Interview de M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, à Sud Radio le 23 novembre 2021, sur l'épidémie de Covid-19, la crise sociale aux Antilles, la question du chlordécone et la situation des agriculteurs.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Julien DENORMANDIE !

JULIEN DENORMANDIE
Bonjour !

PATRICK ROGER
La contestation en Guadeloupe, le suicide des agriculteurs, la cohabitation ours / habitants dans les Pyrénées, la grippe aviaire, autant de sujets que nous allons aborder mais commençons tout de même par Jean CASTEX positif. Vous avez éternué, là, vous n'êtes pas positif, vous n'êtes pas cas contact ? Rassurez-moi parce qu'il y a quelques ministres qui étaient cas contact quand même !

JULIEN DENORMANDIE
Pour ma part, je ne suis pas cas contact.

PATRICK ROGER
Oui, et je le précise pour les auditeurs, il y a de la distance entre nous, quasiment en fait deux mètres. Est-ce que, au gouvernement, justement on s'est un peu relâché dernièrement dans les gestes barrières ? On garde ses distances ou pas puisque Jean CASTEX, ça a été personnel avec sa fille mais tout de même !

JULIEN DENORMANDIE
Mais je crois que cela montre surtout que nul n'est à l'abri de ce virus à l'évidence et qu'on voit bien qu'il y a parfois des relâchements sur les gestes barrières à l'évidence parce qu'on en a tous marre de ce virus, parce que ces gestes barrières, c'est contraignant et que parfois aussi, on se dit " je suis vacciné, je n'ai plus aucun risque " et en fait, ce n'est pas ça la vérité et donc il nous faut redoubler de vigilance parce que cette 5e vague est là, parce que le virus est toujours très présent, parce qu'on voit le nombre de contaminations qui augmente et donc nous devons collectivement rester sur nos gardes et continuer à faire l'ensemble de ses gestes barrières et ça vaut pour l'ensemble de la population, absolument l'ensemble !

PATRICK ROGER
Oui mais comment on va travailler, le gouvernement là avec Jean CASTEX à l'isolement ?

JULIEN DENORMANDIE
Nous avons déjà eu l'occasion, si je puis dire, d'expérimenter cela puisqu'il y a déjà eu, y compris le Premier ministre qui avait été à l'époque cas contact et donc qui était à l'isolement …

PATRICK ROGER
A distance !

JULIEN DENORMANDIE
…à distance et nous avons les moyens, les moyens techniques pour continuer à travailler. Le Premier ministre est à l'isolement à Matignon mais continue de travailler évidemment par visio pour tenir des réunions mais le fonctionnement de l'Etat n'est en rien impacté à l'évidence.

PATRICK ROGER
Encore un mot, Julien DENORMANDIE, sur la menace de cette 5e vague, vous êtes le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, est-ce qu'il y a une menace sur le Salon de l'agriculture en lui-même qui aura lieu, qui est prévu au mois de février ?

JULIEN DENORMANDIE
Non, pour l'heure, le salon est confirmé, il se tiendra à la fin du mois de février, c'est un moment très important et nous ferons absolument tout pour qu'il puisse se tenir. Après nous sommes au mois de novembre, quelle sera la situation sanitaire au mois de février ?

PATRICK ROGER
Vous allez l'étudier dans les semaines qui viennent ?

JULIEN DENORMANDIE
Pour l'instant, on a donné le " go " si je puis dire, il y a quelques semaines pour la tenue du salon. Evidemment, on s'adaptera avec les conditions sanitaires mais on souhaite tous, absolument tous, que ce salon de l'agriculture puisse se tenir. Vous avez vu que l'égérie du salon a été identifiée et nommée il y a quelques jours, c'est une grande fête populaire, c'est un grand salon, une grande foire agricole que les Français attendent et nous ferons tout pour évidemment qu'elle puisse se tenir et la situation sanitaire fera que nous adapterons au fur et à mesure.

PATRICK ROGER
Bon, la contestation en Guadeloupe. Comment le gouvernement fait redescendre la pression sur l'île qui s'est d'ailleurs étendue, cette contestation, hier à la Martinique ?

JULIEN DENORMANDIE
Je crois que les paroles du Premier ministre étaient hier soir très claires : d'abord, une condamnation ferme des violences et je crois qu'il faut le dire, le rappeler, la priorité des priorités, c'est le rétablissement de l'ordre républicain ; c'est d'ailleurs ce que demandent les Guadeloupéennes, les Guadeloupéens qui évidemment aspirent à ce retour de l'ordre républicain, c'est l'action que fait le gouvernement. Et en même temps, hier, le Premier ministre a bien indiqué la nécessaire discussion, la nécessaire concertation sur ce qu'un certain nombre de personnes …

PATRICK ROGER
Ressentent …

JULIEN DENORMANDIE
…ou ressentent, c'est-à-dire le la question de cette vaccination mais il faut qu'on on en ait tous conscience !

