Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement, à BFM TV le 18 mars 2022, sur le conflit en Ukraine et le programme d'Emmanuel Macron pour la présidentielle.

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Média : BFM TV

Texte intégral

APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

APOLLINE DE MALHERBE
Merci de répondre à mes questions ce matin. On va évidemment développer, essayer de comprendre mieux les différents aspects du programme qu'a annoncé Emmanuel MACRON hier. On va revenir aussi sur la situation en Ukraine, encore ce matin est assez dramatique évidemment. Je voudrais d'abord juste savoir à qui j'ai affaire, est-ce que vous êtes porte-parole du gouvernement ce matin ou est-ce que vous êtes porte-parole du candidat ?

GABRIEL ATTAL
Moi je suis porte-parole du gouvernement, je suis aussi un soutien politique du président de la République et du candidat Emmanuel MACRON à sa réélection.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais cette question, elle n'est pas que théorique, elle est aussi pratique, c'est-à-dire qui vous paie ce matin ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien vous savez, moi je suis payé par le gouvernement, mais je travaille toute la journée en tant que porte-parole du gouvernement, dans des réunions ministérielles, sur le Plan de résilience par exemple, toutes les réunions de concertation avec les partenaires sociaux, les filières professionnelles, qui a menées le Premier ministre, sur la question de la guerre en Ukraine, des réunions avec la cellule diplomatique, le Quai d'Orsay, pour pouvoir m'exprimer ensuite devant vous et répondre à vos questions. Vous savez, les choses elles sont très bien organisées. Ce n'est pas la première fois dans l'histoire qu'un président sortant est candidat à sa réélection, et que des ministres peuvent soutenir sa candidature. Donc je vous donne un exemple, je serai demain en meeting à Montpellier, avec ma collègue Roselyne BACHELOT, c'est évidemment l'organisation de la campagne qui finance le déplacement, qui paie le déplacement, c'est des militants qui nous conduisent en voiture depuis la gare jusqu'au meeting, tout ça est très organisé depuis très longtemps, et les choses sont claires.

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, justement, on va parler à la fois de ce qui concerne le gouvernement, l'Elysée, et de ce qui concerne le candidat, mais je voudrais qu'on commence par l'Ukraine. On l'apprend à l'instant, des combats ont lieu en ce moment même dans le centre-ville de Marioupol. Ce matin l'aéroport de Lviv à l'ouest de l'Ukraine, jusqu'à présent une partie plutôt épargnée, a été bombardé, et le maire de Lviv a adressé à Emmanuel MACRON un message à travers les médias français, il lui a dit hier : " A chaque heure qui passe, des citoyens ukrainiens meurent, et ces morts seront sur votre conscience ". Est-ce qu'on va pouvoir continuer comme ça, à faire la guerre sans la faire ?

GABRIEL ATTAL
Il y a un feu qui est nourri, vous l'avez dit, des attaques qui se poursuivent, des villes qui sont totalement assiégées, des bombardements qui se poursuivent, et vous l'avez dit, qui s'étendent à une partie du pays qui jusque-là était moins visée par les attaques de la Russie. Et il y a toujours une détermination absolue de notre part, avec l'Union européenne, avec les alliés, à renchérir en permanence le coût de cette guerre, pour qu'à un moment, c'est notre objectif, Vladimir POUTINE soit obligé de revoir ses calculs. Tout le sens de notre action, toutes les mesures que l'on prend, visent à faire en sorte que cette guerre lui coûte trop cher, et qu'à la fin il soit obligé d'y renoncer. On commence à avoir un impact réel de nos sanctions en Russie. Le rouble a complètement dégringolé, la Bourse de Moscou est fermée depuis maintenant plusieurs semaines. Vous avez des oligarques dont les avoirs ont été gelés, et on voit qu'il y a des oligarques commencent à se retourner vers Vladimir POUTINE, en lui disant : finalement, est-ce que ça vaut le coup ? On voit que le numéro 2 gazier en Russie, le Conseil d'administration, a pris une motion, a fait une déclaration en appelant à la fin du conflit.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que ça va arrêter le conflit ?

GABRIEL ATTAL
On voit que Vladimir POUTINE a été…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que vous croyez un instant que ça va épargner l'Ukraine ?

