Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Marlène SCHIAPPA.
MARLENE SCHIAPPA
Bonjour.
MARC FAUVELLE
C'est à vous qu'Emmanuel MACRON a confié l'organisation de l'accueil des réfugiés ukrainiens en France, ils seront bientôt 2 millions à avoir quitté leur pays, chiffre qui pourrait monter à 5 millions, c'est ce que dit la Commission européenne, combien d'entre eux sont déjà arrivés en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, en France, à l'heure actuelle, on a près de 5000 personnes venant d'Ukraine qui sont déjà arrivées en France, c'est une estimation, et c'est à l'heure actuelle. Tous les jours nous avons de nouvelles arrivées de familles ukrainiennes, je suis allée accueillir, avec le consul d'Ukraine, personnellement plusieurs familles qui arrivaient de nuit en France, nous irons tout à l'heure, avec le Premier ministre, dans le point d'accueil qui a été créé par les services de l'Etat avec France Terre d'asile, à Paris dans le 18e arrondissement, c'est un point d'accueil qui leur permet de trouver un endroit où venir, savoir comment avoir accès aux démarches, comment être pris en charge, comment être orienté vers un hébergement.
MARC FAUVELLE
Ce sont des familles, ce sont des femmes seules ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors essentiellement vous avez des familles, donc des enfants avec souvent leur mère, et parfois aussi avec leur père, vous avez beaucoup d'enfants, beaucoup de bébés…
MARC FAUVELLE
Seuls ?
MARLENE SCHIAPPA
Il y a quelques enfants seuls, mais il y a beaucoup d'enfants qui sont avec leur famille, mais vous avez des bébés, des femmes enceintes, des enfants en bas âge, des enfants malades aussi, parce que la maladie ne s'arrête pas et le trajet a été très long et pénible pour eux dans des situations, c'est une lapalissade, mais sont des gens qui ont tout laissé derrière eux, qui ont vécu des bombardements, des choses terribles, qui ont laissé aussi souvent une part de leur famille, beaucoup d'hommes restent en Ukraine pour combattre, pour défendre la ville de Kiev, et donc souvent vous avez des femmes avec des enfants oui.
SALHIA BRAKHLIA
Marlène SCHIAPPA, est-ce que le gouvernement s'est fixé un nombre maximum de réfugiés à accueillir en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, pas du tout, non non, dès qu'il y aura des familles ukrainiennes qui viennent en France et qui auront besoin de la France, la France répondra présente. Nous, nous sommes, au contraire, fixé l'objectif de dire que chaque ukrainien qui arrive doit pouvoir avoir un logement, et donc nous sommes en train de coordonner les services de l'Etat, mais avec aussi l'engagement des élus, j'ai réuni, avec plusieurs collègues ministres, les représentants des associations d'élus, pour voir quels logements ils peuvent mettre à disposition, mais également les entreprises privées, je les réunies vendredi parce que certaines font part de leur volonté de mettre gratuitement à disposition des familles ukrainiennes des logements.
SALHIA BRAKHLIA
Mais ça veut dire qu'il n'y a pas d'accord de répartition entre tous les pays européens pour accueillir ces réfugiés ukrainiens ?
MARLENE SCHIAPPA
L'idée pour nous c'est que chacun prenne sa part, après les personnes ukrainiennes sont des personnes libres, et nous nous avons créé un statut justement qui leur permet de circuler dans l'Union européenne, c'est ce nouveau statut qui a été obtenu au niveau européen, sur proposition de Gérald DARMANIN, le ministre de l'Intérieur, au nom de la France, et ce statut il permet de ne pas attendre pour bénéficier de la protection. Pourquoi ? Parce que je rappelle que…
SALHIA BRAKHLIA
Ce sera un statut de réfugié avec protection temporaire.
MARLENE SCHIAPPA
Alors, le terme n'est pas réfugié, mais c'est ça, ça équivaut au statut de réfugié. Habituellement, quand vous arrivez en France, et vous voulez le statut de réfugié, vous devez déposer une demande à l'OFPRA, et ça prend quelques mois, on travaille pour réduire les délais, mais ça prend toujours quelques mois, pour avoir une réponse. Par ailleurs, le statut de réfugié il vous protège des menaces que vous vivez dans votre pays et donc vous n'avez plus la possibilité de retourner dans votre pays d'origine, or les Ukrainiens nous disent " nous, dès que ce sera possible, nous voulons retourner en Ukraine ", donc c'est un statut provisoire, de protection immédiat, un ukrainien qui arrive en France aujourd'hui, immédiatement il est sous statut de protection, et qui leur offre les mêmes garanties que le statut de réfugié.