PATRICK ROGER
Mais il n'y a pas que ça, Julien DENORMANDIE !

JULIEN DENORMANDIE
Non mais ce point est très important. Il faut vraiment qu'on ait tous conscience que notre seule arme efficace contre le virus, c'est cette vaccination et c'est vrai sur tous les territoires de la République !

PATRICK ROGER
Même si ça n'empêche pas d'être contaminé par ailleurs, on le voit avec Jean CASTEX bien sûr !

JULIEN DENORMANDIE
Mais ça, tout le monde le sait même si ça n'empêche pas cela, même si ces vaccins diminuent fortement cette probabilité et en même temps diminuent fortement, si vous vous l'attrapez quand même, la probabilité d'avoir une forme grave et toutes les études scientifiques le montrent, on sait bien que la seule façon de se sortir face à ce virus, c'est la vaccination.

PATRICK ROGER
Est-ce qu'il n'y a pas une défiance aussi des Antillais envers les autorités sanitaires, notamment depuis le scandale du chlordécone ? On rappelle, c'est un pesticide qui a été utilisé dans les bananeraies. Où en est-on d'ailleurs parce que vous deviez reconnaître le cancer de la prostate qui est issu en fait de ça ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est fait.

PATRICK ROGER
C'est fait ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est fait. Il y a eu un gros travail, d'ailleurs j'insiste sur le fait que le président de la République est l'un des premiers présidents à avoir mis ce sujet du chlordécone sur la table.

PATRICK ROGER
Mais le décret est passé, je ne suis pas sûr ! Si ?

JULIEN DENORMANDIE
Je ne rentre pas sur la technicité !

PATRICK ROGER
Ah tout de même, c'est important !

JULIEN DENORMANDIE
En fait, l'instance scientifique et sanitaire qui devait le valider vient de le valider et donc maintenant, c'est une formalité que de passer les textes réglementaires. Mais c'est une formalité !

PATRICK ROGER
Donc le décret d'ici la fin de l'année, on peut l'annoncer aux Antillais ?

JULIEN DENORMANDIE
Oui, enfin, ça a déjà été annoncé, ils le savent. Ce qui était l'étape nécessaire, c'est-à-dire la reconnaissance scientifique pour ce qu'on appelle inclure ce facteur dans le tableau des maladies professionnelles, a été faite, a été actée et donc aujourd'hui, j'en ai pris l'engagement. Nous prendrons ce décret conformément à cet avis sanitaire …

PATRICK ROGER
D'ici la fin de l'année !

JULIEN DENORMANDIE
Dans les quelques semaines oui !

PATRICK ROGER
Dans les quelques semaines !

JULIEN DENORMANDIE
Mais ce qui est sûr, c'est je le redis, le président de la République est l'un des premiers présidents à avoir mis ce sujet du chlordécone sur la table en disant que l'Etat devait prendre sa part de responsabilité. Les mots étaient importants et devaient également prendre sa part dans les réparations et c'est ce que nous faisons avec des financements importants qui sont dédiés.

PATRICK ROGER
Venons-en, Julien DENORMANDIE, à la situation des agriculteurs ; vous présentez aujourd'hui une feuille de route sur l'accompagnement de ces agriculteurs en situation de détresse qui conduit parfois au suicide de ces agriculteurs, quelle est la situation aujourd'hui ? Est-ce qu'il y a une surreprésentation toujours du nombre de suicides des agriculteurs par rapport à d'autres professions ?

JULIEN DENORMANDIE
Oui, le constat, il est dramatique c'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a une surmortalité par suicide dans les exploitations agricoles et c'est un constat qui nous oblige, c'est des drames familiaux, c'est des drames humains, c'est des drames sur notre territoire. Et donc ce constat, il nous oblige, il nous oblige à faire quoi ? Il nous oblige à prendre des mesures beaucoup plus fortes que jusqu'à présent pour prévenir ces situations de détresse et pour accompagner quand détresse il y a.

PATRICK ROGER
Alors, c'est quoi, ces mesures beaucoup plus fortes ?

