Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Et avec Léa SALAME nous recevons ce matin le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, il publie " Un éternel soleil " chez Albin Michel, en librairie aujourd'hui. Vos questions, amis auditeurs, au 01 45 24 7000, sur les réseaux sociaux et l'application mobile de France Inter. Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Nicolas DEMORAND.
LEA SALAME
Bonjour.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Léa SALAME.
NICOLAS DEMORAND
Et merci d'être au micro d'Inter ce matin. On va parler dans quelques instants de ce livre qui fait le bilan du quinquennat d'Emmanuel MACRON et se projette sur les années à venir, un livre qui est aussi une réflexion sur le pouvoir politique, ses limites, sur la profonde et peut-être inquiétante mutation des individus et des citoyens à l'âge numérique. Mais commençons par l'allocution télévisée d'Emmanuel MACRON hier soir, près d'une demi-heure, 27 minutes, quelques annonces sanitaires, on va en parler. Avez-vous vu, Bruno LE MAIRE, hier soir, un Président ou un candidat à la télévision ?
BRUNO LE MAIRE
Non, j'ai vu un président de la République à la tâche, au travail, et fermement déterminé à poursuivre son action jusqu'au dernier jour de son mandat, et je pense que c'est exactement ce que les Français attendent du président de la République.
LEA SALAME
Les réactions politiques sont dures, ils n'ont pas vu la même chose que vous, pour Marine LE PEN la troisième dose n'aura été qu'une excuse pour faire un discours de campagne, Valérie PECRESSE, à notre micro tout à l'heure, parle d'un " hold-up médiatique " du président qui a instrumentalisé le Covid, quant à Olivier FAURE, il estime qu'il manquait juste la dernière phrase " c'est la raison pour laquelle je suis à nouveau candidat à la présidence de la République. "
BRUNO LE MAIRE
C'est la preuve que l'intervention était réussie, si elle a suscité autant de réactions de la part des oppositions. Enfin, avoir un président de la République qui vous dit " voilà comment est-ce que nous allons garantir la protection sanitaire des Français face à un risque de retour du Covid ", je pense que c'est sa responsabilité, avoir un président de la République qui dit aux Français « mais, dans le fond, vous avez très bien réussi, et quand vous regardez la situation où nous sommes du point de vue économique après la crise, elle est meilleure qu'avant la crise », c'est sa responsabilité, de donner confiance aux Français, de leur montrer à quel point cela marche en France, à quel point nous sommes capables de nous redresser, c'est peut-être le rôle des oppositions d'expliquer que tout va mal et rien n'est aussi bien que ce que l'on pensait, nous, notre responsabilité c'est de donner confiance aux Français.
LEA SALAME
On va en parler. Valérie PECRESSE, que vous avez entendue, dit que c'est une réussite en trompe-l'oeil, que c'est un bilan en trompe-l'oeil.
BRUNO LE MAIRE
Oui, je regrette cette incapacité…
LEA SALAME
Vous l'avez entendue !
BRUNO LE MAIRE
Je l'ai entendue, je l'ai écoutée avant de venir chez vous. Ce que je regrette, je ne dis pas ça en particulier pour Valérie PECRESSE ou pour qui que ce soit, mais pourquoi est-ce que dans l'opposition on ne ferait pas cet effort de reconnaître quand les Français ont réussi quelque chose ? pourquoi est-ce qu'on ne changerait pas d'attitude politique pour se dire là-dessus nous sommes en désaccord, avec le président de la République ou avec son ministre de l'Economie et des Finances, mais quand on regarde les résultats de la France, au lendemain de cette crise, la meilleure performance en termes de croissance des pays de la zone euro, un niveau de chômage qui est plus bas après la crise qu'avant la crise, un investissement qui est bien orienté, un territoire qui est devenu le plus attractif pour les investissements étrangers, pourquoi est-ce qu'on ne serait pas capable d'avoir l'humilité de se féliciter collectivement des succès des Français ? Je pense que le débat politique y gagnerait beaucoup. Quand ensuite certains nous disent " mais attendez, il y a quand même une difficulté ", je le dis d'ailleurs dans mon livre, c'est un des éléments sur lesquels, je pense, qu'il faut que nous travaillons, " c'est la balance commerciale extérieure. " Est-ce que ça ne fait pas plus progresser le pays de dire « on est en train de gagner la bataille sur le chômage, on a gagné la bataille de la croissance, on a bien protégé notre économie, mais il reste maintenant un sujet sur lequel, tous collectivement, nous allons faire un effort, c'est la balance commerciale extérieure » ? Je suis persuadé que le débat politique y gagnerait.