GABRIEL ATTAL
C'est notre objectif, Apolline de MALHERBE…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, non mais je veux bien que ce soit l'objectif, mais soyons réalistes…

GABRIEL ATTAL
Eh bien si on le fait, c'est parce qu'on pense que c'est possible ; on voit que Vladimir POUTINE a été obligé de fermer les réseaux sociaux, Facebook, Twitter, parce qu'il voyait qu'une contestation commence à se mettre en place sur place. On voit qu'il y ait une loi martiale qui a été mise en place, tout ça parce qu'il voit bien…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais fermer Facebook, ça va leur faire une belle jambe, aux Ukrainiens qui sont en train de se faire bombarder.

GABRIEL ATTAL
Non, mais ce que je veux dire, ce que ça veut dire, c'est qu'il y a de la contestation sur place aussi. Il y a eu d'ailleurs des manifestations, et moi je veux saluer l'héroïsme des dissidents, des artistes qui se mobilisent. Il y a une de vos consoeurs…

APOLLINE DE MALHERBE
En fait, Gabriel ATTAL, je comprends parfaitement…

GABRIEL ATTAL
… qui s'est mobilisée de manière héroïque, en allant dans un journal, pour passer un message. Je veux dire, toutes ces scènes-là elles montrent quoi ? Elles montrent qu'il y a du trouble aussi en Russie sur cette guerre, qui n'est pas acceptée.

APOLLINE DE MALHERBE
En fait, ce que je voudrais comprendre, c'est la part d'ambiguïté entre d'un côté l'affichage qui est effectivement de continuer à montrer le drapeau ukrainien derrière soi, d'afficher même un soutien qui nous donne en quelque sorte bonne conscience, et la réalité sur le terrain, qui est que malgré tout on les laisse se faire massacrer.

GABRIEL ATTAL
La réalité sur le terrain, c'est qu'il y a…

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce qu'à un moment il ne faut pas dire, franchement les choses : on les laisse se faire massacrer ?

GABRIEL ATTAL
Apolline de MALHERBE, la réalité sur le terrain c'est qu'il y a un accompagnement humanitaire absolument massif, c'est qu'il y a un accompagnement aussi en termes d'équipements de défense. Il y a des échanges quasi quotidiens entre le président ZELENSKY, le président MACRON, d'autres chefs d'Etat. Il fait état de besoins pour son armée, on livre des équipements de défense pour les aider à se défendre, les aider à tenir, parce qu'ils ont fait le choix courageux de résister. Et d'ailleurs, et c'est votre invité ce matin je crois qui le disait, que probablement, que tout ne se passe pas comme prévu pour Vladimir POUTINE, et qu'il ne s'attendait pas…

APOLLINE DE MALHERBE
C'était en effet sur RMC, Bernard BAJOLET, l'ancien patron des Services secrets.

GABRIEL ATTAL
Et qu'il ne s'attendait pas à une telle résistance de la part des Ukrainiens. Donc on est à leurs côtés, on les aide, et je peux vous dire on les aide de manière extrêmement concrète, et d'ailleurs Volodymyr ZELENSKY a eu l'occasion de le dire, que la France apportait un appui massif, que ce soit en termes humanitaires ou en termes d'équipements de défense. Voilà. Maintenant il y a une ligne et il y a un équilibre qui certes est ténu. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on ne veut pas que ce conflit s'étende à d'autres pays, on ne veut pas qu'il plus de bombardements, plus de morts, plus de pays qui soient concernés, c'est la raison pour laquelle on ne doit pas devenir cobelligérant, on ne doit pas nous-mêmes entrer en guerre avec la Russie.

APOLLINE DE MALHERBE
En fait rester sous le seuil, qu'on appelle le seuil de belligérant. C'est bien ça ?

GABRIEL ATTAL
Oui, et je comprends que c'est ténu comme équilibre, évidemment…

APOLLINE DE MALHERBE
En fait, la difficulté c'est d'essayer de comprendre comment est-ce qu'on fait pour, d'un côté dire " on ne les laissera pas tomber, on ne les laisse pas tomber ", et de l'autre côté, dans les faits, les laisser un peu tomber.

GABRIEL ATTAL
C'est une tenaille. Voilà, c'est que d'un côté on les soutient, on soutient les Ukrainiens pour leur permettre de tenir, et je peux vous dire qu'on le fait en leur apportant les équipements dont ils ont besoin, en leur apportant une aide humanitaire, et de l'autre côté on renchérit au maximum le coût de la guerre pour Vladimir POUTINE. En espérant qu'à un moment les sanctions aient un impact tel qu'il soit obligé de revoir ses plans, et en attendant ce moment-là, en permettant aux Ukrainiens de tenir en leur apportant le soutien nécessaire.

