Texte intégral
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre déléguée en charge de l'Industrie. Bienvenue sur LCI.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.
ELIZABETH MARTICHOUX
On va parler relocalisation dans un instant, jeu de souveraineté, anti-décliniste, on va en parler, vous nous direz ce que vous faites, si vous pensez gagner une bataille. La France a commencé 50.000 doses de la pilule anti-Covid à l'Américain MERCK. C'est un médicament qui bloque le développement du virus, sans entrer dans le détail. Pourquoi 50.000 ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Parce que ça correspond à une évaluation des besoins, cette pilule, elle est donnée au moment où quelqu'un est déclaré positif, et c'est une prescription, donc le médecin estime que la forme qui pourrait être développée pour la personne peut être grave, et du coup, l'idée, c'est d'empêcher des formes graves de se développer, puisque, d'après les premiers tests et essais cliniques, il divise par deux le risque de développer une forme grave.
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, ça n'a rien à voir avec le vaccin, les vaccins, on passait par des commandes communes via Bruxelles, là, c'est directement la France qui commande à l'Américain ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Comme on l'a fait avec les anticorps monoclonaux, au début du mois de mars, c'est-à-dire que, au-delà des vaccins, nous avons également, au niveau de la France, au niveau national, fait en sorte d'avoir une prophylaxie et d'avoir des réponses sous forme de médicament au virus de la Covid, pour limiter les formes graves.
ELIZABETH MARTICHOUX
Avant même que ce soit autorisé…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Une fois le virus déclaré…
ELIZABETH MARTICHOUX
Avant même que ce soit autorisé par…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Dans le cadre d'autorisation temporaire d'utilisation, puisque là, on est vraiment sur une approche très classique, lorsque vous êtes confronté à un risque grave, vous pouvez anticiper l'utilisation d'un médicament s'il est prouvé d'après les premiers tests qu'il est positif.
ELIZABETH MARTICHOUX
Est-ce que c'est produit en France, Madame la Ministre ? Est-ce que MERCK a des laboratoires qui vont produire cette pilule en France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors MERCK a des laboratoires en France, mais pas nécessairement pour produire cette pilule. Vous savez qu'une chaîne de production de médicaments est complexe, donc des composants peuvent venir de France. Je rappelle que MERCK est en train d'investir à Molsheim, dans l'Est, dans le Grand Est, pour augmenter ses capacités de production, mais au cas d'espèce, je ne connais pas précisément la chaîne de production, et je sais que le médicament final n'est pas produit en France.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'est pas produit en France. On n'aura pas de vaccin ARN messager en France, SANOFI a abandonné pour se concentrer sur une autre technologie, c'est quand même…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais on aura des vaccins d'ici la fin de l'année…
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est quand même le symbole douloureux, oui, alors, vous allez nous dire d'ailleurs, mais c'est quand même le symbole sans doute dans l'esprit des Français le plus douloureux de notre déclassement industriel.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois que ça montre le recul effectivement connu par la France, notamment en matière de santé, je rappelle que la France, il y a peut-être une quinzaine d'années, était le premier producteur de produits de santé européen. Et parce que les politiques qui se sont succédées sont restées dans une forme de fatalité, on considérait que l'industrie était de second ordre, qu'on était dans une société post-industrielle, qu'on n'avait pas besoin de site de production, on a désinvesti sur la santé, et on le paie très cher aujourd'hui. Et c'est pour ça que le président MACRON, depuis quatre ans maintenant, a remis beaucoup d'argent dans la santé, dans la production, dans l'industrie.
ELIZABETH MARTICHOUX
On va le voir. Vous dites, vaccin SANOFI, donc pas ARN messager, c'est : il a fait une croix dessus, trop compliqué, on n'aura pas cette technologie pour le vaccin…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas tout à fait…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et par ailleurs, il fait de l'ARN messager pour d'autres médicaments.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais pour le vaccin anti-Covid, on aura donc un vaccin SANOFI avant la fin de l'année.
