Interview de Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, à Sud Radio le 19 janvier 2022, sur les aides pour atténuer la hausse des prix de l'énergie, EDF et la maintenance des réacteurs nucléaires.

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Média : Emission La Tribune Le Point Sud Radio - Sud Radio

Texte intégral

PATRICK ROGER
Bonjour Barbara POMPILI.

BARBARA POMPILI
Bonjour.

PATRICK ROGER
L'envolée des prix à la pompe, le gaz, l'électricité, la taxe carbone, l'écologie, les vacances de Monsieur BLANQUER, la campagne électorale, autant de questions que nous allons essayer d'aborder, on a un petit quart d'heure. Commençons par la justification de Jean-Michel BLANQUER, "si c'était à refaire, eh bien j'aurais choisi un autre lieu de vacances, mais pas question de démissionner." Le ministre était dans les règles dans ce qu'il a fait ?

BARBARA POMPILI
Oui, il était dans les règles, mais il l'a dit lui-même, le symbole est fort, donc il a reconnu lui-même qu'il aurait peut-être dû éviter ce genre de destination. Après il ne faut pas que tout ça détourne des vraies questions qui sont les questions de comment on gère cette crise sanitaire pour faire en sorte de trouver le juste équilibre entre préserver évidemment notre santé et puis faire en sorte que nos enfants puissent aller à l'école. Ça fait deux ans que ça dure, ça fait deux ans qu'on essaye de trouver les meilleures solutions, moi je comprends complètement que tout le monde soit très fatigué, que ce soit les personnels de l'Education nationale, ou évidemment les parents.

PATRICK ROGER
Mais la politique, vous connaissez bien aussi évidemment, vous Barbara POMPILI, elle tourne souvent autour de symboles quoi, de gestes en fait comme ça, et là il a commis une erreur.

BARBARA POMPILI
C'est vrai, mais il le reconnaît lui-même, donc à partir de ce moment-là je crois que ce n'est pas ça objectivement qui aurait changé d'un iota les décisions qui ont été prises, elles auraient été les mêmes s'il avait été au cœur de Paris ou dans la Creuse…

PATRICK ROGER
Mais on doit être exemplaire finalement…

BARBARA POMPILI
Il faut toujours être exemplaire quand on fait de la politique, après il faut aussi reconnaître que les hommes et les femmes politiques sont comme tout le monde et peuvent aussi prendre du repos, l'important c'est qu'on reste à sa tâche et le ministre BLANQUER est à sa tâche sur le sujet depuis deux ans, je rappelle que c'est depuis deux ans qu'il est jour et nuit dans le travail sur cette pandémie.

PATRICK ROGER
Les plus taquins diront aussi que ce n'était pas très écolo de prendre l'avion pour aller en hiver à Ibiza, à 2 heures, qu'il aurait pu choisir une autre destination. Alors, 1,70 euro le litre d'essence, parfois, les questions d'énergie vous allez en parler demain avec vos homologues européens que vous allez recevoir à Amiens, gaz, électricité, juste avant ça cette question quand même de l'essence. Est-ce qu'il faut de nouvelles mesures, il y a eu le chèque inflation de 100 euros, est-ce qu'il faut de nouvelles mesures pour aider les Français avec ce pouvoir d'achat qui est grevé une nouvelle fois ?

BARBARA POMPILI
Oui. Alors, on fera le bilan sur le pouvoir d'achat en général, depuis le début du quinquennat, nous nous avons des chiffres qui ont été sortis et qui montrent que le pouvoir d'achat, en France, a augmenté, et plus que dans beaucoup de pays européens. Maintenant on a une crise, aujourd'hui, qui est une crise qui est due aux prix de l'énergie, qui est une crise très forte, qui est quasiment l'équivalent de ce qu'on a connu dans le choc pétrolier, et donc depuis le début de la crise on a mis en place des moyens pour que nos concitoyens n'en subissent pas trop les conséquences, que ce soit avec le chèque énergie, vous l'avez dit, avec le chèque inflation de 100 euros, et là ça touche 38 millions de Français, donc on n'est pas sur quelques personnes.

PATRICK ROGER
Y compris ceux qui ne prennent pas leur voiture d'ailleurs.

BARBARA POMPILI
Oui, mais parce que justement, les prix de l'énergie ça ne touche pas seulement le carburant, donc on a bloqué aussi les prix du gaz, on a bloqué les prix de l'électricité, toutes ces mesures font qu'on contient l'inflation et on passe cette vague, qui est une vague qu'on espère la plus courte possible évidemment.

