Interview de Mme Olivia Grégoire, secrétaire d'Etat à l'économie sociale, solidaire et responsable, à LCI le 2 novembre 2021, sur le contrat d'engagement jeune, le pouvoir d'achat et l'élection présidentielle de 2022.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

ELIZABETH MARTICHOUX
Bonjour Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Bonjour Elizabeth MARTICHOUX.

ELIZABETH MARTICHOUX
Merci beaucoup d'être avec nous, secrétaire d'Etat à l'Economie sociale, solidaire et responsable, ministère créé, vous le rappelez dans votre livre, au moment de la nomination de Jean CASTEX à Matignon. On va revenir sur vos fonctions. Vous publiez un livre " Et après ? Pour un capitalisme citoyen ", on y reviendra aussi. Mais d'abord, cette lettre aux jeunes que vient d'adresser Emmanuel MACRON aux jeunes, aux 16/25 ans, il y a quelques minutes sur Facebook. Il confirme le lancement d'un Revenu d'engagement, rebaptisé Contrat d'engagement jeune, à partir du 1er mars. D'abord, jusqu'à 500 €, dit-il, conditionnés ; jusqu'à 500 €, ça veut dire que ça n'est pas forcément 500 €, qui sont alloués.

OLIVIA GREGOIRE
Exactement.

ELIZABETH MARTICHOUX
Ça peut être moins.

OLIVIA GREGOIRE
Ça peut être un peu moins, et ça peut aller jusqu'à 500 €. Vous avez raison de revenir sur le terme « revenu », ça n'est pas un revenu comme on a pu en connaître par le passé, c'est un contrat. L'idée c'est que ce soit un contrat d'engagement entre le jeune, qui est extrêmement éloigné de l'emploi, c'est eux que l'on vise, ou de la formation, et l'Etat. Une formation, 15 à 20 heures de formation à peu près, moyennant une aide financière pouvant aller jusqu'à 500 €, corrélée, conditionnée je dirais, à l'assiduité, à l'engagement du jeune dans cette formation, pour qu'il parvienne à trouver un emploi .C'était une idée de longue date, on la met en oeuvre.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est très contractuel, vous venez de le dire, très conditionnel, alors qu'Elisabeth BORNE…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, responsabilisant.

ELIZABETH MARTICHOUX
… avait elle-même parlé, ministre du Travail, c'est elle qui cornaque, on va dire, ce projet, elle avait parlé de revenu universel, c'est plus du tout universel, c'est très conditionnel. Pourquoi ? Pourquoi avoir limité les conditions ?

OLIVIA GREGOIRE
Parce qu'il y a déjà énormément de dispositifs, et d'ailleurs Elisabeth BORNE les anime et les met en oeuvre depuis bientôt 2 ans, notamment un jeune une solution. Ce dispositif c'est 9, 10 milliards d'investissement d'Etat, on parle ici de politique massive en faveur des jeunes, et bien légitime. Il y a d'autres dispositifs existant, il y avait la Garantie jeunes, vous vous en souvenez, qui était opérée par les Missions locales.

ELIZABETH MARTICHOUX
Il y avait ? C'est la nouvelle Garantie jeunes ?

OLIVIA GREGOIRE
Il y avait, parce que l'idée c'est la nouvelle Garantie jeunes, le Contrat d'engagement a vocation à accompagner ceux qui étaient accompagnés par la Garantie Jeunes et extrêmement éloignés de la formation et de l'emploi.

ELIZABETH MARTICHOUX
C'est important ce que vous dites, c'est la nouvelle Garantie jeunes, ce n'est pas un dispositif qui s'ajoute à la Garantie jeunes.

OLIVIA GREGOIRE
Non, parce qu'il y a un souci, Elisabeth BORNE, Bruno LE MAIRE et le président de la République évidemment, c'est de la clarté dans les dispositifs, et de pas, je dirais aligner les dispositifs, les sédimenter les uns sur les autres. Ici c'est un dispositif pour les jeunes qui sont plus éloignés de l'emploi peut-être que ceux qui candidatent à " Un jeune, une solution ", sur la plateforme, qui ont besoin de formation, qui ont parfois besoin de motivation, besoin de trouver leur voie, et donc c'est un dispositif qui est plus ciblé, pour ceux qui sont encore une fois extrêmement loin de la formation, et Dieu sait s'il y en a, et de l'emploi. Donc c'est vraiment ciblé. C'est plus relatif qu'universel, c'est un peu moins large que ce qui avait été prévu, mais l'avantage, et en politique économique c'est important, c'est de cibler son dispositif. Les dispositifs très larges, en réalité, attrapent moins de jeunes, il faut cibler le dispositif, pour qu'il soit efficace.

