Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de Cnews.
BRUNO LE MAIRE
Merci.
LAURENCE FERRARI
On va parler de pouvoir d'achat, de la vie chère. Les Français voient avec une immense inquiétude les tarifs du gaz s'envoler, il aura augmenté de 57% depuis le mois de janvier, une hausse complètement folle, est-ce qu'elle sera durable, d'abord, cette hausse ?
BRUNO LE MAIRE
Elle va probablement durer encore quelques mois, ça dépend de ce qu'on entend par durable, mais elle durera encore probablement quelques mois, parce que la croissance redémarrer fort partout dans le monde, notamment en Chine, qu'il y a des problèmes de stocks, des problèmes d'approvisionnement, et donc on a effectivement une augmentation très forte, qui suscite une inquiétude, parfaitement légitime, de nos compatriotes, ils voient la facture de gaz flamber, ils s'inquiètent, et ils savent aussi que les risques c'est d'avoir une répercussion sur les prix de l'électricité au début de l'année 2022. Donc nous, nous avons pris…
LAURENCE FERRARI
Qui risque d'être d'augmenter très fortement aussi !
BRUNO LE MAIRE
Oui, parce qu'il y a un alignement et donc un risque de conséquence directe de la flambée des prix du gaz, qui est historique, sur les prix de l'électricité au mois de janvier 2022, donc le gouvernement a parfaitement conscience du problème, et voit parfaitement à quel point ça peut peser sur le pouvoir d'achat des ménages, ça peut être une augmentation de 350, 400 euros dans l'année, pour une facture moyenne de gaz, c'est considérable. Première réponse, le chèque énergie, c'est ce qu'a dit décidé le Premier ministre, 150 euros ont été versés au printemps, nous allons reverser immédiatement, en décembre, un chèque de 100 euros, pour 6 millions de personnes, donc ça touche un nombre considérable de Français, en particulier les Français les plus modestes, et puis au printemps prochain il y aura à nouveau 150 euros qui seront versés au titre du chèque énergie.
LAURENCE FERRARI
Ça ne suffira pas à compenser la hausse que nous venons d'évoquer, on est bien d'accord ?
BRUNO LE MAIRE
Ça ne compensera pas intégralement, je suis bien d'accord, mais c'est déjà un appui considérable à 6 millions de nos compatriotes, 6 millions de ménages. La deuxième chose – et je le dis, nous continuons à suivre cela avec beaucoup d'attention, beaucoup de vigilance, parce que nous mesurons, avec Jean CASTEX, à quel point ça pèse sur le pouvoir d'achat de chaque ménage français – la deuxième chose que nous voulons anticiper, c'est ce que je viens de vous dire, c'est le risque d'impact sur les prix de l'électricité au mois de janvier 2022, parce qu'il y a une aberration du marché unique de l'énergie européen, c'est que l'augmentation, la flambée des prix du gaz, se répercute sur les prix de l'électricité, pas intégralement, mais en partie sur les prix de l'électricité, c'est à la fois absurde économiquement, et c'est injuste pour les ménages. C'est absurde parce que cela conduit à augmenter les prix de l'électricité à un moment où on va avoir besoin, pour réussir la transition écologique, de plus en plus d'électricité, donc avoir un tarif d'électricité de plus en plus cher, à cause du prix du gaz, qui est une énergie carbonée, alors même qu'on veut décarboner…
LAURENCE FERRARI
Et que nous importons à 99 %.
BRUNO LE MAIRE
Et que nous importons ; alors même que nous voulons décarboner notre économie, c'est, d'un point de vue économique, absurde, et d'un point de vue écologique, totalement contradictoire. Moi je ne peux pas dire aux industriels il faut électrifier vos usages, dire aux ménages prenez des voitures électriques, et dans le même temps dire « ah mais, au passage, le prix de l'électricité va être aligné sur celui d'une énergie fossile, le gaz », ça il faut y mettre fin. La deuxième chose qui pose une difficulté…
LAURENCE FERRARI
Comment on y met fin ?
BRUNO LE MAIRE
C'est effectivement économiquement, parce que ça augmente la facture d'électricité des ménages français, là les chiffres sont sans appel, l'électricité en France c'est entre 40 et 50 euros le mégawatt, là on se retrouve à 110 euros le mégawatt pour l'énergie produite par le gaz, vous voyez l'écart…
LAURENCE FERRARI
Mercredi il y a même eu un record à 196 euros !
