Extraits d'un entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises, avec CNews le 18 décembre 2021, sur les voyageurs français et étrangers et les stations de sport d'hiver dans le contexte de l'épidémie de Covid-19.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au Tourisme, aux Français de l'étranger, à la Francophonie et chargé des Petites e

Média : CNews

Texte intégral

Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne.

R - Bonjour.

(...)

Q - Vous êtes ministre du tourisme. Vous savez, beaucoup de Français partent en vacances en ce moment-même, notamment à l'étranger. Est-ce que vous leur garantissez aujourd'hui, qu'en cas d'aggravation de l'épidémie, ils pourront quand même revenir dans les prochaines semaines, sans se poser de question ? De très nombreux Français se posent cette question, aujourd'hui.

R - Alors, il y a un principe de base et fondamental c'est que tout Français peut à tout moment revenir sur le territoire national. En revanche, si d'aventure, ils se trouvaient pris dans un pays qui devient classé ce qu'on appelle "rouge écarlate", c'est par exemple ce qui se passe en Afrique du Sud. Là, lorsque vous revenez, on vous demande un certain nombre d'éléments supplémentaires : on vous demande un test, on vous demande de vous isoler plusieurs jours, de façon très stricte. Parce qu'il s'agit encore une fois...

Q - De s'isoler en France ?

R - De s'isoler en France, bien sûr. Donc, le droit au retour, il est, je dirais, sacré, inaliénable et d'ailleurs même si nous avons mis des motifs impérieux entre le Royaume-Uni et la France, cela veut dire que nous n'aurons pas de clientèle touristique du Royaume-Uni...

Q - On va y revenir dans un instant...

R - En revanche, les Français de l'étranger établis au Royaume-Uni peuvent naturellement revenir en France et d'ailleurs certains le font aujourd'hui, le font demain, retrouvent leur famille. On leur demande un test de moins de 24 heures. On leur demande un test à l'arrivée et on leur demande de s'isoler deux jours pour s'assurer qu'il n'y ait pas de problème et de refaire un test à l'issue de ces deux jours.

Q - Mais on va donner un cas pratique : imaginons un touriste français qui part aux Etats-Unis en vacances. Si pour rentrer, il doit faire un test pour revenir sur le territoire français, que ce test est positif aux Etats-Unis, est-ce qu'il pourra quand même revenir en France ? Ou faudra-t-il qu'il s'isole sur...

R - Si son test est positif et qu'il le sait sur le sol américain, c'est sur le sol américain qu'il doit naturellement, pendant quelques jours, s'isoler. Parce qu'on ne peut pas embarquer, en ayant un test positif.

(...)

Q - Vous êtes ministre du tourisme. On est en ligne avec Christophe Lavaut. Vous êtes directeur général de Val d'Isère Tourisme. J'imagine qu'aujourd'hui les restrictions qui sont imposées aux touristes anglais qui voulaient passer leurs vacances à Val d'Isère vous pénalisent de façon importante. Qu'est-ce que vous avez à dire, aujourd'hui, à votre ministre de tutelle ?

(Intervention auditeur) - Bonjour Monsieur le Ministre. Déjà, avant toute chose, je voulais aussi exprimer toute la solidarité du monde de la montagne sur ce que M. le ministre vient de dire, notamment sur le fait que la santé est prioritaire avant tout, et que les mesures à mettre en place sont certainement nécessaires. Nous, en tout cas, on fait confiance au Gouvernement pour appliquer des mesures. On le fait depuis un an et demi, depuis deux ans quasiment. On a fermé nos remontées mécaniques au public pendant 623 jours à Val-D'isère ; on a instauré le contrôle du passe sanitaire ; on a instauré aussi le port du masque dans les remontées mécaniques, dans les établissements qui reçoivent du public, comme les piscines notamment. Et puis dans tous les restaurants aussi, depuis l'été dernier, ici, on contrôle, et on est plutôt des bons élèves, parce qu'on a l'habitude des protocoles assez stricts.

Après, c'est vrai que c'est intéressant de discuter avec M. le ministre sur les impacts économiques que peuvent avoir les décisions liées au sanitaire. C'est-à-dire que la station Val d'Isère qui compte 42% de sa clientèle de clients britanniques, à deux jours des vacances scolaires, nous annoncer que nos clients ne peuvent plus venir chez nous - tous ceux qui viennent du Royaume-Uni en tout cas -, c'est l'équivalent d'un confinement partiel, c'est-à-dire qu'on a confiné 42% de notre clientèle et aujourd'hui on va avoir 42% de fréquentation en moins, 42% de chiffre d'affaires en moins alors qu'on ne va pas avoir 42% de charges en moins.

Donc ma question est toute simple : qu'est-ce que vous prévoyez pour les cas de figure un peu exceptionnels des stations qui sont ultra dépendantes des marchés internationaux ?