APOLLINE DE MALHERBE
Un mot encore avant de rentrer dans le programme du candidat Emmanuel MACRON, sur la question de la sécurité de la France. Il y a eu un certain nombre de rumeurs qui ont couru hier, sur des éventuelles fuites de russes, vers des parties, notamment l'Oural, où il y aurait eu des abris antiatomiques, bref tout cela montre une certaine fébrilité, y compris sur la question nucléaire. Là pour le coup je vous pose la question pour les Français : est-ce qu'il faut sous-estimer cette menace ou est-ce qu'au contraire il faut la prendre très au sérieux ? Et le cas échéant, est-ce qu'il y a des scénarios sur lesquels vous travaillez en cas de menace directe nucléaire ?

GABRIEL ATTAL
Il faut tout prendre au sérieux. Et vous savez qu'Emmanuel MACRON s'est très tôt mobilisé dans ce conflit pour obtenir une chose, c'est la garantie de la sûreté et de la sécurité des sites nucléaires en Ukraine. On a vu qu'on a peut-être frôlé à certains moments la catastrophe, avec la centrale de Zaporijia, qui a fait l'objet d'attaques autour ou dans la centrale. On a vu qu'il y avait eu des incidents aussi à Tchernobyl, et donc très tôt le président de la République s'est mobilisé, en contactant le président de l'Agence internationale de l'énergie atomique, Vladimir POUTINE…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce qu'on a de quoi protéger les Français, ici ?

GABRIEL ATTAL
Evidemment Apolline de MALHERBE, évidemment. Je n'ai pas d'annonce à faire ici sur le sujet, évidemment on a en France…

APOLLINE DE MALHERBE
Vous y travaillez.

GABRIEL ATTAL
… de quoi protéger les Français, toujours, face à tous les scénarios.

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a un plan qui est prêt à être actionné, si…

GABRIEL ATTAL
Il y a des plans face à tous les scénarios, Apolline de MALHERBE, et là-dessus je veux vraiment rassurer les Français qui nous écoutent, mais vous voyez bien que l'on est sur une situation…

APOLLINE DE MALHERBE
Je ne sais pas si c'est rassurant, mais bon, on va essayer.

GABRIEL ATTAL
J'essaie en tout cas, en leur disant que l'on est dans une situation qui est tendue, et qu'encore une fois notre objectif ça n'est pas d'étendre le conflit, d'aller vers l'escalade du conflit, c'est que le conflit cesse. D'abord que le feu cesse, pour qu'il puisse y avoir des négociations. C'est ça qu'on demande, c'est ça ce qu'on demande à Vladimir POUTINE, le président de la République aura l'occasion très prochainement d'échanger à nouveau avec lui, pour le lui dire.

APOLLINE DE MALHERBE
Aujourd'hui ?

GABRIEL ATTAL
Je ne sais pas si ce sera aujourd'hui, ou dans les jours qui viennent, mais il a eu l'occasion de dire hier qu'il échangerait avec lui prochainement.

APOLLINE DE MALHERBE
Gabriel ATTAL, vous avez les deux casquettes, on va passer à la casquette de soutien du candidat Emmanuel MACRON. Je vous propose qu'on essaie de préciser quelques mesures un peu emblématiques. Commençons par la question du RSA, conditionné à une activité, obligation de travailler 15 à 20 heures par semaine pour pouvoir avoir droit aux aides. Travailler à quoi ?

GABRIEL ATTAL
Alors, d'abord ce n'est pas travailler, mais surtout avant je veux vous donner quand même pourquoi est-ce qu'on fait ça. On fait ça, parce que le RSA il vise à apporter un filet de sécurité, à des personnes qui ne sont pas en emploi, qui ne sont pas en formation et qui doivent pouvoir être accompagnées financièrement, en termes de dignité, pour pouvoir survivre, c'est de ça qu'on parle. Je ne crois pas qu'on vit bien au RSA, on survit. C'est la première chose. La deuxième chose, c'est qu'il y a aussi une mission d'insertion, c'est-à-dire faire, permettre à ces personnes de revenir vers l'emploi. Est-ce qu'on considère que cette mission elle est remplie aujourd'hui ? Eh bien je ne crois pas. Les rapports le montrent, les études le montrent, je crois qu'au bout de 7 ans au RSA, il n'y a qu'un tiers des bénéficiaires qui sont en emploi. Donc on voit bien qu'il faut faire mieux, on doit faire mieux, et donc effectivement ce qu'a annoncé le président de la République, plutôt ce que propose le candidat Emmanuel MACRON, c'est que…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est compliqué même pour vous.