MARC FAUVELLE
Pour combien de temps et est-ce qu'ils auront droit de travailler en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors ils ont tout à fait le droit de travailler, je disais les mêmes garanties que le statut de réfugié, donc ils ont une autorisation de travail et un accompagnement également social, et c'est un statut qui est renouvelable, qui peut être renouvelé plusieurs fois, sans bénéficier, c'est un peu technique, mais sans bénéficier de ce statut avec un passeport biométrique ils peuvent déjà rester 90 jours, renouvelables une fois, et avec ce statut ça peut être jusqu'à un an, qui peut être ensuite renouvelable.
MARC FAUVELLE
Pour ceux qui sont partis sans passeport, ou qui l'ont perdu, ou qui n'ont tout simplement pas eu le temps de le prendre avant de partir, il se passe quoi quand ils arrivent en France ?
MARLENE SCHIAPPA
Il y a une souplesse, évidemment nous on a donné des consignes, avec Gérard DARMANIN, aux préfets…
MARC FAUVELLE
La parole suffira ?
MARLENE SCHIAPPA
Ce n'est pas que la parole suffira, mais quand vous voyez que dans une famille il y a des gens qui ont leur passeport et puis un des membres de la famille qui n'a pas son passeport, c'est des personnes qui fuient la guerre, donc je crois que l'humanité c'est aussi de ne pas rajouter des formalités aux formalités.
SALHIA BRAKHLIA
Donc ces personnes auront le droit de travailler sur le sol français, l'Etat va leur fournir un logement, les enfants pourront aller à l'école aussi ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, bien sûr, les enfants pourront aller à l'école, ils recevront l'Ada également, qui est une petite allocation qui permet aux personnes réfugiées d'avoir un petit revenu quand ils arrivent, de subsistance le temps de pouvoir trouver du travail s'ils le peuvent, les enfants iront bien sûr à l'école, il y a un accompagnement social avec les associations, que je veux remercier, France Terre d'Asile, mais aussi Emmaüs, la Croix-Rouge, France horizon, il y a une vingtaine d'associations qui sont opératrices de l'Etat et qui travaillent à cette insertion, cet accompagnement social, ça peut être des choses comme aller s'assurer qu'un bébé qui en fin d'allaitement a bien du lait, qu'un enfant malade peut bien avoir accès à un médecin, ou que la proposition de logement est bien adaptée, par exemple pour des gens qui rejoignent leur famille qui serait déjà en France et qui veulent se rapprocher de leur famille.
SALHIA BRAKHLIA
L'accueil se fait un peu partout sur le territoire français ou alors il y a vraiment des municipalités en particulier qui ont décidé d'accueillir un maximum de réfugiés ukrainiens ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, ça ne passe pas par les municipalités, en fait on est vraiment très pragmatique, il y a des points d'entrée par avion, et donc essentiellement à Beauvais, Roissy, et dans quelques autres aéroports, et donc là je veux remercier d'ailleurs les élus, les maires qui sont très mobilisés, nous avons mis dans les aéroports, comme dans les gares, par exemple la Gare de l'Est, des points d'accueil également, avec des documents en langue ukrainienne pour que les personnes puissent avoir accès à leurs droits quand elles arrivent.
MARC FAUVELLE
C'est-à-dire ils sont accueillis par des panneaux à la sortie du train pour leur indiquer ce qu'il faut faire ?
MARLENE SCHIAPPA
Oui, c'est-à-dire vous avez un espace, exactement, vous avez un espace dédié, à l'aéroport ou à la gare, qui les informe sur leurs droits, avec des personnes des services de l'Etat, notamment la DIAIR, la délégation interministérielle à l'accueil, l'intégration des réfugiés, qui est vraiment en première ligne, comme elle l'a fait d'ailleurs pour les réfugiés afghans, et qui vient à la sortie les accueillir.
