Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement, à France Info TV le 10 novembre 2021, sur l'allocution d'Emmanuel Macron de la veille, l'épidémie de Covid et la politique gouvernementale.

Prononcé le

Intervenant(s) : 
  • Gabriel Attal - Secrétaire d'État, porte-parole du gouvernement

Média : France Info TV

Texte intégral

MARC FAUVELLE
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Ça y est, Emmanuel MACRON est bien candidat ?

GABRIEL ATTAL
C'est ce que les oppositions nous répètent à chaque fois qu'il prend la parole.

MARC FAUVELLE
Pas vous ?

GABRIEL ATTAL
Ce qu'on a vu hier, c'est un président de la République qui nous a parlé de la crise sanitaire.

MARC FAUVELLE
Un peu.

GABRIEL ATTAL
De la question du rappel vaccinal.

MARC FAUVELLE
Un peu.

GABRIEL ATTAL
De la reprise économique.

MARC FAUVELLE
Beaucoup.

GABRIEL ATTAL
Mais oui. Et puis des réformes qui sont menées dans le pays. Il a toujours dit qu'il réformerait jusqu'au dernier quart d'heure et ça vaut encore plus alors même que notre pays a connu une crise historique. Une crise sanitaire, une crise économique qui nécessite des réformes pour lui permettre de se relever et de rebondir. On voit des oppositions, à les écouter on a l'impression qu'il faudra passer du quinquennat au triennat. En fait, il n'y aura que trois ans puis après, parce que l'élection présidentielle arrive, il faudra s'arrêter d'agir. Et moi je vais vous dire, si le président ne s'était pas exprimé, vous entendriez les mêmes responsables de l'opposition aujourd'hui dans les médias qui diraient : "mais attendez, il y a une nouvelle vague peut-être qui arrive de l'épidémie. On voit que ça flambe très fort autour de nous. Quid de la campagne de rappel. Il faut que le Président s'exprime. On n'entend pas le Président, etc."

SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas le fait qu'il prenne la parole qui pose problème, Gabriel ATTAL. Ce n'est pas le fait qu'il prenne la parole qui pose problème pour les oppositions, c'est le fait qu'il parle dix minutes de la crise sanitaire et qu'il profite du reste du temps, soit près de quinze minutes, dix-sept minutes, pour parler de son bilan.

MARC FAUVELLE
Et de son projet.

GABRIEL ATTAL
Le Président a parlé de la situation de la France. Est-ce que vous pensez que les Français qui l'écoutaient et qui nous écoutent aujourd'hui sont préoccupés de savoir ce qu'on fait pour la création d'emplois ? De ce qu'on fait pour arriver à la neutralité carbone en 2050, ce qui nécessite d'accroître nos capacités d'énergie ? La réponse pour moi, elle est oui évidemment. C'est évidemment normal que le président de la République s'exprime sur tous ces sujets qui sont au cœur de la vie des Français, au cœur des inquiétudes d'un certain nombre de Français dans un contexte de crise historique.

MARC FAUVELLE
Mais prenons un exemple, Gabriel ATTAL, si vous le voulez bien, la réforme des retraites. Il nous dit : "il n'y aura pas de réforme pendant ce quinquennat-là ; en revanche, il faudra plus tard- sous-entendu, là c'est moi qui l'ajoute, après l'élection présidentielle - allonger le temps de travail des Français au-delà de 62 ans, fusionner les régimes publics et privés". Là, on est bien dans l'après élection. C'est bien le candidat qui parle, il n'y a pas de doute là-dessus.

GABRIEL ATTAL
Vous savez qu'on a présenté une réforme des retraites en 2019 qui a été adoptée par l'Assemblée nationale en première lecture. On a dû la suspendre du fait de la crise sanitaire. Le 12 juillet dernier, le Président s'est exprimé et il a dit que pour relancer cette réforme, il faudrait une relance de l'économie et une maîtrise de l'épidémie. Ce qu'il a rappelé hier, c'est que sur la maîtrise de l'épidémie malheureusement, on n'y est pas, personne n'y est dans le monde et on voit encore une fois autour de nous ses dynamiques épidémiques très inquiétantes, notamment en Allemagne - on y reviendra peut-être – où il y a une explosion du taux d'incidence. Et ce qu'il a rappelé donc, c'est qu'il faudrait une réforme, et sur ce point-là j'entends assez peu de personnes contester ce point-là, et qu'évidemment ça ferait partie des débats pour 2022. Je veux dire, c'est de la transparence, du bon sens et de la clarté. Moi je pense que les Français, ils attendent aussi de la clarté à la fois sur nos intentions…

SALHIA BRAKHLIA
Faire la réforme avant l'élection présidentielle, c'était risquer une réélection ?

