Texte intégral
LORRAIN SENECHAL
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Lorrain SENECHAL.
LORRAIN SENECHAL
Hier soir Emmanuel MACRON a clairement a mis un tour de vis, il y a une sorte de pression qui est mise sur les non vaccinés, c'est quelque chose d'assumé ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je pense qu'il a eu un message clair sur les risques liés à une quatrième vague de la pandémie, le raisonnement du chef de l'Etat est très simple, il faut protéger les Français, protéger la santé des Français, et donc appeler à la vaccination la plus rapide possible du plus grand nombre de Français, je constate que ça marche puisque les chiffres ont été rappelés à l'instant, près d'1 million de personnes se sont inscrites sur Doctolib, et protéger notre économie, qui a redémarré très fort et qui doit continuer à redémarrer très fort, à créer des emplois pour tous les Français dans l'année 2021. Il faut que chacun prenne conscience de la gravité de la situation sanitaire, si nous voulons éviter une quatrième vague aussi brutale que certaines vagues que nous avons déjà connues, il faut prendre le mal à la racine, c'est-à-dire intervenir tout de suite, stopper la circulation du virus, se faire vacciner massivement, c'est le message principal qu'a passé hier le chef de l'Etat.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ce million de personnes inscrites sur Doctolib, tout de suite après l'allocution, qu'est-ce que cela dit des préoccupations des Français, ils ont pris conscience ?
BRUNO LE MAIRE
Ça dit que les Français sont parfaitement conscients, lucides, sur la circulation de ce virus. Aujourd'hui on ne le voit pas ce fameux virus Delta…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ou des privations de libertés, Bruno LE MAIRE, du fait de l'extension du pass.
BRUNO LE MAIRE
Mais aujourd'hui on ne voit pas à quel point la circulation du virus Delta est rapide, nous, notre responsabilité de gouvernants, c'est d'anticiper ce qui peut se passer dans quelques semaines, de le dire sereinement aux Français, pour qu'ils prennent les bonnes décisions et qu'on ne se laisse pas aller, on a tous envie de se laisser aller, c'est l'été, on n'a pas envie de penser sécurité sanitaire, vaccination, pass, simplement c'est la protection indispensable face à un variant Delta, qui progresse de manière exponentielle dans certaines parties du territoire français. Je pense que ce rappel était utile, je pense qu'il a été entendu par les Français, et que les chiffres d'inscriptions pour la vaccination le montrent très clairement.
LORRAIN SENECHAL
Alors hier soir le chef de l'Etat, parmi les mesures principales, il y a donc eu cette extension du pass sanitaire, et ça commence dès la semaine prochaine.
EMMANUEL MACRON, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Dès le 21 juillet le pass sanitaire sera étendu aux lieux de loisirs et de culture, concrètement, pour tous nos compatriotes de plus de 12 ans il faudra, pour accéder à un spectacle, un parc d'attractions, un concert ou un festival, avoir été vacciné ou présenter un test négatif récent. A partir du début du mois d'août donc, le pass sanitaire s'appliquera dans les cafés, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que dans les hôpitaux, les maisons de retraite, établissements médico-sociaux, mais aussi dans les avions, trains et cars, pour les longs trajets.
LORRAIN SENECHAL
C'est quoi le but Bruno LE MAIRE, c'est de faire de la vie des non vaccinés un enfer, il faudra se faire tester tous les deux jours pour aller au restaurant ou au ciné ?
