Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à Europe 1 le 26 octobre 2021, sur l'objectif de la neutralité carbone en 2050 et l'évolution du pouvoir d'achat.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Média : Europe 1

Texte intégral

SONIA MABROUK
Bienvenue sur Europe 1 et bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

SONIA MABROUK
Evoquons d'abord un rapport important, car il va éclairer la présidentielle, le rapport du gestionnaire du réseau électrique français sur les différents scénarios pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Selon ce rapport, l'éolien et le solaire bien sûr devront être développés, mais surtout, le nucléaire reste très compétitif. Plus on garde et on développe le nucléaire dans le mix, plus ce dernier sera décarboné et bon marché. Est-ce que vous estimez que ces conclusions du rapport sont pertinentes ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, d'abord, c'est une bonne nouvelle, ce rapport, parce qu'il montre une chose, c'est qu'arriver à la neutralité carbone en 2050, sortir du pétrole, c'est possible, et c'est une bonne nouvelle pour la planète, mais c'est aussi une bonne nouvelle pour les Français, pour nos enfants, parce que ce qu'on vit aujourd'hui, notamment avec l'augmentation des prix de l'énergie, cette dépendance qu'on a aux fossiles, et donc à des prix qui augmentent pour des raisons mondiales, on aimerait en sortir, et donc pour ça, c'est une bonne nouvelle. Et ce rapport, finalement, il nous donne une carte et une boussole pour y arriver, avec différents scénarios. Et ce que ça montre, effectivement, d'abord, c'est qu'on va avoir besoin de tout, c'est-à-dire qu'on va avoir besoin du renouvelable, et qu'on va avoir besoin du nucléaire, en tout cas dans la plupart des scénarios…

SONIA MABROUK
Surtout du nucléaire quand on lit attentivement le rapport.

GABRIEL ATTAL
En tout cas, dans la plupart des scénarios, on aura besoin aussi du nucléaire, mais ce qui est certain, c'est qu'il faut continuer à investir dans tout, en tout cas, à court terme, parce que la réalité, c'est que dans les 15 années qui viennent, la demande d'électricité va augmenter de 20%, parce qu'on électrifie de plus en plus d'usages, pour la voiture, pour l'industrie, etc, on ne peut pas sortir des centrales nucléaires de terre en 15 ans, donc il va falloir continuer à investir sur le renouvelable.

SONIA MABROUK
Mais avec quel mix, Gabriel ATTAL, parce que RTE dit précisément qu'un système 100% renouvelable est techniquement possible, mais que ça coûterait extrêmement cher, et il faudrait en plus de nouvelles technologies, bref, ils enterrent déjà le 100% renouvelable, ça, c'est sûr…

GABRIEL ATTAL
Eh bien, ce qu'ils disent, c'est que c'est une contrainte très forte en termes de coût effectivement, et à la fin, le coût, il se répercute sur la facture des Français, en termes aussi d'installation sur le territoire, on voit les débats qu'il y a aujourd'hui à chaque fois qu'une éolienne ouvre, si on voulait arriver dans le scénario du 100% renouvelable, il faudrait arriver, je crois, à 35 000 mâts d'éoliennes sur notre territoire, je crois qu'aujourd'hui, on est à 8 000, donc on voit bien la marche à franchir, c'est un défi industriel, et encore une fois, ça coûte de l'argent. Donc finalement, ça valide ce qu'on dit depuis maintenant un certain temps…

SONIA MABROUK
C'est-à-dire, précisément ?

GABRIEL ATTAL
C'est-à-dire qu'on veut continuer à investir dans le nucléaire, le président de la République l'a dit au moment la présentation du plan France 2030, on va notamment investir pour développer des SMR, c'est-à-dire des petits réacteurs nucléaires, et développer un prototype…

SONIA MABROUK
A long terme, nous n'avons pas encore la technologie, donc la question, c'est : est-ce que le contenu de ce rapport, est-ce qu'aujourd'hui, vous allez officialiser, en tous les cas, annoncer plus rapidement la construction de ces six nouveaux EPR ?

GABRIEL ATTAL
Alors, ce rapport, il présente, je le disais, six scénarios, il faut maintenant qu'ils soient discutés, c'est intéressant que les formations politiques s'expriment, parce que, on voit bien qu'il y a beaucoup de responsables politiques dans un contexte de pré-présidentielle qui font l'idéologie avec ces sujets-là, et en gros, ce que dit ce rapport…

SONIA MABROUK
Et vous, vous n'en faites jamais ?