R - Merci à Christophe Lavaut pour ce témoignage. Un : je veux lui dire, moi aussi, ma solidarité totale avec le monde de la montagne, avec les professionnels qu'il représente, la destination qu'il représente, parce que je sais que certaines stations sont très exposées au marché britannique. C'est le cas de Val d'Isère, c'est le cas de Courchevel, par exemple, de Méribel, et que face à cela naturellement, on ne reste pas les bras ballants.

J'ai réuni ce matin les représentants du monde de la montagne, avec les Domaines skiables de France, avec l'Association nationale des stations de montagne, avec les résidences de tourisme, bref, les élus concernés, et très clairement mon message était de dire : on ne vous laissera pas tomber, on sera à vos côtés comme on l'a été l'année dernière. C'est vrai qu'ils ont enduré l'année dernière une fermeture des remontées mécaniques qui fait qu'il n'y a pas eu de saison.

Donc, nous, à côté, on est venu avec 7 milliards d'euros d'indemnisations et c'était bien normal. Ce n'était pas un don c'était un dû. Ce que je veux dire c'est qu'on est en train d'agir sur plusieurs niveaux. Un : nous avons des campagnes de promotion qui sont en cours avec Atout France et France Montagnes. On va réorienter cette campagne de promotion du marché britannique, par exemple, sur le marché national parce que c'est aussi le message que je porte aux Français et à travers votre antenne !

Q - Mais à deux jours de l'ouverture...

R - Vous allez voir, parce qu'en fait le sujet au-delà de Noël et du jour de l'An, c'est le mois de janvier. Ce sont des clientèles britanniques qui sont souvent présentes tout au long du mois de janvier. C'est aussi l'appel que je lance à travers vous. C'est que les Français fassent le choix de cet hiver bleu-blanc-rouge ; qu'ils privilégient la France, qu'ils privilégient la montagne, parce que certains avaient du mal à trouver. Parce qu'il y a vraiment une envie de se ressourcer etc. Eh bien là, il y a peut-être quelques créneaux qui vont se libérer. Il faut en profiter, parce que ça permettra d'amortir le choc, en partie, je le dis, seulement en partie, et pour le reste, avec les professionnels, nous avons convenu de faire le point très régulièrement sur les chiffres, sur les données, sur les annulations pour qu'on puisse, le cas échéant justement, mettre en place des dispositifs d'accompagnement sur les professionnels...

Q - Donc vous nous dites que vous allez compenser la perte de chiffre d'affaires des restaurateurs, par exemple, qui sont à Val d'Isère ?

R - Ce que je dis, c'est qu'on met en place une méthode. C'est avec les professionnels, on va remonter les différentes données liées à l'impact de cette clientèle britannique, parce qu'il faut voir ce que cela donne dans les prochaines semaines. D'abord, on ne se résout pas à cela. C'est-à-dire qu'on va essayer de faire en sorte de compenser, avec d'autres clientèles, la clientèle française notamment. Et par ailleurs, au regard des chiffres qui nous seront remontés, on a toujours été là, ce n'est pas pour les lâcher aujourd'hui ; et donc, on fera ce qu'il faut pour amortir le choc. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui de quelle façon puisqu'il faut d'abord voir le diagnostic avant de voir quels sont les meilleurs outils, et des outils qui seront adaptés aussi ; parce que vous le voyez ce ne sont pas toutes les stations qui sont touchées et ce ne sont pas tous les professionnels qui sont touchés. Il y en a certains qui sont plus spécialisés sur le marché britannique alors que d'autres vont s'en tirer. Donc, on est là sur du travail sur mesure.

(...)

Q - Vous encouragez les Français, par exemple, vous dites, au mois de janvier ou peut-être pour les vacances de février, de se rendre dans ces stations de ski. Mais avec les mesures prises par le Gouvernement, avec cette épidémie, on ne sait pas trop où elle va, vous n'avez pas peur justement que les Français boudent un peu ces réservations et se disent c'est trop incertain pour s'engager, aujourd'hui ?

R - Justement, les professionnels se sont adaptés. Depuis le début de la pandémie, ils ont mis des conditions d'annulation qui sont beaucoup plus flexibles. Et c'est pour ça que je le dis aux Français : Allez-y ! De toutes les façons, vous avez des conditions qui permettent, le cas échéant, de faire face. Mais je trouve que c'est un beau signe de solidarité ; encore une fois, on traverse des épreuves, et je crois que ce que cela révèle aussi, c'est la force de ce lien entre Français. Soyons aux côtés de nos montagnards qui connaissent effectivement ce choc, mais qui par ailleurs se préparent à vivre une très belle saison. Regardez : la neige est là, le temps est là et c'est le moment donc de retrouver ces sensations de glisse.

(...).


source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 décembre 2021