Texte intégral
NICOLAS DEMORAND
Bonjour Bruno LE MAIRE et bienvenue.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Nicolas DEMORAND.
LEA SALAME
Bonjour.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Léa SALAME.
NICOLAS DEMORAND
Commençons par l'Ukraine, Emmanuel MACRON était reçu hier par Vladimir POUTINE qui s'est dit prêt à des compromis dans cette crise sans dire précisément lesquelles, Emmanuel MACRON lui a parlé de convergence sans dire précisément lesquelles non plus, pensez-vous qu'avec cette visite Bruno LE MAIRE les bruits de bottes s'éloignent au profit d'une amorce de désescalade ou les positions vous semble-t-elle encore figées ce matin ?
BRUNO LE MAIRE
Je crois que cette visite, elle est plus que nécessaire, la seule option c'est celle que défend le président de la République, celle qui l'a défendu à Moscou auprès de Vladimir POUTINE, c'est la désescalade. L'escalade du conflit créera des difficultés insurmontables pour tous du point de vue économique, pour donner juste cet aspect-là, ça aboutirait à une nouvelle flambée des prix du gaz et par répercussion une nouvelle flambée des prix de l'électricité. C'est tout ce que nous voulons éviter. Donc il n'y a qu'une seule voie c'est la désescalade, c'est celle qu'a emprunté le président de la République, c'est celle que tous les Européens doivent soutenir.
LEA SALAME
Mais vous ne répondez pas la question de Nicolas DEMORAND, est-ce que vous pensez qu'aujourd'hui après ces 5 heures de rencontre on est un peu plus avancé ou comme dit Pierre HASKI, on n'attendait pas de miracle et il n'y a pas un mirage ?
BRUNO LE MAIRE
Mais il n'y a pas d'autre voie que celle du dialogue. Le dialogue il suppose de la fermeté, mais il y a qu'une seule voie, c'est celle du dialogue direct avec le président POUTINE.
LEA SALAME
Certainement mais aujourd'hui le dialogue a eu lieu, il a duré 5 heures hier.
BRUNO LE MAIRE
Mais ce dialogue, il va durer beaucoup plus que 5 heures. Il va durer des jours et il doit peser l'ensemble des paramètres de ce conflit. Aujourd'hui il y a au moins 3 enjeux stratégiques derrière ce conflit. Le 1er c'est celui de l'indépendance énergétique.
LEA SALAME
On va en parler.
BRUNO LE MAIRE
On voit bien que l'Europe doit être indépendante du point de vue énergétique justement pour pouvoir tenir tête à Vladimir POUTINE. Le 2ème enjeu c'est celui du respect des frontières et la souveraineté de l'Ukraine, c'est-à-dire de la liberté de décision de l'Ukraine et c'est là que les Européens sont au pied du mur et doivent montrer leur fermeté.
NICOLAS DEMORAND
Alors justement…
BRUNO LE MAIRE
Juste le 3ème enjeu, je termine juste par là parce que Pierre HASKI n'en a pas parlé, c'est la place de la Russie. Est-ce que la Russie dialogue et travaille et coopère avec l'Europe ou est-ce que la Russie bascule totalement du côté de la Chine, c'est un des enjeux majeurs aussi de ce conflit.
NICOLAS DEMORAND
Alors sur le 2ème enjeu Emmanuel MACRON sera à Kiev aujourd'hui, quel message doit-il donner aux Ukrainiens que l'Europe, que la France défendront leur intégrité territoriale, leur souveraineté si la Russie attaque, c'est ça ce qu'il doit leur dire aujourd'hui ?
BRUNO LE MAIRE
Il doit surtout saluer l'esprit de responsabilité du président ZELENSKY et des Ukrainiens. enfin faut bien mesurer que depuis des années les Ukrainiens perdent des soldats, des jeunes soldats à la frontière du Donbass, des jeunes qui ont 20, 21, 22 ans, quand vous allez sur la place Maïdan à Kiev où vous voyez les stèles de ces jeunes qui sont tombés sur la frontière entre le Donbass et la Russie, faire preuve de sang-froid face à une épreuve pareille quand vous avez des dizaines de milliers de troupes russes qui sont massées à votre frontière, ça mérite d'être salué et apporter de soutien à Kiev, apporter le soutien au président ZELENSKY et à tout le peuple ukrainien c'est ce que doit faire le président de l'Union européenne en exercice, c'est ce que fait le président de la République, Emmanuel MACRON.