BRUNO LE MAIRE
Donc vous voyez l'écart qui est totalement injustifiable d'un point de vue économique, donc pour ces deux raisons, écologique et économique, j'ai écrit au président de l'Eurogroupe, les ministres des Finances de la zone euro, pour lui dire mettons ça l'ordre du jour de la réunion de la semaine prochaine, le 4 octobre, pour regarder comment est-ce que nous pouvons transformer en profondeur le marché de l'énergie européen. Je ne suis pas ministre de l'Energie, mais je suis ministre de l'Economie et des Finances, donc je fais attention aux finances des Français et je fais attention à la stabilité des factures, pour notre industrie, pour notre économie, parce que ces flambées sont insupportables pour nos entreprises également.
LAURENCE FERRARI
Mais qu'est-ce que pourraient faire ces ministres de l'Eurogroupe, réformer ce système européen qui fait que les prix sont corrélés à la hausse du gaz ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, transformer en profondeur. Moi je n'accepte pas la corrélation qui a été introduite depuis plusieurs années entre le prix d'une énergie fossile, le gaz, et le prix de l'électricité, alors même qu'en France nous avons une électricité décarbonée grâce à nos centrales nucléaires.
LAURENCE FERRARI
Alors, là il y a une électricité, que nous importons complètement, le gaz, l'autre que nous fabriquons, mais il y a néanmoins des marges de manoeuvre pour le gouvernement sur les taxes, il y a des taxes sur le gaz, pourquoi ne pas les baisser ?
BRUNO LE MAIRE
La seule taxe vraiment importante qu'il y a sur le gaz c'est la TVA, donc pour le moment ce n'est pas des solutions que nous avons mises sur la table, mais je le redis, je regarde jour après jour, semaine après semaine, où nous emmène cette augmentation des prix du gaz, sur laquelle, soyons honnêtes, nous n'avons pas de marge de manoeuvre, nous ne pouvons pas faire baisser ou augmenter le prix du gaz tel qu'il est produit, la seule marge de manoeuvre que nous avons c'est le chèque énergie, et puis nous allons continuer à suivre de près pour voir s'il y a d'autres mesures complémentaires qui sont nécessaires, nous n'en sommes pas là, mais je continuais sur ça de très près.
LAURENCE FERRARI
Pouvoir d'achat toujours, le président de la République a annoncé hier la défiscalisation des pourboires payés en carte bancaire, c'est un petit coup de pouce qui ne coûte pas cher, parce qu'évidemment ça ne va pas permettre de recruter les 150.000 personnes qui manquent dans le secteur.
BRUNO LE MAIRE
Non, mais ça va renforcer l'attractivité du secteur, et où que vous alliez en France, ça peut être à Lyon, ça peut être à Nantes, à Lille, où que vous alliez, vous avez des restaurateurs, des patrons d'hôtel, des patrons de bar, qui vous disent « nous n'arrivons pas à recruter », donc il y a un coup de pouce qui a été donné par le président de la République hier, je pense que c'est un coup de pouce qui est bienvenu, qui est de dire les pourboires ils vont être défiscalisés, au moins pour l'année 2022, donc ça va redonner de l'attractivité au métier. Je veux dire aussi une chose très claire là-dessus, ça ne doit pas exonérer nos amis restaurateurs de négociations sur les salaires dans la restauration, l'un ne prend pas la place de l'autre, ce n'est pas fromage ou dessert, ça doit être fromage et dessert, la défiscalisation des pourboires et une augmentation des salaires dans le cadre des négociations de branche, qui sont ouvertes, elles sont ouvertes de bonne foi, je sais que les restaurateurs y participent de manière constructive, ça doit déboucher sur de vraies augmentations de salaires dans la restauration.
LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas le cas pour l'instant ?
BRUNO LE MAIRE
C'est des négociations, c'est eux qui décident, ce n'est pas, on le sait bien, le ministre de l'Economie qui décide des salaires en France, Dieu soit loué, mais en revanche je pense qu'il faut mettre les choses cartes sur table, la défiscalisation des pourboires décidée par le président de la République, bienvenue, qui va être un sacré coup de pouce pour le secteur, ne doit pas exonérer les restaurateurs d'augmentation de salaires dans les branches, parce que c'est ça qui rendra les métiers attractifs, pas de substitution des pourboires au salaire.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot sur le Livret A. Il y aura un changement sur le Livret A, vous avez refusé un coup de pouce pour le Livret A ? Expliquez-nous.