MARC FAUVELLE
Pour leur éviter de traverser une partie de l'Europe en train, ou dans d'autres conditions, est-ce que la France va aussi aller les chercher dans les pays limitrophes où ils se trouvent, et notamment la Pologne qui abrite déjà plus d'un million de ces réfugiés ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, il y a aujourd'hui des navettes, ce n'est pas le terme, mais en tout cas des trajets qui se mettent en place…
MARC FAUVELLE
Qui sont organisés par l'Etat français, par l'Europe ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, qui ne sont pas forcément organisés par l'Etat, mais qui sont organisés par des associations, par des personnes, vous avez des personnes qui arrivent en bus, qui font des voyages d'ailleurs très épuisants pour les familles, quand on va les chercher on voit que ce sont des personnes qui sont vraiment en état d'épuisement très avancé du fait des trajets qu'elles ont pu vivre, oui.
SALHIA BRAKHLIA
Je reviens sur ce que vous disiez, vous disiez ces réfugiés ukrainiens qui arrivent sur le sol français pourront travailler, être logés, mettre les enfants à l'école, est-ce qu'il y a une durée limitée, vous dites le séjour peut être renouvelable, mais jusqu'à combien de temps ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, il peut être renouvelable deux fois, après, pour être très honnête avec vous, les familles qui arrivent d'Ukraine, la première chose qu'elles nous disent, en tout cas moi celles que j'ai rencontrées, j'en ai rencontrées pas mal, elles nous disent on veut retourner en Ukraine dès que ce sera possible, ce sont des personnes qui ont souvent là-bas encore leur famille qui se bat, et ils ont l'espoir de pouvoir retourner en Ukraine quand la guerre sera finie et quand ce sera possible, donc ce ne sont pas des personnes qui arrivent…
MARC FAUVELLE
Mais celles qui éventuellement voudraient rester en France, voudraient avoir la nationalité française, elles pourront le faire, elles pourront dès demain s'inscrire, lancer la procédure ou pas ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, pour lancer la procédure nationalité française vous savez qu'il faut été resté sur le sol français déjà plusieurs années, etc., en revanche pour être régularisé, bien évidemment, mais ce que je veux dire c'est que les personnes qui arrivent d'Ukraine, j'insiste là-dessus, elles ne sont pas sans-papiers, elles ont un statut immédiat, et d'abord avec leur passeport biométrique elles peuvent venir dans l'Union européenne, ensuite ce statut de protection il permet de leur donner un statut, et elles peuvent, à la suite de ça, faire la demande du statut de réfugié, mais sincèrement, avec les associations, on n'incite pas à la demande du statut de réfugié, à ce stade, dans la mesure où je rappelle qu'il y a des obligations avec le statut de réfugié, pour eux qui nous disent " on veut avoir… ", enfin pardon, c'est très dur, quand vous avez quitté, vous le savez, mais quand vous avez quitté votre pays, que vous arrivez, et qu'on vous dit que vous ne pourrez plus retourner, c'est extrêmement difficile, donc pour l'instant ce statut il est fait sur mesure, pour eux, en Europe, il est dans toute l'Europe, et donc on les incite vraiment à pouvoir en bénéficier.
SALHIA BRAKHLIA
L'Etat organise l'accueil des réfugiés ukrainiens sur le sol français, avec les municipalités mais aussi les associations, et vous faites appel aussi aux particuliers, aux Français.
MARLENE SCHIAPPA
Absolument. Alors, pour être honnête, ce n'est pas tellement qu'on fait appel aux Français, c'est que les Français ont une générosité et un élan de générosité vis-à-vis des Ukrainiens, qui est immense, et donc on avait beaucoup de demandes de gens qui nous disaient " voilà, moi je voudrais héberger une famille ukrainienne, je voudrais donner des cours de français, je vous donner des choses, comment je peux aider ? ". Donc nous avons créé une plateforme, nous lançons cette plateforme aujourd'hui. Tout à l'heure je serai avec le Premier ministre, je l'ai dit, dans l'espace d'accueil. Cette plateforme elle s'appelle « Je m'engage pour l'Ukraine », elle est disponible sur l'URL " parrainages.réfugiés.info ", et c'est un système de parrainage de réfugiés. C'est-à-dire, vous êtes une famille française, vous avez la possibilité d'accueillir chez vous une famille ukrainienne, vous pouvez vous inscrire sur cette plateforme, et ce qui est important pour moi de préciser, c'est que sur cette plateforme vous êtes mis en lien avec une association qui fait l'intermédiation avec la famille, c'est-à-dire que vous n'avez pas directement chez vous une famille ukrainienne qui arrive, on ne s'improvise pas hébergeur, et ça beaucoup de professionnels de l'accompagnement social nous l'ont dit, héberger ça ne veut pas dire que l'on fait l'accompagnement, l'insertion etc., ça veut dire simplement qu'on héberge, et dans ces cas-là il y a une association qui vous accompagne dans cet acte de générosité, mais qui est aussi parfois difficile au quotidien.