GABRIEL ATTAL
Non, mais ce que dit ce rapport, eh bien, je ne crois pas justement, ce que dit ce rapport, c'est que ceux qui expliquent qu'on peut se priver des énergies renouvelables, arrêter de construire des éoliennes ou voire supprimer les éoliennes, tout comme ceux qui disent qu'on peut sortir brutalement du nucléaire, ils nous promettent une chose, c'est de nous éclairer à la bougie dans les 15 ans qui viennent…

SONIA MABROUK
Non, mais, attendez, ce matin, là, vous, vous faites du « en même temps », Gabriel ATTAL…

GABRIEL ATTAL
Non, ce que je vous dis…

SONIA MABROUK
Quelle est la position médiane que vous allez adopter entre le 100% renouvelable, qui n'est pas possible, et le 100% nucléaire, qui n'est pas évidemment la voie qui va être choisie, alors quel est le mix du gouvernement ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, d'abord, c'est ce que je vous disais au début de cet échange, c'est-à-dire continuer à investir dans les deux. Quelle part, quel programme éventuellement de relance du nucléaire, ça, c'est le président de la République qui le dira, il s'exprimera sur ce sujet dans les prochaines semaines, et il aura l'occasion de dire la stratégie qui est retenue…

SONIA MABROUK
Et donc sur ces six nouveaux EPR, c'est bien ça ?

GABRIEL ATTAL
La stratégie qui est retenue sur notre mix énergétique et sur une relance éventuelle d'un programme nucléaire, c'est le président qui s'exprimera sur ce sujet, mais dans l'intervalle, encore une fois, je pense que c'est important que les différentes formations politiques s'expriment, on a entendu beaucoup d'idéologies sur ce sujet ces dernières semaines et ces derniers mois. Et à la lumière de ce rapport, on ne peut pas expliquer aux Français qu'on peut sortir brutalement du nucléaire ou se priver du renouvelable, parce que c'est nous promettre l'éclairage à la bougie dans les années qui viennent.

SONIA MABROUK
A la bougie, vous n'êtes pas un peu trop dans la caricature ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, non, parce que c'est juste clairement dit dans le rapport, je veux dire, la demande d'électricité va augmenter de 20% dans les 15 ans qui viennent, comment on fait pour y répondre, ceux qui vous expliquent qu'on y répond sans augmenter la part de renouvelable, sans augmenter nos investissements dans le renouvelable, ils se trompent totalement, puisque la demande d'électricité va augmenter.

SONIA MABROUK
Alors c'est intéressant, parce que vous faites de ce rapport l'alpha et l'oméga des futures décisions qui vont éclairer la présidentielle, c'est ce que par exemple Yannick JADOT vous dit et il dénonce une manipulation du gouvernement et un rapport partial et partiel, affirmant que vous faites tout pour justifier, ce que vous faites, d'ailleurs, ce matin, votre relance du nucléaire ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, moi, je regrette cette ligne qu'on voit chez les Verts, où, finalement, quand ils ne sont pas d'accord avec des constats, y compris des constats formulés par des experts ou des scientifiques, eh bien, ils expliquent que c'est faux, que c'est de la manipulation, c'est un peu ce qu'on voit, vous savez, chez certains responsables des Verts sur la question des vaccins, ils sont contre les vaccins, alors, ils vous expliquent que les études scientifiques sur les vaccins, elles sont fausses, que les vaccins ne sont pas efficaces, etc, là, c'est un peu pareil. J'ai lu ce que disait Yannick JADOT, il dit : vous n'étudiez pas un scénario de sobriété énergétique, eh bien, dans le rapport, il y a trois scénarios de consommation énergétique qui sont étudiés, un scénario de ce qu'on appelle sobriété, c'est-à-dire, on va consommer moins d'énergies, un scénario médian et un scénario « on va en consommer plus ». Et donc, il dit, eh bien, oui, mais il faut aller plus loin sur ce scénario, c'est un pré-rapport.

SONIA MABROUK
Il dit que vous avez tenu la main de ces scientifiques en gros pour écrire ce rapport qui va dans votre sens.

