Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Bienvenu dans La Matinale de CNews. Est-ce qu'il y a une inquiétude du gouvernement face à ces convois de la liberté que l'on voit depuis hier ? Pourquoi cette fin de non recevoir ? 7 200 policiers mobilisé, on leur promet des amendes de 4 500 euros, des peines de prison. Vous avez peur du peuple ?
BRUNO LE MAIRE
On n'a jamais peur du peuple quand on gouverne. On gouverne avec le peuple et pour le peuple.
LAURENCE FERRARI
Là, ce n'est pas le cas.
BRUNO LE MAIRE
Mais le peuple français, c'est des millions de Français qui sont responsables et qui en se vaccinant, en allant travailler, en continuant à faire tourner l'économie, garantissent notre liberté collective. La liberté, c'est la responsabilité. Ce n'est pas le blocage des autres. Donc moi je pense effectivement à tout ce peuple qui depuis des mois a fait preuve d'un immense sens des responsabilités pour garantir notre liberté. Ça n'amuse personne d'aller se faire vacciner, d'avoir un pass vaccinal, d'avoir des obligations, d'avoir des restrictions sanitaires, d'avoir des gestes barrières mais l'immense majorité des Français a fait preuve d'un immense sens des responsabilités et a garanti notre liberté. Ceux qui veulent garantir la liberté en bloquant les autres ne sont pas responsables.
LAURENCE FERRARI
Ce pass vaccinal, à quoi sert-il ? Il va être levé fin mars. A-t-il encore une utilité à l'heure où l'épidémie décroît de façon très forte ?
BRUNO LE MAIRE
Le porte-parole du gouvernement a laissé entrevoir la possibilité d'une levée de ces restrictions sanitaires mais moi ce que je constate, c'est que la France a réussi à surmonter cette nouvelle vague Omicron. Qu'elle l'a fait sans restreindre justement les libertés. Les commerces n'ont pas été fermés, les restaurants n'ont pas été fermé, les salles de spectacle et salles de cinéma, nous avons pu continuer à y aller parce qu'il y avait des règles communes. La société, ce sont des règles communes qui garantissent notre liberté. Ce n'est pas chacun fait ce qu'il veut et puis, du coup, la société va bien. Il faut qu'il y ait des règles communes pour qu'il y ait une liberté pour tous.
LAURENCE FERRARI
La grogne n'est pas seulement sur fond de contestation de mesures sanitaires. Elle est évidemment aussi question de pouvoir d'achat, de vie chère et de hausse des prix du carburant. Jamais les carburants n'ont été aussi chers dans notre pays. Les Français hallucinent en faisant leur plein de voiture. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire ? Pourquoi ne pas faire un geste en faveur des ménages qui ne peuvent pas se payer un plein d'essence ou de gasoil aujourd'hui ?
BRUNO LE MAIRE
Mais le gouvernement a déjà fait des gestes considérables. Il a fait plus que des gestes. Il a adopté une politique de soutien aux ménages face à l'explosion des prix de l'énergie qu'aucun autre pays européen n'a fait. La prime inflation, l'indemnité kilométrique, le relèvement du barème kilométrique, l'ensemble des mesures qui ont été prises sur l'électricité, le plafonnement des prix du gaz, le plafonnement des prix de l'électricité, c'est plus de 15 milliards d'euros que nous avons déjà mis sur la table pour que les Français en ce moment ne découvrent pas une augmentation de 45 % de leur facture d'électricité.
LAURENCE FERRARI
Les taxes.
BRUNO LE MAIRE
Pour que les petites entreprises n'aient pas une augmentation de leur facture d'électricité. Mais les taxes, Laurence FERRARI…
LAURENCE FERRARI
Les taxes, c'est ce que nous disent en permanence les gens qu'on interroge.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi l'Etat ne baisse pas les taxes ?
BRUNO LE MAIRE
Il le fait.
LAURENCE FERRARI
Parce que vous engrangez. Plus les carburants montent, plus vous engranger des taxes.
BRUNO LE MAIRE
Mais il le fait, Laurence FERRARI. Il y a une taxe sur la consommation d'électricité, 8 milliards d'euros. Nous avons renoncé à 8 milliards d'euros de recettes fiscales. Nous avons supprimé la taxe sur l'électricité pour rendre du pouvoir d'achat aux Français. Nous avons sollicité EDF. Nous avons de l'argent public pour protéger contre l'augmentation des prix du gaz. Mais c'est une politique globale. On ne peut pas dire : il y a l'essence, l'essence, l'essence sans considérer qu'il y a aussi l'électricité, aussi le gaz, aussi les autres facteurs d'inflation pour les Français contre lesquels nous les protégeons. L'essence atteint des niveaux record. Je suis le prix de l'essence tous les jours. Tous les jours.
