce que vous dites ce matin que, aucun consommateur ne sera lésé ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je vous dis aujourd'hui qu'il n'y a pas de raison que les consommateurs soient lésés.

ELIZABETH MARTICHOUX
Aucun consommateur ne sera lésé. Le climat électoral, Agnès PANNIER-RUNACHER, hier, Jean-Luc MELENCHON sur France Inter a affirmé qu'un incident grave ou un meurtre viendrait inévitablement percuter la dernière semaine de campagne de la présidentielle dans un an, lui, affirme que cette phrase a été montée en épingle par quelques personnes influentes, un coup monté à partir d'une phrase sur une heure d'émission, a-t-il dénoncé après la pluie de réactions, est-ce que c'est une défense que vous entendez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
La phrase est complotiste, elle provient d'un des leaders d'un groupe politique important, et un responsable politique élu continûment depuis 1982, je crois, ou 1983, je trouve ça très inquiétant, ensuite, qu'il ait pu... que sa parole ait dépassé sa pensée, je l'espère, je l'espère, parce que je pense que c'est très grave d'alimenter cette dimension complotiste en France, alors que le risque terroriste, il existe, le risque terroriste islamiste, il existe, il fait l'objet d'une vigilance totale de la part du ministère de l'Intérieur et de toutes les composantes régaliennes de l'Etat, on a évité un certain nombre d'attentats, et je trouve ça totalement irresponsable.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut qu'il retire cette phrase ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que ça serait bien qu'il soit beaucoup moins ambigu qu'il ne l'a été, ou tout simplement qu'il dise nettement que le risque du terrorisme islamiste existe, et que cette phrase ne correspond pas à la réalité de sa pensée, ça sera beaucoup plus simple pour tout le monde.

ELIZABETH MARTICHOUX
Agnès PANNIER-RUNACHER, dans 15 jours, donc on aura le résultat du premier tour des régionales dans les Hauts-de-France, vous êtes engagée, vous êtes dernière sur la liste du Pas-de-Calais pour la majorité. Dans tous les sondages, Xavier BERTRAND est donné gagnant, et vous-même, la majorité, vous êtes sur un fil, il y a un sondage IFOP mercredi dernier qui vous donnait à 10 %, il n'y a pas d'effet ministre dans les Hauts-de-France, à commencer par Eric DUPOND-MORETTI, vous êtes 5 ministres engagés, pardon, ne nous dites pas que ça marche, parce que, on ne comprendra pas, ça ne marche pas dans les sondages, comment vous expliquez ce flop ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, 5 ministres d'abord, 5 ministres, c'est à peu près 10% du gouvernement, les Hauts-de-France, c'est à peu près de 10% de la France, donc on ne va pas demander à Eric DUPOND-MORETTI de changer la région où il est né, ça, c'est le premier point. Deuxième chose, moi, je regarde les résultats de l'élection de Brigitte BOURGUIGNON, qui sont bien meilleurs que ce qu'avaient dit les sondages, donc pour être sur les terrains tous les week-ends, je peux vous dire qu'on est sur un terrain où le Rassemblement national a effectivement construit sur la misère des gens, sur la pauvreté, sur le chômage, mais où, par le dialogue, vous faites bouger les lignes, et c'est très exactement ce sur quoi nous sommes aujourd'hui engagés, c'est de porter une parole qui permette d'équilibrer ce qu'on entend sur le terrain, et c'est d'être investi aux côtés des gens, moi, en l'occurrence, le Pas-de-Calais, le bassin minier.

ELIZABETH MARTICHOUX
10%, ce serait un échec ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je veux dire…

ELIZABETH MARTICHOUX
Dites-le-nous, il n'y a pas de mal à reconnaître qu'un résultat vraiment très limité…

AGNES PANNIER-RUNACHER
Pardon, mais le Pas-de-Calais, c'est une terre de mission, vous avez des cantons qui font plus de 45 % du Rassemblement national.

ELIZABETH MARTICHOUX
Et donc ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Et donc, chaque voix qu'on va chercher, c'est un succès, chaque voix qu'on va chercher est un succès.

ELIZABETH MARTICHOUX
Emmanuel MACRON est annoncé à Amiens le 16 juin, la semaine prochaine, d'abord, est-ce que vous confirmez ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je ne suis pas responsable de son agenda, j'ai en tête qu'il y avait effectivement un déplacement possible dans cette ville.

ELIZABETH MARTICHOUX
A 4 jours du premier tour, ce serait pour embêter Xavier BERTRAND ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais le président de la République est en déplacement toutes les semaines, il ne va pas arrêter ses déplacements parce qu'il y a des élections régionales, c'est son travail d'être sur le terrain, c'est son travail d'aller auprès des Français, il était en déplacement dans le Lot, personne ne s'est inquiété de savoir si ça embêtait les élections régionales et la présidente de région.

ELIZABETH MARTICHOUX
Toute dernière question, Agnès PANNIER-RUNACHER, Eric ZEMMOUR a fait un pas supplémentaire hier vers une possible candidature, il a dit qu'il réfléchissait. Qu'est-ce que ça dit cette hypothèse, ça n'est qu'une hypothèse, qu'est-ce que ça dit du débat politique français aujourd'hui, de l'état du débat politique français ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'on a eu à différentes reprises des personnes qui étaient dans des positions d'animateurs, d'amuseurs, de référence, mais sans être engagés dans la politique, qui se sont vu un destin présidentiel, je crois que cela ne dit rien de particulier du débat politique français, si ce n'est peut-être une dimension un peu égotiste de monsieur ZEMMOUR, après, libre à lui de s'engager dans cette aventure ; je pense qu'il ne mesure pas la difficulté.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi ?

AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que, être président de la République ou vouloir se porter candidat à la présidentielle, ça veut dire avoir une vision de la France qui dépasse celle d'une chronique, quand bien même elle serait quotidienne.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'avoir été ce matin sur LCI. Bonne journée.

AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonne journée.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 8 juin 2021