GABRIEL ATTAL
Non mais encore une fois, il a été très clair le Président. Pour lancer une réforme d'une telle ampleur, il fallait arriver à une situation où l'épidémie était derrière nous. Malheureusement ce n'est pas le cas. Encore une fois l'épidémie, elle continue à circuler partout dans le monde et singulièrement en Europe qui est redevenue l'épicentre de l'épidémie. C'était normal qu'il s'exprime sur ce sujet-là.

MARC FAUVELLE
L'épidémie justement, l'une des annonces d'Emmanuel MACRON hier soir, Gabriel ATTAL, c'est qu'à partir du 15 décembre le pass sanitaire des plus de 65 ans qui n'auront pas fait leur dose de rappel, la fameuse troisième dose pour la plupart d'entre eux, ce pass sanitaire sera désactivé. L'Académie de médecine, qui a été appelée à se prononcer il y a quelques jours sur cette question, a dit que ce serait une mesure de discrimination injustifiée. Vous n'avez pas tenu compte de son avis.

GABRIEL ATTAL
D'abord, on se saisit des autorités de santé…

MARC FAUVELLE
Mais pas de celle-là.

GABRIEL ATTAL
Egalement Haute Autorité de santé. Qu'il y ait d'autres institutions médicales qui s'expriment…

MARC FAUVELLE
La Haute Autorité de santé dit qu'elle n'a pas été saisie non plus sur cette question.

GABRIEL ATTAL
Il y a d'autres autorités de santé qui sont saisies.

MARC FAUVELLE
Lesquelles ?

GABRIEL ATTAL
Le comité vaccination qui est présidé par monsieur FISCHER par exemple. On l'a saisi depuis début de cette crise, s'agissant de la campagne de vaccination qui nous a toujours remis des avis, et qui sur ce point-là était convergent avec les décisions que nous avons prises. Pourquoi est-ce qu'on parle de cette campagne de rappel ? C'est très important de le dire parce que, grâce à la vaccination, on a érigé une muraille contre les formes graves du virus. On a 75% des Français qui sont complètement vaccinés. Il ne faut pas que cette muraille se fissure. Se fissure, ça veut dire qu'au bout de 6 mois environ selon les scientifiques, vous avez notamment pour les personnes les plus fragiles, une immunité qui est conférée par le vaccin qui diminue. Et donc il faut que les personnes restent évidemment protégées contre les formes graves d'où la nécessité de faire le rappel vaccinal.

MARC FAUVELLE
Mais le 15 décembre, vous mettez tout le monde sur le même plan. La personne qui n'aura eu aucune dose de vaccin, celle qui refuse par exemple le vaccin, et celle qui aura eu ses deux doses mais pas la troisième. C'est ce que dit l'Académie de médecine.

GABRIEL ATTAL
Le 15 décembre ce qu'on dit, c'est que pour les personnes qui auront eu leur deuxième dose, leur schéma vaccinal complet depuis 6 mois et 5 semaines, le pass se désactivera s'ils ne font pas leur dose de rappel. Mais encore une fois, oui, c'est une logique d'incitation mais surtout une logique…

MARC FAUVELLE
6 mois et 5 semaines.

GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ça. C'est ça.

MARC FAUVELLE
6 mois et 5 semaines après la deuxième dose, le pass se coupe automatiquement.

GABRIEL ATTAL
Si vous avez plus de 65 ans, que vous avez réalisé votre deuxième dose il y a 6 mois, vous avez 5 semaines pour réaliser votre rappel, faute de quoi le pass sanitaire sera désactivé.

MARC FAUVELLE
Pardon, c'est 5 semaines à partir d'aujourd'hui ou c'est 5 semaines à partir de…

GABRIEL ATTAL
C'est 5 semaines à partir des 6 mois qui suivent votre deuxième dose. Je vais essayer d'être très clair.

MARC FAUVELLE
Oui.

SALHIA BRAKHLIA
Donc concrètement le 15 décembre, il peut y avoir de nombreuses personnes qui arrivent au bout de ces 6 mois et 5 semaines après leur deuxième ou leur première injection.

GABRIEL ATTAL
Absolument. C'est le 15 décembre que le pass sanitaire sera désactivé pour les personnes de plus de 65 ans qui ont réalisé leur deuxième dose il y a plus de 6 mois et 5 semaines, et qui n'ont pas fait leur rappel.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'elles seront prévenues bien avant ? Parce qu'arrivées au restaurant, elles se rendent compte que le pass sanitaire n'est plus actif sans savoir combien de temps s'est écoulé avant la dernière injection…

MARC FAUVELLE
Si c'est le restaurant encore, on doit pouvoir s'en remettre. Si c'est pour un voyage, c'est un peu plus compliqué quand on arrive dans une gare ou un aéroport.

