Déclaration à la presse de M. Clément Beaune, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur l'Union européenne face au conflit en Ukraine, à Arles le 4 mars 2022.

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Circonstance : Arrivée au Conseil Affaires générales informel des ministres de l'Union européenne chargés des affaires européennes

Texte intégral


Bonjour,

Je suis très heureux d'être ce vendredi à Arles pour accueillir mes homologues, les ministres des affaires européennes de tous les Etats membres, pour avoir une discussion qui sera évidemment marquée par la situation en Europe, la situation de guerre en Ukraine. Il était nécessaire de revoir l'agenda de nos travaux pour en discuter ; discuter notamment de la solidarité que nous pouvons apporter, notre relation entre l'Union européenne et l'Ukraine, maintenant et demain, nous aurons cette discussion de manière très libre. Et puis, nous aurons aussi, parce qu'il faut que nos travaux continuent, que l'Europe se renforce, que nous ayons une discussion sur l'Etat de droit, sur la question de nos valeurs, qui est d'ailleurs liée à ce combat pour les libertés que mène avec courage le peuple ukrainien. Puis, nous aurons une discussion sur la conférence sur l'avenir de l'Europe qui est aussi plus nécessaire que jamais, car nous le voyons bien sur le domaine de l'énergie , dans le domaine de la défense, dans d'autres domaines que nous discuterons aussi, il y a besoin de renforcer ou d'améliorer nos modes de fonctionnement européens, nos politiques européennes pour réduire nos dépendances, renforcer notre souveraineté, thèmes qui seront aussi l'objet du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement qui sera réuni en France dès la semaine prochaine le 10 et le 11 mars. Nous le préparerons avec ces thèmes de discussion aussi.


Q - Une première question, s'il vous plaît, sur les événements de la nuit, en Ukraine, sur les attaques sur cette centrale nucléaire de Zaporijjia ?

Il est trop tôt pour savoir exactement quelles sont les conséquences et la situation, je serai très prudent. On voit néanmoins, nuit après nuit, une intensification des attaques extrêmement préoccupante, extrêmement grave. Donc, nous examinerons cette situation. Ce ne sera pas l'objet en soi des discussions de ce matin, mais d'avoir dans ce contexte dramatique un échange sur ce que nous pourrons faire de plus, de plus ferme et de plus solidaire pour appuyer l'Ukraine.

Q - Vous allez aussi discuter de l'Ukraine ; le président Zelensky, demande justement l'accession, à long terme, de l'Ukraine au sein de l'Union européenne : vous allez discuter de cela ? Quel signal allez-vous donner à Kiev, au peuple ukrainien ?

Ce sera très certainement l'un des objets ou l'un des sujets de la discussion ce matin. Plusieurs Etats membres se sont déjà exprimés, parfois en soutien de cette idée, de cette perspective, en tout cas. Vous savez que les chefs d'Etat et de gouvernement, la semaine dernière, ont reconnu une aspiration européenne de l'Ukraine. Je crois qu'il faut être à la fois prudent, parce que nous parlons de sujets extrêmement importants - potentielle adhésion - et ouvert à toutes les options avec, nous verrons ce tour de table qui dira où en sont les différents Etats membres.

En tout cas il faudra que l'on réfléchisse à notre relation avec l'Ukraine après cette guerre, j'espère qu'elle s'arrêtera le plus vite possible, j'espère que nous pourrons reprendre, mais ce n'est pas malheureusement la situation ce matin et ces jours-ci, une relation plus approfondie avec l'Ukraine. Je crois qu'il faut regarder tout cela avec prudence, avec vigilance, car à court terme ce que nous devons à l'Ukraine, c'est d'abord la fermeté contre la Russie pour faire la pression maximale et que les choses s'arrêtent ; essayer encore et encore et malgré tout, les efforts diplomatiques, à chaque fois qu'on le peut. C'est ce que fait le Président de la République Emmanuel Macron. Et puis bien sûr, apporter, pour sauver des vies, éviter le pire, à chaque fois qu'on le peut, la solidarité humanitaire et même en soutien pour ces combats de résistance, à l'Ukraine. Les choses qui touchent à l'adhésion, qui touchent à cette perspective européenne, sont forcément de plus long terme. Bien sûr, il y a les symboles, et nous devons manifester cette solidarité avec l'Ukraine, mais je crois que, à court terme, ce que nous devons à l'Ukraine, c'est d'abord une solidarité très concrète et sauver le maximum.

Q - Comment est l'état d'esprit au sein des ministres de l'Europe, ici, si on regarde ce qui se passe en Ukraine et toutes les menaces qui ont été formulées, exprimées, dernièrement, où en sommes-nous, maintenant ?

Il y a un état d'esprit qui est très grave, très préoccupé, une certaine émotion aussi, parce que tous les pays européens, tous nos concitoyens sont à la fois inquiets et très touchés par ce qui se passe. Nous écouterons en priorité les pays frontaliers, la Hongrie, la Pologne, la Slovaquie, la Roumanie, qui sont particulièrement touchés aussi, parce qu'ils accueillent, avec une grande solidarité, beaucoup de réfugiés ukrainiens. Nous avons, par nos ministres de l'intérieur, décidé hier d'apporter une protection temporaire partout dans l'Union européenne à ces réfugiés ; je crois que c'est une solidarité très concrète, comme j'évoquais, que nous devons au peuple ukrainien et à ceux qui fuient la guerre.

Et puis, il y a une volonté de montrer malgré tout, et j'allais dire - surtout -, dans ce contexte où nous sommes, que nous tenons ensemble dans un esprit d'unité. Nous continuons à faire avancer l'Union européenne sur des réformes importantes mais, bien sûr, avant tout, nous essayons de discuter des mesures, des actions, des messages de solidarité à l'Ukraine que nous pouvons envoyer.

Donc beaucoup de gravité, mais je l'ai vu hier soir, en accueillant d'ores et déjà pour un dîner de travail mes homologues, un état d'esprit de démonstration, de force puissante, pacifique mais déterminée, avec l'ensemble des pays européens pour se soutenir entre nous, et soutenir l'Ukraine. Donc gravité, unité et détermination aujourd'hui.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 mars 2022