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire honnêtement, c'est des organisations indépendantes, c'est des experts, il y a eu plus de 120 organisations qui ont été consultées, notamment Greenpeace, je crois qu'il y a eu 4 000 réunions qui ont eu lieu depuis deux ans, honnêtement, je trouve que c'est insultant vis-à-vis de tous les experts, de toutes les ONG qui ont travaillé à la constitution de ce rapport ; on ne peut pas, quand on n'est pas content, parce que ça ne correspond pas à son dogme, jeter…

SONIA MABROUK
Casser le thermomètre…

GABRIEL ATTAL
Non, mais jeter le travail qui a été fait par des experts et des responsables sur ce sujet.

SONIA MABROUK
Vous avez parlé, Gabriel ATTAL, de l'éolien, il y a aujourd'hui un véritable front du refus par rapport à ces éoliennes dans de nombreux territoires dans notre pays, notamment les campagnes, quand ils sont interrogés, les citoyens s'y opposent, est-ce que vous allez aller contre leur volonté ?

GABRIEL ATTAL
Non, justement, c'est-à-dire qu'il faut un développement raisonné de l'éolien.

SONIA MABROUK
Mais c'est quoi raisonné, et qui est l'arbitre des élégances ce qui est raisonné ou pas ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, ça veut dire qu'il faut de la concertation locale, Barbara POMPILI a eu l'occasion ces dernières semaines d'annoncer des mesures supplémentaires sur la concertation, il ne faut pas que ça soit fait contre les élus locaux, contre…

SONIA MABROUK
Il n'y a pas de concertation…

GABRIEL ATTAL
Contre les associations…

SONIA MABROUK
Citez-moi un territoire où il y a eu un référendum où on a…

GABRIEL ATTAL
Non, mais ce que je vous dis justement, c'est qu'elle a annoncé, ces dernières semaines, des mesures supplémentaires pour améliorer la concertation et le travail main dans la main qui peut se faire au niveau local.

SONIA MABROUK
Mais votre ministre est pour qu'il y ait de plus en plus d'éoliennes, est-ce que vous n'êtes pas en contradiction avec justement certaines lignes dans votre propre gouvernement ?

GABRIEL ATTAL
Mais pas du tout, ce que disent aujourd'hui tous les experts, et ce que valide ce rapport, c'est que de toute façon, dans les 15 ans qui viennent, vu que la demande d'électricité va augmenter très fortement, on ne peut pas sortir des centrales nucléaires en quelques années, il va falloir augmenter les énergies renouvelables, qui ne sont pas que les éoliennes, il y a aussi le photovoltaïque, il y a aussi l'éolien en mer. Mais encore une fois, je pense que tout est question de dosage et du mix énergétique qu'on retient, ça va faire l'objet de réflexions dans les semaines qui viennent.

SONIA MABROUK
J'imagine nos auditeurs qui nous écoutent ce matin en voiture ou chez eux, qui vous disent : Emmanuel MACRON, combien de nuances de vert, quel écologiste est-il vraiment ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, je vais vous dire, pour moi, il y a plusieurs conceptions de l'écologie dans notre pays…

SONIA MABROUK
Qui n'est pas une idéologie…

GABRIEL ATTAL
Et qui n'est pas, justement. Il y a des idéologies, vous avez à droite une ligne qui est encore climato-sceptique, il y a un député LR, encore récemment, qui s'est exprimé dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale aux questions au gouvernement, qui a parlé de prétendu réchauffement climatique, niant l'existence du réchauffement climatique, vous avez ça à droite. Et puis, vous avez à gauche, notamment chez les Verts, certains qui vous expliquent que finalement l'écologie devrait se résumer à taxer et punir et à sanctionner. Et, nous, notre vision de l'écologie…

SONIA MABROUK
Et vous, vous êtes la voix de la raison…

GABRIEL ATTAL
Eh bien, non, nous, c'est qu'on peut faire la transition…

SONIA MABROUK
Est-ce ce n'est pas trop facile ?

GABRIEL ATTAL
Mais ce n'est pas ce que je vous ai dit, nous, on veut faire la transition en investissant et en accompagnant, parce qu'on considère que c'est ce qui permet d'aller plus loin, on a triplé le nombre de véhicules électriques et hybrides rechargeables qui ont été vendus dans notre pays depuis deux ans, comment on l'a fait ? On ne l'a pas fait en ne faisant rien comme le pousse la droite, on ne l'a pas fait en taxant et en punissant comme le pousse la gauche, on a essayé un moment avec la taxe carbone, on a vu ce que ça a donné, on l'a fait en développant la prime à la conversion, qui permet d'accompagner les Français financièrement avec une prime à la conversion de 5 000 euros, un Bonus écologique de 6 000 euros, on vient d'ailleurs d'annoncer qu'elle serait prolongée jusqu'au 1er juillet prochain. Et c'est ça qui permet d'aller plus loin et de faire la transition, c'est ce qu'on fait aussi sur la rénovation des logements avec Ma Prime Renov', 800 000 ménages qui ont reçu jusqu'à 20 000 euros pour faire des travaux de rénovation énergétique dans leur logement.