SALHIA BRAKHLIA
" parrainages.réfugiés.info "
MARLENE SCHIAPPA
" parrainages.réfugiés.info "
SALHIA BRAKHLIA
Au singulier ou tout au pluriel ?
MARLENE SCHIAPPA
Tout au pluriel et ça s'appelle " Je m'engage pour l'Ukraine ", ce programme. Je veux remercier les citoyens français qui s'engagent, et les entreprises, parce qu'on a aussi beaucoup d'entreprises qui font des dons très massifs, financiers ou en matériel, et voilà cette générosité de la France est très appréciée par les Ukrainiens. J'ai reçu au ministère de l'Intérieur les associations d'Ukrainiens qui vivent en France et qui étaient très émues par l'accueil qui leur est réservé par les citoyens français, et par leur solidarité.
MARC FAUVELLE
Marlène SCHIAPPA, il y a les réfugiés que la France accueille, il y a également ceux qui passent chez nous pour rejoindre notamment l'Angleterre, c'est un dossier qu'on connaît bien depuis plusieurs années dans d'autres circonstances, évidemment. 10 000 réfugiés ukrainiens ont fait une demande pour entrer au Royaume-Uni, mais Boris JOHNSON a décidé de n'accepter que les réfugiés qui ont déjà de la famille au Royaume-Uni. Est-ce que vous trouvez ça normal ou pas ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, je ne sais pas si vous avez vu, mais dans la nuit il y a une nouvelle déclaration du Royaume-Uni, qui déclare installer un nouveau point d'accueil, et notamment depuis Calais.
MARC FAUVELLE
A Calais.
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, exactement, et qui déclare que le Royaume-Uni prendra sa part dans la générosité en installant ce point d'accueil à Calais. Pour l'instant nous serons vigilants dans la mise en oeuvre, puisque nous avons, le ministre de l'Intérieur a échangé avec la maire et les services de l'Etat, pour l'instant nous n'avons pas connaissance encore de l'installation concrète de ce point d'accueil.
MARC FAUVELLE
Donc ils feront leur demande en France, c'est ça l'idée ? Leur demande de visa.
MARLENE SCHIAPPA
Ce sera au Royaume-Uni de s'exprimer sur ce sujet, puisque pour l'instant il y a une déclaration nouvelle cette nuit qui répond à l'appel fait par la France et par Gérald DARMANIN, qui avait demandé au Royaume-Uni de prendre sa part dans la générosité, parce que concrètement vous avez des personnes qui ont fait 30 heures de voiture et qui se retrouvent refoulées, on leur demande de faire le chemin inverse. Ce n'est pas envisageable dans la période que nous connaissons.
MARC FAUVELLE
Un mot si vous le voulez bien de la situation des Français qui sont toujours en Ukraine. Combien sont-ils et que dites-vous à ceux qui ne veulent pas partir, pour différentes raisons d'ailleurs ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, vous avez environ 500 Français encore qui sont à Kiev, environ, c'est une estimation, environ 300 sur tout le territoire ukrainien. Depuis le 19 janvier la position de la France c'est de leur dire de quitter l'Ukraine et de pouvoir rentrer en France pour leur sécurité. Après, il y a des personnes aussi qui ont des situations très particulières, qui ont leur famille là-bas, des personnes qui veulent rester sur place.
MARC FAUVELLE
Ceux-là peuvent rester ou pas, ou c'est trop dangereux ? Ceux qui sont en couple par exemple avec des Ukrainiens ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, les personnes, les Français qui sont en couple avec des Ukrainiens, avec un Ukrainien ou une Ukrainienne, peuvent bien sûr venir en France avec la personne avec laquelle ils sont en couple, ils seront accueillis à bras ouverts bien évidemment.
