Extraits d'un entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises, avec Sud Radio le 7 janvier 2022, sur les stations de sport d'hiver dans le contexte de l'épidémie de Covid-19, le passe vaccinal et les touristes étrangers.

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  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises

Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

Q - Où va le tourisme cet hiver avec Omicron ? Crise ou relance, beaucoup de petites entreprises aussi de nouveau fragilisées cette semaine avec la reprise du télétravail, la campagne, les suites de la déclaration, déflagration d'Emmanuel Macron, autant de questions que nous allons aborder. Alors commençons par le tourisme : pour les professionnels, est-ce que les vacances ont été gâchées par Omicron ?

R - Ecoutez, les vacances de Noël ont globalement bien fonctionné. Je vais vous dire, il suffit de regarder les taux d'occupation d'un certain nombre d'hébergements touristiques, prenez les Gites de France, ils ont fait 70% de taux d'occupation première semaine des vacances, 85% la deuxième semaine ; les stations de ski, vous savez l'année dernière, hélas, les remontées mécaniques n'avaient pas pu ouvrir ; là, ils étaient ouverts et même si la clientèle britannique ne pouvait pas venir, on est globalement sur des résultats je dirais qui sont presque ceux de 2019 - on est à moins 8% on va dire par rapport à 2019...

Q - Moins 8% de fréquentation dans les stations de ski...

R - Avec des stations qui ont cartonné ! Prenez les stations des Pyrénées, les stations du Massif central, elles ont fait parfois du plus 10, plus 20, plus 30% ; en revanche, en Savoie et en Haute-Savoie, il y a certaines stations qui effectivement sont très orientées sur le public britannique qui elles, ont pu faire du moins 10, moins 15, moins 20, donc ce qui fait une moyenne de moins 8, voilà, mais globalement je peux vous dire que les Français et puis les Européens ont retrouvé le chemin des pistes. Et d'ailleurs cette semaine, la première semaine de janvier, on fait du plus 5% par rapport à 2019 parce que les Belges, les Néerlandais sont très présents.

Q - Et pour la suite, est-ce que vous poussez les gens à réserver pour février ou compte tenu du contexte, vous les incitez à être prudents ?

R - Il n'y a pas de contre-indication. Vous savez, on apprend à vivre avec le virus et on peut vivre avec le virus dès lors qu'on est prudent ; naturellement on fait sa dose de rappel...

Q - Oui mais enfin, on appelle au télétravail, on demande aux gens de moins se déplacer, etc...

R - Bien sûr, c'est prudence et organisation. Prudence, voilà, encore une fois, dose de rappel, gestes barrières etc... ; on se teste quand on va voir un proche qui est peut-être un peu âgé, mais tout ça s'organise bien et la vie de la Nation doit continuer. Le télétravail, c'est aussi pour que la vie de la Nation continue dans les postes où on peut télétravailler ; naturellement, il y en a où on ne peut pas.

Q - Et l'application du pass sanitaire ? Vous avez parlé de la montagne ; dans l'ensemble des professionnels du tourisme, il est appliqué, bien appliqué ?

R - Ecoutez, tout se passe bien dans la mise en oeuvre, d'ailleurs depuis le 9 août dernier parce que c'est dans beaucoup d'établissements touristiques en vigueur en réalité déjà depuis l'été dernier. Et désormais avec le projet de loi qui a été adopté à l'Assemblée nationale, c'était hier matin...

Q - Sur le pass vaccinal...

R - Là où le pass sanitaire était demandé, désormais, lorsque la loi sera promulguée après que le Sénat l'ait examinée, après qu'il y ait eu un accord etc...

Q - Autant dire que ce n'est pas fait Jean-Baptiste Lemoyne...

R - C'est pour ça que je dis après que le Sénat l'ait examinée, après qu'il y ait eu un accord, je l'espère, et bien le pass sanitaire deviendrait le pass vaccinal.

Q - Oui mais il n'est certain que ça aille jusqu'au bout, le pass vaccinal. Vous avez confiance ? Vous pensez, vous, dans la majorité... on a vu quand même que c'était un petit peu plus compliqué et les déclarations du Président ont un peu attisé le feu.

R - Je vais vous dire, les forces politiques qui ont été réunies par le Premier ministre - c'était d'ailleurs avant le dépôt du projet de loi - ont globalement souscrit à cette démarche, globalement. Naturellement, il y en a qui s'en distinguent, qui ont voté contre - je note d'ailleurs que la candidate Valérie Pécresse qui se revendique comme Mme Thatcher et comme un chef, et bien le chef n'a pas été suivi par ses troupes parce que dans le vote à l'Assemblée nationale, il y a seulement un tiers de ces députés républicains qui ont voté sur la même ligne que Valérie Pécresse. Donc là on a un chef qui a été un peu lâché en rase campagne.