NICOLAS DEMORAND
On vous entend Bruno LE MAIRE dire que la France a bien géré la pandémie, mais comment expliquez-vous alors que le Conseil d'analyse économique classe la France 26e pays sur 38 en prenant en compte des données économiques, comme le maintien de l'activité, mais aussi des données sanitaires comme les indicateurs de surmortalité ?
BRUNO LE MAIRE
Moi je regarde ce que vient de dire le Fonds monétaire international, si vous voulez prendre des avis qui soient totalement indépendants, et qui classe la France comme un des pays qui a le mieux réussi à protéger ses salariés, ses entreprises, pendant la crise, et un des pays qui réussit le mieux en Europe sa reconquête économique, et je crois que ce doit être un motif, une fois encore, de confiance et de fierté pour les Français.
NICOLAS DEMORAND
Sur le sanitaire encore, le Président de la République a confirmé que l'obtention d'un pass sanitaire valide serait bien conditionnée à l'injection de la troisième dose de vaccin pour les personnes les plus fragiles. Est-ce que la pédagogie a échoué Bruno LE MAIRE, il faut désormais passer à la contrainte, et deuxième question, est-ce que vous redoutez que ce pass sanitaire nouvelle manière avait des conséquences négatives sur l'économie ?
BRUNO LE MAIRE
J'ai dit à votre micro, il y a quelques mois, que le pass sanitaire, même s'il suscitait des inquiétudes, chez les restaurateurs, chez les hôteliers, avant qu'on le mette en place, était la meilleure protection face au risque de retour de l'épidémie, je vous redis exactement la même chose, et je sais que tous les professionnels qui nous écoutent, je les ai rassemblés il y a une semaine, j'ai vu les hôteliers, les restaurateurs, les centres commerciaux, les grands magasins, tous avaient une certaine inquiétude en disant " mais, ce pass sanitaire est-ce qu'il n'est pas trop contraignant ? ", la réalité c'est qu'il a protégé les Français, qu'il nous a permis d'éviter le retour d'une vague épidémique forte, comme celle que l'on voit dans certains pays européens, donc c'est efficace. Bien entendu qu'on préférerait s'en passer, mais ça nous permet d'éviter un retour de l'épidémie, et donc de garantir un bon fonctionnement de notre économie.
NICOLAS DEMORAND
Donc il faut un peu plus de contraintes.
BRUNO LE MAIRE
Il faut un bon équilibre entre la responsabilisation et des obligations pour chacun, parce que, nous sommes une société, c'est dommage de devoir le rappeler, mais nous ne sommes pas, je parle beaucoup de ce sujet dans mon livre, nous ne sommes pas qu'une somme d'individus, nous sommes une nation, une société, avec par conséquent des devoirs collectifs qui nous permettent à chacun de vivre collectivement ensemble de la meilleure manière possible.
LEA SALAME
D'ailleurs vous dites - c'est une parenthèse que je fais, mais elle est intéressante - dans votre livre vous vous montrez inquiet sur la montée de l'individualisme à l'âge numérique, le double de l'individu sur les réseaux sociaux est narcissique quand le double de 1789, le citoyen, était politique, la toile ouvre un piège béant dans lequel peuvent tomber doucement, sans un bruit, le citoyen, l'universel français, la démocratie et la politique. Vous êtes très dur contre les réseaux sociaux.
BRUNO LE MAIRE
Je suis très dur contre les réseaux sociaux, très dur surtout contre les gens du numérique, et j'essaye, dans ce livre, de poser les quelques grands débats, les grands défis qui sont devant nous, je pense qu'un des grands défis devant nous c'est effectivement que les géants du numérique, les GOOGLE, les AMAZON, les FACEBOOK, avec leur niveau de capitalisation considérable, avec leur puissance considérable, sur nos comportements, sur nos actes d'achat, sur nos voyages, sur nos déplacements, sur notre monnaie, ne prennent pas la place des Etats démocratiquement élus.
LEA SALAME
Mais là votre critique elle est sur les individus…
BRUNO LE MAIRE
Et la deuxième chose sur laquelle j'insiste…
LEA SALAME
Oui, sur le narcissisme de l'époque.