AGNES PANNIER-RUNACHER
VALNEVA et SANOFI sont en train de terminer leurs essais cliniques de phase 3, et a priori continuent à annoncer un vaccin disponible pour le monde entier d'ici la fin de l'année, et potentiellement, ce qui est intéressant, des rappels, puisque les Français étant très fortement vaccinés, ce qui pourra intéresser les Français plus particulièrement, c'est la capacité à accéder à des rappels.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est des campagnes de rappel sans doute annuelles, mais ça, ce n'est pas encore établi…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas nécessairement, ça, c'est un point à voir, si le vaccin est plus efficace, si le rappel est plus efficace…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a combien de commandes européennes de ce vaccin SANOFI VALNEVA ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
SANOFI avait conclu un contrat avec la Commission européenne qui portait sur 300 millions de doses, et VALNEVA est en passe de conclure un contrat avec la Commission européenne sur 60 millions de doses.
ELIZABETH MARTICHOUX
On va parler de relocalisation, vous avez annoncé 58 nouveaux projets, il y a une question à propos justement de la pandémie qui m'intéresse, on n'avait pas de masque, donc on en a vu arriver de Chine, et puis, on s'est mis à produire de masques…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait.
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais ces masques, ils ne s'écoulent pas ou peu, pourquoi ? Parce que les Chinois continuent de produire des masques moins chers que les nôtres, autrement dit, on n'a pas réussi à être compétitif, est-ce que ce n'est pas ça aussi un écueil de la relocalisation, tout n'est pas relocalisable ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il y a deux choses, les projets que nous accompagnons en termes de relocalisation sont donc des projets qui sont portés par des entreprises qui investissent pour le long terme, qui prennent des risques, vous imaginez bien qu'elles ne s'amusent pas à relocaliser des productions qu'elles ne seront pas capables de vendre. Donc ces entreprises aujourd'hui sont sur des projets qui sont rentables, on peut produire de manière rentable en France, il faut savoir qu'on a 33.000 entreprises industrielles en France, ces entreprises ne sont pas aidées par l'Etat, et pourtant, elles ont un marché, elles produisent, certaines sont leader mondial. Et ce que nous voulons démontrer…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous êtes d'accord, tout n'est pas relocalisable ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout n'est pas relocalisable…
ELIZABETH MARTICHOUX
J'entendais le patron de SEB l'autre jour, on connaît bien tous l'entreprise SEB, qui disait : une cafetière à 20, 30 euros, on ne peut pas la produire en France…
AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, ils produisent…
ELIZABETH MARTICHOUX
… On ne peut pas relocaliser…
AGNES PANNIER-RUNACHER
En revanche, ils produisent des produits à haute valeur ajoutée, vous savez que SEB est leader mondial, et a 6.000 salariés en France qui produisent, qui produisent, moi, j'ai visité leur usine dans la Manche, donc, ils produisent, mais ils ne produisent pas des produits d'entrée de gamme. Et de manière générale, que ce soit sur la santé, l'agroalimentaire, le nucléaire, l'électronique les relocalisations que nous accompagnons sont des relocalisations à haute valeur ajoutée et qui ont un avantage, c'est qu'elles vont protéger notre autonomie, elles vont nous permettre de ne pas dépendre du reste du monde.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et qu'est-ce que vous dites aux producteurs de masques, dont je vous parlais tout à l'heure ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors s'agissant des masques, moi, je dis deux choses, la première chose, c'est que l'Etat a pris ses responsabilités, parce que nous avons commandé un milliard de masques au niveau de l'Etat l'année dernière, auprès de 8 producteurs français, de façon à les sécuriser sur leurs commandes, et moi, j'invite les départements, les régions, les établissements publics hospitaliers à faire de même, ce qu'ils ne font pas aujourd'hui, et je le regrette vivement. Pourquoi c'est important ? Parce qu'effectivement, là, on va payer un plus cher…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous dites que les collectivités ne font pas leur boulot pour aider les entreprises ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
97 %, me semble-t-il, des masques sont toujours commandés en Chine. Pourquoi c'est important, ils vont payer un peu plus cher, c'est parfaitement exact, mais en revanche, là, on est sur une marchandise qui est particulière, c'est un produit critique, c'est un produit dont on ne peut pas se passer en cas de crise, et donc il faut maintenir un minimum de production en France pour être capable de faire face les jours où il y aura un problème, ça, ça s'appelle investir sur le futur, c'est prendre une assurance. Lorsque vous payez une assurance, ça vous coûte plus cher, mais lorsque vous avez un accident, vous êtes protégé…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il faut que les entreprises soient soutenues au moment évidemment où elles vendent moins.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il faut être capable de ne pas privilégier uniquement le prix coûtant immédiatement, il faut aussi voir l'avenir, c'est-à-dire des risques de rupture d'approvisionnement, et puis, une chose quand même essentielle, c'est l'empreinte environnementale, faire venir des masques de l'autre bout du monde, ça coûte très cher en CO2.
