Interview de M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à France Bleu Drôme Ardèche le 5 novembre 2021, sur les efforts du gouvernement en faveur de l'innovation dans l'agriculture et la présence du loup en Ardèche.

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Média : France Bleu Drôme Ardèche

Texte intégral

DAMIEN BRAVAIS
En transit entre la Haute-Loire et la Drôme, le ministre de l'Agriculture fait une pause ce matin sur France Bleu Drôme-Ardèche.

EMMANUEL CHAMPALE
Julien DENORMANDIE, en visite chez nous aujourd'hui, il nous dit dans un instant comment vont être utilisés les premiers 800 millions d'euros débloqués par l'Etat en faveur de l'innovation dans l'agriculture. Bonjour Julien DENORMANDIE.

JULIEN DENORMANDIE
Bonjour.

EMMANUEL CHAMPALE
Merci d'être avec nous. On va parler évidemment de la grosse somme d'argent que vous débloquez pour l'innovation agricole. C'est le thème de votre visite dans la Drôme aujourd'hui, mais d'abord le débat sur la chasse. Il est relancé après la mort de l'automobiliste qui avait pris une balle perdue en Ille-et-Vilaine. Est-ce qu'il faut interdire la chasse le week-end ?

JULIEN DENORMANDIE
D'abord je voudrais exprimer mes pensées les plus sincères pour la famille de cet homme qui est tragiquement décédé. Ensuite je pense que le débat, il n'est pas là. Il n'est pas celui que vous venez d'indiquer. Je pense que cet événement tragique montre à quel point les opérations de prévention menées par les chasseurs, pilotées par les chasseurs sont absolument essentielles, doivent continuer, doivent être mises en oeuvre sur le terrain. Je rappelle que d'ailleurs depuis plusieurs années, ces accidents tragiques ont significativement diminué dans notre pays, et c'est cela la voie qu'il faut conduire. Cette voie de prévention, cette voie de formation, ces actions menées par les chasseurs, c'est cela qu'il faut continuer à faire.

EMMANUEL CHAMPALE
La prévention plutôt que l'interdiction, on l'entend bien. Vous débloqué donc une première enveloppe de 800 millions pour des projets innovants dans l'agriculture. Julien DENORMANDIE, c'est quoi un projet innovant ?

JULIEN DENORMANDIE
Aujourd'hui, on voit qu'on est face à une troisième révolution agricole et j'emploie à dessein ce terme de troisième révolution agricole. C'est une révolution qui est tournée vers les outils du numérique, vers la robotique, l'agro-robotique et vers la génétique, par exemple la sélection variétale. Ce secteur agricole, c'est un secteur incroyablement innovant. La Drôme le fait bien. Dans la Drôme, vous avez un salon de l'innovation qui s'appelle par exemple Tech & Bio où vous avez justement toutes ces nouveautés autour du numérique, de la robotique et de la génétique. Mais s'il y a une dynamique qui est en cours, cette dynamique il faut l'accompagner et l'accompagnement c'est de l'investissement. Il faut investir beaucoup d'argent dans la recherche, le développement et l'accès à ces nouvelles technologies. Et c'est ça que nous faisons aujourd'hui dans la Drôme avec deux de mes collègues, Agnès PANNIER-RUNACHER et Frédérique VIDAL. On va débloquer 800 millions d'euros, une première enveloppe, pour financer cette innovation.

EMMANUEL CHAMPALE
Alors innovation qui va concerner pas uniquement la Drôme évidemment, c'est une enveloppe nationale. Qui va pouvoir profiter de cet argent ?

JULIEN DENORMANDIE
Vous aurez d'abord tous les instituts, les instituts de technique, de recherche. On visitera ce matin l'Institut technique qui s'appelle l'INRAE, qui est un incroyable atout dans notre pays.

EMMANUEL CHAMPALE
À Saint-Marcel-lès-Valence.