GABRIEL ATTAL
Et c'était précisément pour ça que c'était important que le Président s'exprime, qu'il s'exprime à une heure de grande écoute. Moi ce que je constate, c'est qu'autour de l'allocution du Président, que ce soit un peu avant quand cette allocution avait été annoncée ou ensuite, vous avez de très nombreux Français qui ont pris rendez-vous pour leur rappel. Quasiment un demi-million si on fait la somme. Voilà, on voit pourquoi c'était important que le Président s'exprime et qu'il le fasse à un moment où les Français…

SALHIA BRAKHLIA
Mais elles ne seront pas prévenues donc avant.

GABRIEL ATTAL
Si, si, bien sûr. Vous avez des alertes qui vous rappellent que c'est important de faire le rappel. Par ailleurs on mobilise aussi l'assurance maladie parce que, quand on parle des personnes fragiles, il y a évidemment les personnes de plus de 65 ans, mais vous avez aussi les personnes qui ont ce qu'on appelle une comorbidité. Alors quand on parle de comorbidité comme ça, ce n'est jamais très clair, mais on parle des personnes qui ont une maladie qui les rend plus fragiles vis-à-vis de l'épidémie et des formes graves. Je pense aux personnes qui souffrent, d'obésité, qui souffrent de maladies cardiovasculaires, qui souffrent de maladies respiratoires.

MARC FAUVELLE
Pour elles vous confirmez, parce qu'Emmanuel MACRON n'a pas été très clair sur ce point, qu'elles ne seront pas concernées par la suspension du pass sanitaire.

GABRIEL ATTAL
Oui, je vous le confirme.

MARC FAUVELLE
Pour quelle raison ?

GABRIEL ATTAL
Notamment pour des raisons, à la fois des raisons juridiques et techniques, des personnes qui souffrent d'obésité ou une maladie cardiovasculaire…

SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas écrit dans le pass, ça.

GABRIEL ATTAL
Evidemment. Le pass, il connaît votre âge, il ne connaît pas vos pathologies etc. Mais je veux dire, c'est très important que ces personnes qui, encore une fois, sont plus fragiles vis-à-vis des formes graves que les autres, fassent leur rappel de vaccination.

SALHIA BRAKHLIA
La campagne de rappel pour les 50-64 ans débutera, elle, début décembre. À partir de quand ces personnes pourront prendre rendez-vous ?

GABRIEL ATTAL
Les personnes pourront se faire vacciner à partir de début décembre. On a là aussi saisi les autorités de santé pour confirmer ce point, et donc pourront prendre rendez-vous à ce moment-là ou un peu avant. En tout cas, il ne pourra pas y avoir d'injection avant le début du mois de décembre, avant le 1er décembre.

SALHIA BRAKHLIA
Et pour eux, le pass sanitaire aussi sera suspendu si elles ne font pas cette dose de rappel à l'horizon, je ne sais pas moi, janvier-février ?

GABRIEL ATTAL
Alors ça n'a pas été dit par Président hier. Ce que vous aurez constaté, c'est qu'on parle des plus de 65 ans et, je vais vous dire, on a toujours fonctionné d'abord sur la confiance et sur la responsabilité des Français.

MARC FAUVELLE
D'abord.

GABRIEL ATTAL
La campagne de rappel vaccinal pour les plus de 65 ans, elle a démarré à la fin de l'été. D'ailleurs je crois qu'il y a quasiment 70% des plus de 65 ans qui ont fait leur rappel aujourd'hui. Il faut évidemment qu'ils continuent à le faire. À un moment, on passe effectivement à un stade qui est davantage de l'incitation avec le pass sanitaire. Donc il y aurait une logique à ce qu'à un moment donné, ce soit le cas pour les autres publics auxquels le rappel vaccinal est ouvert, mais ça n'a pas été décidé à ce stade.

SALHIA BRAKHLIA
Donc les 50-64 ans.

GABRIEL ATTAL
Ça n'a pas été décidé à ce stade. (…)

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que la troisième dose, la dose de rappel, va bientôt être obligatoire aussi pour les soignants ?

