Texte intégral
Monsieur le ministre, cher Nikos,
Monsieur le préfet,
Mesdames et messieurs les élus,
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs, chers amis de Naval Group,
C'est un immense plaisir d'être à Lorient ce soir et c'est aussi une grande fierté d'accueillir aujourd'hui Nikos Panagiotopoulos, ministre grec de la défense.
Venir ensemble chez Naval Group aujourd'hui était une évidence : tout d'abord, j'avais à coeur de vous féliciter pour la mise sur cale de la première frégate de défense et d'intervention le mois dernier ; je sais que vous êtes nombreuses et nombreux à avoir travaillé dur pour franchir ce jalon. Cette frégate de défense et d'intervention concentrera toute l'excellence de notre industrie française. Ce sera un navire de combat à la pointe de la technologie, notamment dans le domaine du cyber, équipé pour faire face aux conflits de demain.
Dans les prochaines semaines, le contrat d'acquisition de trois de ces frégates par la Grèce sera signé. Nous sommes honorés de la confiance que la Grèce nous accorde. Grâce à cette commande, nous sommes en mesure de pérenniser 2 220 emplois en France pendant 5 ans. C'était donc une évidence d'inviter Nikos Panagiotopoulos à Lorient pour venir à votre rencontre. Ici, sur ces chantiers, se construira bientôt une part de la sécurité grecque, ainsi qu'une part de la défense européenne, comme c'est déjà le cas aujourd'hui avec les bâtiments de notre Marine nationale.
La Grèce est un pays ami et allié de la France. Ce qui nous unit particulièrement, au-delà d'une histoire commune bicentenaire, c'est que nous partageons une même vision de ce que doit être l'Europe de la défense dans le monde. Nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'échanger largement à ce sujet au cours des deux derniers jours à Brest lors de la réunion des ministres de la défense de l'Union européenne.
Avec la Grèce, cette volonté de bâtir l'Europe de demain n'est pas un vain mot. C'est une réalité qui se traduit par des actes : l'acquisition de 18 Rafale français en 2021, et plus récemment la commande de ces 3 frégates de défense et d'intervention et de 6 Rafale supplémentaires. Et d'ailleurs, je me réjouis de l'arrivée des 6 premiers en Grèce dès la semaine prochaine.
Le partenariat stratégique entre nos deux pays est entré en vigueur le 30 décembre dernier. Cher Nikos, je me réjouis vivement de ta venue en France, moins d'un mois après cette date symbolique, à l'occasion du lancement au niveau ministériel de la présidence française du Conseil de l'Union européenne. Tu as pu découvrir la Bretagne, une région magnifique qui nous est très chère, une région qui prend toute sa force dans l'océan et qui nous permet d'ailleurs d'évoquer des sujets qui sont au coeur de notre partenariat et qui sont d'intérêt stratégique pour l'Europe. Je pense en particulier à la sécurité maritime, qui fait partie, avec le domaine spatial, le cyberespace ou les fonds marins des espaces communs qui s'affirment de plus en plus comme des lieux de compétition stratégique.
Pour la France, pour la Grèce, pour toute l'Europe, les enjeux de sécurité maritime sont nombreux. La mer est à la fois un espace de liberté qu'il faut maîtriser, un lieu d'échanges qu'il faut sécuriser, un réservoir de ressources qu'il faut protéger et enfin un espace mal connu qu'il nous faut encore explorer.
L'Europe peut et doit répondre à ces enjeux de sécurité pour assurer sa liberté d'action. Elle en a tout le potentiel car l'Europe est une puissance maritime, forte de l'expérience des Nations qui la composent. Et je pense bien entendu en premier lieu à la Grèce dont la tradition maritime est plus que millénaire.
Pour sécuriser nos lignes d'approvisionnement et de communication, protéger les infrastructures maritimes clés comme les câbles sous-marins, nous devrons nous donner les moyens de nous opposer aux menaces étatiques mais aussi aux menaces terroristes ou liées à la piraterie.
Pour cela, il nous faut une volonté politique forte. Et j'en suis convaincue, nous sommes sur la bonne voie. Car c'est un défi que nous prenons aujourd'hui à bras le corps, collectivement. Nous avons d'ailleurs eu l'occasion d'en parler hier lors du forum européen consacré à la sécurité maritime. Les enjeux de sécurité maritimes figurent parmi les priorités de la Boussole stratégique, le premier livre blanc de l'Union européenne que nous devrions adopter dans les prochains mois. Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, nous veillerons aussi au lancement rapide des travaux d'actualisation de la Stratégie de sécurité maritime de l'UE, adoptée en 2014.
Nous continuerons de faire respecter la liberté de navigation au coeur même de l'Europe, en Méditerranée. Pour cela nous souhaitons maintenir une présence militaire régulière, ce qui nous offre la possibilité d'interactions renforcées avec les forces armées grecques. Je souligne à cette occasion l'excellente coopération multilatérale dans cet espace et l'investissement de la Grèce dans l'opération Irini.
Pour construire une défense européenne plus forte demain, le partenariat stratégique entre la Grèce et la France est un atout majeur.
Il contribuera aussi au dialogue et à la stabilité régionale en Méditerranée, qui est un espace central pour la sécurité du continent européen et aujourd'hui soumis à des tensions croissantes.
Ce que nous consolidons par ce partenariat, c'est la responsabilité des Européens d'être solidaires entre eux ; une solidarité qui s'incarne au sein de l'Union européenne. Nous assumons de vouloir une Europe libre, en parole et en action. Une Europe libre de protéger ses citoyens, de défendre ses intérêts et d'agir ensemble sur le terrain.
On dit que « la défense commence au large », il ne semblait donc pas de meilleur endroit que Lorient pour célébrer notre partenariat stratégique franco-grec, et pas de meilleur endroit que Brest pour lancer les enjeux de défense de la présidence française du Conseil de l'Union européenne.
Chers amis de Naval Group, encore merci pour votre accueil, vous démontrez une fois de plus à quel point vous faites rayonner la France, par votre excellence, par votre savoir-faire et votre héritage lorientais.
Cher Nikos, une fois de plus, c'est une fierté d'être ici pour continuer à faire vivre cette longue et profonde amitié qui unit nos deux pays.
Je vous remercie pour votre attention.
Source https://www.defense.gouv.fr, le 14 janvier 2022