JULIEN DENORMANDIE
Il y a d'abord des mesures ambitieuses sur le fond et des moyens importants qui sont dédiés. Les moyens importants qui sont dédiés, c'est une augmentation de 40% de l'ensemble des dispositifs financiers existants dès le début de l'année 2022, donc dès maintenant, plus 40%.

PATRICK ROGER
Plus 40% sur quoi, alors, précisément parce que là, on n'a pas bien compris ?

JULIEN DENORMANDIE
C'est des aides d'accompagnement, je vous donne un exemple. Votre situation …

PATRICK ROGER
Pour des agriculteurs qui sont en situation de détresse ?

JULIEN DENORMANDIE
Qui sont en situation, vous avez une exploitation agricole qui va mal, vous devez d'abord avoir un accompagnement. Cet accompagnement, il peut coûter cher pour faire, par exemple, un audit économique, eh bien, l'Etat va venir financer cela. Ensuite, vous avez besoin de fonds ou d'appui économique pour redresser votre exploitation ; il y a des dispositifs qui existent, on vient les renforcer, on vient même de les doubler. Ensuite, vous avez un point très important pour un agriculteur, c'est parfois, quand vous allez mal, avoir la possibilité de prendre un peu de temps, de recul ; c'est ce qu'on appelle l'aide au répit, cette aide au répit, on va significativement la renforcer. Et donc il y a d'abord tout un volet, des outils d'accompagnement pour, quand vous avez identifié une détresse, vous puissiez y apporter des solutions et puis après …

PATRICK ROGER
Notamment sur un plan psychologique parce que là, vous avez abordé l'aspect financier mais bien souvent, ces agriculteurs disent qu'ils ont des portes fermées ou des " portes froides " si je puis dire aussi de l'administration.

JULIEN DENORMANDIE
Et voilà et ça, c'est le deuxième axe de ce plan très important, c'est de remettre l'humain au centre de tout parce qu'aujourd'hui, qu'est-ce qu'on constate sur les territoires ? C'est que vous avez beaucoup d'acteurs qui font des actions, pour accompagner, pour prévenir ces situations mais parfois, vous avez des silos, parfois on oublie qu'à la fin des fins des fins …

PATRICK ROGER
Des silos, c'est-à-dire chacun dans son …

JULIEN DENORMANDIE
Vous avez ceux qui vont piloter la politique économique, ceux qui vont piloter la politique sociale, ceux qui vont piloter la politique médico-psychologique, ceux qui vont piloter la politique administrative. Et donc il faut remettre l'humain au centre de tout et c'est ce qu'on fait dans ce plan, c'est le deuxième axe, c'est mettre beaucoup plus d'humanisation dans l'ensemble des démarches. Je vous donne un exemple, quand vous êtes agriculteur et que vous allez mal, vous recevez souvent plein de courriers de créances, vos créanciers qui vous demandent des remboursements. Parfois, ces courriers c'est pour quelques euros et quel est le comportement – c'est d'ailleurs un des signaux faibles – qu'on constate ? C'est que l'agriculteur, il n'ouvre plus les courriers et quand vous êtes justement ce réseau qu'on est en train de renforcer qui vient à l'écoute des agriculteurs, l'un des moments où vous vous dites " ça va très mal ", c'est quand vous voyez la pile de courriers non ouverts !

PATRICK ROGER
Et ça, qui peut s'en apercevoir ? C'est le facteur justement ?

JULIEN DENORMANDIE
Je termine juste ça sur le volet humain, c'est-à-dire … est-ce qu'il est justifié quand vous savez qu'il y a une situation, quand vous pouvez avoir les moyens d'identifier qu'il y a une situation difficile, changer ces comportements ? Et là on a des engagements pris à la fois par la Mutualité sociale agricole, à la fois par les institutions financières, les banques, par les assureurs pour remettre beaucoup plus d'humain dans des démarches qui se sont automatisées. Et puis, le troisième volet, c'est le " aller vers ". Aujourd'hui, il y a énormément d'acteurs – je voudrais vraiment les saluer – qui œuvrent pour lutter contre ces situations de détresse. Vous avez la MSA, la Mutualité sociale agricole, vous avez des associations vous avez les Chambres d'agriculture, la coopération agricole. Vous avez un dispositif très important qui est " Agri'écoute ", je vais mal, je peux appeler un numéro de téléphone. La réalité, c'est quand vous avez une politique sociale, il faut faire du " aller vers ". Si moi, je vous dis, " Patrick ROGER vous allez mal, si un jour vous allez mal, appelez un numéro de téléphone ", c'est bien mais parfois quand vous allez mal, c'est difficile de prendre votre combiné de téléphone. Et donc on va créer, on va renforcer un réseau qui s'appelle Les Sentinelles qui peut être les voisins, les élus locaux, les facteurs, les banquiers, les spécialistes de la profession agricole pour être formés à ces signaux faibles, aller vers les agriculteurs et leur dire quand j'ai détecté une situation où ça va mal, eh bien, à ce moment-là, je vais vous mettre dans les mains des professionnels pour vous accompagner, c'est ce qu'on appelle le réseau Sentinelles. On va le renforcer et je crois que c'est là aussi un élément très important !