LAURENCE FERRARI
Donc pour vous, des niveaux record de ce qui rentre dans vos caisses.
BRUNO LE MAIRE
Mais au bout du compte, une crise énergétique coûte toujours à l'Etat. D'abord parce qu'il perd des recettes fiscales, 8 milliards d'euros de taxes sur la consommation finale d'électricité. Ensuite parce qu'il apporte un soutien, gel du prix du gaz. Ensuite parce qu'il va devoir aider EDF à qui il a demandé un effort. Donc au bout du compte, cette crise énergétique va coûter beaucoup plus cher à l'Etat que ça ne va lui rapporter. Est-ce qu'il faut encore alourdir la facture en baissant les taxes sur l'essence ou sur le diesel ?
LAURENCE FERRARI
Alors 40 millions d'automobilistes propose de baisser la taxe à 5,5, la TVA à 5,5 et de faire une TICPE flottante. Comme ça on peut lisser les prix de l'essence. C'est une mauvaise idée ?
BRUNO LE MAIRE
Je le redis : est-ce que l'on veut vraiment baisser la fiscalité sur les énergies fossiles ? Est-ce que c'est vraiment la bonne politique pour nous aider à accélérer la transition écologique ? Moi je préfère m'engager devant les Français à ce que toutes les recettes fiscales issues des énergies fossiles soient fléchées vers la décarbonation de notre économie, vers la transition écologique. C'est quelque chose qui n'est jamais fait en France. Il y a un principe fondamental en finances publiques : c'est qu'on n'affecte pas les recettes à une dépense particulière. Moi je suis prêt à regarder cette idée-là et à dire désormais, tout euro gagné sur les énergies fossiles par une taxe, par la TVA ou par quelque fiscalité que ce soit ira directement, exclusivement et totalement à la transition écologique. Je préfère qu'on travaille là-dessus plutôt que de baisser la fiscalité sur l'essence ou sur le diesel qui va coûter des dizaines de milliards d'euros à l'Etat et qui se verra assez peu dans la poche des Français.
LAURENCE FERRARI
Mais ça ne changera rien pour les automobilistes qui font leur plein.
BRUNO LE MAIRE
Mais les automobilistes, ce sont des Français comme vous et comme moi. Ils ont un budget global.
LAURENCE FERRARI
Des contribuables.
BRUNO LE MAIRE
Oui, d'accord. Mais ils payent leur loyer, ils payent leur logement, ils payent leur alimentation, ils payent leur facture de gaz, ils payent leur facture d'électricité. Et je pense qu'ils voient parfaitement que de tous les pays européens, le seul qui a pris des mesures pour le pouvoir d'achat aussi massives pour protéger contre cette flambée des prix de l'énergie, c'est à hauteur de plus de 15 milliards d'euros l'Etat français. Et je n'oublie jamais, Laurence FERRARI, qu'à chaque fois que je dépense un euro pour protéger les Français, ce n'est pas mon argent : c'est l'argent des Français, c'est l'argent gagné par le travail des Français, donc je préfère bien l'employer plutôt que de me précipiter à prendre des décisions dont les Français ne verront pas forcément la couleur, qui vont grever les recettes de l'Etat et qui ralentiront la transition écologique.
LAURENCE FERRARI
Vous parlez de décarbonation évidemment de la production de l'électricité. On pense nucléaire. Emmanuel MACRON était hier à Belfort pour annoncer le lancement de six nouveaux EPR avec huit à l'étude. Où est la cohérence entre le Emmanuel MACRON de 2017 qui promettait de baisser la part du nucléaire, 50 % à l'horizon 2035 dans le mix énergétique, et celui de 2022 ? Il y a deux Emmanuel MACRON en fait ?
BRUNO LE MAIRE
Non, il y a un seul Emmanuel MACRON, je vous rassure. En revanche il y a au milieu un rapport qui a été produit par RTE…
LAURENCE FERRARI
Que vous avez demandé.
