Texte intégral
Bonjour, je suis heureux d'être à Bruxelles pour ce deuxième Conseil des affaires générales de la présidence française depuis le début de l'année, qui sera consacré principalement à la préparation du prochain Conseil européen ordinaire, à la fin du mois de mars, qui sera consacré à des questions d'Etat de droit très importantes avec la reprise des auditions au titre de l'article 7, qui concernera aujourd'hui la Pologne, et au mois de mai la Hongrie. Nous aurons sans doute une longue discussion à cet égard. Et puis nous échangerons aussi sur la préparation de la conférence sur l'avenir de l'Europe et d'autres sujets d'actualité que notamment la Commission rapportera au Conseil. Je pense aux derniers échanges avec le Royaume-Uni sur les relations post-Brexit. Il est évident que ce Conseil se tient dans un contexte international chargé, que vous connaissez par ailleurs, mais nous devons aussi faire avancer cet agenda de la présidence qui est très important sur nos valeurs, sur l'avenir de l'Europe et sur des questions d'actualité qui ne manqueront pas d'être évoquées également.
Q - Après l'annonce du Président Poutine d'une reconnaissance des régions séparatistes en Ukraine et de l'envoi de troupes qui fait que les ambassadeurs des 27 se réunissent ce matin pour préparer les sanctions, est-ce que vous allez en parler et de quelles sanctions est-ce qu'on parle à ce stade ?
R - Je ne ferai pas de commentaire sur ce point puisque le COREPER se tient pour discuter de cela. Il y aura des échanges en marge d'une réunion à Paris entre les ministres des affaires étrangères, sans doute dans l'après-midi, avec un processus de sanctions. Mais je ne commente pas à cette heure, à cette minute la nature, la liste des sanctions qui seront discutées et sans doute arrêtées aujourd'hui.
Q - Et comment est-ce que vous interprétez les annonces ?
R - Je n''ajouterai pas de commentaire sur cette situation grave. Le Président de la République a fait un communiqué hier soir, vous avez vu que les messages étaient très coordonnés dans les réactions de tous les leaders européens sur la constatation d'une violation grave du droit international, de la souveraineté d'un pays et la nécessité de répondre par des sanctions adaptées à cette situation.
Q - La porte-parole du ministère russe des affaires étrangères a dit ce matin que la Russie était encore prête à la négociation. Est-ce que la France, est-ce que l'Union européenne est ouverte ?
R - Ecoutez, c'est toujours la France, l'Union européenne, les alliés, notamment dans le format de l'OTAN, différents formats, qui ont été prêts à la discussion, à la négociation. Vous avez vu les efforts diplomatiques déployés notamment par le Président de la République Emmanuel Macron encore ce week-end, tard dimanche soir. Il y a eu malheureusement ces violations opérées par la Russie, ça n'est pas de notre fait et maintenant il y aura d'abord une réaction par des sanctions. C'est une question de fermeté, de crédibilité. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire à cette heure.
Q - La Pologne est en première ligne en cas d'invasion de l'Ukraine pour un éventuel afflux de réfugiés. Est-ce que le timing est le bon pour parler des questions d'Etat de droit avec la Pologne ?
R - On a toujours au niveau européen été très clairs sur ce sujet. Nous avons les discussions internes qui nous regardent au sein de l'Union européenne et qui doivent se poursuivre. Il y a un agenda qui permet d'avancer sur des sujets concernant l'énergie, concernant l'agriculture... Ces jours-ci, on continue là-dessus, y compris sur l'Etat de droit, mais nous ne confondons pas les choses. Quand la Pologne, dans d'autres circonstances, a été attaquée par la Biélorussie à ses frontières en instrumentalisant des flux migratoires, nous l'avons défendue sans aucune hésitation et ce n'est pas parce qu'on a un débat entre nous sur des valeurs ou des procédures importantes, que nous hésitons une seconde sur la solidarité nécessaire entre Européens qui est toujours notre boussole, notre priorité. Et quand il y a une crise internationale avec nos alliés de l'Union européenne d'abord, évidemment avec nos partenaires américains ou britanniques, on a des débats par ailleurs sur d'autres sujets, tout ça n'est pas oublié, mais la solidarité et l'unité internationale prévalent, mais ça ne veut pas dire que notre agenda européen- je crois que ce serait un cadeau fait en quelque sorte à ceux qui veulent exercer des pressions sur nous-, doit être abandonné pour autant. Mais ce n'est pas parce que nous avons des débats entre nous qui continuent, qui sont parfois compliqués que nous n'avons pas la capacité de l'unité et de la fermeté au niveau international qui évidemment en ce moment grave que nous vivons prime sur tout.
Q - Qu'est-ce que vous attendez de l'audition ?
R - L'audition, c'est une procédure qui a été engagée il y a déjà plusieurs années au titre de l'article 7 et nous attendons régulièrement des précisions, une mise à jour que fait la Commission européenne et comme nous sommes dans un processus contradictoire, ouvert, la Pologne répondra à l'état des lieux que fait la Commission européenne. Il ne faut pas faire de cette procédure ce qu'elle n'est pas. Elle est la continuation de discussions précédentes. Il était important pour la présidence française, nous l'avions dit dès le début, nous ne changeons pas de cap, que l'Etat de droit soit au coeur de cette présidence, et moi je maintiens toujours également un dialogue bilatéral et politique en tant que présidence. Je me rendrai en fin de semaine à Varsovie et à Budapest pour avoir ce dialogue toujours ouvert avec mes homologues polonais et hongrois.
Q - Est-ce que vous avez demandé à la Commission d'activer le mécanisme de conditionnalité ?
R - C'est une autre procédure aujourd'hui qui est mise en oeuvre : c'est celle de l'article 7. Le mécanisme de conditionnalité, c'est un outil supplémentaire distinct et, nous l'avons dit au Parlement européen, j'ai eu l'occasion de réagir dès la semaine dernière, il appartient maintenant à la Commission rapidement de mettre en oeuvre les étapes nécessaires à cette procédure. Mais ce sont bien deux procédés distincts, et je crois que c'est plus raisonnable et plus honnête de les maintenir séparés.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2022