Conseil des ministres du 1er décembre 2021. La réforme de l'assurance chômage.

Prononcé le 1er décembre 2021

Intervenant(s) : 

Texte intégral

La ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion a présenté une communication relative à la réforme de l'assurance chômage.

1. Le dernier volet de la réforme de l'assurance chômage entre aujourd'hui en vigueur

Dans la continuité de la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, et à la suite de l'échec des négociations menées par les partenaires sociaux, une réforme de l'assurance chômage a été élaborée en juillet 2019.

Son entrée en vigueur, qui s'échelonnait entre novembre 2019 et avril 2020, a été bouleversée par la crise sanitaire. Pour tenir compte des effets de la crise sur le marché du travail et de l'annulation partielle des dispositions prononcée par le Conseil d'État en novembre 2020, un nouveau décret a été publié le 31 mars 2021. Il prévoyait une entrée en vigueur de la réforme au 1er juillet 2021 tout en conditionnant la mise en œuvre d'une partie des dispositions à l'amélioration de la conjoncture.

La suspension le 22 juin dernier par le juge des référés du nouveau mode de calcul des allocations chômage a conduit à une mise en œuvre de la réforme en trois temps :

- depuis le 1er juillet, un bonus-malus s'applique à environ 20 000 entreprises des sept secteurs les plus consommateurs de contrats très courts : la première modulation de leur contribution à l'assurance chômage interviendra en septembre 2022 sur la base des comportements d'embauche enregistrés sur la période juillet 2021-juin 2022 ;
- depuis le 1er octobre, un nouveau mode de calcul des allocations chômage fondé sur la moyenne des salaires perçus pendant une période donnée, et non plus sur les seuls jours travaillés, est utilisé pour tous les nouveaux demandeurs d'emploi ;
- enfin, à compter de ce jour, d'une part, la durée d'activité nécessaire pour ouvrir des droits à l'assurance chômage passe à 6 mois (contre 4 mois auparavant) et, d'autre part, pour les demandeurs d'emploi dont le salaire brut mensuel était supérieur à environ 4 500 €, une modulation à la baisse de leur allocation pourra intervenir au terme du 6ème mois (au lieu du 8ème mois comme prévu, à titre dérogatoire, depuis le 1er juillet dernier).

2. La réforme de l'assurance chômage vise à inciter tous ceux qui le peuvent à travailler davantage et à favoriser des parcours en emplois plus durables

La mise en œuvre pleine et entière de la réforme de l'assurance chômage intervient dans un contexte d'une vive reprise économique qui se traduit par un volume inédit d'embauches à l'origine de tensions de recrutement.

Dans ce contexte de dynamisme du marché du travail, les différents volets de cette réforme contribuent à inciter tous les demandeurs d'emploi qui le peuvent à travailler davantage, en faisant en sorte que le travail soit toujours plus rémunérateur que les périodes sans emploi. Il s'agit également de mettre fin à un système inéquitable où, à salaire horaire et quotité de travail égaux, ceux qui travaillaient à temps partiel percevaient une allocation inférieure à ceux qui travaillaient un jour sur deux à temps plein. Cette réforme du calcul de l'indemnisation chômage s'accompagne, depuis le début du quinquennat, d'un effort inédit dans la formation, à hauteur de 15 milliards d'euros. Le Plan d'investissement dans les compétences (PIC) doit ainsi permettre de former 2 millions de demandeurs d'emploi supplémentaires peu ou pas qualifiés et de jeunes éloignés du marché du travail sur une période de cinq ans (2018-2022). Dans son prolongement, le plan de lutte contre les tensions de recrutement prévoit, outre une accélération de l'effort de formation des demandeurs d'emploi vers les secteurs qui recrutent le plus, un renforcement de l'accompagnement de ceux qui connaissent un chômage de longue durée et sont les plus éloignés du marché du travail.

La réforme de l'assurance chômage incite également les entreprises des secteurs les plus consommateurs de contrats courts à faire évoluer leurs pratiques d'embauches afin de proposer des alternatives à ces contrats de plus en plus courts qui sont potentiellement des trappes à précarité. Les entreprises dans le champ du bonus-malus bénéficient d'un plan d'accompagnement avec la mise en ligne en juillet dernier d'un simulateur leur permettant d'estimer l'impact de leurs comportements d'embauche sur leur contribution à l'assurance chômage, la mise à disposition d'un guide sur les alternatives aux contrats courts mais également une prestation de conseil en ressources humaines pour les petites et moyennes entreprises (PME). Un appel à manifestation d'intérêt pour favoriser les groupements d'employeurs, une des solutions permettant d'allonger les contrats de travail, sera par ailleurs lancé en décembre.

La réforme de l'assurance chômage participe donc pleinement à la lutte contre les tensions de recrutement, en complément des leviers mis en place en matière de formation dans le cadre du plan annoncé le 27 septembre dernier, mais également du renforcement en cours du contrôle de la recherche d'emploi ou encore du travail mené avec les branches pour améliorer la qualité des emplois proposés.

3. Les effets de la réforme de l'assurance chômage feront l'objet d'un suivi dans le cadre d'un comité de suivi

Ce comité de suivi, mis en place par le ministère du travail, de l'emploi et de l'insertion en y associant les partenaires sociaux, appréciera les effets de la réforme de l'assurance chômage sur les comportements des demandeurs d'emploi et des entreprises. Il engagera d'ici la fin de l'année des travaux fondés sur l'exploitation des indicateurs disponibles sur les parcours des demandeurs d'emploi et les pratiques d'embauche des entreprises.