SALHIA BRAKHLIA
C'est 300 à Kiev et 500 sur l'ensemble du territoire ukrainien ?
MARLENE SCHIAPPA
50, pardon…
MARC FAUVELLE
Vous avez dit 500 à Kiev, 300 dans le reste du pays, c'est 800 au total.
MARLENE SCHIAPPA
C'est 800 au total. 50 à Kiev, 300 sur le territoire ukrainien.
MARC FAUVELLE
Là, ça fait 350.
SALHIA BRAKHLIA
Ça ne fait pas 800.
MARLENE SCHIAPPA
Pardon, excusez-moi. Je vous redonne les chiffres…
MARC FAUVELLE
On va tout reprendre.
MARLENE SCHIAPPA
Je vous redonne les bons chiffres. Vous avez 50 Français qui sont à Kiev, et 300 sur tout le territoire ukrainien, inclus en Kiev, donc ça ne fait pas non plus 350…
MARC FAUVELLE
Donc ça fait 300 au total, dont 50 à Kiev, si j'ai bien compris…
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, petit exercice de mathématiques de l'utilité de remettre des maths au lycée.
MARC FAUVELLE
Ah oui, ça c'est une allusion à ce qu'a annoncé Emmanuel MACRON, qui est revenu sur une partie de la réforme Blanquer, mais ça on ne va pas en parler…
MARLENE SCHIAPPA
Ça n'était pas le sujet.
MARC FAUVELLE
Mais c'était tout de même une allusion. Salhia, l'égalité hommes/femmes.
SALHIA BRAKHLIA
L'égalité hommes/femmes, grande cause du quinquennat, selon Emmanuel MACRON, on arrive à son terme, et donc selon les chiffres les plus récents de l'INSEE, qui ont été publiés la semaine dernière, les femmes qui ont le même job que leurs collègues masculins, dans la même entreprise, avec le même temps de travail et ayant eu les mêmes diplômes, gagnent tout même un peu plus de 5 % de salaire en moins que leurs collègues hommes, est-ce que ça veut dire que vous avez échoué à imposer l'égalité salariale aux entreprises, malgré votre discours au début du quinquennat.
MARLENE SCHIAPPA
Alors, le président de la République a voulu faire en sorte que l'égalité femmes-hommes, ce soit la grande cause de son quinquennat, avec un premier grand pilier qui est la lutte contre les violences, et …
MARC FAUVELLE
Ça a tellement bien marché, si vous me permettez cette ironie, qu'il a annoncé hier soir que ça allait à nouveau être la grande cause du 2e quinquennat s'il en fait un 2e
MARLENE SCHIAPPA
Oui mais enfin, moi je crois que le président de la République a raison de prolonger cette grande cause, on ne résout pas en 5 ans des problèmes qui existent depuis des générations. Les violences conjugales, le harcèlement de rue, les inégalités salariales, n'ont pas commencé en 2017, ni même en 2015.
MARC FAUVELLE
Ces 5 % là, comment on les réduit encore
MARLENE SCHIAPPA
Alors, il y a tout un travail qui doit être mené, on a lancé sous ce quinquennat l'index sur l'égalité salariale, qui permettait à chaque entreprise de mesurer son niveau d'inégalités de salaires entre les femmes et les hommes, et de s'interroger sur ce sujet, parce que les lois sur l'égalité salariale, en réalité elles existent depuis très longtemps et elles ne sont toujours pas appliquées. Donc je pense qu'il y a 2 niveaux d'écarts extrêmement importants. Il y a le niveau d'écart au global qui est de 27 % entre toutes les femmes et tous les hommes, qui entre guillemets est explicable, non pas excusable, mais explicable…
SALHIA BRAKHLIA
Pour différentes raisons, oui.
MARLENE SCHIAPPA
Voilà, pour les choix de filières, le temps partiel…
MARC FAUVELLE
Le fait que les femmes font beaucoup plus de temps partiel que les hommes.