Q - Oui parce que l'autre chef, Emmanuel Macron, est venu semer la zizanie, non, Jean-Baptiste Lemoyne ? C'était calculé, ça, de la part du chef de l'Etat ?

R - Attendez, le Président de la République, je crois qu'il a dit tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas.

Q - Les enquêtes quand même lui reprochent d'être allé jusque-là dans les termes.

R - On reproche tellement aux politiques de parler une langue morte, que pour une fois justement, il y en a qui arrive à se faire comprendre parce que le message a été reçu 5 sur 5 ! Tout le monde a compris ce qu'il voulait dire, c'est-à-dire qu'il y a 90% des Français qui ont fait l'effort de se faire vacciner, qui ont fait l'effort de se protéger et de protéger les autres, alors ceux-là n'ont pas envie de voir leur vie entravée parce qu'il y a une petite minorité qui, hélas, continuent à renâcler !

Q - Zone rouge quand même tout de même quand il parle de ces gens qui ne sont plus des citoyens !

R - Non mais ils sont bien sûr membres de la communauté nationale, le Premier ministre l'a rappelé, il n'y a pas de sujet là-dessus. Mais ce qu'il veut dire, c'est que citoyen, c'est des droits et des devoirs et le devoir aussi tout simplement de ne pas mettre en danger aussi la vie d'autrui dans cette communauté nationale parce qu'aujourd'hui, chacun dépend des uns et des autres ; si quelqu'un ne fait pas attention, il peut mettre en danger quelqu'un d'autre.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, encore quelques mots sur le tourisme avant de passer aussi à l'ensemble des activités économiques : est-ce que les touristes étrangers - là vous avez parlé des Britanniques par exemple pour la montagne - est-ce qu'ils sont revenus globalement ? Est-ce qu'ils reviennent en France ?

R - Alors on a vu depuis l'été dernier le retour de clientèles internationales comme les Américains, les Canadiens par exemple et d'ailleurs, nous, au Quai d'Orsay, on a mis en place une cellule pour convertir leurs certificats de vaccination en QR Codes, en pass sanitaires parce qu'il fallait que ces gens-là puissent avoir accès naturellement à toutes nos activités. Donc on s'est mis en quatre pour ça et ce qu'on peut voir, c'est que oui, le tourisme international a repris. Par exemple, on a fait en octobre 2021, 80% de plus sur le tourisme international qu'en octobre 2020 et pour cause, c'est vrai qu'en octobre 2020, on était encore dans des circonstances compliquées avec la pandémie.

Et donc j'ai bon espoir : on aura en 2021, en tous les cas, plus de touristes internationaux qu'en 2020 ; en 2020, on était sur une fourchette de 34 à 40 millions et là, on espère être dans une fourchette de 42 à 50 millions - je dis une fourchette parce que tous ces chiffres vont être affinés dans les toutes prochaines semaines et en termes de recette internationale, on aura, je pense, ce soir, les chiffres de la Banque de France.

Q - Et est-ce qu'on est suffisamment vigilant aussi avec les étrangers qui arrivent en France ? On leur demande un pass vaccinal complet ? Parce que ça, ça n'a pas l'air d'être aussi clair !

R - C'est très carré. Il y a une cartographie qu'on établit et qu'on révise à chaque conseil de défense, avec des codes couleurs. Les pays qui sont très dangereux, sont des pays classés en rouge écarlate ; ça a été le cas jusqu'à il y a peu de l'Afrique du Sud par exemple puisque le variant Omicron est né là-bas si je puis dire, enfin pas né, en tout cas il a été aperçu, détecté la première fois là-bas. Et du coup, eux, la vague est derrière eux ; donc on a pu enfin sortir l'Afrique du Sud de la zone rouge écarlate mais quand vous étiez en rouge écarlate, il n'y avait plus de séjours de tourismes par exemple...

Q - Et puis il y avait une quarantaine.

R - Bien sûr. Donc on prend toutes les précautions. Notre boussole, c'est protéger les Français. Parfois ça veut dire aussi un impact sur les activités économiques.

Q - Oui mais tous les pays ne sont pas concernés, ne sont pas en zone rouge écarlate. Ce qui veut dire que les autres peuvent venir d'autres pays sans être contrôlés en France, quoi. Il n'y a pas de contrôles dans les aéroports à l'arrivée.

R - Il y a des contrôles même à l'embarquement parce qu'on demande des tests justement négatifs pour pouvoir embarquer dans certaines situations...

Q - Certaines compagnies ! Ce n'est pas l'Etat français qui demande ça.

R - Attendez, le ministère des transports veille à cela et des compagnies qui, au tout début, parfois ne faisaient pas ces contrôles systématiquement, je peux vous dire qu'il y a eu des sanctions. On est très vigilant là-dessus : la boussole, c'est protéger la santé des Français.

(...).


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 janvier 2022