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous aviez aussi peur que la droite vous accuse de faire un RSA jeune.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, il n'y a pas que la droite d'ailleurs.

ELIZABETH MARTICHOUX
L'assistanat. Vous aviez peur de ça ?

OLIVIA GREGOIRE
On n'a pas peur de ça. Ça fait 4 ans et demi qu'on met en place des dispositifs. Les attaques en assistanat, elles sont un peu moins fréquentes, vous l'avez remarqué, dans le débat politique depuis quelques mois, en tout cas moi je trouve depuis un an et demi, 2 ans, notamment sur le service public, sur l'accompagnement des plus fragiles, parce qu'on sort aussi, on est en train de sortir d'une période extrêmement difficile, avec la crise sanitaire, qu'on s'est bien rendu compte de la situation de nos jeunes, et qu'aller parler assistanat à des jeunes dont on a vu à quel point ils avaient besoin d'être accompagnés et dont certains n'avaient pas d'aide de leur famille, etc., ça devient beaucoup plus délicat. Moi je n'ai pas beaucoup entendu assistanat, ou des attaques en assistanat…

ELIZABETH MARTICHOUX
Eh bien, le RSA jeunes, la droite l'a beaucoup dit…

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais c'est facile de dire, on y reviendra j'espère, sur la droite, ça n'est pas le RSA jeunes. C'est un dispositif qui est un Contrat d'engagement, l'Etat signe un engagement avec le jeune, ça n'est pas un revenu et rien, c'est un contrat, un revenu, une formation.

ELIZABETH MARTICHOUX
Pourquoi le " e  " le contrat d'Engagement, pourquoi le " e " marcherait mieux que le " i " du RMI ou le " a " du RSA ? Pourquoi est-ce que ça réussirait cette fois à mettre le pied à l'étrier à l'emploi ? Alors qu'on sait bien que le RSA c'est beaucoup trop compliqué.

OLIVIA GREGOIRE
C'est compliqué, mais là c'est accompagné, si vous voulez, l'engagement il est accompagné, ce sont les missions locales qui vont accompagner ce Contrat d'engagement, qui sont en prise avec les jeunes sur le terrain, qui ne sont pas dans les ministères, qui sont des acteurs de terrain, et donc l'idée ici c'est vraiment d'être dans un revenu d'engagement très opérationnel, et non pas dans un revenu d'insertion sans engagement, je dirais, ou d'accompagnement sans insertion, sans formation. C'est vraiment beaucoup plus accompagné, ciblé, et c'est très important encore une fois en politique économique, cette cible que sont les jeunes extrêmement éloignés de l'emploi.

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, tellement ciblé, qu'on peut rater la cible.

OLIVIA GREGOIRE
Non, je ne crois pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
Précisément, c'est l'effet pervers, vous le savez.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, mais il y a toujours des effets pervers…

ELIZABETH MARTICHOUX
On n'arrive pas à les atteindre, et c'est tellement conditionné.

OLIVIA GREGOIRE
… quand c'est très large, on loupe aussi ses cibles, là, je crois que c'est assez bien ciblé, je vais vous dire, c'est le fruit, pour répondre à votre question originelle, d'un compromis, d'un consensus, je sais que le compromis a mauvaise cote, mais moi je le défends ardemment, entre la position de la ministre du Travail qui est effectivement très engagée sur ces sujets, la position aussi de Bercy qui observe l'investissement incroyable et légitime, soyons clairs, en faveur des jeunes…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, et qui dit : attention au budget, il ne faut pas que ça soit trop cher.