MARLENE SCHIAPPA
Exactement. D'une part, et puis d'autre part vous avez cet écart à poste égal, qui est l'écart injustifiable, inexplicable, qui est du pardon à la misogynie de la société. Et combattre la misogynie de la société, le gouvernement doit être en pointe sur ce sujet, il ne peut pas tout, tout seul, il faut l'ensemble de la société, incluant le monde du travail et les entreprises…
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que vous êtes allé assez loin ? vous, vous avez procédé à ce qu'on appelle le name & shame, c'est-à-dire que vous avez cité publiquement les entreprises qui n'appliquaient pas l'égalité salariale. Visiblement ça n'a pas convaincu totalement. Yannick JADOT par exemple propose de rendre l'égalité salariale obligatoire dans les entreprises de plus de 20 salariés, grâce à des amendes et des suspensions d'aides publiques. Pourquoi vous n'avez pas pensé à ça, vous ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, deux choses. D'abord sur le name & shame, moi ce que je faisais à l'époque quand c'était ma responsabilité, c'est du name & shame assorti de formations, c'est-à-dire les 15 derniers du classement on leur offrait des formations à tous leurs cadres, dispensées par les services de l'Etat sur l'égalité femmes/hommes. Sur la proposition de Yannick JADOT, attention, je ne veux pas laisser penser que l'égalité salariale serait légale aujourd'hui en France. Aujourd'hui il est illégal de moins payer une femme qu'un homme, à poste égal et on peut bien sûr avoir un recours en justice pour faire respecter cela, c'est également un travail à mener du côté des partenaires sociaux, les syndicats et les partenaires sociaux doivent aussi pouvoir le mettre à l'agenda de leurs négociations, au moment…
SALHIA BRAKHLIA
Ce n'est pas à l'Etat de mettre la pression, notamment par des amendes ou des suspensions de subventions ?
MARLENE SCHIAPPA
Si, bien sûr, mais tout à fait, mais ça existe aussi, il y a des sanctions qui existent à l'heure actuelle, mais je veux dire, sur l'égalité salariale, moi j'entends beaucoup de candidats dire " on va les résoudre en 2 ans, 3 ans, etc. ", moi je veux bien avoir leur plan, parce qu'effectivement je crois que c'est un combat de longue haleine, et sur lequel il y a urgence. Le World Economic Forum a calculé que si on ne fait rien de plus que ce qu'on fait déjà partout dans le monde, on attendra l'égalité économique entre les femmes et les hommes en l'an 2234.
MARC FAUVELLE
En France dans un siècle, exactement, si on continue à ce rythme.
MARLENE SCHIAPPA
Exactement donc ça veut dire nos arrières arrières petits-enfants. Donc oui il y a urgence à prendre des mesures encore plus fortes et encore plus coercitives.
MARC FAUVELLE
Marlène SCHIAPPA, c'est vous qui avez instauré la verbalisation du harcèlement de rue, est-ce que ça marche ?
MARLENE SCHIAPPA
J'ai envie de vous dire oui et non. D'abord, quand on a créé la verbalisation du harcèlement de rue, je veux quand même rappeler que, à l'époque, les oppositions, toutes confondues, se moquaient de nous, et je veux rappeler que les candidats, qui aujourd'hui disent " le harcèlement de rue quel fléau, il faut aller plus loin ", sont en général des gens qui n'ont même pas voté la loi de 2018 que j'ai présentée pour verbaliser le harcèlement de rue.
MARC FAUVELLE
Est-ce que ça marche ?
MARLENE SCHIAPPA
Donc je suis heureuse qu'ils s'emparent de cela. Le but de la loi, deux choses - je vous dis oui et non, je vous explique pourquoi oui, pourquoi non. Pourquoi oui, parce qu'il y a véritablement des amendes, on a eu plusieurs milliers d'amendes qui ont été dressées par les forces de l'ordre, c'est-à-dire des verbalisations, pour harcèlement de rue en flagrant délit, on nous disait que ce ne serait pas possible, eh bien c'est possible, et puis par ailleurs la loi elle aussi une vertu pédagogique, c'est fondamental pour moi, en tant que femme, en tant que mère, de dire que les lois de la République interdisent le harcèlement de rue.
MARC FAUVELLE
Et le non alors ?