ELIZABETH MARTICHOUX
On en avait parlé. Oui, et il ne faut pas refaire les mêmes erreurs, on verra. Emmanuel MACRON attendait le rapport de RTE, le gestionnaire de l'énergie en France, pour lancer de nouveaux chantiers, ce rapport plaide en effet pour des investissements massifs et sur le renouvelable et sur le nucléaire. Donc il va lancer logiquement des nouvelles centrales ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc effectivement, nous allons devoir prendre des décisions rapidement, le président de la République tranchera entre les 6 scénarios proposés par RTE qui sont des scénarios mix énergies renouvelables et nucléaire, avec différentes hypothèses aussi, moi, je préfère l'hypothèse où on prend une hypothèse de réindustrialisation de la France, où il va falloir électrifier massivement notre pays pour faire marcher les voitures électriques, pour décarboner les processus de production industrielle…
ELIZABETH MARTICHOUX
De toute façon, il faut investir…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et de toute façon, il faut investir, et de toute façon, il faut investir dans le nucléaire et dans les énergies renouvelables, c'est une condition également essentielle de la compétitivité industrielle de notre pays, pourquoi ? Parce que ça fait de l'énergie pas chère et bas carbone et disponible quand nous, on en a besoin. Regardons aujourd'hui les conséquences d'une augmentation du prix du gaz naturel et de difficultés d'approvisionnement sur nos entreprises, et disons aussi que la base nucléaire que nous avons aujourd'hui nous protège beaucoup plus que les autres Européens face à ces pénuries d'approvisionnement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Par parenthèse, ce qui est absurde, c'est qu'effectivement, on produit une électricité peu chère grâce au nucléaire, mais qu'on le paye plus cher à cause des règles européennes qui nous obligent à passer par le gaz, on ne va pas revenir sur le calcul, mais ce calcul nous handicape aujourd'hui.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il nous handicape parce que notre prix moyen de l'électricité…
ELIZABETH MARTICHOUX
Même s'il est assez logique…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Notre prix moyen de l'électricité est effectivement plus faible, ceci dit, quand nous, on a besoin d'appeler de l'électricité, parce qu'on ne produit pas suffisamment pour couvrir l'ensemble des besoins français, on est bien contents d'appeler l'électricité qui est produite par la dernière centrale au gaz naturel, c'est là où il faut être cohérent…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais alors, il ne faut pas changer les règles ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, il faut développer notre capacité à produire de l'énergie, de l'énergie propre et de l'énergie compétitive. C'est ce que nous faisons avec les énergies renouvelables…
ELIZABETH MARTICHOUX
Je vous pose une autre question, est-ce qu'il changer les règles de calcul du marché de l'électricité en Europe ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Nous, ce que nous souhaitons, c'est très simplement, c'est de pouvoir avoir un prix de l'électricité qui soit plus proche de notre mix énergétique, les Français ont investi pendant des années, c'est la collectivité locale, donc c'est notre argent français qui permet d'avoir une électricité moins chère, c'est assez légitime qu'on ait le retour de cet investissement dans la poche des Français.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bruno LE MAIRE était bien hier en déplacement à Luxembourg…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Tout à fait…
ELIZABETH MARTICHOUX
Sauf erreur, pour convaincre ses partenaires…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pour pousser…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et les Allemands, par exemple, sont contre…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et Barbara POPLILI également dans sa filière climat.