OLIVIA GREGOIRE
En même temps, et on va y arriver, dans quelques minutes peut-être aujourd'hui, mais sinon demain, on va me questionner aussi sur la dette, le déficit, la situation de la France, peut-être l'irresponsabilité de ce Gouvernement, donc il faut être dans l'équilibre…

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, donc vous confirmez qu'il y avait des considérations budgétaires…

OLIVIA GREGOIRE
Mais je vous dirais même, heureusement.

ELIZABETH MARTICHOUX
… au fait que ça ne bénéficie pas à un million comme prévu, mais à 500 000 jeunes.

OLIVIA GREGOIRE
Heureusement, et moi…

ELIZABETH MARTICHOUX
Ce sont pour des questions… Vous l'assumez, forcément

OLIVIA GREGOIRE
Ah ben il faut l'assumer le cas échéant, moi je pense qu'il faut être dans l'équilibre, l'équilibre d'un engagement extrêmement fort à l'endroit des jeunes, l'équilibre d'une mesure que nous pouvons financer et mettre en oeuvre.

ELIZABETH MARTICHOUX
A contrario, Xavier BERTRAND, il y a quelques minutes sur France 2 a dit : Emmanuel MACRON fait campagne avec le chéquier de la France. Oui, c'est un soupir ?

OLIVIA GREGOIRE
Il faut que je réagisse ?

ELIZABETH MARTICHOUX
Oui, parce que c'est un possible adversaire d'Emmanuel MACRON à la présidentielle. Et donc il n'est pas le seul à dire qu'Emmanuel MACRON est en campagne, sans être candidat.

OLIVIA GREGOIRE
Alors, moi je dirais deux choses. Un, Emmanuel MACRON, à mon sens, n'est pas en campagne. Emmanuel MACRON aujourd'hui continue à déployer une politique qu'il a annoncée, le Revenu d'engagement, voyez, on en parle, on le fait, ça fait des mois qu'on en parle. Les retraites agricoles, par exemple, qui sont mises en oeuvre depuis quelques jours, la loi Chassaigne sur laquelle la majorité s'est engagée, c'est une réalité, c'était il y a 5, 6 mois dans les tuyaux, c'est. Fait. On ne dit pas la loi Chassaigne et l'augmentation des retraites minimums des agriculteurs, on fait campagne avec un chéquier, voyez…

ELIZABETH MARTICHOUX
Toutes les annonces depuis la fin août, rien à voir avec la campagne.

OLIVIA GREGOIRE
Non, on conduit le pays, et le Président l'a dit, jusqu'au dernier quart d'heure, et je comprends que vous indexiez, notamment les médias et les opposants politiques, tous les gestes, les faits et gestes du président de la République à l'aune de la campagne, ça n'est ni ma lecture, ni ma pratique au sein du Gouvernement. Ça n'est pas ce que j'entends tous les mercredis au sein du Conseil des ministres. Revenons sur Xavier BERTRAND et le chéquier des Français. Alors, deux petites mesures. Donc, Xavier BERTRAND, je rappelle parce qu'on est de bonne heure, certains se réveillent, donc, il n'était plus chez Les Républicains, il revient chez Les Républicains, enfin, on ne sait pas trop, mais pour obtenir l'investiture qu'il espère, d'un parti qu'il a cartonné il y a quelques années, et qu'il a méprisé.

ELIZABETH MARTICHOUX
Tout le monde peut changer d'avis.

OLIVIA GREGOIRE
Oui, enfin là c'est un gros changement d'avis, c'est même un changement de cap à 360, mais après pourquoi pas.

ELIZABETH MARTICHOUX
On ne va pas batailler, mais il y a eu des choses…

OLIVIA GREGOIRE
La prime qu'il propose pour l'accompagnement de l'emploi, sa Prime du travail, par exemple, c'est en réalité la prime d'activité que nous avons généralisée depuis janvier 2019, et il nous explique qu'il va la financer, que ça coûtera 5 milliards de plus que ce que ça coûte aujourd'hui, à peu près, la prime d'activité, et il nous explique qu'il va courir les indépendants, mais il ne vous explique pas comment il budgète ça, par exemple. Ça, si ce n'est pas faire campagne avec des promesses non financées, je ne sais pas ce que c'est. Deuxièmement, une petite chose, mais vous savez le Parlement, on nous a beaucoup critiqué sur le Parlement, le fait qu'on n'écoutait pas assez le Parlement. Moi j'en viens, donc je suis très sensible aux propositions des parlementaires…