LEA SALAME
Sur la crise énergétique et vous le disiez effectivement c'est le grand levier de Vladimir POUTINE puisqu'il fournit, la Russie fournit aujourd'hui 40 % du gaz européen et qu'il joue sur ça. Hier soir Joe BIDEN a dit si la Russie envahit l'Ukraine, il n'y aura plus de gazoduc Nord Stream 2, nous y mettrons fin, est-ce que vous vous êtes d'accord avec ce qu'a dit, avec cette menace du président américain ou elle vous semble excessive ?
BRUNO LE MAIRE
Une fois encore, je pense que la seule voie, c'est celle du dialogue et les Américains n'auront pas à supporter les mêmes conséquences d'un conflit en Ukraine que les Européens, notamment du point de vue du prix de l'énergie. Le point qui est juste c'est que Nord Stream 2, l'ouverture de ce gazoduc est un des points clés de la négociation et sans doute un des points clés de la sortie de crise avec la Russie, ce n'est pas à moi de négocier, je dis simplement comme ministre de l'Economie et des Finances que cette question de Nord Stream 2, elle est stratégique pour la Russie, elle est stratégique pour l'Europe, elle est un des éléments clés…
LEA SALAME
Pour l'Allemagne…
BRUNO LE MAIRE
Pour l'Allemagne bien entendu, elle est donc un des éléments clés de la solution à ce conflit.
LEA SALAME
Donc vous êtes d'accord avec ça parce que c'est quand même une phrase très; pardon c'est une phrase très importante qu'a dit BIDEN hier, qui a fait sursauter les Allemands, quand il dit, il y aura pas de, il n'y aura plus de gazoduc, c'est une catastrophe pour l'Allemagne, c'est une catastrophe pour nous sur les prix de l'énergie.
BRUNO LE MAIRE
Mais ne nous laissons pas entraîner, je vais vous dire le fond de ma pensée Léa SALAME…
LEA SALAME
Oui c'est ça parce que…
BRUNO LE MAIRE
Qui est à peu près la même que celle que je pouvais avoir il y a quelques années quand on avait d'autres crises qui étaient sur la table, ne nous laissons pas entraîner par les Américains sur une position qui ne serait pas celle des Européens. Les Européens ont grâce notamment au président de la République une position indépendante dans cette crise ukrainienne, des intérêts différents de ceux des Américains. Et il faut pouvoir le dire à nos alliés américains de la manière la plus claire, nous avons des intérêts…
LEA SALAME
On n'est pas d'accord avec eux ce matin.
BRUNO LE MAIRE
Différents de ceux des Etats-Unis dans cette crise, nous la voie que nous privilégions ça n'est pas celle de l'affrontement, ça n'est pas celle de la menace, c'est celle du dialogue et de la désescalade.
NICOLAS DEMORAND
Alors venons-en à la question de l'inflation qui atteint 2,9% en France, près de 5% en Allemagne, 6% en Espagne, elle devrait rester élevée plus longtemps que prévu mais devrait baisser au cours de l'année a déclaré Christine LAGARDE la semaine dernière. Mais les économistes Bruno LE MAIRE et les banques centrales elles-mêmes d'ailleurs sont divisés sur l'ampleur et la durée possible du phénomène, pensez-vous, dites-nous vous ce que vous en pensez, pensez-vous que l'inflation est durable ou pas, pensez-vous que les prix vont continuer à rester élevés en 2022, voire 2023 ?
BRUNO LE MAIRE
Nous, nous travaillons sur un scénario principal qui est la baisse de l'inflation à partir de la fin de l'année 2022. Donc nous avons aujourd'hui une inflation qui est relativement élevée, elle est due à un facteur principal, je le redis, c'est le sujet principal aujourd'hui et ça va l'être pour des décennies, l'énergie, les prix de l'énergie, ce que nous payons pour le gaz l'électricité et le pétrole. Ces tensions elles sont dues aux tensions géopolitiques dont on vient de parler, elles sont dues au fait que la reprise économique est bien plus forte que prévu aux États-Unis et en Europe. Du coup il y a une demande de gaz, une demande de pétrole partout dans ces pays qui augmente les prix des carburants, qui augmente les prix des énergies fossiles et qui augmente les prix à la consommation tels que les consommateurs ont à le supporter. Donc pour nous l'évaluation est très claire, d'ici la fin 2022 j'espère que les taux de l'inflation se desserrera mais pour le moment nous avons une inflation qui reste effectivement élevée.