BRUNO LE MAIRE
On n'est pas là pour faire de la vie de qui que ce soit un enfer, on est là pour éviter justement que notre vie collective devienne un enfer, parce que si la pandémie redémarre fort, ce sera un enfer pour tous. On a oublié, peut-être un peu trop rapidement, les morts de Covid, la saturation des hôpitaux, les commerces qui sont fermés, les restaurants, les bars, les hôtels, la vie économique était à l'arrêt, on l'oublie très vite, tant mieux, parce qu'il faut oublier les mauvaises heures, mais nous notre responsabilité c'est de faire en sorte que ces mauvaises heures ne reviennent pas, et donc que nous appelions chacun à la responsabilité, avec la vaccination, et avec ce fameux pass sanitaire. On a tous envie de se passer d'obligations, vous savez, moi je n'aime pas imposer des obligations à un restaurateur qui vient de rouvrir, à une salle de théâtre, à une salle de cinéma, on n'a pas envie d'imposer des obligations, nous le faisons parce que c'est ce qui nous permettra précisément de retomber dans l'enfer des fermetures administratives pour tous, du confinement, et de ce que nous avons connu au cours des derniers mois, ça s'appelle tout simplement la responsabilité.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais sur la vaccination obligatoire le chef de l'Etat semblait dire pas tout de suite, pourquoi pas ?
BRUNO LE MAIRE
Il a laissé la porte ouverte, mais aujourd'hui la priorité c'est la vaccination pour tous, et le plus vite possible, et donc le pass sanitaire pour s'assurer que, effectivement, vous ne mettez pas en danger la santé de vos voisins. Enfin, il y a un principe très simple dans une société, c'est que la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres, vous n'êtes pas là pour menacer la liberté des autres, c'est très sympathique de dire « moi j'en ai rien à faire du vaccin, et tant pis je ne me vaccine pas, et puis le reste de la société je m'en fiche », mais enfin après vous allez dans un restaurant, vous contaminez vos voisins, c'est la pandémie qui repart, et les restaurants qui doivent fermer derrière, tout ça n'est pas responsable, donc je crois qu'il était nécessaire de marquer le coup, de le faire très clairement, très sereinement comme l'a fait le chef de l'Etat, pour nous éviter d'avoir à revivre ce qu'a été le confinement, la vague de pandémie, les fermetures administratives de commerces et de restaurants, qui nous pénalisent tous.
LORRAIN SENECHAL
Alors, marquer le coup, ça va démarrer très fort, puisque dès la semaine prochaine, donc mercredi en huit, le 21 juillet, on ne pourra plus entrer au cinéma si on n'a pas son pass sanitaire, donc un test négatif récent, ou le vaccin, les deux doses du vaccin, c'est dès 12 ans, ça veut dire que de nombreuses familles ne pourront pas aller au cinéma dès la semaine prochaine, parce qu'il y a encore 4 millions de 12-17 ans qui ne sont pas vaccinés en France ?
BRUNO LE MAIRE
On peut, vous l'avez rappelé, faire des tests PCR avec 48 heures de délai, il y a évidemment une invitation à se faire vacciner dans les meilleurs délais possibles, on a abaissé effectivement le pass sanitaire à 12 ans, je pense qu'il y a beaucoup de questions là-dessus. Je vais vous dire, j'ai un fils qui a 13 ans, donc moi-même…
LORRAIN SENECHAL
Il est vacciné ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai pris rendez-vous, hier, pour qu'il se fasse vacciner, je pense qu'il faudra faire preuve de souplesse, de compréhension, dans la mise en oeuvre des mesures qui touchent les plus de 12 ans…
LORRAIN SENECHAL
Donc vous dites aux gérants de cinéma de ne pas forcément refuser l'entrée à des ados la semaine prochaine ?
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas à moi de fixer les règles, nous allons préciser tout cela dans les heures qui viennent avec l'ensemble des ministres concernés, dans leur domaine de compétences, moi le domaine de compétence qui est le mien ce n'est pas la santé, c'est l'économie et les finances, mais je plaide pour que, pour les enfants de 12, 13, 14 ans, qui désormais sont inclus dans le pass sanitaire, on fasse preuve de souplesse dans la mise en oeuvre, de compréhension, parce qu'étant moi-même père de quatre enfants je sais à quel point l'organisation des vacances d'été c'est extrêmement compliqué, les horaires de train, les déplacements, l'accès au restaurant, si on veut se faire un cinéma, donc soyons souples et compréhensifs pour les adolescents et les enfants de plus de 12 ans.