BRUNO LE MAIRE
C'est que moi ma conviction c'est qu'on vit mal quand on ne s'engage pas au service d'un projet collectif, quand on ne s'occupe que de soi, et que de son double numérique, c'est-à-dire s'occuper aussi du vide qu'il peut y avoir derrière, peut susciter beaucoup de désarroi, beaucoup d'inquiétude, beaucoup de sentiment de solitude, et que la responsabilité politique c'est justement de porter un projet collectif, et parmi ces projets collectifs, j'estime que la France a un rôle très particulier à jouer, c'est de défendre la culture, parce que ce qui peut nourrir le vide de ces réseaux numériques, et s'y substituer, c'est notre culture.
LEA SALAME
Bruno LE MAIRE, il y a le grand recul de l'allocution d'hier soir, c'est sur la réforme des retraites, et c'est à votre regret, vous n'avez jamais caché qu'il fallait la faire et la faire avant la fin du quinquennat, cette réforme des retraites vous en parlez encore dans votre livre, mais non, Emmanuel MACRON a tranché, les conditions ne sont pas réunies pour la faire dès 2022, mais il va falloir toucher à l'âge de la retraite dès 2022, est-ce que c'est à dire que le système de retraite à points, celui qu'il voulait mettre en place, celui qui a suscité la plus longue grève de la 5e République, ce système à points est enterré, si j'ai bien écouté le président de la République ?
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne crois pas. D'abord je crois que ce qu'a annoncé le président de la République est sage et clair. C'est sage parce que ce qu'il a toujours indiqué, c'est qu'on ne pouvait pas engager une réforme de cette importance sans que la pandémie soit totalement derrière nous, elle n'est pas totalement derrière nous, donc il ne serait pas sage de lancer une réforme de cette ampleur alors que la sécurité sanitaire n'est pas intégralement garantie. C'est clair également parce qu'il a posé les grands piliers de la réforme des retraites, et ces piliers-là, vous m'avez toujours entendu les défendre, allongement de la durée de cotisation, avec un report de l'âge légal de départ à la retraite, des garanties sur une retraite minimale, parce que je crois que socialement c'est absolument essentiel, et la suppression des régimes spéciaux. Est-ce que pour autant il faut abandonner, sur le plus long terme, cette ambition d'avoir une retraite par points, qui est simple, qui est lisible, qui est transparente pour les Français ? Moi je ne crois pas, et je crois que les deux sont parfaitement compatibles.
NICOLAS DEMORAND
Il faut repousser l'âge de départ à la retraite à quel âge précisément, 64, 65 ans, comme le propose la droite ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous dire, je pense que c'est trop facile d'arriver en donnant un chiffre, c'est 64, c'est 65, c'est 67, l'enjeu…
LEA SALAME
La droite elle fixe.
BRUNO LE MAIRE
Oui, très bien, c'est sa responsabilité d'opposition.
LEA SALAME
Edouard PHILIPPE aussi fixe.
BRUNO LE MAIRE
Mais nous nous sommes aux responsabilités, et je sais quelles inquiétudes peut susciter ce sujet auprès de tous ceux qui se disent il va falloir travailler plus longtemps, j'ai un métier qui est pénible, j'ai un métier qui est dur, moi j'aspire à partir à la retraite, donc avant de prendre une décision, et c'est ce que je défends sans cesse dans mon livre, écoutons tout le monde, faisons la concertation nécessaire, regardons quelles sont aussi les compensations qu'il faut donner à ceux qui ont des métiers les plus difficiles et ensuite…
LEA SALAME
Bruno LE MAIRE, il y a eu 18 mois de concertation.
BRUNO LE MAIRE
Et ensuite nous proposerons un âge légal.
LEA SALAME
Il y a eu 1,5 an de concertation sur la réforme des retraites que vous avez proposée.
BRUNO LE MAIRE
Je reconnais, je crois, très clairement dans mon livre que nous avons échoué sur ce sujet, et par conséquent, si on veut reprendre les choses bien et de manière solide, il faut ouvrir des concertations, écouter les uns et les autres, et ensuite fixer un âge légal, mais le faire a priori et commencer le débat en disant ce sera 64, ce sera 65, c'est à prendre ou à laisser, c'est immédiatement hystériser un débat politique qui a besoin au contraire de calme et de sérénité.
LEA SALAME
Une question sur une autre annonce du président de la République qui fait beaucoup parler ce matin, les demandeurs d'emploi qui ne cherchent pas un emploi seront désormais radiés du chômage, a-t-il dit, Dominique SEUX, qui décryptait cette annonce, dit que c'est du vent de dire ça parce que ça ne marche pas, c'est irréaliste, on ne peut pas demander aux employés de Pôle emploi d'aller vérifier ça, donc en fait c'est une mesure qui ne peut pas marcher dans la réalité, qui est irréalisable.