PATRICK ROGER
Bon avant d'aller mal, on ne va pas refaire effectivement la politique agricole mais souvent, ils disent, les agriculteurs, " je veux vivre aussi de ma production " et là, il y a ces problèmes en fait de commerce mondial, européen de la concurrence. Qu'est-ce que vous pouvez leur faire passer comme message ? Est-ce que vous les défendez vraiment ?

JULIEN DENORMANDIE
Oui et vous savez, ça montre que je connais particulièrement bien et je le fais avec toute l'énergie qui est la mienne mais vous savez, quand vous êtes dans une situation de détresse, il y a évidemment plusieurs facteurs, mais enfin il y a quand même deux facteurs qui reviennent beaucoup, c'est la rémunération et la considération. Cette rémunération et cette considération …

PATRICK ROGER
Ah oui, il y a de l'agri bashing en permanence aussi !

JULIEN DENORMANDIE
Voilà, cette rémunération, cette considération, elles sont extrêmement importantes et je crois que chacun d'entre nous a d'ailleurs son rôle à jouer. La rémunération, moi, je le dis très clairement à tous ceux qui nous écoutent, en tant que consommateur, vous savez, on demande de plus en plus de produits qui respectent l'environnement, qui respectent la nutrition etc., et parfois, quand on est consommateur et quand on en a les moyens, on ne fait pas le choix de ces produits, pas toujours. Le meilleur moyen de croire dans notre agriculture, d'aider nos agriculteurs, c'est de consommer local.

PATRICK ROGER
Oui.

JULIEN DENORMANDIE
Et moi mon rôle, c'est une nouvelle loi qui vient d'être passée d'ailleurs, une loi profondément de régulation, c'est de dire : si vous consommateurs, vous faites le choix d'acheter local moi la nouvelle loi que j'ai passée, elle s'assure que l'argent que vous avez dépensé ne reste pas dans les poches de la " grande distrib' " ou des industriels mais soit bien rétrocédé à l'agriculteur. Et c'est ça, ce pacte de société qu'on doit faire !

PATRICK ROGER
Julien DENORMANDIE, un mot aussi parce que l'année 2021 a été marquée beaucoup évidemment par des épisodes climatiques assez difficiles, vous devez revoir l'assurance récolte pour les agriculteurs. Quel en est le principe et quand est-ce que ça va être opérationnel ?

JULIEN DENORMANDIE
Le principe, c'est assez simple, c'est prenez un jeune agriculteur qui s'installe, d'abord, il achète l'exploitation, c'est plusieurs centaines de milliers d'euros et après, pendant les 2 3, 4,5 années suivantes, il ne sait pas s'il ne va pas prendre un épisode de grêle, de gel, de canicule et donc pas de rémunération et aujourd'hui, le système de prendre une assurance comme vous le faites pour votre habitation, votre voiture n'est pas adapté parce que c'est trop cher, parce que ça ne couvre pas assez. Et donc on a fait une grande réforme qui revoit totalement ce système assurantiel, qui fait jouer d'ailleurs la solidarité nationale qui existe, par exemple, sur le volet de l'habitation, qui n'existait pas dans le domaine agricole. Donc on rentre avec une solidarité nationale pour venir aider nos agriculteurs et le principe, il est assez simple, c'est de donner accès à une assurance qui me permet de me couvrir contre les risques climatiques. On le fait très vite puisque je présenterai ce projet de loi dès mercredi prochain – enfin pas demain mais dans dix jours – …

PATRICK ROGER
Dans une semaine !

JULIEN DENORMANDIE
Dans une semaine, en conseil des ministres ; il sera ensuite, ce projet de loi, présenté à l'Assemblée nationale à la mi-janvier et puis au Sénat quelques jours après pour que puisse être adopté …

PATRICK ROGER
Donc ça va être une garantie en quelque sorte aussi pour les agriculteurs.

JULIEN DENORMANDIE
C'est une assurance. C'est une assurance contre les risques climatiques.