MARLENE SCHIAPPA
Et le non, parce qu'évidemment le harcèlement de rue existe encore, je ne peux pas vous dire aujourd'hui que la France est libérée du harcèlement de rue et que ce fléau a été éradiqué, ce n'est pas vrai, il n'y a pas un policier ou un gendarme derrière chaque phénomène de harcèlement de rue, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le président de la République a proposé d'abord d'augmenter le montant de l'amende pour harcèlement de rue, d'une part, et d'autre part surtout de doubler…
SALHIA BRAKHLIA
A 300 euros.
MARLENE SCHIAPPA
Exactement, elle est à 90 à l'heure actuelle, ça peut aller jusqu'à 1500 en cas de récidive, et d'autre part surtout de doubler la présence des forces de l'ordre, notamment dans les transports, et ça c'est fondamental parce que la liberté d'aller et venir dans les transports sans être harcelée, eh bien c'est fondamental, y compris sur l'épanouissement et l'émancipation professionnelle des femmes, quand on se rend sur son lieu de travail et qu'on est harcelée sur son trajet, évidemment on ne passe pas une journée comme si ce n'était pas…
MARC FAUVELLE
Marine LE PEN demande qu'en plus des amendes, les harceleurs de rue soient inscrits automatiquement au fichier des délinquants sexuels, bonne idée ou pas ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, pour l'instant, en l'état ce n'est pas possible dans la mesure où il y a des questions de droit, ce n'est pas un délit, à ce stade c'est une verbalisation, donc c'est une amende…
SALHIA BRAKHLIA
C'est ce qu'elle veut, le passer aussi en délit.
MARLENE SCHIAPPA
On peut y réfléchir, mais en fait la raison pour laquelle on ne passe pas par des plaintes, c'est qu'en fait on a fait un benchmark, il y a des pays qui avaient…
MARC FAUVELLE
En bon français ?
MARLENE SCHIAPPA
Pardon, on a fait une étude comparative…
MARC FAUVELLE
Merci.
MARLENE SCHIAPPA
Je vous en prie ; et on a regardé, on a vu que dans les autres pays quand il faut déposer plainte pour harcèlement de rue, en fait les femmes ne vont pas déposer plainte, et c'est pour ça qu'on voulait du flagrant délit, pour épargner aux femmes le trajet et la démarche d'aller déposer plainte. On peut faire du flagrant délit, ça se voit quand il y a une femme qui est suivie et qui est empêchée de faire son trajet dans l'espace public.
SALHIA BRAKHLIA
Marlène SCHIAPPA, quel rôle vous vous allez jouer dans la campagne d'Emmanuel MACRON ?
MARLENE SCHIAPPA
Moi je suis ministre et en charge, vous l'avez dit, de l'accueil des réfugiés, mais aussi par exemple de la formation des policiers face aux violences conjugales, au harcèlement de rue, donc c'est un travail qui m'occupe.
SALHIA BRAKHLIA
Donc vous n'allez pas vous occuper de la campagne, du tout, vous n'allez pas donner…
MARC FAUVELLE
Ce n'était pas votre cas ce matin par exemple sur ce plateau ?
MARLENE SCHIAPPA
C'est mon cas un petit peu tout le temps, vous savez, quand on est militant je pense qu'on est militant, on n'arrête pas d'être militant à un moment ou un autre. Je souhaite évidemment la réélection du président Emmanuel MACRON. J'ai fait partie des premières personnes, en 2016, j'étais alors élue locale, qui se sont engagées auprès d'Emmanuel MACRON, donc évidemment je suis engagée dans la campagne, je participerai à des événements de campagne ce soir, j'étais hier soir au bureau exécutif de la République en marche, mais ma grande priorité…
SALHIA BRAKHLIA
Ah oui, donc vous faites quand même campagne !
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr je fais campagne.
SALHIA BRAKHLIA
Et comment on fait campagne quand on est ministre et qu'n veut faire campagne pour le président sortant ?
MARLENE SCHIAPPA
Tard le soir, tôt le matin, voilà, on s'organise.
MARC FAUVELLE
C'est en plus de votre travail normal ?
MARLENE SCHIAPPA
Comme tous les gens en fait, personne ne prend un long congé sabbatique de six mois…
MARC FAUVELLE
Tout le monde ne fait pas campagne pour Emmanuel MACRON, c'est pour ça la question se pose de la division de l'agenda.