LORRAIN SENECHAL
Oui, parce que ça dire qu'il y a des familles qui vont partir en vacances, qui ne pourront pas forcément revenir parce que le pass sanitaire ne sera pas complet.
BRUNO LE MAIRE
Ne passons peut-être pas toute l'émission sur la description de ce que sera la vie d'une famille de deux, trois ou quatre enfants, c'est extrêmement important, je plaide pour la souplesse et la compréhension, mais une fois encore je ne suis pas ministre de la Santé, ce n'est pas à moi de fixer les règles dans ce domaine-là, là je vous parle plus en père de famille qu'en ministre de l'Economie, le père de famille dit c'est effectivement, quand on a des enfants, compliqué d'organiser les vacances, compliqué de gérer ces ados, donc si on peut faire preuve de compréhension et de souplesse, parce que les ados c'est déjà suffisamment compliqué à gérer comme ça, je pense que ce sera très bien.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bruno LE MAIRE, la fin de la gratuité des fameux tests PCR, pourquoi attendre le mois d'octobre ?
BRUNO LE MAIRE
Parce qu'il faut, là aussi, laisser le temps aux mesures d'entrer en vigueur, il ne s'agit pas de prendre les Français de court, là le président de la République a voulu dire très clairement…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mais le virus… de cavaler pendant ce temps-là.
BRUNO LE MAIRE
Nous avons une pandémie qui peut aujourd'hui conduire à une situation sanitaire préoccupante, à des saturations d'hôpitaux d'ici quelques semaines, et donc, à nouveau, à des difficultés économiques considérables, évitons cela, et donc tous collectivement prenons les bonnes décisions. Ensuite, sur le plus long terme, on verra si d'autres mesures sont nécessaires, ou pas, et en tout cas, sur les tests de convenance, une fois que tout le monde aura eu le temps de se faire vacciner, ce que nous voulons éviter c'est qu'il reste encore des Français qui se disent « moi je ne me fais pas vacciner, mais en revanche, quand je veux aller au cinéma, quand je veux aller au théâtre, quand je veux aller au restaurant, je me fais faire un test, c'est pas grave, ça coûte rien, c'est gratuit ». Je rappelle que ce n'est pas gratuit, c'est 100 millions d'euros par semaine, c'est près de 5 milliards d'euros par an, est-ce que vous ne pensez pas que cet argent il ne serait pas mieux utiliser à financer des rénovations d'hôpitaux, d'ouvertures d'écoles, de fonctionnement de collèges, et de soutien à l'éducation, moi je pense que oui, donc il vaut mieux prévenir très clairement que, à partir de l'automne, les tests de convenance, pour les personnes qui refusent de se faire vacciner, c'est terminé, ce sera payant, les tests ne resterons gratuits que si c'est sur prescription médicale.
LORRAIN SENECHAL
On va justement parler de la reprise, contrariée ou pas, et de l'endettement de la France juste après un coup d'oeil sur le fil info.
(…)
LORRAIN SENECHAL
Avec Bruno LE MAIRE, ministre de l'Economie et des Finances. Hier soir Emmanuel MACRON a donné ses prévisions de croissance pour cette année, pour la France, 6% du PIB, c'est plus que ce qui était jusqu'ici envisagé par le gouvernement, ça veut dire que la reprise, ça y est, elle est là, c'est acté par le chef de l'Etat ?
BRUNO LE MAIRE
La reprise est plus forte que prévu, les chiffres de consommation sont plus élevés que prévu, nous avons encore des chiffres de consommation, au moment où je vous parle, qui sont plus élevés que ce qui était le cas à la même période en 2019 avant la crise. Nous réviserons donc le chiffre de la croissance française pour 2021 de 5 à 6%. Je veux simplement être très clair, nous n'atteindrons ces 6% de croissance, qui sont un chiffre extrêmement élevé, que si chacun fait preuve de sens des responsabilités en matière de vaccination. La seule chose, désormais, qui peut nous empêcher d'atteindre ces 6%, qui sont donc le nouveau chiffre de croissance, la nouvelle prévision de croissance pour la France, c'est le retour brutal et massif de la pandémie et de ses conséquences sur l'économie, raison de plus pour faire preuve de sens des responsabilités et nous vacciner tous massivement le plus vite possible.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous voulez dire que le Delta peut contrarier cette relance, ces 6 %, cette promesse de 6 point de croissance ?