PATRICK ROGER
Sur les taxes sur l'énergie, est-ce qu'il faut les revoir, là, si ça continue de monter par exemple pour les prix du carburant ?

BARBARA POMPILI
Vous savez, la taxe principale sur l'électricité on l'a quasiment baissée de zéro, elle était…

PATRICK ROGER
Non, mais là je parlais des carburants, de l'essence.

BARBARA POMPILI
Sur l'essence, vous savez, on a une fiscalité qui est du même ordre que toute la fiscalité au niveau européen, quand les gens disent "holà là, il y a beaucoup de fiscalité en France", en fait on est dans la moyenne européenne, je pense qu'il faut juste qu'on ait ça en tête, cette fiscalité elle permet aussi de financer d'autres choses, de financer les écoles…

PATRICK ROGER
Oui, mais en attendant c'est le pouvoir d'achat aussi qu'elle attaque bien sûr, des gens qui se déplacent pour aller travailler, ils nous écoutent.

BARBARA POMPILI
Oui, mais c'est pour ça que quand il y a un problème sur le pouvoir d'achat on met en place des mesures d'urgence, je vous rappelle que 100 euros, ceux qui conduisent beaucoup, beaucoup, là il y avait un reportage qui disait "là on a 12 euros de plus", eh bien là on peut tenir un certain nombre de semaines quand on fait un plein avec 12 euros de plus, grâce à ce chèque de 100 euros. Ça ne résout pas tout, mais ce que je veux dire c'est que, il y a de mesures ponctuelles, qui sont des mesures d'urgence, mais nous notre responsabilité c'est de nous préparer à la suite, et nous préparer à la suite c'est prendre des mesures structurelles, un sur les prix de l'énergie, et l'Europe joue un très grand rôle là-dessus…

PATRICK ROGER
On va en parler dans un instant, mais…

BARBARA POMPILI
Et deux, pour aider nos concitoyens à moins avoir besoin d'énergie. Quand on aide, avec MaPrimeRénov', nos concitoyens à isoler leur logement, c'est pour qu'ils payent moins cher leur chauffage, qu'ils aient moins besoin d'énergie. Quand on paye aussi les primes à la conversion, les bonus, pour que les personnes achètent des voitures électriques, c'est aussi pour qu'elles arrêtent d'avoir des pleins très chers, donc il y a des mesures d'urgence et des mesures de long terme.

PATRICK ROGER
Mais là il n'y aura pas de nouvelle mesure d'urgence face à la flambée de l'essence, à la pompe, pas de nouvelle mesure d'envisagée, que ce soit aide ou que ce soit sur les taxes ?

BARBARA POMPILI
Je vous rappelle qu'on a déjà sur la table 14 milliards d'aides qui ont été mis sur la table par l'État, on continuera si nécessaire, a priori, ce qu'on espère, c'est que cette crise ne dure pas trop.

PATRICK ROGER
Et donc pas de nouvelles aides, de prévues.

BARBARA POMPILI
A ce stade non, mais encore une fois elles sont en train d'être mises en place ces aides, elles sont en train d'être mises en place.

PATRICK ROGER
Alors, pour qu'on comprenne bien aussi, sur le gaz et l'électricité au niveau européen, vous souhaitez revoir ça, parce que, il faut le savoir, mais les prix de l'électricité que nous produisons, notamment, sont beaucoup dépendants de celui du gaz, expliquez-nous pourquoi et ce que vous pouvez faire.

BARBARA POMPILI
Typiquement, et c'est en fait tout l'objet de ce qui va se passer là dans les jours qui viennent à Amiens, où je reçois les ministres de l'Energie…

PATRICK ROGER
Avec nos homologues européens.

BARBARA POMPILI
De l'Energie et de l'Environnement, c'est cette question de mettre en place une souveraineté européenne. On ne peut pas y arriver tout seul au niveau français. La souveraineté européenne ça veut dire quoi ? Ça veut dire justement arrêter d'être dépendant du gaz, russe par exemple, ou d'importations de pétrole d'ailleurs, donc c'est une forme de souveraineté écologique. La souveraineté écologique ça veut dire qu'on va produire chez nous l'énergie dont on a besoin et on se dote des outils pour pouvoir le faire, parce que, évidemment, on a, en Europe, un marché qui nous permet de pouvoir avoir cette solidité, ça nous permet, en Europe, de pouvoir dire aux pays étrangers "nous on est soumis à une taxe sur le carbone, eh bien vous pays étrangers, vous allez, pour rentrer sur le territoire, pour vendre vos produits, vous allez devoir payer une taxe carbone aux frontières."