GABRIEL ATTAL
Vous voyez bien que j'ai mes réflexes.

APOLLINE DE MALHERBE
Je comprends bien.

GABRIEL ATTAL
J'ai mes réflexes. Ce que propose le candidat Emmanuel MACRON, c'est que dans une logique de droits et devoirs, mais aussi dans une logique d'insertion, il y ait effectivement 15, 20 heures, d'activités pour les bénéficiaires du RSA…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais c'est quoi cette activité ? Pardon, rentrons dans le concret : c'est quoi ?

GABRIEL ATTAL
Oui, on va rentrer dans le concret, c'est des activités qui mènent à l'insertion sociale et professionnelle. Donc ça peut être…

APOLLINE DE MALHERBE
C'est dans le privé, c'est dans le public, c'est une formation ?

GABRIEL ATTAL
Ça peut être des mises en situation professionnelle, qui peuvent être dans le privé ou dans le public. Ça peut être des formations, effectivement...

APOLLINE DE MALHERBE
C'est quoi, c'est des stages, c'est une autre manière de dire stage.

GABRIEL ATTAL
Oui, mise en situation professionnelle, c'est-à-dire être dans une situation…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais enfin, un stage, normalement c'est rémunéré.

GABRIEL ATTAL
Mais vous savez, Apolline de MALHERBE, c'est des dispositifs qui existent aujourd'hui. Quand vous avez la garantie jeunes, maintenant le contrat d'engagement jeune, ça existe. Vous pouvez avoir aussi des formations. Ça peut être aussi des activités d'engagement. Bref il y a une palette très large.

APOLLINE DE MALHERBE
Est-ce que ce n'est pas une forme de main d'oeuvre gratuite ?

GABRIEL ATTAL
Non, ce qu'on dit, Apolline de MALHERBE, c'est qu'aujourd'hui, pour beaucoup de bénéficiaires, quand on tombe au RSA c'est un aller simple vers la précarité. Et il n'y a pas de retour. Et nous, ce qu'on veut, c'est que les Français puissent aller vers le chemin de l'emploi, a fortiori dans un contexte où aujourd'hui vous avez un taux de chômage au plus bas depuis 15 ans, et vous avez des entreprises partout en France qui vous disent qu'elles n'arrivent pas à recruter.

APOLLINE DE MALHERBE
Et qu'est-ce que vous ferez de ceux qui refusent ou qui ne peuvent pas ? Hop, fini le RSA ?

GABRIEL ATTAL
Il y a un projet qui va être élaboré si le président de la République est réélu. Il y a tout un travail qui va être mené évidemment avec le Parlement, en concertation avec l'ensemble des acteurs de l'insertion, pour que ça soit efficace. C'est ça notre objectif, et c'est peut-être ce qui nous différencie de certains qui ont pu brandir cette proposition par le passé ou encore aujourd'hui. C'est que ce n'est pas une proposition qui vise à stigmatiser, c'est une proposition qui vise à accompagner et à insérer, et je pense que les Français l'attendent.

APOLLINE DE MALHERBE
Les profs, ils sont nombreux à réagir ce matin et à réagir de manière plutôt négative aux propositions d'Emmanuel MACRON hier. Ils disent qu'au fond, cette demande d'être payés à la mission, il dit qu'il y en aura quand même un certain nombre qui devront travailler plus ou différemment, ou assurer des missions temporaires, ils disent d'abord qu'ils n'en ont pas vraiment le temps, et puis que c'est une manière de leur donner des primes, alors que ce qu'ils veulent c'est une augmentation de salaire.

GABRIEL ATTAL
Vous savez, quand Emmanuel MACRON a annoncé cet objectif, proposé cet objectif, il a parlé d'un chantier sur lequel il fallait qu'on travaille tous ensemble. Donc il y aura dans toutes les académies en France, des réunions pour travailler ensemble, avec les représentants des enseignants, des chefs d'établissement, des parents d'élèves, de l'Etat, des collectivités locales, sur ce chantier.

APOLLINE DE MALHERBE
Ça va être le grand débat de l'école.