LEA SALAME
Faut-il que la BCE augmente ses taux avant la fin de 2022, Christine LAGARDE qui était à ce micro il y a 2 semaines ne le souhaitait pas, elle ne souhaitait pas toucher aux taux, elle y songe depuis hier et il semble y avoir un changement à la tête de la BCE, qu'est-ce que dit le ministre français de l'économie, il faut toucher au taux ou pas ?
BRUNO LE MAIRE
Il dit que la Banque centrale, Léa SALAME, est indépendante et si le ministre des Finances s'amusait à donner des instructions à la Banque centrale.
LEA SALAME
Je ne demande pas une instruction, je demande un avis.
BRUNO LE MAIRE
Non je pense que la réaction de la Banque centrale est parfaitement naturelle, l'économie redémarre. Elle redémarre plus vite que prévu. Donc du coup nous allons vers une normalisation de la politique monétaire. Nous l'avons anticipé cette normalisation. Vous savez qu'on a emprunté en 2021 à des taux négatifs, aujourd'hui on a des taux légèrement positif. Nous, nous avons anticipé avec le gouvernement qu'à la fin de l'année 2022 les taux seraient à 0,75, on est à 0,5 à peu pour tous les taux à 10 ans. Donc on est parfaitement en ligne avec ce que nous avions anticipé, les taux vont augmenter. Qu'est-ce que ça veut dire pour nous, pour la politique budgétaire dont je suis responsable ? C'est qu'il faut sortir du quoi qu'il en coûte, je l'ai indiqué à votre micro dès la rentrée de septembre 2021, il faut sortir du quoi qu'il en coûte et il faut progressivement mais fermement rétablir les finances publiques de la France. Quand nous prenons la décision avec 20 milliards d'euros de recettes fiscales supplémentaires en 2021 de tout affecter à la réduction du déficit, tout affecter à la réduction de la dette, c'est parce que avec le Premier ministre, avec le président de la République nous avons anticipé qu'il était temps maintenant de rétablir progressivement mais fermement les finances publiques de la France.
NICOLAS DEMORAND
Certains disent que ces taux qui remontent, c'est le début du boomerang qui revient sur les comptes publics, est-ce que vous partagez cette inquiétude ?
BRUNO LE MAIRE
Mais non, c'est fou cette manie qu'il y a en campagne présidentielle de jouer avec les peurs des Français. Il n'y a pas de boomerang, il y a une normalisation des politiques économiques et budgétaires. En 2017, 2019 nous avons établi les finances publiques de la France, donc nous n'avons pas de leçon à recevoir de ceux qui nous disent, il faut réduire les déficits, réduire la dette, nous l'avons fait, ça n'avait pas été fait depuis 15 ans, moins de 3% de déficit, stabilisation de la dette. Il y a eu une crise économique, on a protégé avec le quoiqu'il en coûte mais dès septembre 2021 j'ai indiqué que nous sortions de quoi qu'il en coûte, qu'il fallait rétablir les finances publiques et qu'il fallait le faire avec fermeté, détermination, mais sans précipitation. Ne parlons pas de boomerang. Moi je lisais une interview d'un soi-disant spécialiste qui nous disait les taux d'intérêts vont être à 4% d'ici quelques mois, mais c'est n'importe quoi, pourquoi pas 10, pourquoi pas 15 ? Ils vont remonter progressivement nous le savons, nous anticipons...
LEA SALAME
C'est qui la soi-disant spécialiste ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je ne vais pas citer tous les spécialistes qui s'expriment.
LEA SALAME
Agnès VERDIER-MOLINIE, c'est ça ?
BRUNO LE MAIRE
Mais on joue avec les peurs des Français et la politique ce n'est pas ça. La politique, c'est voir les sujets avec lucidité, apporter des solutions dans le calme et dans la sérénité.
NICOLAS DEMORAND
En tout cas face à cette augmentation des prix de l'énergie mais aussi de l'alimentation Bruno LE MAIRE, Jean-Luc MELENCHON promet s'il est élu de bloquer immédiatement donc les prix des produits de première nécessité, dont ceux du gaz, de l'électricité, de 5 fruits et légumes de saison. Est-ce forcément une mauvaise idée ?