ELIZABETH MARTICHOUX
Vous étiez députée, oui…

OLIVIA GREGOIRE
J'ai été députée bien plus longtemps que ministre, 3 ans et demi, aux finances. Avec Laurent SAINT-MARTIN on a fait un calcul il y a quelques semaines, 18 octobre, 20 amendements LR, plus de 30 milliards d'euros de dépenses. Alors, il y a ce qu'on vous dit sur les plateaux, " le président de la République fait campagne avec un chéquier ", il y a ce qui est dit au perchoir, comme on dit, à l'Assemblée nationale, " des dépenses et des dépenses et des dépenses ". Ce sont les mêmes, les mêmes représentants des Républicains. Donc je pense que c'est une position assez schizophrénique, et plutôt que de dire " il fait campagne avec le chéquier des Français ", j'aurais attendu de lui, après 4 ans et demi d'opposition ça laisse le temps de réfléchir, c'est l'avantage, des propositions plus fortes en matière d'emploi, de rémunération, et pas une sorte de réchauffé de ce que cette majorité a fait depuis 4 ans et demi.

ELIZABETH MARTICHOUX
Alors, qu'est-ce que vous faites-vous ? Ça vous vexe si on vous dit qu'on ne sait pas très bien quelle est votre action au Gouvernement ?

OLIVIA GREGOIRE
Non. Moi j'ai d'autres défauts que la susceptibilité. D'abord…

ELIZABETH MARTICHOUX
Donnez-nous un exemple…

OLIVIA GREGOIRE
Un exemple.

ELIZABETH MARTICHOUX
… de ce que vous avez fait…

OLIVIA GREGOIRE
Pourtant j'en ai mille.

ELIZABETH MARTICHOUX
Un seul suffira, et qui a eu un impact sur la vie des Français.

OLIVIA GREGOIRE
Alors, je vais vous dire par exemple, ce que j'ai fait sur les associations. J'ai mis en place un plan de financement pour les associations, vous savez que les associations étaient très touchées pendant la pandémie du Covid, que nous les avons aidées, un demi-milliard d'euros de fonds de solidarité pour les associations françaises. J'ai mis en place des mesures qui font que dans les mois qui viennent, là dans les prochains mois, les Français comme vous et moi qui avez une assurance-vie, et les Français sont nombreux à avoir de l'épargne, on le sait, vont pouvoir orienter une partie de leur argent, de leur épargne, de leur assurance-vie, en faveur d'association qu'ils souhaitent soutenir. Voilà une action très concrète, qui est en faveur des associations, mais on sait l'attachement des Français, faire en sorte que vous, moi, chacun, puisse donner directement de son épargne à des associations, de façon beaucoup plus simple, en une minute.

ELISABETH MARTICHOUX
L'économie solidaire et sociale, vous êtes évidemment sensible au pouvoir d'achat qui est un sujet. Bercy avait publié une magnifique étude il y a quelques semaines pour vanter l'action du mandat d'Emmanuel MACRON, plus 4% sur l'ensemble d'augmentation du pouvoir d'achat, c'était plus que les prédécesseurs. Le souci, c'est que les Français ne le sentent pas, est-ce que votre erreur n'est-elle pas de croire justement qu'on gouverne avec des statistiques, est-ce que vous n'êtes pas encore plus techno que les autres au Gouvernement ?

OLIVIA GREGOIRE
Je ne crois pas, les statistiques ont un mérite, c'est en tout cas, c'est d'essayer de refléter une réalité. On ne fait pas de la politique avec des statistiques surtout que les statistiques on peut les faire parler.

ELISABETH MARTICHOUX
Et surtout que ce sont des moyennes.

OLIVIA GREGOIRE
Oui je peux vous en sortir d'autres des études, il n'y a pas que celle de Bercy, il y a celle de l'OFCE, il n'y a pas très longtemps avec les fameux 330 euros d'augmentation du pouvoir d'achat depuis 2017. Il y a une réalité économique, c'est l'avantage à Bercy, c'est qu'on la voit sous nos yeux et après il y a le ressenti du pouvoir d'achat. Il y a ce qu'on a effectivement fait qui n'est pas qu'une petite prime du travail mais qui est tout un dispositif, 50 milliards de baisse d'impôts sur ces 4 ans et demi tout en maintenant avant le Covid un déficit sous les 3%.