PATRICK ROGER
Julien DENORMANDIE, il nous reste en fait une minute. Un mot quand même aussi sur ce qui s'est passé dans les Pyrénées avec l'ours et ce chasseur. Est-ce que vous êtes du côté des éleveurs qui, eux, craignent qu'il y ait davantage – et il y a en fait des incidents et des accidents avec les ours qui sont de plus en plus nombreux dans les Pyrénées ?

JULIEN DENORMANDIE
On a le même sujet avec les ours, avec les loups.

PATRICK ROGER
Oui avec les loups !

JULIEN DENORMANDIE
Et aujourd'hui, figurez-vous, avec les vautours et donc là moi, ma position, qui est celle du gouvernement et du président de la République, a toujours été très claire : il faut de la cohabitation. Mais la cohabitation, ça veut bien dire cohabitation, c'est-à-dire que ça peut pas être l'un et pas l'autre, c'est-à-dire que si le résultat, par exemple de la question du loup, c'est que demain vous n'avez plus d'éleveurs, ce n'est pas de la cohabitation.

PATRICK ROGER
Donc comment faire ?

JULIEN DENORMANDIE
Là, il faut avoir des mesures fortes de gestion de ces populations. Par exemple sur le loup, on sait qu'on avait un gros sujet qui est que les agriculteurs, les éleveurs, les gens des territoires disent : vous faites des prélèvements de loup – c'est vrai on fait des prélèvements de loup – mais on n'est pas d'accord sur le nombre de loups qu'il y a sur le territoire. Donc on ne part pas du même constat et à l'évidence, quand vous ne partez pas du même point de départ, vous n'avez pas beaucoup de chances d'arriver sur le même point d'arrivée et donc on a rouvert ce sujet pour se dire : on se met d'accord sur un territoire, c'est quoi véritablement la solution ? Et on adapte nos politiques …

PATRICK ROGER
C'est vrai. Alors, sur loups, vautours et les ours, est-ce qu'il y en a une soixantaine ? Est-ce que c'est trop dans les Pyrénées aujourd'hui ?

JULIEN DENORMANDIE
Alors, ce n'est pas à moi de dire en fonction du nombre !

PATRICK ROGER
Bah oui mais vous avez les éleveurs, Julien DENORMANDIE !

JULIEN DENORMANDIE
Non mais parce que encore une fois moi, je ne suis pas sur …je ne sais pas quel est le nombre idoine d'ours sur un territoire de montagne, excusez-moi ; en revanche, ce que je sais, c'est qu'il faut à chaque fois gérer cette cohabitation et il faut avoir à chaque fois une vision aussi en fonction des espèces quand vous avez des animaux qui ont des comportements déviants, très important. Et donc moi mon rôle, il est celui-là, c'est d'avoir des politiques publiques qui à la fin permettent cette cohabitation : je suis très clair sur le loup ; sur l'ours, c'est un sujet un peu différent ; sur les vautours, on est en train de mettre en place une politique publique là-dessus.

PATRICK ROGER
Donc …de nouvelles concertations autour de l'ours, en fait, en conclusion ?

JULIEN DENORMANDIE
On n'arrête pas de le faire mais il faut à chaque fois …

PATRICK ROGER
Oui plus que jamais.

JULIEN DENORMANDIE
Mais il faut à chaque fois ces équilibres. Parce vous savez quand souvent, la réponse facile, c'est quoi ? C'est de dire à l'éleveur si jamais vous avez un loup ou un ours qui vient manger votre troupeau, ne vous inquiétez pas, vous êtes indemnisé mais ça, ce n'est pas une réponse ! Ce n'est pas une réponse parce que c'est un traumatisme et puis imaginez quand vous passez vos nuits dans les alpages pour vous prémunir mais enfin, c'est un stress qui est insupportable et donc il nous faut avoir à chaque fois des politiques de gestion de ces populations qui permettent la cohabitation, je ne peux pas être plus clair et je le dis avec beaucoup de force et c'est d'ailleurs ce que le président de la République a dit encore récemment aux différentes parties concernées.

PATRICK ROGER
Merci Julien DENORMANDIE ministre de l'Agriculture et de l'alimentation.

JULIEN DENORMANDIE
Merci à vous.

PATRICK ROGER
Bon on croise les doigts aussi toujours pour le Salon de l'agriculture évidemment, vous l'avez dit !

JULIEN DENORMANDIE
J'espère vous y retrouver !

PATRICK ROGER
Nous y serons.

CECILE DE MENIBUS
Avec plaisir, on y sera !

PATRICK ROGER
Merci d'être venu ce matin au micro de SUD RADIO.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 novembre 2021