BRUNO LE MAIRE
On a bloqué les prix du gaz, je le rappelle, nous avons gelé les prix du gaz. Et quand on voit aujourd'hui les risques d'augmentation, il est à 80 euros le mégawatheure de gaz, si demain il y avait une crise ouverte on basculerait immédiatement à 200 ou 250 euros le mégawatheure, un doublement du prix du gaz, c'est ce que nous ont indiqué le président de TOTAL, le président d'ENGIE que nous avons rencontré hier avec Barbara POMPILI. Donc nous avons gelé les prix du gaz parce que nous anticipons les risques qui peuvent peser. Sur l'électricité nous avons plafonné à 4% parce qu'EDF est une entreprise publique, que l'Etat a renoncé à 8 milliards d'euros de taxes et que nous voulions protéger les Français. Et pour le reste il y a des négociations entre distributeurs et producteurs aujourd'hui, on doit effectivement veiller à ce que les prix alimentaires eux aussi ne flambent pas.
NICOLAS DEMORAND
Donc discussions mais pas blocage sur les produits de première nécessité.
BRUNO LE MAIRE
Non parce que je bloque ce qui appartient à mes responsabilités. EDF est une entreprise qui est sous le contrôle de l'Etat, c'est normal qu'on demande un effort. Ça n'est pas la même chose pour les producteurs privés.
LEA SALAME
Les salariés d'EDF ne sont pas contents, vous le savez, vous avez imposé à EDF de limiter à 4 % l'augmentation du prix de l'électricité, pour y parvenir elle doit vendre, l'entreprise doit vendre de l'électricité à bas coût à ses concurrents. Votre décision a été dénoncée par la direction par les salariés qui vous accusent de mettre en danger les finances d'EDF avec un risque de sabordage de l'entreprise, qu'est-ce que vous leur répondez ?
BRUNO LE MAIRE
Qu'on ne peut pas dire ça. On ne peut pas dire ça, Léa SALAME.
LEA SALAME
Ce n'est pas moi qui le dis.
BRUNO LE MAIRE
Non je sais bien, mais il faut arrêter là aussi de colporter n'importe quoi. Qu'est-ce qu'on aurait dit si gouvernement avait laissé les prix de l'électricité au 1er ou 2 février augmenter de 35 à 40% ? Quel gouvernement aurait accepté que les ménages français voient une augmentation pareille de leurs factures ? Qui a soutenu EDF depuis 10 ans quand les prix étaient bas, en recapitalisant, en aidant EDF, en renonçant à des dividendes, c'est l'État. Donc il est juste et il est naturel que lorsque les prix flambent, EDF qui est un service public contrôlé à 84% par l'Etat participe à l'effort auquel l'Etat a lui aussi participait puisque je le rappelle il a renoncé à la taxe sur électricité, il a renoncé à 8 milliards d'euros. Donc nous nous sortirons de cette crise non pas en nous renvoyant des anathèmes les uns contre les autres, mais en travaillant collectivement à des solutions. La flambée des prix d'énergie est le problème économique numéro un des mois actuels et des mois à venir. Il faut que tout le monde participe à l'effort pour protéger et les ménages et les entreprises contre cette augmentation des prix, c'est ce que nous avons fait, l'Etat, EDF, les pétroliers aussi, je sais qu'ils travaillent et qu'ils réfléchissent à tout ce qu'ils peuvent faire eux aussi pour contribuer à cet effort.
LEA SALAME
Et vous trouvez qu'ils en font assez les pétroliers.
BRUNO LE MAIRE
Nous discutons avec tout le monde, cette crise énergétique a multipliée par quatre les prix du gaz.
LEA SALAME
J'entends mais vous demandez quoi aux pétroliers ?
BRUNO LE MAIRE
A multiplier les prix de l'électricité également.
LEA SALAME
Bruno LE MAIRE, vous demandez quoi à TOTAL ?
BRUNO LE MAIRE
C'est à eux de faire des propositions, à eux de discuter.
LEA SALAME
Oui mais les prix montent en attendant.
BRUNO LE MAIRE
Je sais bien que les prix montent, cela ne m'a pas échappé mais c'est dans des solutions collectives que nous parviendrons à surmonter cette crise de l'énergie.