ELISABETH MARTICHOUX
Comment vous expliquer que les Français ne le sentent pas, Olivia GREGOIRE ?

OLIVIA GREGOIRE
Ça n'a jamais été vu depuis 20 ans.

ELISABETH MARTICHOUX
Si c'est leur préoccupation majeure aux Français, c'est qu'ils voient leur pouvoir d'achat renié.

OLIVIA GREGOIRE
D'abord le pouvoir d'achat est un sujet comme d'autres qui est, je dirais sans fond, on n'en fera jamais assez sur le pouvoir d'achat. Donc il y a tout ce qu'on a fait mais que les gens aient le sentiment que ça n'est pas suffisant, ça n'est pas les gens qu'il faut remettre en cause, les gens ont raison, c'est leur perception qui compte, ce n'ait pas ce que nous avons fait.

ELISABETH MARTICHOUX
Mais c'est aussi leur réalité pour ceux qui sont les plus modestes.

OLIVIA GREGOIRE
Mais la réalité, c'est qu'il y a aussi beaucoup de choses qui sont en train d'augmenter et vous le savez très bien, je l'avais dit il y a quelques semaines, il n'y a pas que le carburant, c'est pour ça qu'on a fait une indemnité inflation et pas carburant. On parle aujourd'hui de la farine de blé, de l'augmentation du prix du pain, des pâtes, de l'augmentation du prix du vin, vous allez en entendre parler pendant les fêtes et tout ça c'est une réalité, l'habillement, les meubles, 4% d'augmentation. Les Français le vivent et donc oui on a peut-être un peu plus, mais la vie est plus chère, donc il y a ce se ressenti effectivement, c'est à ça qu'il faut qu'on continue de s'atteler mais le fait que le Gouvernement…

ELISABETH MARTICHOUX
Comment est-ce que les, il y a des négociations salariales, est-ce que les entreprises et les branches font le job comme on dit ?

OLIVIA GREGOIRE
Je crois qu'à la suite des échanges qu'on a pu avoir avec Bruno LE MAIRE et les branches, un certain nombre de branches font le boulot. Merci de rappeler d'ailleurs Elisabeth MARTICHOUX qu'il n'y a pas un bouton magique où on appuie pour augmenter tous les salaires, c'est des négociations de branche. En ce moment par exemple c'est plutôt positif avec la branche hôtellerie, restauration. Les acteurs sont en train de s'organiser pour rémunérer plus, ça n'est pas le cas et ça n'est pas possible dans tous les secteurs économiques qui ont parfois des difficultés de marge et à préserver leurs marges. Donc tout l'enjeu, c'est, l'équation est passionnante, c'est d'ailleurs celle qui est dans mon livre. Il y a pour augmenter le pouvoir d'achat, vous avez 2 grosses mallettes, vous avez la manette fiscale, baisser les impôts, on l'a fait, 50 milliards de baisse d'impôts, la baisse sur la taxe d'habitation. Et ensuite il y a l'augmentation des salaires, mais ça n'est pas le politique qui peut par injonction dire tous augmentés, ça ne se passe comme ça.

ELISABETH MARTICHOUX
Non mais il peut éviter de dire aux Français que leur pouvoir d'achat a augmenté alors qu'ils ne le ressentent pas parce qu'ils ont des, ce qu'on appelle des dépenses contraintes qui ont fortement augmenté.

OLIVIA GREGOIRE
Mais est-ce que c'est une raison pour mettre un mouchoir sur quatre ans et demi d'actions résolues en faveur du pouvoir d'achat, je ne le crois pas. Etre capable d'être un peu dans la finesse et les Français sont ni dupes, ils sont plutôt…, ils peuvent tout à fait entendre qu'on a fait des efforts et qu'il y a eu énormément d'efforts et que pour autant il y a cette inflation qui est en train d'augmenter et qu'il faudra peut-être en faire plus et nous ferons des propositions dans les mois qui viennent.

ELISABETH MARTICHOUX
Quand il sera candidat puisque vous dites pour l'instant, il ne fait pas campagne.