PATRICK ROGER
Mais comment on peut s'entendre au niveau européen sachant que, par exemple, l'Allemagne n'a pas tout à fait la même stratégie que nous et qu'elle s'appuie beaucoup sur le gaz justement, le fameux gaz russe ?

BARBARA POMPILI
Oui, mais justement, on a, au niveau européen, des pays qui partent d'un point de départ différent, mais le marché de l'électricité, de l'énergie européen, il nous protège. Aujourd'hui, quand il fait très froid, on importe de l'électricité des pays européens grâce à ce marché, heureusement, parce que sinon on aurait des coupures d'électricité, donc on a besoin de ce marché qui nous protège, maintenant, en termes de prix, on voit que quand il y a des crises comme celle-là, le marché n'est pas complètement adapté et donc on travaille, avec les ministres de l'Energie, et avec les ministres aussi de l'Economie, avec Bruno LE MAIRE, pour réformer cette partie du marché, pour qu'elle soit plus adaptée, et qu'elle tienne compte justement des mix-électriques qui sont plus décarbonés comme le nôtre. Quand on fait des efforts, eh bien on peut avoir moins chère notre électricité.

PATRICK ROGER
A propos d'électricité, Barbara POMPILI, comment se fait-il qu'on a toujours un certain nombre de réacteurs nucléaires qui ne fonctionnent pas, ça représente je crois, à peu près, 20% de nos capacités ?

BARBARA POMPILI
On a trop de réacteurs nucléaires qui sont à l'arrêt aujourd'hui. Alors, il y a des réacteurs nucléaires qui doivent être à l'arrêt pour de la maintenance, c'est-à-dire pour recharger du combustible, pour vérifier que tout va bien en termes de sûreté, il y a des calendriers pour ça, les calendriers ont été décalés à cause du début de la crise Covid, et EDF n'arrive toujours pas à recaler son calendrier. Et puis on a des imprévus, on des réacteurs qui vieillissent en France, et quand ils vieillissent, eh bien c'est comme pour une voiture, vous pouvez avoir des problèmes de corrosion sur une pièce, c'est exactement ce qui s'est passé, et là ça demande des réparations.

PATRICK ROGER
On n'a pas anticipé alors ça ?

BARBARA POMPILI
Si vous voulez, on a des matériels qui sont prévus pour une certaine durée de vie, on essaye de les pousser le plus loin possible, c'est la stratégie qu'avait EDF et c'était aussi une stratégie que nous avions, pour justement profiter de ces centrales qui sont amorties, qui permettent aussi à EDF de vendre moins chère son électricité.

PATRICK ROGER
A propos d'EDF, malgré les protestations d'EDF sur les 8 milliards de manque à gagner - à peu près, c'est ça je crois - il n'y aura pas de compensation de l'État, alors qu'EDF continue de demander, puisque vous avez stabilisé en fait les prix, puis il y a eu des opérations qui ont été montées, pour limiter en fait les prix ?

BARBARA POMPILI
Il faut bien qu'on explique pourquoi on fait ça, ça fait partie des mesures qui sont faites pour protéger le pouvoir d'achat des Français. On a demandé à EDF d'augmenter le volume d'électricité qu'ils vendent pas cher à leurs concurrents, pour que leurs concurrents, aussi, répercutent ces prix sur leurs clients, et donc tous les consommateurs français vont pouvoir profiter d'une électricité moins chère grâce à ça. Moi je trouve que c'est normal qu'on demande ça à EDF, pourquoi ? Parce que c'est justement de l'argent de centrales nucléaires qui sont amorties, qui a payé pour la construction de ces centrales nucléaires ? Ce sont les contribuables français, donc c'est normal que dans une période de crise, donc dans une période exceptionnelle, on demande une aide exceptionnelle à EDF.

PATRICK ROGER
Oui, mais EDF dit toujours qu'ils ont des dépenses en fait aujourd'hui.

BARBARA POMPILI
Oui, mais EDF ne vend pas à perte, EDF ne vend pas à perte.

PATRICK ROGER
Donc EDF n'est pas à plaindre, ils se plaignent à EDF, mais ils ne sont pas à plaindre ?