NICOLAS DEMORAND
Le conseil d'administration d'EDF est en train, ça va prendre plusieurs semaines de donner son feu vert au rachat des activités nucléaires de General Electric et des fameuses turbines Arabelle, ces turbines Emmanuel MACRON les avait vendu à General Electric en 2014 lorsqu'il était à Bercy, aujourd'hui EDF rachète ces turbines à General Electric. Quelle est la logique de tout ça, où est la constance, était-ce tout simplement une erreur de vendre ?
BRUNO LE MAIRE
La logique, c'est l'indépendance énergétique de la France et c'est la meilleure réponse d'ailleurs qu'on peut apporter aux craintes d'EDF, l'Etat réinvestit massivement dans la filière nucléaire pour faire face à la transition climatique et pour garantir notre indépendance énergétique. Aujourd'hui nous avons ORANO, contrôles publics pour les combustibles, même chose pour Framatome sur les cuves, même chose maintenant avec EDF sur la réalisation y compris avec les turbines Arabelle qui vont revenir sous le contrôle d'EDF. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire d'abord que nous réinvestissons massivement dans le nucléaire, que nous nous donnons les moyens techniques de réaliser de nouvelles centrales dans les années à venir pour être plus indépendant et que nous bâtissons et renforçons l'indépendance énergétique de la France à la fois sur le renouvelable et sur les énergies nucléaires.
NICOLAS DEMORAND
Ça, ce n'était pas un enjeu quand il a fallu vendre ?
BRUNO LE MAIRE
Soyons, soyons humbles, je pense que personne avait vu venir la gravité de cette crise énergétique et je pense que ce n'est que maintenant que nous prenons conscience de ce défi énergétique considérable qui fait que nous allons avoir besoin d'électricité décarbonée dans des volumes infiniment plus importants que ce à quoi nous nous attendions. La décision que prend EDF, des décisions qui ont été annoncées par le président de la République vont permettre à la France d'être un des grands leaders mondiaux dans le domaine nucléaire, c'est une excellente nouvelle.
LEA SALAME
Puisqu'on est à l'heure des bilans Bruno LE MAIRE, il y a un vrai point noir du quinquennat, c'est le déficit commercial français, il n'a cessé d'augmenter, en 2020 il atteignait 64 milliards, c'est 20 milliards de plus qu'à l'arrivée d'Emmanuel MACRON au pouvoir mais surtout dans quelques minutes vous allez annoncer le chiffre du déficit commercial français, alors on parle de 84 milliards d'euros, vous n'allez pas me le confirmer, mais ça devrait être autour de ça, je le dis ce matin.
BRUNO LE MAIRE
Ça tournera autour de ça.
LEA SALAME
Je le spole et vous me le confirmez donc, 84 milliards d'euros c'est colossal, est-ce que vous reconnaissez que c'est un point noir du quinquennat ?
BRUNO LE MAIRE
Oui, j'ai déjà dit à plusieurs reprises que c'était un point noir, il s'explique d'abord par la facture énergétique dont on a beaucoup parlé, il y a des points positifs aussi notamment sur la balance des paiements, c'est-à-dire quand on intègre les services, les services réussissent très bien. Mais pourquoi est-ce qu'on a c'est plus de 80 milliards d'euros de déficit ? il y a une fois encore la facture énergétique et puis il y a l'affaiblissement industriel au cours des 30 dernières années, c'est le sujet que nous avons commencé depuis 5 ans à redresser avec le président de la République en créant un environnement fiscal plus favorable, en baissant les impôts de production, en formant et en qualifiant les salariés à de nouveaux métiers industriels, l'acte 1 de la réindustrialisation ça a été le 1er quinquennat d'Emmanuel MACRON, moi je souhaite que l'acte 2 de la réindustrialisation, de la reconquête industrielle soit au coeur du 2e quinquennat d'Emmanuel MACRON que j'appelle de mes voeux. Il n'y a pas d'autre solution pour rétablir la balance commerciale extérieure de la France que de réindustrialiser massivement, rapidement notre pays.
NICOLAS DEMORAND
on attend cette année des résultats record pour le CAC 40 avec des super profits allant jusqu'à 137 milliards d'euros selon les estimations Bruno LE MAIRE, c'est du jamais vu depuis une quinzaine d'années, BNP Paribas ce matin enregistre les meilleurs résultats de son histoire, 9 milliards 500 millions d'euros, les dividendes versés aux actionnaires atteignent également des sommets, 70 milliards l'an dernier, alors que les négociations pour les augmentations générales des salaires ne décollent pas, est-ce que vous vous en réjouissez de cette situation ?