OLIVIA GREGOIRE
C'est le mérite de la cohérence, exactement en 22.

ELISABETH MARTICHOUX
Vous dites dans votre livre, dans la préface, alors il y a une préface d'Emmanuel MACRON et puis ensuite il y a la vôtre et vous écrivez contre la tentation populiste ou l'abstention, il est urgent de refaire société et cela passe avant tout par refaire l'économie. Le chômage baisse, tant mieux, la croissance revient, tant mieux, les revenus ont été maintenus, tant mieux, ZEMMOUR fait un tabac, cherchez l'erreur, non. Comment est-ce que vous pouvez dire qu'on refait société par l'économie…

OLIVIA GREGOIRE
Voilà bien un débat que j'aimerais bien avoir avec Eric ZEMMOUR un jour puisque je vais passer par le détour ZEMMOUR pour répondre à votre question. En fait Eric ZEMMOUR pose un problème, un diagnostic. Moi je suis quelqu'un d'assez direct et quand un tel diagnostic rencontre l'opinion, on peut se cacher comme ça derrière son petit doigt, on peut aussi se dire ça correspond à une réalité. Et moi je ne suis pas sourde à cette réalité et je ne me cache pas derrière mon doigt.

ELISABETH MARTICHOUX
Et vous pourriez débattre, pas comme Anne HIDALGO qui disait sur LCI dimanche.

OLIVIA GREGOIRE
Moi je pourrais débattre et je pense qu'il va falloir débattre.

ELISABETH MARTICHOUX
Il va falloir débattre.

OLIVIA GREGOIRE
Calmement, proposition contre proposition.

ELISABETH MARTICHOUX
C'est pas la bonne stratégie celle d'Anne HIDALGO de dire, réveillez-vous et je ne veux pas débattre avec lui ?

OLIVIA GREGOIRE
Elle a la sienne, je respecte la femme, je ne suis d'accord en rien avec la politique quelle est, ça n'est pas ma vision. J'ai changé aussi, j'ai évolué, vous m'auriez posé la question il y a 10 ans, j'aurais peut-être pas eu le même avis, aujourd'hui je crois qu'il faut répondre point par point à ces allégations pour certaines complètement mensongères sur la société française. Je crois que le diagnostic qu'il pose, caractère aigri de cette population qui, je ne crois pas que ce soit aujourd'hui l'état de la France et d'ailleurs il y a un livre très intéressant…

ELISABETH MARTICHOUX
Ce sont des aigris ceux qui s'intéressent à ZEMMOUR ?

OLIVIA GREGOIRE
Je crois que la politique que propose Eric ZEMMOUR est une politique aigrie, de repli sur soi, de renfermement, de la France d'hier est pas de la France d'aujourd'hui, ni de demain. D'ailleurs on le voit dans des ouvrages sociologiques qui viennent de paraître par des sondeurs assez solides comme Jérôme FOURQUET, on voit que ce que veulent les Français, c'est une maison, une piscine, une voiture, un chien, voyager, ce n'est pas être repliés chez eux. Bon, moi ce que je trouve intéressant c'est qu'il y a quand même une grosse arnaque ZEMMOUR. En se cachant quelque part derrière le phénomène migratoire, la problématique immigration, avec ZEMMOUR c'est simple, c'est peu importe la question, la réponse est immigration. C'est très facile parce que ça t'évite une chose, ça t'évite de te confronter à tous ce qu'on vient de se dire ce matin. Et les jeunes, l'insertion des jeunes monsieur ZEMMOUR et l'environnement monsieur ZEMMOUR et l'indépendance, la dépendance des personnes âgées…

ELISABETH MARTICHOUX
Ça lui évite de répondre à des questions précises.

OLIVIA GREGOIRE
Et les retraites, mais le pouvoir d'achat, qui a interrogé aujourd'hui Eric ZEMMOUR en lui disant…

ELISABETH MARTICHOUX
Ça va venir quand il sera candidat.

OLIVIA GREGOIRE
C'est ce que j'attends. Mais moi ce que je pense c'est que la voie qu'il propose est une voie de garage pour la France et qu'aujourd'hui l'ensemble des problématiques auxquelles nous devons répondre et c'est normal et c'est légitime, l'hôpital, la dépendance, l'écologie, le pouvoir d'achat, la jeunesse, que dit monsieur ZEMMOUR à l'endroit de ces grands défis qui nous attendent dans les prochains mois ? Ça ne peut pas être l'immigration la réponse à tout ou le refus de l'immigration.