GABRIEL ATTAL
Eh bien c'est en tout cas un grand chantier qui doit associer tout le monde, mais avec des objectifs qui sont clairs effectivement, c'est de permettre aux enseignants de s'engager davantage autour de mission extrêmement claires, le suivi individualisé des élèves, la question du remplacement effectivement, parce que je pense que tous les parents d'élèves qui nous écoutent le savent, aujourd'hui dans beaucoup de situations, quand vous avez un prof absent, vous n'avez pas de remplaçant immédiat, et parfois il arrive très très tard. Donc effectivement c'est des missions supplémentaires, qu'on veut demander. I y a un certain nombre d'enseignants qui font déjà des missions supplémentaires, ils ne sont pas forcément rémunérés pour ça, le président l'a dit hier.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc ceux-là seront rémunérés, et puis les autres, vous les encouragez à en faire davantage.

GABRIEL ATTAL
Oui, il y aura une rémunération… Pour les nouveaux enseignants, il faudra à remplir ses missions, et pour ceux qui sont d'ores et déjà enseignants, c'est ce qu'a dit le président hier, il y aura une forme de droit d'option, ils diront s'ils souhaitent s'engager ou pas dans ces nouvelles missions, et il y aura une augmentation de la rémunération significative. S'ils ne le souhaitent pas, ils le décideront.

APOLLINE DE MALHERBE
Il y a aussi l'idée de publier en toute transparence les résultats des différents collèges, des différents lycées. Ça veut dire quoi ça ? Ça veut dire que les mauvais collèges, les mauvais lycées, vont être désertés, pointés du doigt ?

GABRIEL ATTAL
Non, ça veut dire d'abord que quand on évalue, on progresse toujours. Evaluer, se poser la question de savoir si ce qui est fait est efficace, s'il y a des progrès, c'est d'abord utile pour les personnes concernées, la communauté pédagogique, éducative, pour améliorer peut-être parfois certaines pratiques. Ensuite, ce qu'a dit le président hier, c'est qu'il ne s'agit pas de faire une évaluation qui vise à dire : tel établissement est un bon établissement, ou tel établissement n'est pas un bon établissement.

APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, dans les faits, ça sera ça, quand même, pardon.

GABRIEL ATTAL
Non, ce qu'il a dit précisément, c'est qu'un établissement où ça fonctionne, on ne le juge pas nécessairement au résultat final des élèves, on le juge aussi à d'où on vient et au fait que l'on est peut-être dans un territoire où il y a des difficultés très lourdes, pour des raisons sociales au départ. Et ce qu'il faut mesurer, c'est le chemin qui est parcouru.

APOLLINE DE MALHERBE
Et comment vous allez faire ?

GABRIEL ATTAL
Vous avez des enseignants qui font un travail absolument admirable dans beaucoup de ces territoires…

APOLLINE DE MALHERBE
Alors, quels sont les critères ?

GABRIEL ATTAL
… on a d'ailleurs renforcé leur rémunération pour encourager des enseignants à aller s'engager dans ces territoires, on a augmenté de 3 000 € par an, les primes pour les enseignants qui vont dans les…

APOLLINE DE MALHERBE
Oui, mais quels seront les critères ? Est-ce que ça sera les résultats au bac, est-ce que ce sera les notes ?

GABRIEL ATTAL
Je crois qu'il a dessiné un chemin hier, mais encore une fois l'objectif c'est d'aller dans la concertation, donc je ne vais pas ici vous annoncer dès le départ quel sera l'aboutissement, sinon vous me direz à juste titre, Apolline de MALHERBE, ça sert à quoi d'annoncer un grand chantier où vous allez concerter, si vous annoncez déjà la copie finale ? En tout cas, il faut, c'est important de le dire, ce qui sera évalué c'est la capacité à parcourir du chemin, à avoir des élèves qui peut être au départ ont moins d'acquis que les autres, moins de chance que les autres, notamment pour des raisons familiales, et comment est-ce que l'Education nationale dans sa diversité, dans sa plénitude, avec les acteurs périscolaires, arrive à rattraper ces retards.

APOLLINE DE MALHERBE
50 000 infirmiers et aides-soignants recrutés pour renforcer notamment le contrôle dans les EHPAD, et pour renforcer le personnel dans les EHPAD. Moi je trouve ça super, évidemment tout le monde est pour, sauf que quand on regarde aujourd'hui, il y a déjà 3 000 infirmiers et infirmières qui ne trouvent pas de postes, qui ne trouvent pas preneurs. Comment vous allez réussir à en recruter 50 000, quand on a une pénurie aujourd'hui, d'emploi ?