BRUNO LE MAIRE
Non, mais il y a une formule qui permet justement d'éviter les coups de pouce politiques, elle tient compte du niveau de l'inflation, nous verrons quel sera le résultat de la formule d'ici la fin de l'année, et bien entendu que j'appliquerai cette formule, si la formule nous dit voilà, il y a une forte augmentation de l'inflation, elle est durable, donc ça conduit à une augmentation du taux du Livret A, je suivrai évidemment la formule, si à l'inverse elle nous dit non, l'inflation est transitoire, il n'y a pas de raison d'augmenter le taux de rémunération du Livret A, là aussi je suivrai la formule, elle est faite justement pour éviter la politisation du Livret A et je pense que c'est très bien.
LAURENCE FERRARI
La réforme des retraites, elle attendra évidemment. Vous disiez sur ce plateau, ici même, il faut absolument… on n'a jamais intérêt, en politique, à remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, on va donc attendre demain ?
BRUNO LE MAIRE
On verra ce que décidera le président de la République, c'est le seul qui a la légitimité pour décider sur un sujet qui nous concerne tous, qui concerne tous les Français, je ne…
LAURENCE FERRARI
C'est dommage ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ce n'est pas dommage, je dis simplement que cette réforme est nécessaire, je pense que le président de la République, le Premier ministre, tout le gouvernement, la majorité, en sont convaincus, mais il vaut mieux faire la réforme au bon moment, c'est-à-dire à un moment où les Français peuvent nous suivre, la comprendre, l'accepter, on est encore en période de pandémie, je le rappelle, on est encore dans une période qui est compliquée, ce n'est pas forcément le meilleur moment pour la déclencher aujourd'hui après il reste sept mois devant nous.
LAURENCE FERRARI
Vous proposiez, je le rappelle, en 2016, de reporter l'âge légal à 65 ans et d'aligner les règles de cotisations des salariés du public et…
BRUNO LE MAIRE
Laurence FERRARI, je change assez peu…
LAURENCE FERRARI
Vous avez une vraie cohérence là-dessus, je dois reconnaître.
BRUNO LE MAIRE
J'ai une vraie cohérence, sur ce sujet comme sur les autres, je continue à considérer et à dire très clairement aux Français que pour financer notre système de retraite par répartition, et surtout pour que notre niveau de vie, et celui de nos enfants, s'améliore dans le temps, il faut que tous ensemble nous travaillions davantage.
LAURENCE FERRARI
La primaire, vous l'aviez évoquée et vous y aviez concouru en 2016, il n'y en n'aura pas pour cette fois-ci pour les Républicains, votre famille politique, votre ancienne famille politique, ils ont choisi la méthode du congrès pour éviter le carnage de 2016, c'est une sage résolution ?
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, c'est eux qui le décident, moi ce que j'observe c'est le rétrécissement, jour après jour, mois après mois, des Républicains. On passe d'une primaire à 4 millions de votants, à un congrès à quelques dizaines de milliers de votants, ça s'appelle tout simplement un rétrécissement.
LAURENCE FERRARI
Donc c'est une solution, en même temps, pour ne pas avoir à s'entre-déchirer, vous pensez que tous les candidats y participeront à ce congrès ?
BRUNO LE MAIRE
C'est leur problème, c'est leur problème, leur difficulté, moi mes problèmes c'est le prix du gaz, c'est la taxation internationale des géants du numérique, c'est la croissance de la France, c'est ça mes vrais sujets.