BRUNO LE MAIRE
C'est le seul obstacle sur une croissance à 6% pour 2021. Les chiffres d'investissements sont bien orientés, la confiance des entrepreneurs est là, la consommation est là, et on a finalement des difficultés qui sont l'inverse de ce qu'on avait prévu, on nous avait dit il va y avoir plein de faillites, un chômage qui explose, il y a des créations d'emplois, il n'y a pas plus de faillites dans ce début d'année 2021 que ce qu'il y a dans une année normale, et dans le fond les problèmes sont ailleurs, le vrai problème aujourd'hui c'est un problème de recrutement, qui est massif dans certains secteurs d'activité, et c'est l'approvisionnement en matières premières, en bois, en aluminium, en acier, en matériaux pour la couverture des maisons, donc je réunirai à nouveau l'ensemble des acteurs économiques concernés pour faire le point avec eux sur cette pénurie de matériaux et sur le flambée des cours de matières premières pour voir s'il y a des dispositions supplémentaires que nous pouvons prendre, parce que je sais que partout sur les territoires ce qui remonte le plus c'est la PME qui dit « mais attendez, moi je voudrais bien redémarrer, je voudrais bien faire ce chantier, je n'ai pas les matériaux, et quand j'arrive à les trouver, ils sont beaucoup trop chers. »
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous avez ciblé les secteurs concernés et les matériaux en question ?
BRUNO LE MAIRE
Les principaux secteurs concernés sur les matériaux c'est le bâtiment, c'est les travaux publics, c'est la couverture pour les toits, sur tous ces sujets-là, effectivement, il y a une pénurie de matériaux qui est massive, et qui du coup impacte des pans entiers de notre économie, qui font la vie quotidienne, aujourd'hui vous voulez restaurer votre maison, faire des travaux dans votre appartement…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Les prix flambent.
BRUNO LE MAIRE
Les entreprises vous disent « désolé, ce sera dans 3 mois, dans 6 mois, ou dans 12 mois, parce qu'aujourd'hui il n'y a pas de matériaux, les prix flambent, je n'ai pas les disponibilités nécessaires », comme ça peut avoir un impact sur l'économie française, j'ai déjà fait un premier échange avec les secteurs concernés, je ferai un deuxième échange, plus approfondi, dans les jours qui viennent.
LORRAIN SENECHAL
Vous parliez tout à l'heure de responsabilité, Emmanuel MACRON en a parlé hier soir, au sujet de la dette, 118 % désormais du PIB, pas question pour autant d'augmenter les impôts et pas question non plus de laisser filer la dette, comment on fait pour maintenir cet équilibre ?
BRUNO LE MAIRE
En ayant une stratégie de désendettement claire et un calendrier qui est clair. La solution de facilité, vous venez de le dire, c'est d'augmenter les impôts, nous n'augmenterons pas les impôts des Français, le président de la République l'a rappelé hier très clairement, c'est une des lignes de force du quinquennat. Nous avons baissé massivement les impôts des entreprises, comme des ménages, tout simplement parce que nous avions la pression fiscale la plus élevée de tous les pays développés, nous tenons à cette ligne-là, et nous la tiendrons…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Ça c'est un argument de campagne !