BARBARA POMPILI
Ils ne vendent pas à perte l'électricité, là, qu'ils vendent moins chère, c'est simplement qu'en fait ils avaient prévu que cette hausse des prix leur rapporte beaucoup d'argent et donc ça va leur rapporter moins d'argent que ce qu'ils avaient prévu, donc c'est en ça qu'on dit que c'est un manque à gagner, mais, encore une fois, ils ne perdent pas d'argent, c'est juste ils en gagnent moins que ce qu'ils auraient voulu. A côté de ça, évidemment, l'État a toujours été aux côtés d'EDF, on a besoin d'EDF qui est notre principal électricien, pour que justement il continue de fournir de l'électricité aux Français, pour qu'il se développe aussi, pour qu'il se développe sur les renouvelables, on voit aujourd'hui que le fait d'avoir un parc électrique trop orienté sur le nucléaire fait que, quand on a un problème sur des centrales nucléaires, comme c'est le cas aujourd'hui, on n'a pas d'autre solution, et ça c'est ennuyeux.

PATRICK ROGER
Enfin, vous dites quand même, quand on a ces tensions sur l'électricité, vous dites quand même merci au nucléaire, et merci au choix qui est fait d'avoir des mini-réacteurs.

BARBARA POMPILI
Non, mais attendez, ça n'a rien à voir. Là, aujourd'hui, on a des centrales amorties qui permettent de vendre par chère de l'électricité, ensuite on va devoir faire des investissements, des investissements parce qu'on va avoir besoin de plus en plus d'électricité justement pour avoir des voitures électriques…

PATRICK ROGER
Et c'est un bon choix d'aller vers le nucléaire quoi !

BARBARA POMPILI
Non, ce qu'il faut c'est deux choses, c'est, avant d'investir sur le nucléaire il faut économiser l'énergie, parce que moins on a besoin d'énergie, moins on a besoin d'en produire, ensuite on doit développer les renouvelables, on a besoin d'avoir des marges de manœuvres, aujourd'hui, si on a un problème sur le nucléaire, on n'a quasiment pas de marge de manœuvre, à part de recourir à des fossiles, c'est très mauvais pour nos émissions de gaz à effet de serre, donc on doit développer beaucoup les renouvelables, et puis ensuite, d'ici une quinzaine d'années, pas avant, on pourra reconstruire, on pourra avoir des nouvelles centrales nucléaires. Tout ça ce sont des investissements, mais c'est cher, quoi qu'on fasse !

PATRICK ROGER
C'est une vraie stratégie, est-ce qu'il ne faudrait pas aller jusqu'à ce que propose Yannick JADOT par exemple, renationaliser EDF ?

BARBARA POMPILI
Moi je n'ai aucune religion sur ces sujets-là, mais ce que je pense c'est qu'avant de penser à nationaliser EDF, je peux vous dire moi, comment je fais pour avoir de l'électricité qui arrive aux Français aujourd'hui, comment on fait ? et je peux vous dire que EDF soit renationalisé, ou pas, on a besoin de plus d'économies d'énergie, on a besoin de plus de renouvelables, et on a besoin de travailler pour solidifier notre nucléaire, quelle que soit la solution choisie. Donc, après moi je veux bien qu'on parle de ça, moi ce qui m'intéresse c'est qu'aujourd'hui je n'ai pas assez de renouvelables en France pour faire face quand on a un problème sur le nucléaire, c'est ça le vrai problème, et on a un besoin aussi d'une harmonisation au niveau européen pour ne plus dépendre des autres pays.

PATRICK ROGER
Donc vous attendez beaucoup du discours d'Emmanuel MACRON aujourd'hui, au niveau européen ?

BARBARA POMPILI
Au niveau européen Emmanuel MACRON va réaffirmer sa volonté européenne, qu'il a toujours exprimée depuis qu'il est arrivé, quand il est arrivé il avait son drapeau européen avec lui, à la présidence…

PATRICK ROGER
Un peu trop peut-être ce drapeau européen, il a voulu le mettre sous l'Arc de Triomphe après, non ?

BARBARA POMPILI
Je crois que… enfin, on a les polémiques qu'on mérite, franchement, par contre l'Europe on en a énormément besoin. Là on est en train de dire que justement les prix de l'essence sont chers, le développement de la voiture électrique, très fort, on est passé, je crois, en 2017 on devait être à 2,5% de véhicules électriques vendus en France, maintenant on est passé à 18%, c'est énorme, en deux ans, donc c'est énorme. Ça c'est dû à quoi ? C'est dû au fait qu'on a une réglementation européenne sur les émissions de gaz à effet de serre des véhicules, eh bien cette réglementation, là, elle va s'accompagner de mesures qu'on va prendre pour ne plus dépendre de l'étranger. Aujourd'hui le problème des voitures électriques c'est qu'il y a besoin de moins de personnes pour les construire, que pour des voitures thermiques, ça veut dire des emplois en France…

PATRICK ROGER
Et les entretenir après.

