Entretien de M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises, avec France Bleu Bourgogne le 18 mars 2022, sur le tourisme en Bourgogne et la politique du tourisme.

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Intervenant(s) : 
  • Jean-Baptiste Lemoyne - Secrétaire d'Etat au tourisme, aux Français de l'étranger, à la francophonie et chargé des petites et moyennes entreprises

Média : France Bleu Bourgogne

Texte intégral

Q - Bonjour Jean-Baptiste Lemoyne

R - Bonjour.

Q - Vous présidez depuis hier une conférence des ministres européens du tourisme, chez nous à Dijon. Pourquoi cette conférence, ici, à Dijon ?

R - Le Président de la République a souhaité une présidence française de l'Union européenne qui soit décentralisée, qui soit sur les territoires. J'étais mardi à Pau pour une autre conférence ministérielle, là à Dijon parce que Dijon d'une part, un, c'est ma région de coeur. Je suis le ministre bourguignon du Gouvernement.

Q - Vous êtes de l'Yonne.

R - Exactement. Deux, avec François Rebsamen on a beaucoup travaillé pour ancrer l'ADN international de Dijon, notamment en faisant venir le siège de l'OIV, vous savez, cette Organisation internationale de la vigne et du vin. Et donc, c'était un choix qui s'imposait. Aussi, c'est une destination qui se réinvente ; regardez la Cité de la gastronomie. Et tout cela, j'ai trouvé intéressant de le montrer en exemple aux ministres du tourisme européens.

Q - On peut tomber le masque, plus besoin de passe vaccinal pour les hôtels, dans les restaurants, dans les festivals. Est-ce qu'on se dirige vers les beaux jours ? On le verra. Est-ce qu'on aura, Jean-Baptiste Lemoyne, une saison estivale normale, comme avant le Covid ?

R - Ecoutez, je touche du bois parce que vous savez que ce virus, c'est toujours un peu l'inattendu permanent. Cela étant, je crois qu'on a les outils pour pouvoir juguler, réguler. Et tous les signaux que j'ai, de la part des acteurs du monde touristique, sont au vert. On est en avance de phase en termes de réservations, par exemple, dans l'hôtellerie de plein air, on est à +20% par rapport à la même période avant la crise, c'est vous dire ; idem pour l'hôtellerie, on est en avance de phase d'à peu près de 32% par rapport à la même période en 2019. Donc, des signaux intéressants. Je crois qu'il y a une envie de s'aérer, de s'oxygéner. C'est vrai que ces deux années ont été compliquées. Donc, je suis optimiste.

Q - Il ne faudrait pas que le virus, évidemment, referme les frontières par exemple. La thématique de cette grande réunion à Dijon, c'est de renforcer le tourisme des Européens en Europe et mettre en place un tourisme plus durable. Qu'est-ce qu'il faut changer finalement ?

R - On s'est rendu compte pendant la crise que le tourisme était important. D'une part, c'était important parce que notre vie n'avait pas forcément le même sel, sans toutes ces activités de loisir et de tourisme. Et puis, deuxième chose, c'est qu'on s'est rendu compte aussi du poids de l'importance du tourisme dans nos économies. Les acteurs touristiques en étaient convaincus, moi aussi, mais tout le monde l'a bien vu. Et donc aujourd'hui...

Q - C'est la première industrie française.

R - En tous les cas, ça pèse 8 à 9% du PIB, apportant beaucoup d'emplois. 10% dans le PIB européen ; et tout ça, naturellement, on l'a relancé, on l'a soutenu. 38 milliards d'euros d'aides au niveau français, et maintenant il s'agit de repartir, mais de repartir peut être un peu différemment, parce que les attentes aussi des Français et des voyageurs européens ont un peu évolué. Pendant la crise, on est partis moins loin, on a plus voyagé en circuit court, si je pourrais dire...

Q - En France.

R - On a redécouvert la France. J'ai fait la promotion de "l'été bleu blanc rouge" parce que, vous savez, on a une chance, c'est qu'on a un patrimoine de dingue partout, des paysages très variés, on peut faire le tour du monde en faisant le tour de France.

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, le gros souci à l'international, c'est le manque d'Américains, le manque d'Asiatiques. On ne les voit plus, ces touristes-là. Est-ce qu'il faut désormais s'en passer ou est-ce qu'ils vont revenir ?

R - Les clientèles asiatiques, je pense que ce n'est pas avant l'année prochaine, c'est vrai. Les clientèles américaines, nord-américaines, sont de retour depuis l'été dernier. On a fait en sorte d'ailleurs de convertir leur certificat de vaccination en passe sanitaire, passe vaccinal etc. Donc, ça y est, eux, on les revoit à nouveau. Mais ce qui est sûr, c'est qu'on s'est rendu compte de l'importance du socle de la clientèle française et de la clientèle européenne. Et regardez, comme quoi entre Européens, on peut être plus forts ensemble. Avant la crise, le tourisme européen en France, c'était 77% de notre tourisme international. Après la crise, c'est 85%. Cela montre que grâce à ça on a pu résister et l'Europe a mieux résisté que les autres destinations dans le monde, grâce à la force de ce tourisme entre les Européens. On accueille ici, en Bourgogne, beaucoup d'Allemands, de Belges, vous le savez, et on est heureux. On leur déroule le tapis rouge naturellement. On est heureux de les voir dans nos vignes, dans nos châteaux, dans nos musées. Et avec les ministres du tourisme européens, on va renforcer encore cette dimension-là de travail ensemble. Avant, on était beaucoup concurrents. Et là, il faut se serrer les coudes

Q - Jean-Baptiste Lemoyne, une dernière question. Dijon va ouvrir sa Cité de la gastronomie le 6 mai prochain, c'est notre actualité ici. Est-ce que c'est la bonne façon de faire ? Est-ce qu'il faut tout miser sur la gastronomie et le monde du vin ? On sait qu'il y a une espèce de vallée de la gastronomie qui est en train de naître avec Lyon, Marseille. Est-ce que ce n'est pas un tourisme trop artificiel ?

R - Quand on a des atouts justement comme la gastronomie, comme l'oenotourisme, il faut les mettre en avant. Il faut toujours jouer sur ses forces et je peux vous dire que j'ai un bon thermomètre et baromètre : ce sont ces 27 collègues européens qui sont là depuis hier. Ils sont sous le charme de Dijon, du patrimoine. Ils ont des étoiles plein les yeux et avec ce qu'on leur met dans l'assiette et dans les verres, je peux vous dire qu'on en fait des ambassadeurs de ce bien vivre bourguignon.

Q - Merci beaucoup, Jean-Baptiste Lemoyne, ministre du tourisme, d'être venu sur l'antenne de France Bleu Bourgogne.

R - Merci à vous.

Q - Ce qu'on retient de vous, de cette interview, entre autres, c'est que le tourisme européen est en train de se consolider, et ça c'est plutôt une très bonne nouvelle pour tous ceux qui vivent du tourisme, justement en Bourgogne-Franche-Comté. A bientôt Jean-Baptiste Lemoyne.

R - Merci, à bientôt.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2022