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas un argument de campagne, c'est un choix politique qui a été fait depuis le début du quinquennat, ça suppose aussi d'être aussi clair que l'a été le président de la République hier sous la manière dont on désendette. Il faut tenir les finances publiques, éviter de faire des dépenses en veux-tu, en voilà, lorsqu'elles ne sont pas indispensables, les concentrer sur la protection de ceux qui sont touchés par les conséquences du virus, et sur l'investissement, ça veut dire avoir des méthodes, sur les finances publiques, différentes, vous savez que moi je plaide de manière très claire pour qu'il y ait une règle constitutionnelle de dépenses sur 5 ans, ça fait partie des propositions que je mets sur la table, et puis ça veut dire aussi poursuivre les réformes, réforme de l'assurance chômage, mise en oeuvre au 1er octobre, le président de la République l'a confirmé, et mise en oeuvre d'une réforme des retraites, parce que si tous globalement nous travaillons davantage, ça permettra d'alléger rapidement le fardeau de la dette.
LORRAIN SENECHAL
D'abord sur l'assurance chômage, 1er octobre, elle a été en partie retoquée, en tout cas repoussée à l'automne par la justice administrative, vous n'avez pas peur que ça soit à nouveau le cas au 1er octobre ?
BRUNO LE MAIRE
Ecoutez, la justice administrative c'est piquer l'économie, il nous a expliqué que finalement il n'y avait pas de croissance, qu'il y avait une menace sur l'emploi, que la situation économique n'était pas favorable…
LORRAIN SENECHAL
Que ce n'était pas le moment de fragiliser…
BRUNO LE MAIRE
Oui, je préfère quand la justice administrative s'en tient à des appréciations administratives plutôt qu'à des évaluations économiques. J'ai lu avec beaucoup d'attention les considérants du Conseil d'Etat, je dois dire que j'ai du mal à comprendre leur évaluation de la situation économique, mais dont acte, en revanche nous maintenons l'application de cette réforme de l'assurance chômage qui doit inciter au retour à l'activité, pénaliser aussi l'abus de contrats courts, dont on voit bien que c'est un des problèmes de l'économie française, au 1er octobre.
LORRAIN SENECHAL
Mais vous dites il faut pousser les Français à travailler plutôt qu'à être au chômage, en pénalisant finalement ceux qui restent au chômage, plutôt qu'en encourageant ceux qui vont travailler ?
BRUNO LE MAIRE
On fait les deux, puisque nous encourageons massivement les gens à aller travailler en augmentant, par exemple, la prime d'activité, en permettant à ceux qui ont des salaires modestes d'avoir des meilleurs salaires, c'est indispensable que ceux qui ont des salaires modestes puissent être mieux rémunérés pour leur travail et puissent avoir la dignité de leur travail, nous mettons en place des primes défiscalisées, justement pour que ceux qui sont aux avant-postes dans notre économie puissent être mieux rémunérés, donc il y a aussi tout un caractère incitatif. Mais, plus globalement, qu'est-ce que nous voulons comme société, une société qui incite au travail et qui permet de vivre dignement du travail, ou une société où on dit aux gens « vous savez, si vous restez chez vous vivrez aussi bien » ? Je pense que notre choix il est extrêmement clair, nous voulons inciter au retour à l'activité et faire en sorte que ceux qui ont un travail, même avec peu de qualifications, aient un revenu qui soit digne.
LORRAIN SENECHAL
Merci Bruno LE MAIRE. On va parler de la réforme des retraites qui est donc revenue sur le devant de la scène, en tout cas Emmanuel MACRON persiste et signe, juste après un coup d'oeil sur le Fil info.
(…)
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Bruno LE MAIRE, finalement le président a tranché hier soir, sans prendre de risque, la réforme des retraites elle sera mise en route quand la situation sanitaire le permettra, et comme il nous a expliqué qu'en 2022 on y serait encore, donc elle n'aura pas lieu.
BRUNO LE MAIRE
Il a déjà pris le risque de dire les choses très clairement aux Français, de dire très clairement aux Français que si nous voulons garder notre niveau de vie il faut que nous travaillions tous davantage…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Mesure d'âge, il n'y a plus de système à points là.