BRUNO LE MAIRE
Un rapport d'experts que nous avons demandé en 2018. Il y a des rapports du GIEC, il y a des rapports d'experts climatiques beaucoup plus forts que moi et donc que j'écoute, que je reçois, avec lesquels nous discutons, qui nous disent une chose très simple : vos besoins en électricité vont exploser dans les années qui viennent. Et avec les ressources qui sont les vôtres aujourd'hui, vous n'allez pas y arriver. La facture va exploser, c'est bien ce que l'on voit aujourd'hui, et vous ne réussirez pas à décarboner votre économie.
LAURENCE FERRARI
On le savait déjà en 2017. Vous le disiez, vous, il me semble, déjà à l'époque.
BRUNO LE MAIRE
Je pouvais le dire, mais c'était une conviction : là, c'est une certitude scientifique. Et c'est toujours mieux de pouvoir poser les choses de manière scientifique sur la table pour prendre les bonnes décisions publiques, surtout quand il y a autant d'argent qui est en cause. Donc la conclusion que le président de la République a tiré de tout cela, c'est que dans le fond il fallait une nouvelle politique énergétique pour le demi-siècle à venir. Moins de consommation d'énergie, plus de sobriété. En deuxième lieu, il faut accélérer le développement des énergies renouvelables, notamment les champs éoliens offshore parce qu'aujourd'hui on met onze ans pour faire un champ éolien offshore. Il faut ramener cette durée à cinq ans.
LAURENCE FERRARI
Mais parce que c'est difficile peut-être.
BRUNO LE MAIRE
Oui, c'est difficile, mais il faut un cadre législatif nouveau pour le développement…
LAURENCE FERRARI
On va défigurer la mer ? Elle ne nous appartient pas.
BRUNO LE MAIRE
Il ne s'agit pas de défigurer la mer, il s'agit de planifier des champs éoliens offshore réalisés dans des délais plus rapides.
LAURENCE FERRARI
50 offshore !
BRUNO LE MAIRE
Et en troisième lieu, la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, six qui sont décidés tout de suite et huit qui sont mis à l'étude. Tout ça fait un mix énergétique qui doit nous permettre d'être indépendants en matière énergétique et surtout de décarboner notre économie.
LAURENCE FERRARI
Qui va construire ces EPR ?
BRUNO LE MAIRE
EDF.
LAURENCE FERRARI
EDF est en capacité aujourd'hui, alors qu'elle n'arrive pas à sortir l'EPR de Flamanville ?
BRUNO LE MAIRE
Mais pourquoi est-ce qu'EDF a connu tant de difficultés ? Vous savez, quand vous êtes dans une grande entreprise, il y a des ouvriers, il y a des ingénieurs, il y a des salariés, il y a un esprit collectif, et on n'arrête pas de vous dire tous les matins : vous savez, vous êtes dans une boîte, votre activité dans cinq ans, dans dix ans, dans quinze ans c'est fini. Qu'est-ce qui se passe ? Vous perdez des compétences. Les jeunes se disent : je vais aller travailler partout mais surtout pas chez EDF pour construire des centrales. Maintenant que nous avons ouvert une perspective et garanti pour les cinquante prochaines années un vrai plan de charge pour EDF, je suis certain qu'EDF va retrouver des compétences, du savoir-faire, que les difficultés qu'on a connues vont disparaître. Qu'on aura des chaudronniers de tout premier plan, qu'on aura des soudeurs de très grande qualité…
LAURENCE FERRARI
Que les difficultés vont disparaître, ce n'est pas de la magie.
BRUNO LE MAIRE
Non, mais ces difficultés… Quand je suis arrivé au ministère de l'Economie, une des premières choses que j'ai faites c'est de demander un audit sur la filière du nucléaire. Et j'ai convoqué les représentants de la filière du nucléaire en disant : « mais ce n'est pas possible, vos retards sont inacceptables, ces défauts de fabrication sont inacceptables. On va tous se retrousser les manches, tous ensemble. On va hisser le niveau de compétences, recruter des jeunes de très grande qualité pour être chaudronnier, soudeur, ingénieur du nucléaire, technicien de maintenance et nous l'Etat, nous allons travailler à vous offrir des perspectives de développement. C'est fait depuis hier et je considère que c'est une journée historique, la journée de Belfort, car pour la première fois depuis un demi-siècle la France redéfinit de manière claire, limpide et convaincante sa politique énergétique.
LAURENCE FERRARI
Pourquoi avoir fermé Fessenheim en un mot ? Pourquoi avoir fermé Fessenheim ?
BRUNO LE MAIRE
C'était la première à être ouverte.
LAURENCE FERRARI
Ç'a été la sacrifiée.