GABRIEL ATTAL
Là aussi, vous avez vu qu'il n'y a pas eu d'annonce en ce sens. Encore une fois, les soignants font partie des publics auxquels le rappel s'adresse. Ils peuvent le faire, c'est d'ailleurs important qu'ils le fassent. Ils sont exposés à des personnes qui sont fragiles, ils les soignent et puis ils peuvent eux-mêmes être exposés à la Covid, des fois ils sont au contact de personnes malades.

SALHIA BRAKHLIA
Donc peu importe leur âge, ils doivent faire une dose de rappel le plus vite possible.

GABRIEL ATTAL
En tout cas, le rappel leur a été ouvert. Olivier VERAN l'avait annoncé. Evidemment, on encourage ceux pour qui le rappel est ouvert à l'autre.

MARC FAUVELLE
À l'école bien, Gabriel ATTAL, vous souhaitiez que les chefs d'établissements, c'est-à-dire au collège et au lycée, puissent avoir accès au statut vaccinal des adolescents. Ce ne sera pas le cas, le Conseil constitutionnel a censuré hier cette mesure. Est-ce que vous allez la rétablir sous une autre forme ou est-ce que vous dites : "on a entendu ce que disent les Sages, on ne le fera pas" ?

GABRIEL ATTAL
Non, la mesure a été censurée. Maintenant moi je veux rappeler pourquoi est-ce qu'on avait proposé cette mesure au Parlement, et pourquoi d'ailleurs le Parlement l'avait adoptée : parce qu'on expérimente actuellement dans un certain nombre d'établissements un nouveau modèle de gestion de l'épidémie avec le souhait, quand il y a un cas positif, de ne pas fermer toute la classe et donc d'avoir la possibilité que la classe se poursuive avec les élèves vaccinés. Ce qui nécessite de savoir les élèves qui sont vaccinés parce que sinon c'est du déclaratif et donc évidemment, en termes sanitaires, il y a moins de certitudes.

MARC FAUVELLE
Donc ça remet en cause cette nouvelle règle.

GABRIEL ATTAL
Je ne dis pas ça. L'expérimentation, elle se poursuit mais au moment de la question de la généralisation, évidemment que le fait que les chefs d'établissement ne pourront pas connaître la liste des élèves qui sont vaccinés, évidemment que la question se posera.

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, un mot de la prolongation du pass sanitaire jusqu'à l'été prochain qui en inquiète certains dans l'opposition et surtout Eric ZEMMOUR, qui ne se dit pas encore officiellement candidat à l'élection présidentielle, mais il craint qu'il faille un pass sanitaire pour aller voter en avril prochain. Il dit que vous préparez une entourloupe aux Français. Qu'est-ce que vous lui répondez ?

GABRIEL ATTAL
Sur ce point, j'ai été très clair. J'ai été interrogé à plusieurs reprises sur ce sujet. Non, il n'y aura pas de pass sanitaire demandé pour aller voter. Je pense d'ailleurs que ce ne serait même pas constitutionnel. Les choses là-dessus… Encore une fois, moi j'ai eu la question 3 ou 4 fois, à chaque fois je le dis et je le redis : je comprends que la question puisse être posée, je comprends que les gens se posent la question et donc je vous redis le plus clairement possible non. Et encore une fois, ce qui a été prolongé ça n'est pas le pass sanitaire jusqu'en juillet prochain, c'est la possibilité d'y recourir. Dès qu'on pourra s'en débarrasser et qu'on pourra alléger les mesures, évidemment qu'on le fera. Et d'ailleurs, on l'a fait à chaque fois depuis le début de cette épidémie, depuis le début de cette crise il y a 18 mois : à chaque fois qu'on pouvait alléger des mesures, qu'on pouvait se débarrasser d'un certain nombre de contraintes, on le faisait. Maintenant il faut être responsable. Moi je veux redire que le pass sanitaire, c'est ce qui nous permet quand même aujourd'hui en France d'avoir un taux de couverture vaccinale, un nombre de personnes vaccinées quasiment inégalé ailleurs en Europe. Regardez ce qui se passe en Allemagne : vous avez une augmentation du taux d'incidence qui est extrêmement forte, qui est particulièrement inquiétante dans un certain nombre de régions. Il se trouve en plus que ce sont des régions où le taux de couverture vaccinale est extrêmement faible. Pour certaines régions, on parle de 57-58% de personnes complètement protégées. En France on est à 75%, donc c'est une chance que d'avoir ce taux de couverture vaccinale et on le doit notamment au pass sanitaire dont je rappelle que dans la vie quotidienne des Français quand même aujourd'hui, il s'est installé comme un outil assez simple à utiliser. Je veux dire les restaurateurs le disent, les gestionnaires de théâtre et de cinéma le disent, les Français le disent. Ça ne veut pas dire qu'il faut s'y habituer et qu'on va le garder ad vitam eternam ; ça veut dire que c'est malheureusement une contrainte mais qui est quand même nettement moins forte que de devoir fermer des établissements, mettre en place un couvre-feu ou un confinement. C'est ce qui nous permet d'éviter aussi de reprendre ces mesures dont les Français ne veulent plus.

