Texte intégral
Madame la Députée,
Vous avez raison de souligner la gravité de la situation, et je dois dire que dans cette période, nous agissons en fonction de trois principes.
D'abord, la fermeté. Nous demandons le respect des principes fondamentaux qui structurent la sécurité et la stabilité en Europe, et en particulier le plein respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Et si la Russie devait faire le choix de l'escalade plutôt que du dialogue, nous sommes prêts à y répondre avec fermeté, avec nos partenaires européens. Des sans sanctions très fortes seraient imposées rapidement et nous prendrions les gestes de réassurance nécessaires à l'OTAN, avec nos alliés.
La fermeté. Mais aussi l'unité. L'unité et la solidarité. L'unité avec nos partenaires proches, c'est vrai avec nos partenaires européens, nous sommes en permanence en relation avec eux, du fait aussi de la présidence du Conseil de l'Union européenne, puisque nous en faisons une priorité et j'ai eu l'occasion de rencontrer tous mes collègues à plusieurs reprises, depuis une dizaine de jours. Mais c'est aussi vrai, l'unité, avec nos partenaires transatlantiques, pour avoir une transparence dans nos relations, et nous avons régulièrement des échanges, encore cet après-midi, tout à l'heure avec mon collègue Blinken. La solidarité c'est aussi la solidarité avec l'Ukraine. Et c'est la raison pour laquelle le Président de la République a souhaité que nous accompagnons l'Ukraine dans les difficultés du moment.
Et puis le troisième principe, c'est le dialogue. Le dialogue de manière obstinée, qui doit être conduit avec exigence ; dialogue parfois très éprouvant. Et c'est dans cette dynamique-là, cette logique-là, que le Président de la République a voulu faire le déplacement à Moscou et à Kiev. Seul le dialogue permettra la désescalade, et c'est la mission qu'a, aujourd'hui, le Chancelier allemand à Moscou, en souhaitant que cela puisse aboutir sur une discussion générale sur les garanties que nous souhaitons pour l'Europe.
Monsieur le Député,
Je salue votre engagement politique au sein de cette assemblée. Je voudrais revenir sur votre préoccupation concernant les tensions graves qui existent aujourd'hui aux frontières de l'Ukraine. Nous avons dans ce contexte trois priorités.
La première priorité, c'est d'enrayer la dynamique de l'escalade. C'est ce à quoi s'est beaucoup mobilisé le Président de la République. J'ai observé, depuis quelques heures, quelques inflexions, à la fois par mon collègue Lavrov et par le ministre de la défense Choïgou, à la fois sur le dialogue à reprendre et sur le retrait potentiel de certaines unités militaires. Les paroles, c'est bien. Nous attendons les actes. Si les actes sont là, ce sera encore mieux. Ça, c'est la première priorité : la désescalade.
La deuxième priorité, vous le savez bien, Monsieur le Député, c'est de reprendre les discussions sur le contentieux sur l'Ukraine. On connaît la méthode. C'est la méthode de la dynamique du format Normandie. On connaît aussi les fondamentaux, ce sont les accords de Minsk. On connaît les sujets. C'est à la fois les sujets sécuritaires sur le cessez-le-feu ; c'est les sujets humanitaires ; c'est des sujets politiques ; il faut avancer dans les trois dimensions et ce mouvement-là a commencé. Il faut qu'il se poursuive, parce que, jusqu'à présent, c'est extrêmement difficile et extrêmement exigeant.
Et puis, il y a le troisième sujet que vous avez évoqué, qui est le sujet le plus important, finalement, qui est de pouvoir discuter sérieusement et de manière exigeante de l'enjeu des garanties de sécurité demandées par la Russie, mais que nous attendons aussi, nous-mêmes, pour faire de l'espace européen un espace de sécurité dans le respect des principes qui ont été signés aussi par la Russie, c'est-à-dire l'Acte final d'Helsinki en 1975 et la Charte de Paris de 1990. A ce dialogue-là, nous sommes prêts dès à présent.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2022