BRUNO LE MAIRE
Ç'a été un sacrifice pour Fessenheim et pour les habitants de Fessenheim, c'est certain.
LAURENCE FERRARI
Et donc on ouvre six réacteurs nouveaux derrière.
BRUNO LE MAIRE
Vous savez, je connais le maire de Fessenheim, je connais les habitants de Fessenheim. J'aurai un échange avec le maire de Fessenheim dans les prochains jours, je lui proposerai en tout cas. Tout cela mérite compensation. Des compensations ont été mises en place mais je pense effectivement, et j'ai pensé hier, aux habitants de Fessenheim.
LAURENCE FERRARI
La campagne présidentielle, ça tangue du côté des Républicains. Natacha BOUCHART, la maire de Calais, en pointe sur la question de l'immigration décide de rejoindre Emmanuel MACRON. Elle dit qu'elle a eu une écoute attentive de la part du président, notamment sur la difficulté de la gestion migratoire. C'est un véritable coup dur pour Valérie PECRESSE après la défection d'Eric WOERTH qui lui aussi a décidé de rejoindre les rangs d'Emmanuel MACRON. Qu'est-ce qui se passe à droite, Bruno LE MAIRE ?
BRUNO LE MAIRE
CE qui se passe chez Les Républicains, c'est que la bombe à retardement de 2017 est en train d'exploser sur Les Républicains.
LAURENCE FERRARI
Laquelle bombe ?
BRUNO LE MAIRE
La bombe à retardement d'un parti qui a été incapable de choisir en 2017 au deuxième tour de l'élection présidentielle entre Emmanuel MACRON et les extrêmes. Ça faisait bien longtemps que je soutenais Emmanuel MACRON en considérant que ce choix était nécessaire. Quand Jacques Chirac a dû choisir face aux extrêmes, il a été d'une clarté limpide. Il n'y a jamais eu de doute. Quand Nicolas SARKOZY a dû choisir face aux extrêmes, il a été d'une clarté limpide, il n'y a jamais eu de doute. En 2017, Les Républicains ont refusé de choisir une fois encore entre Emmanuel MACRON et les extrêmes.
LAURENCE FERRARI
Et c'est ça qui les détruit aujourd'hui ?
BRUNO LE MAIRE
Moyennant quoi, ils ont cherché à garder ensemble deux idées qui sont incompatibles : une droite nationaliste et une droite de la liberté de la construction européenne, et Valérie PECRESSE se retrouve écartelé entre ces deux tendances. Et à un moment donné, les idées sont plus fortes que les hommes ou que les femmes, et ce sont les idées qui sont aujourd'hui en train de déchirer Les Républicains et qui font que ce parti n'a plus de ligne directrice. Si Eric WOERTH nous rejoint, qu'est-ce que ça veut dire ?
LAURENCE FERRARI
Alors qu'il a voté contre tous les budgets que vous avez présentés.
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais il a toujours été dans la discussion que nous avons eue avec lui constructif, sincère dans ses critiques. Mais si Eric WOERTH nous rejoint, ça veut dire que notre politique économique n'est peut-être pas si mauvaise que cela. Si Natacha BOUCHART nous rejoint ça veut dire, Laurence FERRARI, que notre politique contre l'immigration illégale n'est peut-être pas si mauvaise que ça. Si Catherine VAUTRIN nous rejoint, la présidente du Grand Reims, ça veut peut-être dire que notre politique sociale n'est pas si mauvaise que cela. Les personnes qui nous ont rejoints ne nous ont pas rejoints pour avoir un poste, une place où je ne sais quoi : ils nous ont rejoints par conviction et ce sont trois personnes pour lesquelles j'ai estime et respect depuis des années. Je connais la qualité professionnelle d'Eric WOERTH et sa connaissance des sujets économiques et financiers. Je connais la connaissance personnelle intime que Natacha BOUCHART peut avoir des sujets migratoires. J'ai travaillé dans le même gouvernement que Catherine VAUTRIN, je sais à quel point elle connaît les politiques sociales et de travail. Avoir trois personnes de talent qui nous rejoignent comme cela, ça veut dire une chose simple : nos politiques économiques, sociales et migratoires sont efficaces et elles méritent d'être soutenues pour encore cinq ans.
LAURENCE FERRARI
C'est-à-dire qu'il n'y a plus que deux pôles pour vous : le pôle incarné par Emmanuel MACRON et le pôle incarné par les extrêmes.