GABRIEL ATTAL
C'est pour ça que l'on vient d'augmenter leur rémunération, vous avez raison, il y a aujourd'hui des postes qui sont ouverts, qui ne sont pas pourvus. Et donc c'est notamment une question d'attractivité et de rémunération. On a augmenté les rémunérations avec le Ségur, ça date de quelques mois. Par ailleurs on augmente aussi les formations. Je crois qu'on a augmenté de 6 000 les personnes en formation, notamment pour les postes d'infirmiers, donc ça prend un peu de temps, mais vous voyez, il y a formation, on augmente les étudiants en formation pour ces métiers, et ensuite rémunération pour attirer davantage de personnes dans ces métiers.

APOLLINE DE MALHERBE
Obliger à quitter le territoire si on n'obtient pas le droit d'asile. Là encore vous allez faire comment ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien on a une simplification des procédures qui est prévue. Aujourd'hui, si vous n'obtenez pas…

APOLLINE DE MALHERBE
Pourquoi vous feriez, ça alors que vous ne le faisiez pas.

GABRIEL ATTAL
Ah si, on l'a fait.

APOLLINE DE MALHERBE
Oh, très peu, quand même, aujourd'hui.

GABRIEL ATTAL
En 2018 on a voté une loi, j'étais député à l'époque, asile immigration, qui réduit les délais, qui simplifie les démarches, pour être plus efficace effectivement sur deux volets : un, quand vous avez vocation à rester en France, notamment parce que vous bénéficiez de l'asile, on vous intègre vraiment, ça veut dire qu'on vous aide à trouver un logement, un travail, parce que si vous devez rester en France, si vous pouvez rester en France, il faut que cela puisse être dans des conditions dignes. Et ensuite, quand vous n'avez pas vocation à rester en France, ne restez pas en France. C'est ça. Nous on dit simplement qu'on veut appliquer les règles. Et donc on a, sur le deuxième volet, simplifié les procédures, avec des résultats d'ailleurs, les éloignements forcés ont beaucoup augmenté entre 2018 et 2019, après il y a eu la crise sanitaire, ça a tout gelé. On sait qu'on a une difficulté aujourd'hui, notamment avec les pays du Maghreb, pour obtenir les laissez-passer consulaires pour pouvoir expulser effectivement les personnes. Ce qu'a proposé le candidat MACRON hier, c'est de dire quoi ? C'est de dire qu'on simplifierait encore, et que quand vous êtes un demandeur d'asile, on vous déboute de votre demande d'asile. Plutôt qu'attendre quelques semaines, voire quelques mois, que le préfet vous dise : obligation de quitter le territoire français, le fait d'être débouté de la demande d'asile vaut obligation de quitter le territoire français.

APOLLINE DE MALHERBE
Vaut exclusion du territoire.

GABRIEL ATTAL
Ce qui permet d'être plus efficace.

APOLLINE DE MALHERBE
Bon, Gabriel ATTAL, c'est un programme de droite.

GABRIEL ATTAL
Apolline de MALHERBE, ça c'est vraiment la petite musique que certains cherchent à faire, mais pas depuis maintenant. Depuis 5 ans…

APOLLINE DE MALHERBE
Fermeté, suspicion de fraudes, de profiteurs, il va falloir davantage contrôler, davantage punir. Valérie PECRESSE elle-même vous accuse de plagiat et de contrefaçon.

GABRIEL ATTAL
Mais, Apolline de MALHERBE, ça fait 5 ans qu'on entend des gens dire : c'est une politique de droite etc. Je veux dire, je ne pense pas une seconde que c'est un débat qui intéresse les Français qui nous écoutent. Parce qu'à la fin ils ont vu quoi au bout de 5 ans ? Ils ont vu qu'on a le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans. Est-ce que c'est de droite ou de gauche ? Je n'en sais rien. Ils voient que l'on a le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans, c'est de droite, c'est de gauche, je n'en sais rien, en tout cas c'est positif. Ils voient qu'on a baissé les impôts, qu'on a supprimé la taxe d'habitation pour 80% des Français, et pour ceux pour qui elle n'est pas encore supprimée, ce sera le cas dès 2023, elle a déjà commencé à baisser. Est-ce que c'est de droite ou de gauche, je n'en sais rien. Ils voient qu'on a augmenté massivement les moyens de l'éducation, notamment dans les territoires REP et REP+.

APOLLINE DE MALHERBE
Là vous êtes dans le bilan, mais quant à la question, est-ce que Valérie PECRESSE pourrait être votre Premier ministre…

GABRIEL ATTAL
Mais sur les propositions, c'est pareil. Attendez…

APOLLINE DE MALHERBE
… Emmanuel MACRON ne nie pas.