BRUNO LE MAIRE
Ce n'est pas du vent Léa SALAME…
LEA SALAME
C'est Dominique SEUX qui le dit, qui n'est pas un affreux gauchiste.
BRUNO LE MAIRE
Je dirais à Dominique SEUX que ce n'est pas du vent, c'est la loi, et justement c'est toujours un problème quand dans une démocratie la loi devient du vent. Je pense que c'est un des problèmes majeurs de démocratie. La loi est là pour être respectée, pour être appliquée, quand vous regardez sur le site de Pôle emploi vous voyez qu'il y a des engagements, qui ont été déterminés par la loi, que le demandeur d'emploi a une obligation, au bout d'un certain nombre de demandes qui ont été faites, qui sont des propositions raisonnables, de les accepter, s'il ne les accepte pas, effectivement, on peut lui retirer ses droits au chômage, c'est la loi. Le président de la République n'a fait que rappeler la loi et, je le redis, la loi ne peut pas être du vent, la loi doit être une règle respectée par tous, quand on vous fait des offres raisonnables, que vous refusez systématiquement, il est légitime qu'on vous supprime votre droit au chômage.
NICOLAS DEMORAND
Sur l'énergie, le président de la République a annoncé la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, indispensables, avec les énergies renouvelables, pour atteindre la neutralité carbone en 2050, on parle de combien de réacteurs nucléaires et à quel moment pourrait démarrer ce chantier qui s'avère colossal ?
BRUNO LE MAIRE
Je vais vous décevoir, comme sur la réforme des retraites, je ne veux pas donner de chiffres, parce que déjà annoncer que sur la retraite il faut un report de l'âge légal, c'est déjà une décision politique lourde, ensuite on va ouvrir le débat sur l'âge qui sera considéré comme le plus juste et le plus efficace. Sur les réacteurs nucléaires, c'est une décision politique majeure qu'a annoncée le président de la République hier, donc là aussi ne nous enfermons pas dans des chiffres, il vient d'annoncer que pour garantir la neutralité carbone, dans les délais que nous nous sommes fixés, il fallait continuer à développer les énergies renouvelables, je crois que c'est absolument indispensable, et là aussi pas contradictoire avec le nucléaire, et en même temps investir dans de nouveaux réacteurs nucléaires, c'est la première fois qu'un président de la République annonce depuis plusieurs années que nous aurons besoin de nouveaux réacteurs nucléaires pour réussir à atteindre la neutralité carbone dans les années qui viennent.
NICOLAS DEMORAND
Combien ?
BRUNO LE MAIRE
Combien est-ce qu'il en faudra, est-ce que c'est six, est-ce que c'est huit, est-ce que c'est dix, je ne peux pas vous le dire, regardez le rapport de RTE qui est très clair sur ce sujet, ça dépendra du niveau d'ambition que nous nous fixons. Nous allons avoir un besoin massif d'électricité, aujourd'hui on en consomme à peu près 450 térawatts, si vous voulez arriver à remplir les besoins en électricité, liés à la voiture électrique, à la domotique, à tous les usages électroniques que nous avons indiqués, il faudra 650 térawatts, si vous voulez en plus réindustrialiser le pays, RTE vous dit c'est 750 térawatts, eh bien en fonction des ambitions que nous nous fixons, nous verrons le nombre de réacteurs nucléaires qu'il faudra construire, pour ce qui me concerne…
NICOLAS DEMORAND
Et ça démarrera quand, vous refusez de donner un chiffre sur le nombre, mais la date vous avez une idée plus précise ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense que sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires le plus tôt sera le mieux, parce que ça prend du temps, qu'il faut des formations, qu'il faut des compétences, je considère que le bon niveau d'ambition c'est celui qui nous permet de relocaliser des industries en France, et je considère par conséquent qu'il faut accélérer à la fois le déploiement massif des énergies renouvelables et l'investissement dans les nouveaux réacteurs nucléaires, le plus tôt sera le mieux.
NICOLAS DEMORAND
Yannick JADOT a vivement réagi hier, Emmanuel MACRON est décidément l'homme des lobbies, quoi qu'il en coûte pour les Françaises et les Français, il est l'agent du nucléaire, une électricité deux fois plus chère que celle des énergies renouvelables. Que lui répondez-vous ?
