Texte intégral
JEAN-REMI BAUDOT
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour.
JEAN-REMI BAUDOT
On va parler dans un instant, on va revenir sur les annonces de Jean CASTEX, mais d'abord, cette information qui nous est parvenue il y a quelques instants : le groupe RENAULT prévoit une perte de production de 500 000 véhicules sur l'année 2021. Alors, c'est lié à la crise des composants, notamment des semi-conducteurs, ça veut dire que de nombreuses voitures n'ont pas pu être produites. Ça dit quoi de notre... est-ce que notre industrie est faible, ça dit quoi de notre système de production ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça dit que nous avons traversé une période de désindustrialisation très forte ces 30 dernières années, et que depuis 2017, l'intuition du président de la République de réindustrialiser la France, c'est-à-dire de remettre des productions en France, est la bonne. C'est compliqué, c'est difficile, mais nous le faisons. Nous avons par exemple avec le plan de relance, relocalisé 550 productions, dont des productions d'électronique.
JEAN-REMI BAUDOT
Mais en face de groupes comme RENAULT, qui de fait se retrouve fragilisé en cas de crise, il y a des groupes comme TESLA, plus intégrés, moins éclatés, plus efficaces. Est-ce que l'industrie française est prête pour ce virage ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
L'industrie française est prête pour ce virage. Je rappelle que vous avez des grands groupes qui sont à la pointe de la technologie. On cite souvent DASSAULT Systèmes, on cite SCHNEIDER, et puis il y a toutes les pépites cachées de nos territoires, des PME, des entreprises de taille industrielle, qui ont des parts de marché importantes au plan international, qui exportent. C'est ces entreprises qu'on veut aujourd'hui accompagner, pour développer leur production. Et vous savez qu'avec le Plan de relance, c'est une entreprise industrielle sur trois, aujourd'hui, de plus de cinq salariés, dont nous accélérons les projets de développement de production et de création d'emplois.
JEAN-REMI BAUDOT
Alors, hier soir le Premier ministre Jean CASTEX a fait donc une série d'annonces pour aider les Français touchés par la hausse des prix de l'énergie. Une indemnité inflation, 100 € pour tous les Français qui gagnent moins de 2 000 € par mois. 100 €, est-ce que c'est suffisant pour tous ces Français qui voient les prix à la pompe augmenter ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
100 €, c'est une indemnité qui ne couvre d'ailleurs pas que l'augmentation du prix du carburant, parce que nous voyons globalement, vous l'avez mentionné, le problème d'approvisionnement ça touche aussi les particuliers, et donc il y a une augmentation des prix et une inflation. 100 €, pour un couple dont chacun des membres gagne moins de 2 000 €, c'est 200 €, ce n'est pas l'épaisseur du trait, et cela va s'ajouter au Chèque énergie que nous avons augmenté, et cela va s'ajouter à toutes les mesures de pouvoir d'achat que nous avons prises depuis le début du quinquennat, je pense à la baisse de l'impôt sur le revenu, 5 milliards d'euros, à la suppression pour 80% des Français, de la taxe d'habitation. Toute une série de mesures qui visent à accompagner et faire en sorte que les Français vivent mieux et vivent mieux de leur travail.
JEAN-REMI BAUDOT
Alors, l'annonce de Jean CASTEX appelle néanmoins des précisions concrètes. Quid des temps partiels par exemple. Une femme qui travaillerait 60 à 80%, qui gagne moins de 2 000 € net par mois, est-ce qu'elle va toucher ce chèque ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
JEAN-REMI BAUDOT
Les étudiants boursiers ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Les étudiants boursiers sont également concernés, ainsi que les étudiants qui sont autonomes fiscalement, ça fait 1,7 million d'étudiants sur 2,7 millions d'étudiants qui bénéficieront de ce dispositif.
JEAN-REMI BAUDOT
Vous assumez l'effet de seuil, comme on dit, c'est-à-dire tous ceux qui sont légèrement au-dessus des 2 000 € et qui de fait n'auront pas droit à cette aide ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, parce qu'il faut toujours fixer des règles. Alors, bien sûr quand on gagne 2 001 €, on peut avoir un sentiment d'injustice. Cet effet il est calé aussi pour faire en sorte que 38 millions des Français soient accompagnés. 38 millions. C'est massif. Et la deuxième chose c'est que nous accompagnons tous les gens qui ont moins de la moitié du salaire médian en France. Donc c'est considérable. Et nous avons préféré concentrer l'effort sur les personnes qui encore une fois travaillent et ont du mal à la fin du mois…
JEAN-REMI BAUDOT
Et pas une baisse de taxes.