MARC FAUVELLE
Justement en parlant du pass sanitaire et du masque, le masque à nouveau obligatoire dans toutes les écoles de France à partir de lundi. Il y avait une quarantaine de départements où les petits pouvaient s'en passer encore mais il y a une règle qui change en fonction des départements, celle sur l'usage du masque pour les adultes cette fois-ci lorsqu'on présente le pass sanitaire. Il y a des départements par exemple où lorsqu'on va au restaurant et qu'on présente le pass sanitaire, on peut enlever le masque tout le temps. Il y en a d'autres où il faut le garder. Est-ce qu'il ne faudrait pas là aussi une règle qui serait la même partout ? C'est-à-dire, si vous me passez l'expression, ceinture et bretelles, masque et pass sanitaire ?

GABRIEL ATTAL
J'entends la question que vous posez.

MARC FAUVELLE
Et quelle est la réponse ?

GABRIEL ATTAL
Effectivement il y avait à la fin juillet une décision qui avait été prise de donner la possibilité dans les établissements où le pass sanitaire est demandé de…

MARC FAUVELLE
Je vous pose la question parce que je pense que la plupart des auditeurs et des téléspectateurs - et moi-même pour avoir pour s'être posé la question hier soir avec Salhia en préparant cette interview - personne ne sait aujourd'hui quelle est la règle.

GABRIEL ATTAL
Non mais j'entends tout à fait ce que vous dites. Il n'y a pas eu de décision nouvelle en ce sens mais je le retiens et probablement que dans les prochains jours…

MARC FAUVELLE
Ne nous le mettez pas sur le dos si vous durcissez la règle. C'était juste une question.

GABRIEL ATTAL
Non, non. Mais j'entends parfaitement, au moins pour rappeler la règle, j'entends parfaitement qu'il y ait des incompréhensions sur le sujet.

SALHIA BRAKHLIA
Gabriel ATTAL, hier Emmanuel MACRON a regretté que trop d'offres d'emploi restaient dépourvues alors qu'on compte 3 millions de chômeurs dans le pays, jusqu'à 6 même. Il a alors rappelé que les demandeurs d'emploi qui ne démontreront pas une recherche active seront suspendus. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il va y avoir plus de contrôles ?

GABRIEL ATTAL
D'abord le Président, il a rappelé que depuis le début de ce quinquennat, on a une boussole : c'est le travail. Faire en sorte que les Français puissent travailler et vivre dignement de leur travail, ce qui nous a amené à prendre des mesures pour revaloriser le travail, avec notamment la hausse de la prime d'activité au niveau du SMIC, avec la défiscalisation des heures supplémentaires, avec l'exonération des cotisations.

SALHIA BRAKHLIA
Il a rappelé tout ça hier.

GABRIEL ATTAL
Oui, mais je trouve que c'est important de le rappeler. Pour une personne qui est au Smic, c'est l'équivalent d'un 13ème mois et d'un quasi 14ème mois grâce à toutes ces mesures de pouvoir d'achat, de rémunération du travail qui ont été prises. Et favoriser le travail effectivement, c'est aussi inciter à la reprise d'activité. D'où la réforme de l'assurance chômage qui se met en œuvre : il y a une première étape qui a été mise en œuvre au 1er octobre ,il y a une nouvelle étape qui va s'appliquer à partir du 1er décembre et, effectivement, ce qu'a annoncé le président de la République hier c'est que nous allions accroître les contrôles pour garantir qu'il y a bien des recherches actives d'emploi notamment dans les secteurs en tension, c'est-à-dire les secteurs où il y a beaucoup d'emplois non-pourvus, où les chefs d'entreprise vous disent qu'ils ont du mal à recruter. Ça vaut pour la restauration, le BTP, certains services, l'industrie aussi où vous voyez aujourd'hui des chefs d'entreprise qui vous disent : "je n'arrive pas à recruter. J'ai des emplois disponibles, je n'arrive pas recruter. Ça me freine d'ailleurs dans ma reprise d'activité".

SALHIA BRAKHLIA
Ça veut dire qu'il y aura plus de contrôles dans ces domaines-là en particulier pour ceux qui recherchent des emplois dans ces domaines-là ?