BRUNO LE MAIRE
Mais les Verts nous ont plantés depuis le début, et là aussi c'est vraiment, de la même façon que je critiquais les Républicains quand ils sont incapables de reconnaître les succès de la France, je suis vraiment désolé de voir un candidat écologiste incapable de reconnaître que nous ne réussirons pas la transition écologique sans le nucléaire, qui est une énergie décarbonée. Je suis, mais consterné…
LEA SALAME
Ah il ne dit pas ça !
BRUNO LE MAIRE
Mais non, mais je suis consterné de le voir reprendre toujours les mêmes mots, « le lobby », regardez ce qu'il y a d'ailleurs ces mots, c'est toute la vieille politique. Monsieur JADOT veut se présenter comme un homme politique moderne, représentant l'environnement moderne, la réalité c'est qu'il n'y a pas plus daté que ce genre de langage.
LEA SALAME
Les lobbies nucléaires n'existent pas, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
Mais non, le lobby nucléaire n'existe pas.
LEA SALAME
Ça n'existe pas ?
BRUNO LE MAIRE
Vous avez des représentants de la filière nucléaire qui, je rappelle, représente des centaines de milliers d'ouvriers, de salariés, d'ingénieurs, c'est eux les lobbies, c'est les ouvriers qui travaillent dans les centrales nucléaires, c'est les chaudronniers, c'est les soudeurs ?
LEA SALAME
Non, non, ce n'est pas eux les lobbies.
BRUNO LE MAIRE
Non mais d'accord, mais à force d'avoir dénoncé les lobbies, on a aussi fragilisé toute une filière, on a fragilisé des ouvriers, on a fragilité des salariés, on a fragilisé des chaudronniers, des soudeurs, qui travaillent pour la construction de réacteurs nucléaires, le nucléaire ce n'est pas un lobby, c'est un savoir-faire français.
LEA SALAME
La loi prévoit que nous arriverons à un mix-énergétique de 50% de production nucléaire, de l'électricité, pardon, nucléaire en 2035, si je vous écoute ce matin, on ne la tiendra pas.
BRUNO LE MAIRE
Si vous m'écoutez bien ce matin…
LEA SALAME
Si on va construire de nouveaux EPR, si on va booster le nucléaire, on n'arrivera pas à 50/50 avec le renouvelable.
BRUNO LE MAIRE
Mais pourquoi, puisque je vous dis qu'il faut en même temps accélérer le déploiement des renouvelables. Vous savez, je vais vous dire très humblement, ce n'est pas le ministre de l'Economie et des Finances qu'il faut écouter sur ce qui est nécessaire en termes de besoins énergétiques, ce n'est pas qui ait les connaissances, le savoir-faire, c'est les spécialistes, c'est les ingénieurs, c'est les scientifiques, c'est notamment le rapport RTE. Ce rapport dit très clairement les besoins en électricité vont exploser, moi ma responsabilité politique, la responsabilité politique du président de la République, c'est de dire aux Français voilà comment est-ce qu'on peut atteindre la décarbonation totale de notre économie, zéro émission de CO2, dans le calendrier que nous nous sommes fixé, et le rapport de RTE, Léa SALAME, est sans appel…
LEA SALAME
Il donne plusieurs scénarios.
BRUNO LE MAIRE
Il donne plusieurs scénarios, mais dans tous les scénarios il indique que sauf à aller dans la voie de la décroissance, qui ne peut pas être la voie, pour moi, bonne pour le pays…
LEA SALAME
Il faut un mix.
BRUNO LE MAIRE
Il faut un mix, mais si dans le même temps vous accélérez le déploiement des énergies renouvelables, et le déploiement du nucléaire…
LEA SALAME
On peut tenir les 50/50.
BRUNO LE MAIRE
Vous pouvez tenir les 50/50.
LEA SALAME
Encore une dernière question écologie, à la COP hier, et c'est une première, un groupe de 30 pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ainsi que plusieurs constructeurs, dont FORD, GENERAL MOTORS, MERCEDES, ont signé un accord pour ne plus vendre aucune voiture thermique en 2035, la France n'a pas signé, pourquoi ?
BRUNO LE MAIRE
Nous avons des véhicules thermiques qui continuent à être produits en France, je ne suis pas au courant de cet accord, pour être très clair avec vous, nous déployons massivement les véhicules électriques en France, nous avons déployé une filiale de batteries électriques, nous accélérons sur le déploiement des bornes de recharge rapide, la France est totalement engagée dans la voie de l'électrification de l'automobile, est-ce que pour autant il faut signer telle ou telle charte ? Je regarderai ça avec attention, mais je ne veux pas vous dire de bêtise sur ce sujet.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2021