AGNES PANNIER-RUNACHER
… que de le répartir et de disperser, sur des gens qui peut être en ont moins besoin.
JEAN-REMI BAUDOT
Alors, est-ce que le pouvoir d'achat c'est un combat perdu d'avance ? Quand on voit que les prix de l'essence ils ne sont pas gérés par la France, ils sont gérés, en fait ce sont des prix mondiaux, que le ressenti est parfois, ne va pas dans le sens des chiffres que l'on voit, de l'INSEE, de l'OFCE, est-ce que finalement le pouvoir d'achat c'est une bataille perdue d'avance ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Vous avez raison, l'INSEE nous dit que le pouvoir d'achat des Français a augmenté 2 fois plus vite avec ce gouvernement que dans d'autres gouvernements. Mais ce n'est pas le ressenti des Français, et c'est important de le prendre en compte et de continuer à travailler. Nous, notre objectif c'est de faire en sorte que les Français vivent mieux. La première clé de ça, c'est leur donner un accès à l'emploi. C'est la première façon de gagner du pouvoir d'achat, et nous avons créé un million d'emplois nets avec ce gouvernement. Mais il faut continuer et faire en sorte que le travail paie mieux pour eux, qu'ils aient des promotions, qu'ils aient accès à de l'intéressement, de la participation, tous ces éléments qui permettent que sur le compte en banque à la fin du mois on ne soit pas dans le rouge.
JEAN-REMI BAUDOT
L'énergie est au coeur, on le voit, des débats actuels. Hier ici à votre place, Anne HIDALGO la candidate PS pour la présidentielle, appelle à sortir du nucléaire, je cite " aussi vite que nous allons développer les énergies renouvelables ". Est-ce que c'est réaliste à vos yeux ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, ce n'est pas réaliste, parce que, et je crois qu'il y a des travaux d'experts qui sont en train d'être finalisés pour regarder tous les scénarios possibles, mais nous avons tellement accélérer l'électrification de notre économie, on parle des voitures, si on veut ne plus payer de carburant, il faut passer à l'électricité, mais l'électricité il faut la produire, et l'augmentation de la production d'électricité est telle, qu'on va devoir…
JEAN-REMI BAUDOT
Elle parle des énergies renouvelables, qui peuvent compenser peut-être ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas suffisamment. Il va falloir investir massivement dans les énergies renouvelables, et on est en train d'accélérer les choses, mais les énergies renouvelables il y a une limite, les panneaux photovoltaïques il faut du terrain, les éoliennes on ne peut pas les mettre partout, et de l'autre côté, il faut du nucléaire. C'est un mix énergétique, il ne faut pas opposer les deux énergies, renouvelables et nucléaire.
JEAN-REMI BAUDOT
Un mot de politique : est-ce qu'Eric ZEMMOUR est déjà candidat selon vous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout cas, je crois qu'il a le talent pour occuper l'actualité par des provocations, et je pense que nous, nous devons nous concentrer sur l'écoute des Français, la recherche des solutions pour y répondre, et pour le moment ce n'est pas la posture qu'il adopte. Je n'entends pas de propositions, je n'entends pas de diagnostic réel, si ce n'est un propos un peu décliniste et déprimant sur la France. Ce n'est pas la France que je connais.
JEAN-REMI BAUDOT
Alors, de fait vous êtes plutôt gentille avec lui, parce qu'on a l'impression qu'il y a au sein de l'exécutif, plusieurs lignes : ceux qui voudraient en gros taper sur Éric ZEMMOUR, essayer de le fragiliser, d'autres qui ne veulent pas trop répondre aux provocations, quelle est la bonne ligne à tenir ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je pense que les provocations, il faut pointer du doigt lorsque la ligne rouge est franchie, et monsieur ZEMMOUR franchit régulièrement la ligne rouge, mais en même temps, passer trop de temps sur ces provocations, c'est empêcher le débat public de se faire. Un débat politique c'est un débat sur les idées, c'est un débat sur les problèmes des Français. L'attitude que peut avoir…
JEAN-REMI BAUDOT
Vous l'imaginez au 2e tour avec Emmanuel MACRON ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, ça sera aux Français de décider s'il doit être au 2e tour, il faut déjà qu'il soit candidat, il me semble, mais je crois que moi, ce que j'attends d'un débat, c'est qu'on pose une vision de la France, des solutions pour les Français, et pour le moment on n'a pas le quart du commencement de ça avec monsieur ZEMMOUR.
JEAN-REMI BAUDOT
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 octobre 2021