ELIZABETH MARTICHOUX
Il va lancer des nouvelles centrales alors avant l'élection, Emmanuel MACRON, des chantiers ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Eh bien, je pense qu'il l'annoncera lui-même s'il doit le faire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Sur le principe, c'est acquis…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça sera son…
ELIZABETH MARTICHOUX
Je ne vous demande pas, c'est lui qui tranchera, mais sur le principe, c'est acquis ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
En tout cas, on sait que désormais, de manière étayée, sur la base d'un rapport de 650 pages, avec 4.000 contributions d'experts, que raconter qu'on peut se passer de nucléaire ou qu'on peut fermer les centrales, c'est de l'idéologie pure, c'est mentir aux Français, et c'est les mettre en danger de ne pas avoir d'électricité au milieu de l'hiver.
ELIZABETH MARTICHOUX
Rapport précisément manipulé dit Yannick JADOT, il était hier matin sur LCI.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors c'est assez stupéfait de voir un responsable politique qui aspire aux plus hautes fonctions contester un rapport qui est indépendant, qui est porté par des experts indépendants, 4.000 contributions, des groupes de travail qui est associaient d'ailleurs Greenpeace, qui n'ont jamais contesté la qualité des travaux, et parce que le rendu du rapport dit le contraire de la démagogie de monsieur JADOT, il serait manipulé, malheureusement, les faits sont têtus, nous ne sommes pas dans une situation où on peut faire de la politique sur l'électricité, il faut prendre ses responsabilités, les énergies renouvelables, on en a besoin, n'en déplaise à madame LE PEN…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais il y a un scénario, pardon, qui dit 100% renouvelable, c'est possible.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, avec un supplément de coût. Qui paie le coût, quel impact sur le pouvoir d'achat…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et est-ce que ça ne vaut pas le coup ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Quel impact, qui paie le coût ? C'est les entreprises et les particuliers qui paieront le coût. Dans tous les scénarios, le nucléaire permet d'aller plus loin à moindre coût. Et ça, je pense que c'est un choix aussi démocratique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, il conteste la base de…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Et ça sera au président de la République de trancher…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il conteste la base de calcul qui effectivement aboutit à un coût plus cher du tout renouvelable. Il disait hier matin : il est fasciné par les lobbies, Emmanuel MACRON, et notamment le lobby nucléaire.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi, je suis un peu déconcertée par cette prise de position, c'est-à-dire, c'est l'argument d'autorité lorsque les faits scientifiques contestent votre position…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il est complotiste ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Non, c'est de la politique…
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous diriez que c'est du complotisme ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
C'est de la politique politicienne, il a construit une de ses propositions sur une contestation du nucléaire, parce que ça flatte sa base électorale, et il n'assume pas la responsabilité d'un homme politique de devoir à certains moments prendre le contre-pied de ce que sa base électorale pense pour le bien-être de cette base électorale et des Français en général. Le président de la République, il est courageux sur le nucléaire, il est courageux parce qu'il prend ses responsabilités par rapport à un objectif de long terme, protéger les Français, leur fournir de l'énergie à bas coût. Et aujourd'hui, on le voit…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il est courageux, il a évolué sur le nucléaire depuis le début de son élection, et c'est vrai qu'aujourd'hui, l'évolution du prix et du marché de l'énergie plaide davantage pour le nucléaire. Comment convaincre, ça, c'est une question, parce qu'on n'est plus dans les années 70, si Emmanuel MACRON lance des nouveaux chantiers, comment on convainc les Français d'accepter la construction d'une centrale à côté de chez eux ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, il y a des réserves foncières sur…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il y a un enjeu d'acceptabilité aujourd'hui…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je crois qu'il faut aussi un petit peu dissiper ce fantasme-là, vous avez des réserves foncières sur les centrales nucléaires, donc, il ne s'agit pas nécessairement d'aller faire émerger une centrale nucléaire…
ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sont des extensions, ce sera à côté des autres centrales…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Sur un site où il n'y a jamais eu de nucléaire. Je le dis parce que c'est de nature à rassurer les Français, c'est aussi quelque chose qui avait été anticipé par nos prédécesseurs, je dirais, les grands concepteurs des plans nucléaires d'il y a 40 ans, et donc, il n'y a pas d'extension manifeste de foncier…
ELIZABETH MARTICHOUX
Il n'y aura pas des nouvelles centrales implantées là où il n'y en avait pas, c'est ça que vous nous dites ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Pas nécessairement, pas nécessairement.