ELISABETH MARTICHOUX
Un mot, Arnaud MONTEBOURG sur LCI dimanche affirmait que le Gouvernement avait tout à gagner dans l'irruption de ce candidat. Il vous accusait en somme d'être complice de cette candidature, qu'est ce que vous dites ?

OLIVIA GREGOIRE
C'est toujours un peu la même rengaine, on était complice il y a un an, un an et demi de favoriser Marine LE PEN au second tour, moi j'aimerais bien qu'Arnaud MONTEBOURG soit complice de la remontada de la France qu'il appelle de ses voeux, non pas en proposant là aussi des mesures d'hier mais en faisant des vrais propositions. Il y en a une sur laquelle on peut se retrouver, elle en filigrane dans mon ouvrage, le partage de la valeur, la notion de dividendes salariés, voilà quelque chose qui porte, qu'il étaie, eh bien qu'il le porte et portons des solutions plutôt que des constats assez éculés qui ne font pas avancer en réalité le pays.

ELISABETH MARTICHOUX
Publier un livre à quelques mois d'une présidentielle, certains disent que c'est une façon de se pousser du col…

OLIVIA GREGOIRE
Je trouve ça dommage et l'expression ne me plaît pas, donc comme je suis directe je vais vous le dire, je publie un livre parce que ces 3 ans et demi d'engagement sur la politique économique du Gouvernement depuis l'Assemblée nationale, depuis la loi Pacte, la vice-présidence de la commission des finances aujourd'hui à Bercy. Ça n'est pas moi ma vie, mon oeuvre qui n'intéressent personne, c'est quelques idées en faveur d'un capitalisme rénové, plus citoyen, plus solidaire, que je crois, Emmanuel MACRON porte assez fort, on l'a vu au G20 avec la taxation des multinationales. Je relisais encore avant d'arriver ce matin l'expression de Jean-Luc MELENCHON il y a un an et demi, deux ans à ce sujet, qui disait mais si c'était le cas, je serais le premier à m'en féliciter, j'ai vérifié, je n'ai pas vu un tweet de félicitations. Mais c'est surtout un moyen de rappeler ce qui a été fait, ce que je pense qu'on pourrait faire dans les prochains mois.

ELISABETH MARTICHOUX
Dernière question, vous allez avoir un bébé, pour beaucoup de femmes c'est une charge mentale.

OLIVIA GREGOIRE
Oui moi aussi.

ELISABETH MARTICHOUX
Est-ce que vous avez la chance d'avoir un homme déconstruit comme le dit Sandrine ROUSSEAU ?

OLIVIA GREGOIRE
Moi je cloisonne beaucoup, donc il ne faudrait pas que je sois émue. J'ai un homme totalement construit.

ELISABETH MARTICHOUX
C'est très ancien monde de dire ça, j'ai un homme.

OLIVIA GREGOIRE
Eh bien je suis de l'ancien monde et je l'assume. J'ai un homme totalement construit et qui contribue très clairement à ma propre construction en me soutenant.

ELISABETH MARTICHOUX
Ce n'est pas votre truc la déconstruction.

OLIVIA GREGOIRE
Je suis pour une égalité femme-homme positive et pas belliqueuse et je n'ai absolument rien en la matière à partager avec les propos de Sandrine ROUSSEAU que je respecte là aussi en tant que femme, mais ça n'est absolument pas mon point de vue, je pense même que je ne serais pas en matinale et de bonne humeur si je n'avais pas l'homme que j'ai à la maison. Donc l'homme peut être aussi partie prenante de sa propre construction de femme.

ELISABETH MARTICHOUX
Merci d'avoir été ce matin sur LCI, Olivia GREGOIRE.

OLIVIA GREGOIRE
Merci.

ELISABETH MARTICHOUX
A bientôt, bonne campagne si vous êtes en situation.

OLIVIA GREGOIRE
Mais oui.

ELISABETH MARTICHOUX
Et bonne journée à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 3 novembre 2021