BRUNO LE MAIRE
Je me réjouis quand les entreprises françaises vont bien parce que s'il y a des dividendes, ça veut dire que les entreprises françaises sont sorties plus fortes de la crise et que nous avons bien géré cette crise économique. On pourrait parler ce matin à votre micro de centaines de milliers de chômeurs supplémentaires et de faillites par dizaines de milliers, il y a peu de faillite, il y a des entreprises qui se portent bien et il y a eu 650000 emplois créés en 2021.
NICOLAS DEMORAND
Mais on entend un mais.
BRUNO LE MAIRE
Oui le mais c'est qu'il faut qu'il y ait un meilleur partage de la valeur. Le mais c'est qu'il faut que l'intéressement et la participation que nous avons soutenu qui commence à se développer, se développe beaucoup plus rapidement, pour qu'un salarié sache que quand son entreprise va bien, ça va mieux pour lui.
NICOLAS DEMORAND
Mais vous le dites ça effectivement qu'aujourd'hui la rentrée de septembre à ce micro, est-ce que vous avez l'impression d'être entendu ?
BRUNO LE MAIRE
Il y a des choses qui bougent. Ça a bougé dans le secteur de l'hôtellerie.
NICOLAS DEMORAND
Mais est-ce que ça bouge substantiellement ?
BRUNO LE MAIRE
Les cafés, restauration, il y a eu une augmentation, il y a une négociation qui a abouti, je souhaite qu'elle aboutisse dans d'autres filières où il y a des marges de manoeuvre financières et où il y a des attentes de la part des salariés. Et je souhaite que sur l'intéressement et la participation, on fera des propositions sur le sujet pour accélérer encore notamment dans les plus petites entreprises l'intéressement et la participation. Le fil directeur de ce quinquennat Nicolas DEMORAND, c'est le travail, du travail pour tous, le plein emploi et un travail qui permet de vivre dignement, qui satisfait les personnes parce qu'ils se disent qu'ils peuvent avoir des projets, qu'ils peuvent acheter une maison, ils peuvent partir en voyage, ils peuvent former leurs enfants, ils peuvent leur offrir leurs études, nous n'y sommes pas encore, nous avons progressé mais c'est un des grands défis des années à venir. Et quand je vois les propositions des différents candidats à la présidentielle…
LEA SALAME
D'augmenter le Smic par exemple.
BRUNO LE MAIRE
Oui on peut faire, il y a beaucoup de propositions qui sont sur la table, la nôtre elle tient en un seul mot, je le redis, le travail et le travail bien payé.
LEA SALAME
oui mais quand vous entendez pardon, imaginez un Français qui vous écoutent ce matin et qui voit que ces salaires, que son salaire n'augmente pas et qui entend des chiffres ahurissants sur les records, les résultats records du CAC 40 les, actionnaires qui n'ont jamais touché autant de dividendes, les milliardaires qui ont vu leur fortune doubler grâce à la crise sanitaire, 2 fois plus que pendant les 10 dernières années et qui voient que leurs salaires n'augmentent pas, est-ce que vous ne vous dites pas il y a quelque chose qui cloche, est-ce que vous ne dites pas il faut peut-être imaginer une contribution supplémentaire des plus riches ou non ça vous semble, c'est ainsi, c'est la loi du marché, c'est comme ça ?
BRUNO LE MAIRE
Non, ce n'est pas que c'est la loi du marché, moi je ne me résigne pas à la loi du marché, sinon je ferai autre chose comme métier que ministre de l'Economie qui consiste justement à essayer d'améliorer le marché, de défendre un ordre public économique qui soit plus juste. Mais c'est pas en mettant une taxe ici ou une taxe là qu'on va résoudre cette difficulté, c'est en créant du travail pour tous, c'est en allant vers le plein emploi, c'est en développant l'intéressement et la participation, c'est en incitant les branches à négocier les salaires et c'est effectivement en parvenant à une meilleure répartition de la rémunération du capital et de la rémunération du travail. Et ça passe, je le redis par ces dispositifs d'intéressement de participation, de prime défiscalisée, je vois que certains proposent des primes défiscalisées, je rappelle que nous en avons mise en place avec Emmanuel MACRON qui rapporte en moyenne 560 euros aux salariés qui les touchent. Donc il y a un certain nombre de dispositifs, il faut qu'ils touchent tous les Français sans exception.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 14 février 2022