ELIZABETH MARTICHOUX
Elles sont adossées à des bâtiments et à des industries qui existent déjà…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y aurait une logique à les adosser à des bâtiments qui existent déjà, il y a des réserves foncières, ça va dépendre des scénarios qui sont retenus, mais vous voyez que, en fait, en termes de foncier, il est beaucoup plus facile de construire des centrales nucléaires sur des sites déjà existants que de construire du photovoltaïque et des éoliennes, parce que là, vous avez besoin de beaucoup d'espaces, de beaucoup d'hectares, c'est aussi un des enjeux des énergies renouvelables. Où prend on ces hectares de photovoltaïque, d'éolien, l'éolien marin, bon, là, a priori, c'est un débat d'usage entre les pêcheurs et l'éolien…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, et puis, c'est compliqué, plus on va au large, plus c'est compliqué aussi…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Mais c'est aussi compliqué. Et donc c'est aussi un des enjeux, c'est-à-dire quelle artificialisation derrière cette politique énergique.
ELIZABETH MARTICHOUX
C'est combien de temps pour construire une centrale ? Si par exemple on lance un chantier là, avant la fin de l'année, en combien de temps on a une centrale ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Dans temps où on a eu le grand programme nucléaire c'était de l'ordre de 10 ans, un peu moins même…
ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, mais là on les faisait presque en série…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Ça sera l'enjeu.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et c'est devenu beaucoup plus compliqué parce qu'il y a des normes beaucoup plus complexes aussi, qui entourent les constructions…
AGNES PANNIER-RUNACHER
Oui, mais il y a aussi un phénomène, je dirais de série, c'est-à-dire que lorsque vous lancez plusieurs constructions, vous allez de plus en plus vite sur les constructions futures.
ELIZABETH MARTICHOUX
Deux questions encore, une d'actualité. Je voudrais avoir votre avis sur l'ISF climatique, c'est une proposition de réinstaurer l'impôt de solidarité sur la fortune, qui a été supprimé par Emmanuel MACRON, d'Anne HIDALGO, elle c'est simple, elle prend le produit 4 milliards, et elle le flèche sur la transition écologique, les Verts c'est un peu plus sophistiqué, si vous êtes riche et que vos placements financent des industries sales, même indirectement, eh bien vous êtes taxé, si vos placements financent des industries propres, eh bien vous n'êtes pas taxé, c'est l'idée que plus on est riche, plus on pollue. Est-ce que c'est une idée intéressante ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi ce qui m'interpelle dans ces propositions, Anne HIDALGO, comme un Yannick JADOT, c'est un problème un impôt, enfin moi je préfère avoir un problème une solution. Quand on travaille, nous, c'est « 1 Jeune, 1 Solution », ce n'est pas un problème, un impôt, l'impôt n'est pas la réponse, n'est pas l'alpha et l'oméga des politiques publiques, et je trouve plus intéressant de faire en sorte d'orienter effectivement l'épargne des Français, c'est ce que nous faisons en travaillant sur la taxonomie, c'est ce que nous faisons en exigeant que dans les supports d'épargne il y ait un minimum de placements pour la transition écologique, ça c'est intéressant, là on flèche l'épargne des Français vers la transformation énergétique, mais l'impôt n'est pas l'alpha et l'oméga des politiques publiques.