SONIA MABROUK
Parlons de cet accompagnement financier, Gabriel ATTAL, puisque, après l'énergie et le carburant, c'est au tour maintenant du pain, du prix du pain d'augmenter, la baguette de pain pourrait passer le cap symbolique d'un euro, vous entendez ceux qui vous disent, à l'instar par exemple de Valérie PECRESSE, à chaque problème, un chèque, donc un chaque baguette bientôt ?

GABRIEL ATTAL
Non, vous savez, il y a une augmentation des prix qui est liée, non pas à la crise, mais à la sortie de crise et au fait que la demande augmente, elle augmente sur l'énergie, elle augmente sur les matières premières, et donc les prix augmentent. Et c'est pour ça que le Premier ministre a annoncé la semaine dernière, non pas un chèque carburant, mais une indemnité liée à l'inflation, parce qu'il n'y a pas que le prix du carburant…

SONIA MABROUK
Vous pourrez l'appeler comme vous voulez, chaque problème, son chèque…

GABRIEL ATTAL
Non, parce qu'il n'y a pas que le prix du carburant qui augmente, et vous voyez, sur ce sujet du prix de l'énergie, je viens de vous montrer que, précisément, les décisions qu'on en train de prendre et les choix qu'on en train de faire, ils visent à y répondre, non pas par un chèque, mais par des investissements pour l'avenir, pour sortir de la dépendance aux fossiles et de la dépendance à des cours mondiaux qui ont un impact sur le pouvoir d'achat des Français.

SONIA MABROUK
Et à l'avenir de la planète, vous connaissez l'expression, il y a aussi…

GABRIEL ATTAL
La fin du monde et la fin du mois.

SONIA MABROUK
Exactement, la fin du mois…

GABRIEL ATTAL
Evidemment, c'est pour ça qu'on prend des mesures en attendant.

SONIA MABROUK
Oui, problème, c'est que vous avez un problème avec le ressenti de nombreux Français, vous savez que la question du pouvoir d'achat, c'est une question de ressenti, les plus modestes vont vous tenir rigueur, Gabriel ATTAL, de cette cherté de la vie, même si vous affirmez, comme l'a fait le Premier ministre, que le pouvoir d'achat a augmenté sous ce quinquennat.

GABRIEL ATTAL
Mais évidemment que c'est difficile pour beaucoup de Français, moi, je ne suis pas là à vous nier les problèmes et à vous dire que les Français vivent parfaitement dans le meilleur des mondes, ce que je dis simplement, c'est que quand on parle de pouvoir d'achat, depuis début de ce quinquennat, vous avez près de 500 000 Français qui ont retrouvé un emploi grâce à l'action de ce gouvernement. Et le meilleur moyen d'avoir du pouvoir d'achat, c'est quand même de travailler et d'avoir un salaire, c'est grâce à notre action que le chômage baisse, et que selon les prévisions…

SONIA MABROUK
Oui, 36 millions de Français gagnent moins de 2 000 euros par mois, vous n'aurez pas le choix que d'ouvrir le débat sur les salaires…

GABRIEL ATTAL
Sonia MABROUK, non seulement, on n'a pas attendu la présidentielle pour ouvrir ce débat, on a agi depuis le début de ce quinquennat, en augmentant la prime d'activité, en baissant les charges sur le travail, en défiscalisant les heures supplémentaires, pour un salarié au SMIC, c'est l'équivalent d'un 13ème mois et d'un quasi 14ème mois depuis le début de ce quinquennat…

SONIA MABROUK
Oui, Père Noël avant la présidentielle et père fouettard après, qu'est-ce que…