LAURENCE FERRARI
Vous ne vous reconnaissez plus dans ce clivage droite-gauche, définitivement, alors qu'en 2016 vous disiez « je porte en moi toutes les droites, la droite orléaniste, libérale, la droite gaulliste et bonapartiste » ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne m'y reconnais plus, d'ailleurs je pense qu'une majorité de Français ne s'y reconnaissent plus. On peut avoir une culture de gauche, une culture de droite, bien entendu, mais, dans le fond, ces clivages-là sont dépassés, et ce qui est en train de se produire dans l'élection présidentielle d'ailleurs, c'est l'émergence de nouveaux clivages. Vous avez un bloc qui est un bloc de décroissance et de redistribution, qui vous dit la croissance économique est dangereuse, il faut maintenant décroître, ce qui amènera tout simplement l'appauvrissement des Français, il faut le dire, l'appauvrissement des Français…
LAURENCE FERRARI
Vous pensez aux Verts et à la France insoumise ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense aux Verts radicaux, je pense à la France insoumise, je pense à une partie de la gauche, qui ont peur dans le fond de l'avenir, et qui disent revenons en arrière, moins de croissance, dans ce cas-là assumons que les Français seront plus pauvres, je suis opposé à cette direction. Il y a une deuxième direction qui est la direction souverainiste, qui dit dans le fond nos partenaires européens nous dérangent, il faut nous replier sur nous-mêmes, nous recroqueviller sur nous-mêmes, c'est ce que j'appelle la capitulation française. Le souverainisme aujourd'hui, c'est une capitulation, c'est une défaite, ce sont des gens qui ne croient pas dans la possibilité pour la France d'affirmer ses intérêts et ses valeurs. Et puis il y a un bloc central, qu'incarne le président de la République, qui croit à l'économie de marché, qui croit dans la capacité de la France à innover, à maîtriser les nouvelles technologies, qui veut travailler main dans la main avec ses partenaires européens, notamment l'Allemagne, et c'est à ce troisième bloc que j'appartiens, il n'est pas de droite, il n'est pas de gauche, je pense simplement que c'est la bonne voie pour le pays, et c'est la raison pour laquelle, comme je l'ai soutenu en 2017, je soutiendrai le président de la République en 2022. Les autres clivages ne sont plus opérants.
LAURENCE FERRARI
Cette droite souverainiste, que vous évoquez, elle est incarnée aujourd'hui de façon assez spectaculaire par Eric ZEMMOUR, et lui il dit que ce sont vous les gouvernements qui avaient capitulé sur un sujet essentiel qui est l'immigration, il évoque le grand remplacement, une civilisation remplacée par une autre, est-ce que ça, ça résonne à vos oreilles ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
La question de la civilisation ça résonne à mes oreilles, mais le grand remplacement est un vieux fantasme français, c'est un vieux fantasme français, je ne crois pas du tout qu'il y ait de grand remplacement en France. Nous sommes une culture qui n'a cessé au fil des siècles de s'enrichir des apports étrangers et qui est justement suffisamment forte, dans sa langue, dans sa mémoire, dans son Histoire, dans sa création, pour arriver à dépasser ces apports étrangers, pour rester une culture vivante…
LAURENCE FERRARI
Qui a continué à accueillir.
BRUNO LE MAIRE
Qui a continué à accueillir…
LAURENCE FERRARI
De plus en plus.
BRUNO LE MAIRE
Pas de plus en plus, bien entendu l'immigration doit être contrôlée, l'immigration illégale elle doit être sanctionnée, les clandestins qui sont sur notre territoire doivent faire l'objet d'une obligation de quitter le territoire français qui doit être rigoureusement et strictement appliquée, bien entendu, mais la culture française est une culture d'ouverture suffisamment puissante pour accepter les apports étrangers.
LAURENCE FERRARI
Justement, la France a décidé de, d'après une information Europe 1 confirmée par CNews, de réduire drastiquement de 50% le nombre de visas pour les ressortissants des pays du Maghreb, Algériens et Marocains, de 30% pour les Tunisiens, tout ça pour tenter de faire pression pour qu'ils récupèrent leurs ressortissants expulsés, vous confirmez ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas responsable de ces sujets, mais en tout cas tout ce qui va dans le sens d'une application des obligations de quitter le territoire français, ce qui suppose que les pays d'origine donnent effectivement les visas, parce que c'est souvent cela qui bloque, tout ce qui permet d'appliquer rigoureusement la règle de présence sur le territoire j'y suis évidemment favorable, ceux qui doivent partir, ceux qui ont une obligation de partir, doivent quitter le territoire français.
LAURENCE FERRARI
Eric ZEMMOUR, qui a été insulté et menacé il y a encore quelques jours, représente cette droite souverainiste que vous venez d'évoquer, quels sont les travers aujourd'hui du raisonnement, et failles dans le raisonnement d'Eric ZEMMOUR que vous pouvez voir ?