ELIZABETH MARTICHOUX
Encore un mot, intéressant, parce qu'on a été quand même frappé par la réussite de TESLA, il y a une voiture TESLA qui est la voiture la plus vendue en Europe en septembre 2021, même pas la voiture électrique la plus vendue, la voiture tout court, 25.000 exemplaires, devant la Zoé de RENAULT, tiens, pour l'électrique. On se fait détrôner quand même, on n'a pas misé assez, et assez tôt sur l'électrique, en particulier en France ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Alors, on a misé assez tôt sur l'électrique, puisque RENAULT a longtemps été le premier fabricant de voitures électriques…
ELIZABETH MARTICHOUX
Mais est-ce que ça a suivi derrière ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Avec un modèle qui est la Zoé, qui a eu énormément de succès. Je crois que ce que dit TESLA c'est autre chose, ce que dit TESLA c'est que nous sommes en train de transformer notre industrie avec les nouvelles technologies et qu'il faut revoir notre manière de produire, et c'est très exactement l'enjeu du plan France 2030 porté par le président MACRON. C'est l'enjeu d'accompagner des entreprises qui aujourd'hui n'ont pas pignon sur rue, mais ont des solutions de production qui sont capables de transformer leur secteur d'activité, c'est ce que nous faisons quand nous finançons notamment les pépites industrielles qui sont issues des recherches du CEA dans la région de Grenoble sur les semi-conducteurs, mais il faut le faire de manière massive, et dans le plan…
ELIZABETH MARTICHOUX
Massive, combien d'argent sur l'électrique, en un mot, parce qu'on arrive à la fin ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Moi je pense qu'il n'y a pas que l'électrique, il y a l'hydrogène…
ELIZABETH MARTICHOUX
Parce que vous savez combien les Allemands ont misé sur l'électrique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Il y a le biocarburant.
ELIZABETH MARTICHOUX
Vous savez combien les Allemands ont misé sur l'électrique ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Je sais que VOLKSWAGEN a misé sur l'électrique.
ELIZABETH MARTICHOUX
L'Etat, plus les constructeurs, 75 milliards, combien nous ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui nous nous sommes sur… mais, je rappelle que les parts de marché allemandes sont beaucoup plus élevées que les parts de marché françaises, donc nous, nous sommes en proportion de la part de marché des constructeurs français par rapport à l'ensemble du marché européen…
ELIZABETH MARTICHOUX
On n'est pas en retard ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Donc on représente à peu près 15%, on retrouve ça dans les projets de Gigafactory que l'on soutient, c'est-à-dire des projets de Gigafactory qui permettent…
ELIZABETH MARTICHOUX
Parlez français, ça veut dire ?
AGNES PANNIER-RUNACHER
Gigafactory, de production de batteries électriques, les grandes usines de production de batteries électriques, ces trois projets que nous avons aujourd'hui permettent théoriquement de fournir l'ensemble des véhicules qui seraient produit en électrique en France, si on ne perd pas de parts de marché françaises, donc vous voyez on a un plan qui est parfaitement organisé pour maintenir notre empreinte industrielle dans l'automobile. Ça va être difficile, c'est une transformation absolument majeure et très dure.
ELIZABETH MARTICHOUX
Et ça va être en termes d'emploi et effectivement il faut basculer d'une technologie à une autre, ce que TESLA n'avait pas à faire parce que c'est " from scratch " comme on dit.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Exactement, et c'est pour ça qu'il faut aussi redévelopper l'industrie dans d'autres secteurs, que la santé est prometteuse, que l'agroalimentaire est prometteur…
ELIZABETH MARTICHOUX
Et que vous avez annoncé 58 nouveaux projets de relocalisation.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Soit 624 projets au total, c'est absolument massif en termes de relocalisation.
ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNES PANNIER-RUNACHER
Merci.
ELIZABETH MARTICHOUX
Bonne journée à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 28 octobre 2021