GABRIEL ATTAL
Absolument. Ça veut dire qu'on va augmenter les contrôles. Alors pour être très clair, on avait déjà augmenté les contrôles. Ils ont été quasiment triplés depuis 2017. On a augmenté pour ça les moyens de Pôle Emploi et on va continuer à les augmenter. C'est-à-dire que dans les 6 prochains mois, les contrôles vont augmenter d'environ 25%. Il y aura 25% de contrôles en plus par les services de Pôle emploi.

MARC FAUVELLE
Ce sont les conseillers de Pôle emploi qui vont faire ces contrôles en plus ?

GABRIEL ATTAL
Oui, c'est pour ça qu'on a renforcé leurs effectifs depuis 2017.

MARC FAUVELLE
25% de contrôles en plus dans les 6 mois.

GABRIEL ATTAL
Dans les 6 prochains mois, absolument.

MARC FAUVELLE
Vous avez une idée du nombre de chômeurs qui aujourd'hui ne cherchent pas de boulot ?

GABRIEL ATTAL
Non. Ce que je peux vous dire, c'est que sur 100 contrôles qui sont réalisés aujourd'hui, il y a environ 14 – c'est une moyenne - 14 personnes à qui on fait un message, un avertissement ou à qui on est amené à suspendre les allocations au moins pendant un certain temps pour qu'elles témoignent d'une recherche active d'emploi.

SALHIA BRAKHLIA
On suspend pendant combien de temps ?

GABRIEL ATTAL
C'est gradué. C'est, je crois, le premier avertissement ça peut être un mois, ensuite ça peut être 2 mois, 4 mois.

SALHIA BRAKHLIA
Parce que suspension, qu'on soit bien clair, c'est une radiation donc il n'y a plus de revenus.

GABRIEL ATTAL
Non. Enfin la suspension, ça veut dire que vous ne touchez pas vos allocations chômage pendant une période donnée. Encore une fois ça va d'un mois à 4 mois selon que vous en êtes au premier avertissement, deuxième, troisième. Et puis ça peut aller à l'extrême jusqu'à la radiation ; dans ces cas-là effectivement, vous êtes radié de Pôle emploi.

MARC FAUVELLE
L'autre annonce faite hier soir par le chef de l'État, Gabriel ATTAL, c'est que la France va relancer le nucléaire. Pour être honnête, on le sentait un tout petit peu au travers des derniers discours du chef de l'État et des différents ministres, mais Emmanuel MACRON n'a pas précisé de quel réacteur il s'agirait. Ce sera des EPR, c'est ce qu'il souhaite ? Et est-ce que la décision sera irrévocable avant l'élection présidentielle ou est-ce qu'on ne fait qu'annoncer ça et on laisse ça au futur locataire de l'Elysée ?

GABRIEL ATTAL
Il aura l'occasion, le président, de s'exprimer dans les prochaines semaines sur ce sujet-là, pour donner des précisions à la fois d'ordre technique, le type de réacteur et puis de calendrier. Mais vous dites : "on l'avait senti venir" ; pourquoi est-ce que vous l'avez senti venir ?

MARC FAUVELLE
Parce que le gouvernement le dit ces derniers mois, oui.

GABRIEL ATTAL
Notamment parce qu'il y a un rapport très important qui a été remis ces dernières semaines par RTE, qu'on a commandé en 2019. Pourquoi ? Parce que 2019, c'est le moment où on a gravé dans la loi le fait qu'on voulait atteindre la neutralité carbone en 2050, ce qui est très important. Les Français veulent lutter contre le réchauffement climatique, on veut lutter contre le réchauffement climatique donc on s'est fixé cet objectif d'atteindre la neutralité carbone en 2050.

SALHIA BRAKHLIA
Sauf que là, Gabriel ATTAL, Emmanuel MACRON engage la France sur plusieurs années…

GABRIEL ATTAL
Non mais ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la consommation plusieurs va augmenter, ça veut dire qu'elle va nettement augmenter. C'est estimé d'ailleurs par les études de l'ordre de quasiment + 35% d'ici à 2050. Parce qu'on électrifié les usages, parce qu'on va se chauffer davantage en utilisant l'électricité, parce qu'on va utiliser l'électricité pour notre mobilité, dans l'industrie.

SALHIA BRAKHLIA
Et cette décision, on n'aurait pas pu attendre la présidentielle, le débat de la présidentielle ? Il le fait pour les retraites et pas pour l'énergie, pour le nucléaire.

GABRIEL ATTAL
Non mais ce que je vous dis, c'est que c'est un travail qui a été engagé depuis 2019.