BRUNO LE MAIRE
Oui, je pense qu'il est allé très loin dans la clarté de ses propos et dans le sens de la vérité. La vérité est que si nous voulons tous collectivement, en France, avoir le même niveau de vie, avoir un système de retraite par répartition, avoir la même protection sociale que celle dont nous avons disposé pendant toute cette crise sanitaire, il faut que collectivement nous travaillions davantage et qu'on repousse l'âge de départ à la retraite. Je me réjouis que le président de la République ait dit les choses aussi clairement aux Français parce que c'est là aussi le sens des responsabilités et c'est ce qui permettra à notre pays d'affronter les années qui viennent de manière très confiante, avec beaucoup de solidité.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous repoussez l'âge de départ, mais vous repoussez la réforme aussi quelque part, puisqu'elle n'aura pas lieu avant la fin du quinquennat, concrètement ?
BRUNO LE MAIRE
Qu'est-ce qu'on aurait dit, Jean-François ACHILLI, si au moment où on se prépare à une quatrième vague, où le variant Delta se développe partout en France, où la priorité absolue c'est la vaccination et la protection sanitaire des Français, dans le même temps on vous disait « eh bien écoutez, on va combattre le virus, mais on va aussi lancer une réforme des retraites » ? Je suis attaché à cette réforme des retraites, je l'ai dit depuis des mois, je pense que c'est une priorité, et je le redis avec beaucoup de force, pour le niveau de vie des Français la réforme des retraites est une priorité absolue. En revanche, priorité absolue ne veut pas dire se précipiter à contretemps, alors même que nous avons un combat à livrer, qui est le combat contre la pandémie et contre le variant Delta.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Donc c'est oui, mais après.
LORRAIN SENECHAL
Mais il est possible, tout de même, que cette réforme puisse voir le jour en décembre, en janvier, si à ce moment-là la couverture vaccinale est bonne ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne peux pas être plus clair que ce qu'a été le chef de l'Etat hier, il faut savoir, en politique, faire les choses étape par étape, et en politique rien n'est plus important que de faire les choses, une fois encore, au bon moment, là le bon moment c'est la lutte contre la pandémie, le jour où nous sommes débarrassés de cette pandémie, où il n'y a plus le risque sanitaire, ça permet d'avoir un débat serein, dédramatisé, sur la question de la réforme des retraites.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pour bien comprendre, Bruno LE MAIRE, suppression des régimes spéciaux, report de l'âge de départ, mais le système par points disparaît.
BRUNO LE MAIRE
Non, là aussi…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Pas forcément ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense avoir écouté soigneusement, comme nous tous, le chef de l'Etat, les points qu'il a indiqués sont très clairs, pour les régimes spéciaux c'est pour les nouveaux entrants, donc ça c'est une question de justice fondamentale, c'est-à-dire que la personne qui est rentrée à la SNCF, ou qui est rentrée dans un service public où il y a un régime spécial, elle est rentrée en faisant son choix, en disant « voilà, j'ai fait un arbitrage, il y a des avantages dans cette carrière, et puis il y a aussi des inconvénients, mais parmi les avantages il y a le régime spécial de retraite », donc je pense que c'est juste de lui dit « attendez, on ne va pas changer le contrat qui a été conclu avec vous à l'origine, mais on estime, pour les nouveaux entrants, que rien ne justifie que vous ayez encore cet avantage, c'est la première chose qu'a dit le président République. Deuxième chose, il faut travailler plus longtemps et repousser l'âge de départ à la retraite…
LORRAIN SENECHAL
A combien, 64 ans ?
BRUNO LE MAIRE
Et troisième chose, il faudra aussi réfléchir, mais se donner le temps nécessaire, parce que c'est très compliqué, à avoir un système de retraite par points qui soit plus clair, plus simple, plus lisible. Ayons l'humilité de reconnaître que nous avons échoué à le faire, au cours des années passées, puisque nous ne sommes pas arrivés à le faire, parce que c'est très compliqué…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous le reconnaissez ?