GABRIEL ATTAL
Non…

SONIA MABROUK
Après, si, évidemment, Emmanuel MACRON réélu…

GABRIEL ATTAL
Je veux dire, cette action, elle a commencé en 2017, Sonia MABROUK, elle a commencé en 2017 pour mieux rémunérer ceux qui travaillent, et notamment ceux qui travaillent et qui ont du mal à joindre les deux bouts. Evidemment qu'il faut continuer à aller plus loin, ça sera probablement un débat dans l'élection présidentielle. Mais depuis 2017, on a agi sur ce terrain-là. Et je peux vous dire que les Français qui ont retrouvé un emploi grâce à cette action… on sera à la fin de l'année, selon les prévisions, au plus faible taux de chômage connu dans notre pays depuis 15 ans, c'est grâce à cette action, on a encore une fois augmenté la rémunération de ceux qui travaillent notamment autour du SMIC, on souhaite évidemment aller plus loin. Et je pense que ça sera un débat dans l'élection présidentielle.

SONIA MABROUK
Supprimer le permis à points comme le propose Eric ZEMMOUR pour cesser, je cite, d'emmerder les Français et de les racketter, ce sont ses mots, qu'en pensez-vous ?

GABRIEL ATTAL
On voit bien, là, que dans cette pré-présidentielle, vous avez des candidats qui disent : il faut être pro-bagnole et des candidats qui disent : il faut être anti-bagnole…

SONIA MABROUK
Il n'est pas encore candidat, me semble-t-il, non ?

GABRIEL ATTAL
Non, mais voilà, vous avez des candidats ou des pré-candidats qui disent : il faut le tout bagnole ou il faut aucune bagnole. Vous avez des candidats qui disent : il faut supprimer le permis, il faut supprimer la piétonisation, puis, de l'autre côté, vous avez des candidats qui disent : il faut mettre les 30 km/h partout dans les villes et il faut baisser la vitesse sur les routes.

SONIA MABROUK
Vous êtes au milieu encore une fois ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, nous, on n'est pas pour ou anti-bagnole, on est pour aider les Français, on ne veut pas dire aux Français comment il faut qu'ils vivent, on veut les aider à vivre le plus écologiquement possible en les accompagnant, confère ce que je vous disais tout à l'heure sur la prime à la conversion pour les véhicules, voilà, c'est ça notre ligne, on n'est pas, là, à faire de l'idéologie et à dicter aux Français la manière dont ils doivent vivre, en leur disant : vous devez dire avec une voiture, vous devez vivre sans voiture, on est là pour leur dire : vous pouvez vivre comme vous l'entendez, nous, on va vous aider à vivre le mieux possible et vous aider à vivre le mieux possible en respectant la planète en vous accompagnant financièrement.

SONIA MABROUK
Qu'avez-vous pensé, Gabriel ATTAL, de la séquence entre Eric ZEMMOUR et cette femme voilée à Drancy, qui a ôté quelques instants son voile, et l'échange qui s'en est suivi, qu'en avez-vous pensé de cet échange sur le symbole du voile ?

GABRIEL ATTAL
Sonia MABROUK, moi, je n'ai pas envie de participer à cette espèce de Truman Show politique, où on aurait vocation les uns et les autres à devenir…

SONIA MABROUK
Ça ne s'appelle pas une campagne ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, on aurait vocation les uns et les autres à devenir le décor d'un pré-candidat ou d'un non-candidat à l'élection présidentielle.

SONIA MABROUK
Etonnant, je viens de vous poser la question sur le permis à points, vous y avez répondu comme si c'était un candidat…

GABRIEL ATTAL
J'ai fait une réponse générale en vous disant que, aujourd'hui, vous avez beaucoup de personnalités ou de candidats ou de pré-candidats qui utilisent la voiture comme un moyen idéologique de faire campagne, voilà, que nous, ce n'est pas notre cas, nous, on n'est pas dans la campagne présidentielle aujourd'hui.

SONIA MABROUK
Non, Monsieur ATTAL, le président va multiplier les déplacements…

GABRIEL ATTAL
Non, on n'est pas dans la campagne présidentielle…

SONIA MABROUK
C'était une information hier à Europe 1, pour expliquer son action, détailler le plan France 2030, c'est un président candidat.

GABRIEL ATTAL
Vous savez combien de déplacements il a fait depuis le début du quinquennat ?

SONIA MABROUK
J'avoue que je ne les ai pas tous comptés.