GABRIEL ATTAL
Sur les propositions, c'est pareil, parce que peut-être qu'il y a des propositions qui sont dans notre programme, qu'on retrouve dans le programme d'autres candidats. Mais je ne crois absolument pas qu'elle soit abordée de la même manière. On a parlé de la question du RSA…

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, celle qui vous accuse de contrefaçon c'est la droite, ce n'est pas Jean-Luc MELENCHON qui dit que vous avez le même programme.

GABRIEL ATTAL
On le voit sur la question du RSA. On propose quoi ? On propose aussi le versement à la source, c'est-à-dire qu'aujourd'hui vous avez des Français qui ont droit à des aides, qui n'en bénéficient pas, et donc de dire que ceux qui ont droit à des aides doivent pouvoir y avoir recours. Sur la question de la carrière professionnelle, le compte épargne temps universel, la proposition qu'a faite Emmanuel MACRON, qui consiste à dire qu'on va vous donner de la flexibilité dans votre vie, que quand vous êtes jeune, peut-être que vous aurez la possibilité, l'envie de travailler davantage et que ça vous permettra d'acquérir des droits pour plus tard dans votre vie, parce que vous avez un enfant, parce qu'il vous arrive quelque chose, parce que vous êtes plus âgé, vous avez envie de travailler moins, vous puissiez le faire. Ça c'est une vraie réforme sociale, profondes, qui est proposée par Emmanuel MACRON

APOLLINE DE MALHERBE
Gabriel ATTAL, Pôle emploi va s'appeler « France travail ». C'est une idée de cabinet de conseil anglo-saxon ça ?

GABRIEL ATTAL
C'est l'idée qui consiste à dire qu'il faut territorialiser davantage notre action, qu'aujourd'hui vous avez…

APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, ça sent quand même un peu le conseil d'une entreprise de conseil, vous leur avez donné quand même beaucoup beaucoup de sous.

GABRIEL ATTAL
L'important c'est ce qu'il y a derrière. Je vais répondre à votre question très concrètement, on passera au cabinet de conseil derrière puisque c'est dans l'actualité, si vous voulez, mais ça consiste à dire qu'aujourd'hui vous avez beaucoup d'acteurs qui travaillent sur l'insertion, la formation et l'emploi. Vous avez les Missions locales, vous avez Pôle emploi, vous avez des associations d'insertion, vous avez beaucoup d'acteurs. Il faut au niveau local les mettre ensemble parce que les problématiques ne sont pas les mêmes partout. Les besoins ne sont pas les mêmes partout, les offres ne sont pas les mêmes partout. Et donc effectivement il y a cette logique. Mais pourquoi ça s'appelle « France travail » ? Parce que c'est une logique qu'on a de territorialisation. On a créé France Services, qui consiste à dire quoi ? Qui consiste à dire qu'on veut que tous les Français…

APOLLINE DE MALHERBE
France services, France travail…

GABRIEL ATTAL
… à moins de 30 minutes de chez eux, aient accès à un lieu physique, avec un bouquet de services publics, où ils puissent avoir quelqu'un, derrière un guichet, qui les accompagne dans leurs démarches pour les services publics. On veut faire la même chose avec l'emploi. C'est pour ça que ça porte le même nom.

APOLLINE DE MALHERBE
Rapport du Sénat en effet hier qui chiffre à un milliard d'euros la facture des ministères et de l'Elysée vis-à-vis des entreprises de conseil, les entreprises de conseil anglo-saxonne avec l'une d'elles qui est particulièrement emblématiques qui est le cabinet de conseil McKinsey. McKinsey, c'est 329 millions d'euros de chiffre d'affaires pour la filiale française en 2020 dont 17 millions d'euros qui viennent de vous, qui viennent des ministères et de l'Elysée. Tant de millions donnés, 0 impôt payé.

GABRIEL ATTAL
Alors il y a deux questions dans votre question. La première sur les cabinets de conseil, on avait déjà eu l'occasion d'en parler quand j'étais venu ici dans une précédente matinale, je vais vous redire ce que vous avez dit. C'est-à-dire que moi, je considère que ce n'est pas un tabou. Pour moi l'Etat n'est ni omniscient ni omnipotent…

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est tellement pas un tabou que vous avez doublé l'argent donné aux cabinets de conseil sous le quinquennat d'Emmanuel MACRON.