MARC FAUVELLE
Mais ça ne liera pas les mains du prochain président, ce qu'annonce aujourd'hui Emmanuel MACRON.

GABRIEL ATTAL
Par définition quand vous êtes président de la République, vous avez une majorité, vous pouvez prendre un certain nombre de décisions. Relancer un programme de nucléaire par ailleurs, ça se fait sur un horizon de temps qui est quand même assez…

MARC FAUVELLE
Ça ne se fait pas en cinq mois, donc il ne se passera rien avant la présidentielle.

GABRIEL ATTAL
Ce qui est important, c'est de lancer dès maintenant cette relance du programme nucléaire.

MARC FAUVELLE
À condition d'être réélu.

GABRIEL ATTAL
Et parce qu'encore une fois, il faut que les Français puisent se chauffer et puissent allumer la lumière chez eux à horizon 2035 ou 2050. Je veux dire aujourd'hui la question, elle se pose, je le dis. C'est pour ça d'ailleurs qu'on ne relance pas que le nucléaire. On veut aussi investir sur les énergies renouvelables parce que ça, pour le coup, ça se fait plus rapidement. Les énergies renouvelables, vous pouvez installer un mât d'éolienne, vous pouvez installer une centrale photovoltaïque, vous pouvez installer l'hydroélectricité plus rapidement que de construire une centrale nucléaire. Il faut investir sur tout, parce que notre consommation d'électricité va très fortement augmenter, et ceux qui vous expliquent qu'on pourrait faire sans le nucléaire ou qu'on pourrait faire sans les énergies renouvelables, ils vous disent une chose : c'est que si on veut pouvoir continuer à se chauffer, à se déplacer, à allumer la lumière dans les années qui viennent, il faudra soit relancer les centrales à charbon - on ne veut pas, on en sort du charbon en France - soit se chauffer à la bougie ou s'éclairer à la bougie - on n'en veut pas non plus. Et donc il faut augmenter nos capacités d'électricité, ça passe par le nucléaire et ça passe par les énergies renouvelables. (…)

MARC FAUVELLE
Toujours avec le porte-parole du gouvernement Gabriel ATTAL, le gouvernement qui a prévu de taxer les mutuelles à hauteur de 500 millions d'euros dans le budget qui est examiné aujourd'hui, est-ce que vous ne pensez pas tout simplement que si les mutuelles acceptent cette taxe, elles vont les répercuter sur les Français et leur cotisation ?

GABRIEL ATTAL
Pardon pour être très précis sur les mutuelles, ce sont les sénateurs qui proposent une taxe dans le cadre du budget de la Sécurité sociale, ce qui n'est pas l'intention du gouvernement. Il y a eu une taxation exceptionnelle sur les mutuelles en 2020, pourquoi, parce qu'elles avaient fait énormément d'économies puisque la Sécurité sociale a tout pris en charge s'agissant du Covid, qu'elles ont eu moins de dépenses. Et là les sénateurs, donc je rappelle, c'est les LR, veulent une taxation exceptionnelle de 500 millions d'euros sur les mutuelles. On ne s'est pas engagé dans cette voie pourquoi, précisément pour la raison que vous avez évoqué parce que on voit bien que ça pourrait être…

MARC FAUVELLE
Donc les mutuelles n'ont aucune raison de s'inquiéter aujourd'hui ça ne sera pas repris par le gouvernement ?

GABRIEL ATTAL
Non, ça a déjà été dit par le gouvernement parce que ça pourrait être utilisé par certaines mutuelles pour dire, à ce moment-là on va augmenter les cotisations et les tarifs pour nos assurés et ça on n'en veut pas, voilà. Elles ont déjà lancé des augmentations. Nous ce qu'on leur demande c'est de ne pas procéder à ces augmentations, je le redis et donc c'est pour ça qu'on ne s'est pas engagé dans cette voie.

SALHIA BRAKHLIA
Un mot sur une déclaration qui a fait la polémique cette semaine, celle d'Arnaud MONTEBOURG qui voulait donc frapper au portefeuille les pays qui ne voulaient pas récupérer leurs ressortissants qui faisaient l'objet d'une obligation de quitter le territoire français, vous au gouvernement vous avez choisi plutôt de réduire les visas de 50% pour les personnes qui viennent du Maghreb, est-ce que ça marche ?

GABRIEL ATTAL
Ça a été mis en place il y a assez peu de temps.

SALHIA BRAKHLIA
Ça fait plus d'un mois.

GABRIEL ATTAL
Oui un peu plus d'un mois.

SALHIA BRAKHLIA
Est-ce qu'ils ont repris leurs ressortissants ?