BRUNO LE MAIRE
Des failles il y en a sur la vision économique, il y en a sur la conception de la culture française, qui est riche, une fois encore, de tous les apports étrangers, il y a des failles dans sa conception des siècles français, de la place des Lumières, et puis il y a surtout une ligne rouge absolue, qui a été franchie par Eric ZEMMOUR, c'est le révisionnisme. Quand j'entends Eric ZEMMOUR dire que l'Etat de Vichy a protégé les juifs Français, je lui recommande d'aller au Mémorial de la Shoah, qui n'est pas très loin d'ici, à Paris, où vous voyez le statut des juifs du 3 octobre 1940, annoté de la main du Maréchal PETAIN, qui durcit les conditions d'accès des citoyens Français juifs à la Fonction publique, et notamment l'enseignement, je lui recommande de lire ce que les responsables nazis ont écrit de Pierre LAVAL, quant à leur plus grand étonnement, quand ils proposaient de ne déporter que les citoyens Français juifs de plus de 16 ans, ont obtenu une réponse, de LAVAL, par télégramme, leur proposant de déporter aussi les enfants Français juifs, par concession, disait Pierre LAVAL, parce que comme ça les enfants ne seront pas séparés de leurs parents, c'est cette ignominie de Vichy dont Eric ZEMMOUR est complice. et indirectement, quand j'entends mon ancienne famille politique, les Républicains, qui sont les héritiers de celui, Jacques CHIRAC, qui a reconnu la responsabilité de l'Etat de Vichy dans la déportation des juifs et dans l'extermination des juifs, dire que dans le fond ZEMMOUR ça ne pose pas de problème, quand j'entends Monsieur BELLAMY dire que Monsieur ZEMMOUR devrait participer à la primaire de la droite, quand j'entends Christian JACOB dire que dans le fond Eric ZEMMOUR n'est pas un extrémiste, quand j'entends Eric CIOTTI refuser d'attaquer Eric ZEMMOUR, je me dis que toutes les digues, toutes sans exception, sont tombées, et que la ligne rouge absolue, que Nicolas SARKOZY, que Jacques CHIRAC, qu'un certain nombre de grands responsables de ma famille politique, il y a quelques années, avaient tracée entre ce qu'est la France et ce que sont les extrêmes, cette ligne rouge, une grande partie des Républicains désormais l'a allégrement franchie, et je le regrette profondément.
LAURENCE FERRARI
La France c'était Vichy pour vous ?
BRUNO LE MAIRE
La France a sa responsabilité et l'Etat français a sa responsabilité dans les crimes de Vichy. « Vichy », disait le Général de GAULLE, " est nul et non-avenu ", c'est l'un des seuls points sur lequel j'ai toujours divergé avec le Général de GAULLE, hélas, 1000 fois hélas, Vichy n'a pas été nul, et Vichy est avenu, Vichy n'est pas non avenu, et voir, une fois encore, Eric ZEMMOUR dénier, nier catégoriquement la responsabilité de l'Etat de Vichy dans les crimes contre les juifs, c'est revenir des décennies en arrière, quand l'Etat français refusait de reconnaître ses responsabilités, et c'est effacer d'un trait de plume l'acte de courage de Jacques CHIRAC, quand en 1995, dans son discours du Vel d'Hiv, il reconnaissait pas la première fois la responsabilité de l'Etat français dans les crimes de Vichy.
LAURENCE FERRARI
L'adversaire politique numéro 1 d'Emmanuel MACRON ce n'est plus Marine LE PEN, c'est Eric ZEMMOUR aujourd'hui ?
BRUNO LE MAIRE
Ce qui est sûr c'est qu'aujourd'hui il y a une prime à la radicalité, aux propos les plus outranciers, et que je crois qu'une de nos responsabilités c'est précisément de poser sereinement les difficultés que rencontrent aujourd'hui les Français, de ne pas céder à cette radicalisation, et d'apporter des réponses sereinement…
LAURENCE FERRARI
Mais elle vous fait peur cette candidature ?
BRUNO LE MAIRE
Non.
LAURENCE FERRARI
Si elle survient ?
BRUNO LE MAIRE
Non, elle ne me fait absolument pas peur, aucun des adversaires d'Emmanuel MACRON ne me fait peur, tout simplement parce que j'ai la conviction profonde, chevillée au corps, que ce que nous faisons est bon pour les Français et que la voie que nous défendons, avec Emmanuel MACRON, pour l'avenir de la France, pour sa place dans le monde, pour sa place dans l'Europe, pour l'affirmation de sa culture, de sa langue, de ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, est conforme à ce qu'est la culture française dans son essence la plus profonde.
LAURENCE FERRARI
Il y a donc une culture française ?
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr qu'il y a une culture française.
LAURENCE FERRARI
On aura l'occasion d'en parler ce soir à 18h avec le président SARKOZY qui sera mon invité, merci beaucoup…
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er octobre 2021