BARBARA POMPILI
Et les entretenir, eh bien là on est en train de faire, en Europe, un règlement batteries pour qu'on produise plus de batteries en Europe, qu'on ne soit plus dépendant du lithium qui vient des pays de Chine, avec un règlement qui va obliger à faire beaucoup de recyclage, pour qu'on soit moins dépendant, tout ça c'est l'Europe qui le fait, et les batteries, du coup, on va les construire en Europe, et ça, notamment par exemple l'usine à Douai, qui est en train de se mettre en place, ça c'est des emplois pour nous, ce n'est plus des emplois pour les Chinois. Donc voilà ce que je veux vous dire sur la souveraineté écologique de l'Europe, c'est tout ça, c'est la non dépendance de l'énergie, c'est l'industrialisation en France et en Europe, et puis ce sont aussi des taxes pour ceux qui veulent rentrer…

PATRICK ROGER
C'est ça, c'est les taxes au carbone pour les produits, etc., là il faut s'harmoniser au niveau européen, c'est ce que vous allez dire demain, pour que ce soit encore… ?

BARBARA POMPILI
Bien sûr, c'est la puissance du marché européen. Vous dites à des produits étrangers, "si vous voulez rentrer sur le marché européen", 450 millions de personnes…

PATRICK ROGER
C'est du protectionnisme en quelque sorte !

BARBARA POMPILI
Absolument pas, "vous devez respecter les mêmes règles environnementales que les nôtres", et on protège aussi nos agriculteurs comme ça. Je pense que le président va le dire dans son discours, on va se battre pour des clauses-miroirs, c'est-à-dire que les produits qui vont rentrer en France, y compris les produits donc agricoles, vont devoir respecter les mêmes règles que les nôtres, en termes de pesticides par exemple, etc., on a besoin d'être ensemble avec l'Europe parce que la puissance du marché européen ça nous permet de nous imposer vis-à-vis des autres pays.

PATRICK ROGER
Pourquoi ça ne prend pas la campagne de votre ex-comparse Yannick JADOT, dans les intentions de vote ?

BARBARA POMPILI
Ecoutez, moi ce que je vois c'est que, lui, et le reste de la gauche, et le reste de la gauche, ont… je suis hallucinée de l'impréparation de la gauche à cette campagne présidentielle, et je ne m'en réjouis pas, parce que, du coup, on ne peut pas avoir de vrai débat sur des sujets importants.

PATRICK ROGER
Vous n'allez quand même pas pleurer pour Yannick JADOT ?

BARBARA POMPILI
Non, je pense que malheureusement, en plus, il pâtit d'avoir des soutiens qui ne l'aident pas beaucoup, il faut bien le dire, je crois que quand Sandrine ROUSSEAU applaudissait des deux mains quand Christiane TAUBIRA a annoncé qu'elle voulait se présenter, forcément ça ne l'aide pas, mais d'une manière générale les préoccupations écologiques sont des préoccupations très importantes pour les Français, vous voyez, on parlait des prix de l'énergie, c'est des préoccupations écologiques, on a besoin d'apporter des réponses. Il s'avère que Yannick JADOT, et la gauche, sont tellement pas préparés, alors que ça fait cinq ans qu'ils sont dans l'opposition, ils avaient le temps de se préparer, le fait qu'ils ne soient pas prêts aujourd'hui pour la campagne alors qu'on est à quelques semaines de l'élection présidentielle, c'est hallucinant. Eh bien les propositions sur l'écologie, la politique écologique, c'est nous qui la menons, moi je fais des propositions avec mon parti, "En Commun !", pour alimenter la campagne présidentielle, on va également, avec Pascal CANFIN, un grand européen, proposer des mesures, voilà, je suis désolée, mais les Français, ce que je crois qu'ils attendent, c'est des gens qui sont responsables et qui leur tracent des perspectives, pas des bisbilles et des bagarres entre partis et entre candidats, on mérite mieux.

PATRICK ROGER
Merci Barbara POMPILI, ministre de la Transition écologique, était l'invitée de Sud Radio.

Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 janvier 2022