GABRIEL ATTAL
Je peux vous dire qu'en tout cas il y a des discussions diplomatiques qui ont repris à très haut niveau et de manière très dense.

MARC FAUVELLE
Ah bon parce que le président algérien dit que…

SALHIA BRAKHLIA
Il ne décroche pas le téléphone.

MARC FAUVELLE
Il ne décroche pas le téléphone quand Emmanuel MACRON appelle.

GABRIEL ATTAL
Je peux vous dire qu'il y a beaucoup d'échanges entre les ministres, que le Premier ministre lui-même a eu un certain nombre de ses homologues au téléphone encore récemment, c'est une mesure qui a été prise il y a un peu plus d'un mois. On a commencé à avoir des résultats notamment avec la Tunisie. On a des laissez-passer consulaires qui ont été délivrés, plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines qui ont été délivrés depuis cette annonce, c'est vrai que ça reste compliqué avec l'Algérie que vous évoquiez ainsi qu'avec le Maroc, mais il y a un travail diplomatique qui se poursuit.

SALHIA BRAKHLIA
Emmanuel MACRON appelle souvent le président algérien qui ne décroche pas, il le dit même dans la presse le président algérien.

GABRIEL ATTAL
Je ne vais pas commenter ces propos, ce que je vous dis c'est qu'il y a évidemment un dialogue et des échanges diplomatiques qui ont lieu et encore une fois notre objectif c'est quoi, c'est tout simplement de faire respecter nos règles, on l'a toujours dit. On veut faire respecter nos règles migratoires. Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire que des personnes qui ont vocation à être accueillies en France notamment parce qu'elles sont persécutées dans leur pays, qu'elles bénéficient de l'asile, il faut qu'elles soient pleinement intégrées, c'est pour ça qu'on a augmenté le nombre…

MARC FAUVELLE
Pour le moment ça marche pour la Tunisie mais pas encore pour l'Algérie et le Maroc.

GABRIEL ATTAL
Pour des personnes qui n'ont pas vocation questions en France, il faut qu'elles soient expulsées, qu'elles soient reconduites dans leur pays d'origine et ça veut dire qu'il faut que les pays d'origine nous délivrent des laissez-passer consulaires, ce qui nous permet de les reconduire. Et c'est vrai que depuis la crise sanitaire on a vu des blocages avec plusieurs pays, notamment les pays du Maghreb, ce qui nous a amené d'abord à avoir des échanges diplomatiques avec eux pour leur demander de délivrer ces laissez-passer consulaires, les échanges diplomatiques étaient pas suffisant et donc on a pris cette mesure effectivement qui est une mesure difficile, mais qu'on assume de réduire les visas tant qu'il y aurait pas une coopération plus importante.

MARC FAUVELLE
On a appris il y a quelques jours Gabriel ATTAL que l'ex-français Sophie PETRONIN avait fait le choix de retourner vivre au Mali, pas dans la zone où elle a été prise en otage mais à un millier de kilomètres de là, dans une zone plus sûre semble-t-il, est-ce que vous le regrettez et est-ce qu'elle bénéficie aujourd'hui d'une protection de la part de la France ?

GABRIEL ATTAL
J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet, j'ai dit qu'évidemment on regrette ce choix. C'est un choix qui est irresponsable, mais à la fois pour elle. J'entends bien qu'elle n'est pas dans la région de Gao où elle avait été enlevée, elle est quand même dans un pays qui connaît des grandes difficultés d'insécurité importante, groupes terroristes et puis c'est aussi de l'insécurité pour nos soldats. Moi je veux quand même rappeler que quand on a un de nos ressortissants qui est fait prisonnier à l'étranger, qui est otage, qui va le chercher ? C'est nos soldats. On a dans des opérations pour aller récupérer des otages des soldats qui ont été tués en allant chercher des otages.

MARC FAUVELLE
Elle est protégée aujourd'hui par les forces françaises ?

GABRIEL ATTAL
Je n'ai pas d'information sur ce sujet-là.

SALHIA BRAKHLIA
Et vous lui demandez de revenir ?

GABRIEL ATTAL
Moi je ne veux pas rentrer dans un dialogue par la presse avec madame PETRONIN, j'ai eu à dire, ce que j'ai dit, je redis ce que j'ai dit.

SALHIA BRAKHLIA
Elle fait ce qu'elle veut maintenant.

GABRIEL ATTAL
Je redis que c'est irresponsable.

MARC FAUVELLE
Merci à vous Gabriel ATTAL, porte-parole du Gouvernement, bonne journée.

GABRIEL ATTAL
Merci beaucoup.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 22 novembre 2021