Interview de M. Gabriel Attal, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement, à Cnews le 31 mars 2022, sur le conflit en Ukraine, l'élection présidentielle, le recours aux cabinets de conseil et l'inflation.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : CNews

Texte intégral

LAURENCE FERRARI
Bonjour Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Bonjour.

LAURENCE FERRARI
Bienvenue dans la matinale de CNews. On va parler de l'Ukraine, cette tentative de mise en place de corridors humanitaires à Marioupol. Est-ce qu'il faut croire l'armée russe, quand elle dit qu'elle va laisser les civils, on estime qu'il y en a encore 160.000 qui sont pris au piège dans cette ville martyre ?

GABRIEL ATTAL
On est très prudent, parce que c'est vrai qu'à plusieurs reprises déjà, la Russie a eu l'occasion de prendre de tels engagements ou de tenir de tels propos qui ne se sont pas vérifiés ensuite sur le terrain. Ce qui est certain, c'est que la situation à Marioupol est une situation de désolation absolue. On a vu les images, les bombardements qui ont eu lieu, c'est une ville de 400.000 habitants. Il reste plus de 150.000 personnes qui sont sur place, et plusieurs dizaines de milliers qui aimeraient pouvoir fuir. Donc nous, ce qu'on demande, ce qu'a rappelé le président de la République à Vladimir POUTINE, avec qui il a échangé lundi, ce que nous demandons, c'est de pouvoir avoir une trêve humanitaire, qui permet l'évacuation des civils qui le souhaitent, et l'acheminement de l'aide humanitaire.

LAURENCE FERRARI
Et cela, monsieur POUTINE l'a refusé à Emmanuel MACRON ?

GABRIEL ATTAL
Ce qu'il a dit, c'est qu'il reviendrait vers nous par rapport aux conditions qu'on lui a demandées, il y a notamment le fait que ça soit encadré, supervisé par les organisations internationales, notamment la Croix Rouge internationale, le Haut-commissariat aux réfugiés. C'est un échange qui a eu lieu mardi, je crois, j'ai dit, lundi, mais c'est mardi...

LAURENCE FERRARI
Donc pour l'instant, c'est non, ça ?

GABRIEL ATTAL
Il a dit à ce moment-là qu'il reviendrait vers nous, on n'a pas eu de nouvelles de lui sur le sujet. On va regarder ce qui se passe très concrètement sur le terrain. Nous, on ne se fie qu'à une chose, c'est aux actes et aux faits. Parce que des déclarations, on en a beaucoup entendu, ce qui est certain, c'est qu'il faut absolument protéger les civils de Marioupol. Et qu'on a beaucoup travaillé avec les autorités ukrainiennes, avec les gouvernements grecs et turcs pour faire une proposition encadrée, qui permet l'évacuation des civils, où ils le souhaitent, mais en tout cas, qui permet de les protéger, ce qui est évidemment la priorité dans le contexte.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que, encore une fois, le Kremlin, lorsqu'il annonce cesser ses offensives militaires sur certaines villes, et ne le fait pas, je pense à la ville de Tchernihiv qui continue à être bombardée, est un interlocuteur crédible, ou est-ce que, de toute façon, on n'a pas le choix, il faut dialoguer avec POUTINE ?

GABRIEL ATTAL
Il faut que ça reste un interlocuteur, d'abord, parce que c'est la demande du président ZELENSKY, il a émis à plusieurs reprises le souhait de pouvoir échanger avec Vladimir POUTINE, qui l'a toujours refusé. Et donc, il demande régulièrement au président MACRON d'échanger avec Vladimir POUTINE pour faire l'intermédiaire, c'est la première raison. La deuxième raison, c'est que, échanger avec lui permet quand même d'arriver à formuler certaines demandes, évidemment, elles ne sont pas toujours suivies, mais il y a cette situation de Marioupol, vous vous souvenez qu'il y a eu des échanges aussi qui concernaient la sécurité et la sûreté des centrales nucléaires en Ukraine, parce qu'il y a eu des incidents graves, on a frôlé la catastrophe à la centrale de Zaporijjia, donc il faut à chaque fois qu'on le peut essayer d'obtenir des garanties, aussi minimes soient-elles. Et puis, la troisième raison, c'est que l'objectif de notre politique, c'est de renchérir le coût de la guerre pour Vladimir POUTINE, pour qu'à un moment donné, il soit contraint de revoir ses calculs et de se mettre autour de la table, et à ce moment-là, il faut que le canal de discussion, il existe avec lui, pour qu'on puisse avoir cette négociation.

LAURENCE FERRARI
En France, le chef du renseignement militaire a été remercié, il a du coup démissionné, il s'agit du général Eric VIDAUD. C'est une information de nos confrères de L'Opinion, que vous nous confirmez ?

GABRIEL ATTAL
Je ne fais jamais aucun commentaire sur les affaires de renseignement.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que ça veut dire que cela marque l'échec des services de renseignement français, qui n'avaient pas prévu l'invasion russe en Ukraine, la raison invoquée pour avoir remercié ce général, c‘est notamment la non maîtrise des sujets ?

GABRIEL ATTAL
Alors, vraiment sur ce sujet-là, je n'ai pas mandat pour commenter notre organisation du renseignement, et donc, je ne peux pas vous répondre sur ce sujet.