MARLENE SCHIAPPA
C'est un tort, je plaisante…non, mais je veux dire moi j'ai autour de moi des gens qui sont des militants engagés, qui travaillent, donc qui vont à leur travail la semaine, le dimanche ils vont tracter au marché, comme n'importe quelle personne…
MARC FAUVELLE
Mais par exemple, à chaque fois que vous montez dans une voiture du ministère, vous signalez si c'est un déplacement de campagne ou un déplacement de ministre ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, oui, ça peut être remboursé d'ailleurs sur les frais de campagne…
MARC FAUVELLE
Donc vous le signalez au chauffeur quand vous montez dans la voiture par exemple ?
MARLENE SCHIAPPA
Alors, je ne crois pas que ce soit au chauffeur, mais on demande une facture au service pour que les frais de campagne remboursent les déplacements. Pour quelle raison ? je suis une personnalité " protégée ", dans la mesure où, vu l'exercice de mes fonctions, j'ai des menaces régulières, dont je ne fais pas forcément état publiquement, et donc il y a un service de protection, mais oui, bien sûr, c'est inclus dans les frais de campagne, dès lors qu'on utilise, pour des raisons campagne, des éléments de l'Etat.
MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON a confirmé hier soir qu'il refusait de débattre avec les autres candidats d'ici au premier tour, il promet de continuer à échanger, comme il l'a fait hier soir à Poissy, avec un public qui avait été sélectionné, choisi par le maire de la ville, qui est l'un de ses soutiens, toute la campagne va se passer comme ça devant ses propres supporters ?
MARLENE SCHIAPPA
Non, au contraire, je pense que s'il y a bien quelque chose qu'Emmanuel MACRON a démontré pendant ce quinquennat c'est qu'il n'avait pas peur du débat et de la confrontation, et même au contraire qu'il aimait ce débat…
MARC FAUVELLE
Le débat et la confrontation généralement ça se passe avec des gens qui ne sont pas forcément d'accord avec vous.
MARLENE SCHIAPPA
Bien sûr.
MARC FAUVELLE
Si on est tous d'accord c'est plus difficile de se confronter.
MARLENE SCHIAPPA
Mais ça va être le cas. Hier soir le président était sur le plateau de LCI face à des françaises, lectrices de ELLE me semble-t-il, choisies par la chaîne et par le magazine, et qui lui ont fait des propositions, qui ont formulé aussi des critiques, et c'est bien naturel, c'est la démocratie.
SALHIA BRAKHLIA
Parmi les propositions dévoilées hier justement par le candidat MACRON, il y a eu l'annonce de la suppression de la redevance télé, jusqu'ici c'était une proposition portée par l'extrême droite, est-ce que ça veut dire aussi privatisation du service public ?
MARLENE SCHIAPPA
Pas du tout, non, non, l'idée c'est de dire qu'on a voulu supprimer la taxe d'habitation, qui a été pour énormément de Français supprimée déjà pendant ce quinquennat, et qui poursuivra cette suppression pendant le prochain quinquennat, je l'espère, et c'est donc la suite logique de supprimer aussi cet impôt de la redevance qui était accolé, au moment du paiement, à la taxe d'habitation, et le président de la République a déjà indiqué que, évidemment il n'y aurait pas de privatisation et que ce serait compensé au budget de l'Etat, c'est un travail budgétaire qui devra être mené pour pouvoir payer, prendre en charge, sans la contribution de la redevance, l'audiovisuel public, bien sûr, qui est très important.
MARC FAUVELLE
Merci beaucoup Marlène SCHIAPPA. Un rappel, l'adresse du site, la plateforme dont vous nous avez annoncé tout à l'heure le lancement…
MARLENE SCHIAPPA
Parrainages…
MARC FAUVELLE
Parrainages.refugies.infos, pour tous ceux qui souhaitent organiser l'accueil des réfugiés ukrainiens en France, et puis d'information elle est donnée également ce matin par votre collègue ministre du Travail, Elisabeth BORNE, qui annonce la fin du protocole sanitaire en entreprise, c'était l'un des derniers verrous sanitaires qui restait, à partir de…lundi prochain. Merci beaucoup Marlène SCHIAPPA, bonne journée à vous.
MARLENE SCHIAPPA
Merci à vous, bonne journée
source : Service d'information du Gouvernement, le 9 mars 2022