BRUNO LE MAIRE
Il y a trois pôles et chacun voit bien que l'élection de 2022 va achever la recomposition politique de 2017.
LAURENCE FERRARI
Et la disparition des LR ?
BRUNO LE MAIRE
Il n'y a plus la droite et la gauche. La disparition des Républicains, la disparition du Parti Socialiste, tout cela est écrit. Il y a aujourd'hui trois formations politiques, trois tendances politiques. Elles sont toutes respectables. Chacun s'engage. Il y a d'un côté ceux qui prônent la décroissance, j'y suis opposé mais après tout, c'est un espace politique. Il y a la droite nationaliste incarnée par Eric ZEMMOUR ou incarnée par Marine LE PEN. Ce n'est pas non plus mes convictions mais cela existe. Et puis il y a un pôle qui croit à l'économie de marché, la compétitivité des entreprises, la réussite par le travail et la construction européenne : c'est ce qu'incarne Emmanuel MACRON et c'est ce qui, je crois, a apporté les meilleurs résultats à la France depuis des années. Et c'est bien pour cela que je souhaite qu'Emmanuel MACRON soit réélu et qu'il puisse continuer son travail.
LAURENCE FERRARI
Et peut-être qu'il se déclare candidat. Au fait, ce sera quand ?
BRUNO LE MAIRE
Quand il l'aura décidé.
LAURENCE FERRARI
Le plus tard possible vue la bagarre que suscite la campagne.
BRUNO LE MAIRE
J'ai été candidat à une primaire. J'ai été candidat à trois élections législatives, aux régionales. La déclaration de candidature est la décision la plus intime, la plus personnelle, la plus exclusive d'un candidat. Elle n'appartient qu'à lui.
LAURENCE FERRARI
J'ai une dernière question qui concerne le voile dans le sport. Il y a un certain nombre de femmes qui s'appellent les Hijabeuses qui revendiquent le fait de pouvoir porter le voile dans les compétitions sportives. Elisabeth MORENO, qui est ministre déléguée à l'Egalité femmes-hommes, dit : elles ont le droit de porter le voile islamique pour jouer sur un terrain de foot dans l'espace public. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça, Bruno LE MAIRE ? Je connais vos convictions concernant la laïcité.
BRUNO LE MAIRE
Elles ont le droit et le droit, c'est le droit. Elles ont le droit.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'il faut changer le droit ?
BRUNO LE MAIRE
Ma conviction profonde, vous la connaissez parfaitement. Les signes religieux, les manifestations religieuses doivent rester dans l'espace privé. Ils n'ont pas leur place dans l'espace public, quelles que soient ces manifestations religieuses et quel que soit l'espace public. Ça peut un terrain de foot, ça peut être une université, une école. Moi je souhaite que les convictions religieuses restent dans l'espace intime et pas dans l'espace public.
LAURENCE FERRARI
…avoir rejeté l'amendement qui proposait justement de donner aux associations la légitimité pour dire non au voile, pourquoi ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas parlementaire…
LAURENCE FERRARI
Mais vous appartenez à la majorité.
BRUNO LE MAIRE
Et je vous le dis : pour moi, les convictions religieuses appartiennent à la sphère privée. Il n'y a jamais rien de bon à tirer de l'expression des convictions religieuses dans l'espace public, dans les terrains de sport, à l'école ou ailleurs.
LAURENCE FERRARI
Le voile est un objet de soumission de la femme pour vous ?
BRUNO LE MAIRE
Je ne vais pas faire des grandes généralités à 8 heures 30 du matin sur le voile.
LAURENCE FERRARI
C'est très important.
BRUNO LE MAIRE
Bien sûr que c'est très important mais ça mérite un débat un tout petit peu plus long. Je dis simplement que dans l'espace public, notamment sur un terrain de sport, je ne crois pas qu'une manifestation religieuse - ça peut être le voile, ça peut être autre chose - soit la bienvenue. Je le dis avec beaucoup de calme et beaucoup de gravité parce que, dans le fond, c'est quelle société voulons-nous demain ? Est-ce que nous voulons une société de juxtaposition, de conviction et de communautés religieuses, ou voulons-nous une société unie autour de l'esprit de la laïcité de la République ? Mon choix est fait depuis longtemps. La nation française est une nation de laïcité dans laquelle dans l'espace public les manifestations religieuses n'ont pas leur place.
LAURENCE FERRARI
Bruno LE MAIRE était l'invité de La Matinale de CNews. Merci beaucoup d'être venu.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 février 2022