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr, il faut toujours reconnaître quand on a échoué à faire quelque chose, quand on n'est pas arrivé à l'objectif que nous nous étions fixé, c'est comme ça qu'on réussit la fois suivante, ce n'est pas en niant ses erreurs, c'est en disant « on n'y est pas arrivé », ça reste un projet totalement pertinent, le chef de l'Etat l'a dit hier, le rapport Blanchard-Tirole le dit aussi avec beaucoup de force, mais il faudra prendre les choses différemment pour y arriver la prochaine fois. Quand on reconnaît ses erreurs, on réussit la fois suivante.
LORRAIN SENECHAL
Ce sera potentiellement au coeur de la campagne donc, ça sera une des mesures portées par Emmanuel MACRON et vous-même ?
BRUNO LE MAIRE
Moi il me paraît légitime que sur un sujet qui engage notre avenir collectif ça fasse partie du débat de la campagne présidentielle.
LORRAIN SENECHAL
Une dernière chose Bruno LE MAIRE. Hier Emmanuel MACRON a annoncé qu'un deuxième plan d'investissement allait voir le jour, il y a donc encore assez d'argent tout de même en France pour continuer d'investir malgré le fait, on en parlait tout à l'heure, qu'il faut réussir à maîtriser nos dépenses ?
BRUNO LE MAIRE
Mais c'est le moment d'investir tout simplement parce que cette pandémie va rebattre les cartes des rapports de force mondiaux dans les mois, plus d'ailleurs que dans les années qui viennent, il faut juste savoir si nous maîtrisons un certain nombre de technologies qui feront les grandes puissances de demain ou si nous les abandonnons à la Chine ou aux Etats-Unis, c'est ça le défi qui se pose. Je suis en train de travailler, à la demande du président de la République, sur ce plan d'investissement, je vous donne juste un exemple très concret, qui sont les semi-conducteurs, qui sont partout dans notre vie quotidienne, que ce soit les communications ou les transports, les voitures et les avions, est-ce qu'on dépend de la Chine et de Taïwan pour ces semi-conducteurs, auquel cas, quand il n'y en n'a plus, nos usines sont à l'arrêt en France, ou est-ce qu'on réinvestie dans ces semi-conducteurs pour avoir de l'indépendance en matière de semi-conducteurs qui sont indispensables à notre vie économique ? c'est ça les questions que je suis en train d'étudier actuellement pour faire des propositions, fin juillet, au chef de l'Etat, et prévoir un plan d'investissement à la fois dans les compétences humaines, et un plan d'investissement dans le capital, dans les nouvelles technologies, dans les innovations de rupture, qui nous permettront de rester une grande nation économique au 21e siècle.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Et à la rentrée prochaine, Bruno LE MAIRE, ultime question, vous participerez au démarrage de la campagne présidentielle d'Emmanuel MACRON ?
BRUNO LE MAIRE
D'abord c'est à lui de dire s'il est candidat, mais je l'ai dit, répété, j'ai la conviction profonde…
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Vous n'avez pas vu un candidat hier soir ? Ça ressemblait à un meeting.
BRUNO LE MAIRE
En tout cas c'est le meilleur candidat et je souhaite sa réélection, et je m'engagerai pour la réélection d'Emmanuel MACRON, le moment venu, c'est-à-dire quand lui-même l'aura décidé.
JEAN-FRANÇOIS ACHILLI
Même si votre ancienne famille, Xavier BERTRAND au hasard, est face à lui, vous ne serez pas déchiré entre les deux ?
BRUNO LE MAIRE
Il ne vous a pas échappé que depuis, plus de 4 ans maintenant, je suis le ministre de l'Economie et des Finances d'Emmanuel MACRON, je lui ai apporté ce que je pouvais lui apporter, que ce soit sur les questions économiques, financières, sur la taxation des gens du numérique et la taxation minimale, qui est un des grands succès du G20 qui vient de se conclure en Italie, après 4 ans de travail on a eu gain de cause, je souhaite poursuivre cette action, à son service, avec sa réélection.
LORRAIN SENECHAL
Bruno LE MAIRE, ministre de l'Economie et des Finances, invité ce matin du 8 :30 France Info, merci beaucoup, bonne journée à vous.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 23 juillet 2021