GABRIEL ATTAL
Il y a eu un certain nombre de crises mais l'Etat peut se renforcer en faisant ponctuellement appel à des compétences qui viennent du privé, notamment quand c'est des compétences qui ne sont pas dans l'Etat ou pour accompagner quand il y a une crise ou une surchauffe.

APOLLINE DE MALHERBE
Vous leur donnez 17 millions d'euros, ils ne payent pas un euro d'impôt. Ça vous paraît normal ?

GABRIEL ATTAL
Je vais venir à la deuxième question. Mais sur ce point-là, ce n'est pas nouveau qu'il y ait des recours au cabinet de conseil. Il y avait un rapport qui avait été remis en 2014…

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas nouveau mais ça a doublé, doublé sous Emmanuel MACRON.

GABRIEL ATTAL
Ce n'était pas Emmanuel MACRON Président de la République en 2014, il n'avait pas été suivi d'effets. C'est nous en 2018, avant que ce sujet-là vienne sur la table, qui avons mis en place des dispositifs justement pour encadrer les choses. Et ma collègue Amélie de MONTCHALIN qui est en charge de ce sujet a d'ailleurs annoncé qu'on baissait les dépenses de 15 % pour cette année.

APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est pas contraignant, c'est une demande.

GABRIEL ATTAL
Ensuite le président l'a dit, s'il faut améliorer un certain nombre de choses, de critères, bien évidemment qu'il faut le faire. Il faut être pragmatique. Sur la deuxième chose, sur la question des impôts…

APOLLINE DE MALHERBE
Mais ça ne vous choque pas ?

GABRIEL ATTAL
Moi, ça me choque toujours quand il y a des entreprises qui font des bénéfices en France et qui ne payent pas leurs impôts en France, mais je vais vous dire : je suis à l'aise là-dessus. Qui est-ce qui a créé une taxe sur les géants du numérique Google, Amazon, Facebook qui ne payaient pas leurs impôts en France alors qu'ils font des bénéfices en France ? C'est nous. Ça rapporte 400 millions par an. Qui a aligné des géants du numérique en leur faisant payer des amendes énormes parce qu'elles ne payaient pas leurs impôts ? On a fait payer un milliard à Apple, 1,5 milliard à Google donc je vais vous dire, on n'a aucun état d'âme à dire que quand on fait des bénéfices en France on doit payer des impôts en France.

APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce que ce matin du coup, sachant cela désormais, sachant que McKinsey qui a quand même touché 17 millions d'euros de la part de l'Elysée et du gouvernement n'a pas payé un euro en France, est-ce que vous pouvez dire ce matin : nous nous passerons désormais des services de McKinsey ?

GABRIEL ATTAL
Ce que je vous dis, c'est que 1/ il y a une enquête judiciaire sur ce sujet-là.

APOLLINE DE MALHERBE
C'est le Sénat qui remet ce rapport.

GABRIEL ATTAL
Il y a une commission d'enquête mais il y a, je crois, une enquête sur ce sujet-là et donc moi je suis respectueux des enquêtes.

APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous continuerez à utiliser les services de McKinsey.

GABRIEL ATTAL
Mais Apolline de MALHERBE, ce que je viens de vous dire à l'instant c'est que nous on considère qu'une entreprise qui fait des bénéfices en France doit payer ses impôts en France, et je vous ai donné des preuves quand même. On a créé même une taxe supplémentaire sur les géants du numérique pour montrer qu'on sert notre objectif avec des actions très concrètes et qu'on a des résultats sur ce sujet-là. Ensuite il y a une enquête donc je vais vous dire…

APOLLINE DE MALHERBE
Et en attendant vous continuerez à leur donner des sous publics.

GABRIEL ATTAL
Mais Apolline de MALHERBE, je vous ai expliqué à l'instant qu'on allait justement baisser nos dépenses en la matière. Et précisément s'il y a une enquête parlementaire, ça montre bien qu'il y a une transparence absolue de notre part. On communique toutes les informations qui nous sont demandées. C'était je crois une rapporteure communiste, sénatrice communiste de cette enquête.

APOLLINE DE MALHERBE
Et tout est dans le rapport du Sénat. Merci.

GABRIEL ATTAL
On lui a tout communiqué. On est très transparent sur ce sujet-là, on veut encadrer davantage les choses. Le président de la République a eu l'occasion de le dire, on va avancer très sereinement sur ce sujet.

APOLLINE DE MALHERBE
Gabriel ATTAL, porte-parole du gouvernement et donc soutien du candidat Macron, merci d'avoir répondu à mes questions.

GABRIEL ATTAL
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 25 mars 2022