GABRIEL ATTAL
643. Il y a eu 643 déplacements du président de la République depuis 2017…

SONIA MABROUK
Attendez, des chèques qui se ramassent à la pelle…

GABRIEL ATTAL
Je peux vous dire que, heureusement…

SONIA MABROUK
Des petits réacteurs qui poussent comme des champignons…

GABRIEL ATTAL
Heureusement qu'il n'a pas attendu aujourd'hui pour se déplacer sur le terrain et aller à la rencontre des Français, et je peux vous dire, c'est même bien qu'il aille à la rencontre des Français, il faut se souvenir que dans les derniers présidents de la République, à la fin de leur mandat, ils n'allaient plus trop sur le terrain, parfois, ils ne pouvaient même pas y aller, parce que…

SONIA MABROUK
Mais personne ne vous le reproche, la question est celle de la sincérité, oui, c'est un président candidat à quelques mois d'une présidentielle.

GABRIEL ATTAL
Je vais vous dire, Sonia MABROUK, le jour où Emmanuel MACRON est candidat, s'il est candidat, et le jour où on sera en campagne, je peux vous dire que ça s'entendra et ça se verra, et que je serai là, sur votre plateau en train de parler de la campagne, de ce qu'on proposera, aujourd'hui, ce n'est pas le cas, moi, je vais vous dire, les Français, je n'ai pas le sentiment qu'ils soient aujourd'hui totalement focalisés sur l'élection présidentielle, ils se posent plutôt des questions sur leur quotidien, ils se posent plutôt des questions sur la gestion de l'épidémie…

SONIA MABROUK
Monsieur ATTAL, nous ne sommes quand même pas naïfs, mais on peut quand même allier déplacements, et puis, continuer évidemment à présider le pays, et allier une campagne et présider un pays…

GABRIEL ATTAL
Mais il faut surtout continuer à agir, encore une fois, on sort d'une crise historique. Ça serait une faute de notre part de dire : on va arrêter d'agir, on va lever le crayon pour se consacrer à l'élection présidentielle, les Français, ils attendent de nous qu'on réponde à leurs problèmes, et c'est-ce qu'on fait.

SONIA MABROUK
Et l'un des sujets reste quand même, il faut le rappeler, et on va conclure par cela, la réalité et le front sanitaire autour de nous, en Europe, Gabriel ATTAL, certains pays connaissent une nette remontée des cas, comment vous qualifiez en ce moment la situation dans notre pays ?

GABRIEL ATTAL
Il y a une reprise de l'épidémie un peu partout en Europe, à des degrés divers, ça repart très fort dans les pays de l'Est, c'est même préoccupant, si on va encore plus à l'Est, en Russie, il y a des niveaux jamais atteints, ça reprend en Allemagne, ça reprend en Belgique, ça reprend aux Pays-Bas, ça reprend fortement aussi au Royaume-Uni, en France, il y a un très léger rebond, pour l'instant, on ne peut pas parler de 5ème vague, on n'est pas dans une exponentielle, mais évidemment, ça veut dire qu'il faut continuer à être vigilant, parce qu'en plus de ça, il y a la grippe qui arrive, parce qu'il y a la bronchiolite aussi notamment chez les jeunes enfants qui se développe. Et donc faut faire très attention, faire attention, ça veut dire quoi, ça veut dire continuer à respecter les gestes barrières, garder nos outils comme le pass sanitaire. Et ça veut dire pour les personnes…

SONIA MABROUK
Oui, la question, c'est jusqu'à quand, si vous en faites un pass permanent, c'est une vraie question…

GABRIEL ATTAL
Je termine juste par-là pour les personnes les plus âgées, les plus fragiles, faire le rappel vaccinal, moi, je lance un appel à nouveau aux personnes qui ont plus de 65 ans, notamment, qui sont éligibles au rappel, faites-vous vacciner avec la 3ème dose, parce que, ce que montrent les études scientifiques, c'est que quand vous avez une certaine fragilité notamment liée à l'âge, au bout d'un certain temps, environ 6 mois, la protection conférée par le vaccin, elle a tendance à diminuer, et donc c'est très important de faire le rappel. Aujourd'hui, on a un peu plus d'un tiers des personnes qui sont éligibles qui ont fait leur rappel, c'est beaucoup, on est au-dessus de la plupart des pays européens, mais c'est trop peu. Et donc il faut faire ce rappel.

SONIA MABROUK
Merci Gabriel ATTAL, d'avoir été notre invité ce matin sur ces différentes questions. Merci à vous. Et bonne journée.

GABRIEL ATTAL
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 octobre 2021