Texte intégral
Merci chère amie, chère Retno, Mesdames et Messieurs,
Je tiens d'abord à remercier ma collègue Retno pour son accueil chaleureux.
Nous sortons d'un entretien très riche qui témoigne de la densité de notre relation.
J'ai pu rencontrer, hier, le ministre de la défense, M. Prabowo Subianto.
Je verrai tout à l'heure le Président Widodo.
Et j'aurai l'occasion de m'entretenir avec le ministre coordinateur des affaires maritimes et de l'investissement, M. Luhut Pandjaitan, tout à l'heure, en fin d'après-midi.
Je veux d'abord vous dire l'attachement de la France à la relation qui la lie à l'Indonésie et qui, depuis dix ans maintenant, a pris la forme d'un partenariat stratégique que nous allons encore renforcer dans des secteurs clés comme la défense ou les affaires maritimes, notamment à travers la création d'un dialogue maritime bilatéral, dont la première session se tiendra au mois de janvier prochain. Nous signons aujourd'hui un plan d'action pour ce renforcement de notre partenariat stratégique.
Dix ans, oui. Et je le rappelle, car l'Indonésie a été le premier d'Asie avec lequel nous avons choisi de pousser à ce point notre engagement. Et le bien-fondé de ce choix ne s'est jamais démenti !
Cette relation, aujourd'hui, c'est une relation politique qui nous permet de travailler main dans la main sur la scène internationale.
A l'ONU, bien sûr, où nous agissons ensemble dans la lutte contre la menace terroriste ou pour renforcer notre résilience collective face aux nouvelles pandémies qui pourraient nous frapper demain.
Mais également au G20, dont l'Indonésie prendra très prochainement la présidence. Et nous serons, bien sûr, à ses côtés pour lutter contre les inégalités mondiales et poursuivre la mobilisation contre les dérèglements climatiques, après une COP26 qui a enregistré des progrès notables mais qui a aussi montré la nécessité de poursuivre nos efforts.
Notre relation est aussi une relation économique, déjà substantielle, puisque plus de 200 entreprises françaises sont implantées dans ce pays, qui forment et emploient 50.000 Indonésiens ; et une relation encore pleine de potentiel et d'opportunités, tant il est vrai que l'Indonésie connaît une croissance impressionnante.
C'est une relation de solidarité et de coopération, face aux bouleversements du monde d'aujourd'hui. Pour aider l'Indonésie à faire face à la crise pandémique, qui l'a touchée si durement cet été, nous avons partagé 4,7 millions de doses de vaccin avec elle. Et pour l'accompagner dans la transition écologique, l'Agence française de développement financera dans ce pays des projets dans les énergies renouvelables à hauteur de 500 millions d'euros.
C'est, enfin, une relation qui fait la part belle à la culture, aux savoirs et à nos universités. Je suis d'ailleurs très fier de vous annoncer que, dès 2022, nous doublerons le budget alloué aux bourses que nous accordons aux étudiants indonésiens pour leur permettre de venir étudier en France. Et nous avons hâte de les voir encore plus nombreux sur les bancs de nos universités !
Je veux aussi vous dire la détermination de la France à continuer à agir pour renforcer l'engagement des Européens dans l'Indopacifique, en construisant des projets de coopération très concrets avec nos partenaires de la région, au nombre desquels compte, bien sûr, l'Indonésie.
Le socle de cet engagement, c'est la vision d'un espace indopacifique libre et ouvert, fondé sur des règles de droit, le respect de la souveraineté de chaque Etat, le multilatéralisme et le refus de toute forme d'hégémonie.
Si la France veut jouer ce rôle de trait d'union entre l'Europe et l'Indopacifique, c'est parce que nous sommes à la fois une puissance européenne et une nation de l'Indopacifique ; avec près de deux millions de nos concitoyens qui vivent dans nos collectivités d'outre-mer ; 93% de notre zone économique exclusive qui se trouve dans l'océan indien et dans le Pacifique ; et 7.000 de nos militaires qui sont déployés en permanence dans la région.
Après avoir travaillé avec nos partenaires des 27 à l'élaboration de notre première stratégie pour la coopération dans l'Indopacifique, nous ferons de la mise en œuvre de cette stratégie l'une de nos priorités lors de notre présidence du Conseil de l'Union européenne, qui débutera le premier janvier prochain.
Je le disais : nous voulons avancer, ensemble, sur et par des projets très concrets, dans le domaine de la sécurité, de l'environnement, des transports, du numérique ou encore de l'enseignement supérieur.
Nous vous en dirons plus en février, à l'occasion du Forum indopacifique que j'organiserai à Paris dans le cadre de notre présidence européenne. Et mon homologue a bien voulu accepter mon invitation.
J'espère aussi retrouver à Paris, à ce Forum, le Secrétaire général de l'ASEAN, avec qui j'aurai un premier entretien ce matin.
L'ASEAN joue un rôle central dans l'Indopacifique. Nous voulons donc naturellement faire plus avec elle, dans le cadre du partenariat de développement que nous avons établi en mars 2020 et bien sûr du renforcement de notre engagement européen dans la région. Cela passera par de nouveaux projets de coopération.
Je pense, par exemple, à l'accord qui a été signé entre le Centre de Crise et de Soutien de mon ministère et le Centre de coordination pour l'aide humanitaire de l'ASEAN.
Je pense aussi au projet développé par l'Agence française de développement en lien étroit avec le Secrétariat de l'ASEAN pour améliorer la qualité de l'air en Asie du Sud-Est.
Ce rôle central de l'ASEAN s'est récemment illustré dans la crise en Birmanie, où le coup d'Etat a de manière dramatique stoppé l'évolution de ce pays sur la voie de la démocratie et l'a conduit vers le chaos actuel. La fermeté de l'engagement de l'ASEAN, lors du Sommet du 24 avril, mérite d'être saluée. Et je tenais à le faire à nouveau aujourd'hui.
Je vous remercie de votre attention.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 novembre 2021