JULIEN DENORMANDIE
C'est aussi des instituts techniques privés. C'est ensuite l'ensemble des entreprises, ceux qui développent des technologies, des outils du numérique. Je vous donne un exemple : aujourd'hui, on peut faire des stations météorologiques directement dans les champs qui permettent de prédire la météo qu'il va faire, et donc d'adapter par exemple vos système d'irrigations. C'est aussi des PME qui construisent des robots qui peuvent travailler dans les champs pour faire par exemple du désherbage, et on a des pépites sur nos territoires. C'est également ceux qui développent des solutions innovantes. Il y a quelques minutes, vous interrogiez cette très belle entreprise qui s'appelle BIOLINE et qui fait ce bio contrôle. Ce sont les laboratoires ou les entreprises qui font de la sélection variétale. Ce sont nos agriculteurs ensuite pour pouvoir accéder à toutes ces technologies et c'est ça que nous allons annoncer ce matin. C'est une première tranche de 800 millions d'euros et, en tout, l'Etat d'investir 2 milliards 800 millions d'euros. Je dis bien 2 milliards 800 millions d'euros pour massivement donner accès à ces nouvelles technologies.

EMMANUEL CHAMPALE
Julien DENORMANDIE, le ministre de l'Agriculture, ce matin sur France Bleu Drôme Ardèche. Une question sur le loup avant que vous repreniez la route, ce loup est de retour en Ardèche. On sait qu'il est très présent dans la Drôme. Les éleveurs ont l'impression, quand on parle de 600 loups en France, qu'on est bien en dessous de la réalité. Est-ce qu'il y a un moyen ? Est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen d'améliorer le comptage finalement ?

JULIEN DENORMANDIE
Si. Je suis totalement d'accord avec vous. D'abord il faut avoir en tête que, quand on parle du loup, on parle de cohabitation. C'est-à-dire qu'il faut trouver un juste équilibre entre protéger cette espèce qui est le loup et protéger nos éleveurs. Parce que s'il s'agit de laisser le loup et qu'à la fin que vous n'avez pas d'éleveurs, vous n'avez réglé absolument aucun des problèmes et tous nos territoires vont en pâtir et les Français avec. Parce qu'on est très attaché à nos éleveurs, notamment le pastoralisme, pour ne citer que lui. Donc oui, vous avez raison dans votre question : aujourd'hui il y a un grand débat sur le comptage du loup. Et pourquoi il est important ce débat ? Parce que c'est en fonction du nombre de loups que vous avez comptés, qu'ensuite l'Etat va autoriser les prélèvements. Si vous vous trompez sur le comptage, vous vous trompez sur la quantité d'individus que vous prélevez dans les meutes de loups.

EMMANUEL CHAMPALE
Est-ce qu'il faut augmenter l'abattage autorisé justement ?

JULIEN DENORMANDIE
À la demande du président de la République, on a rouvert ces dernières semaines la façon de compter les loups. Les groupes de travail se déroulent en ce moment même pour déterminer une nouvelle méthodologie plus proche de la réalité, s'appuyant sur les acteurs du territoire et tous les acteurs du territoire. Ça, c'est très important et je crois que c'était attendu depuis longtemps par beaucoup et c'est ce que nous sommes en train de faire.

EMMANUEL CHAMPALE
Dites-moi juste oui ou non, est-ce qu'il faut augmenter l'abattage autorisé ?

JULIEN DENORMANDIE
Moi je pense qu'il faut revoir les méthodes de calcul et, en fonction de la réalité, adapter nos prélèvements. Et donc oui, si comme je le pense à titre personnel, on va découvrir qu'il y a plus de loups que ce que nous comptons jusqu'à présent, il faudra augmenter les prélèvements.

EMMANUEL CHAMPALE
Merci Julien DENORMANDIE, ministre de l'Agriculture. Bonne route à travers l'Ardèche pour arriver ici dans la Drôme aujourd'hui pour cette visite.

JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.

EMMANUEL CHAMPALE
Bonne journée à vous.

JULIEN DENORMANDIE
Merci beaucoup. Vous aussi.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 15 novembre 2021