LAURENCE FERRARI
Mais vous ne pouvez pas nous dire s'il y a eu une défaillance de nos renseignements...

GABRIEL ATTAL
Je ne peux pas vous répondre sur le sujet...

LAURENCE FERRARI
C'est stratégique pour nous, parce que si nous n'avons pas vu venir effectivement l'invasion russe en Ukraine, ce qu'avaient très, très bien vu les renseignements américains, il y a un certain nombre de conclusions qu'il faudra tirer.

GABRIEL ATTAL
De toute façon, vous savez, on tire toujours des conclusions sur tout, et on revoit toujours notre organisation pour qu'elle soit la plus efficace possible. On a des services de renseignement performants, qui travaillent beaucoup, qui travaillent dur, mais je ne peux pas vous en dire plus sur leur organisation.

LAURENCE FERRARI
Le président est à la manœuvre, on le voit, sur le plan international, mais il est soumis au feu des critiques de ses concurrents en France, évidemment, parce que, eux sont pleinement en campagne, il y a des accusations de ne pas faire campagne justement, c'est difficile de dire qu'on a un candidat MACRON en permanence sur le terrain qui défend ses propositions, et qui dialogue avec les Français, Gabriel ATTAL.

GABRIEL ATTAL
Ce qui est certain, c'est qu'à la différence des autres candidats, il ne peut pas être 100% candidat, puisqu'il est aussi président de la République, et on a parlé de la situation en Ukraine, évidemment qu'il est attendu, je crois, par les Français sur ce front-là. Ce qui est certain ensuite, c'est que vous avez des candidats qui sont candidats à la présidentielle depuis deux ans, donc c'est sûr qu'ils ont eu le temps, eux, de faire campagne, voilà, le président, il est sur le front international s'agissant de l'Ukraine, il est sur le front de la campagne, il mène les deux tambour battant.

LAURENCE FERRARI
Il fait 90-10, on va se dire...

GABRIEL ATTAL
Non, non, je ne ferai pas de pourcentage, mais il était lundi en déplacement longuement sur le terrain à Dijon, il a échangé très directement avec des Français, Certains qui l'ont interpellé sur...

LAURENCE FERRARI
Indirectement sur le pouvoir d'achat...

GABRIEL ATTAL
Sur des sujets, notamment le pouvoir d'achat, mais aussi sur d'autres sujets, il sera aujourd'hui en déplacement en Charente-Maritime pour parler de l'écologie, mais pas seulement, pour parler avec des Français qui probablement l'interpelleront et voudront échanger sur tous les sujets, il y aura un grand meeting, son grand meeting de campagne, ce samedi, à Paris, la Défense à Arena...

LAURENCE FERRARI
Il est rempli le meeting, il est rempli ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, je pense qu'il y aura du monde, oui, oui, oui. Ça continue à s'inscrire.

LAURENCE FERRARI
D'accord. L'autre grand reproche qu'on lui fait, c'est le projet, le projet, quelle grande mesure en fait, est-ce qu'Emmanuel MACRON a eu le temps, tout simplement, d'élaborer un projet pour le prochain quinquennat, ou est-ce qu'il n'a pas été absorbé à 200% par ses tâches de président ?

GABRIEL ATTAL
Oui, parce qu'on a des formations politiques qui ont travaillé quand lui n'était pas candidat, et qui ont surtout écouté les Français, c'est notre marque de fabrique, vous savez, on est allé à la rencontre des Français pendant des mois pour les écouter. Et son projet, c'est une addition de victoires sur le quotidien, c'est la retraite minimale à 1.100 euros pour tous ceux qui ont une carrière complète, c'est le droit opposable à...

LAURENCE FERRARI
La retraite à 65 ans pour tout le monde aussi...

GABRIEL ATTAL
C'est le droit opposable à la garde pour les enfants, pour toutes les familles qui ont un enfant de moins de 3 ans, ça veut dire que si les pouvoirs publics ne sont pas capables de vous proposer une solution de garde, vous serez indemnisé pour pouvoir faire garder vos enfants...

LAURENCE FERRARI
Alors ça, ça fait vingt ans qu'on nous la promet, celle-là...

GABRIEL ATTAL
Eh bien, oui, mais vous savez...

LAURENCE FERRARI
C'est bien gentil, mais le jour où elle sera en place, je vous assure que toutes les mamans de France viendront vous remercier.

GABRIEL ATTAL
C'est pour ça qu'on va la mettre en place...

LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas le cas...

GABRIEL ATTAL
Il y a un certain nombre de réformes qu'on a faites dans ce quinquennat, qui étaient promises depuis 20 ans et qui n'ont pas été faites, et que nous avons faites, notamment sur le volet économique et social, ce qui fait qu'on a aujourd'hui le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans. Donc moi, je pense que quand on a la volonté, et surtout l'envie de faire avec les Français, avec l'ensemble des acteurs, on peut y arriver. Et donc, c'est ça le projet d'Emmanuel MACRON, c'est du très concret, c'est aussi un projet qui permet de renforcer l'indépendance de notre pays, parce que c'est de ça qu'il est question aujourd'hui, on le voit avec la situation en Ukraine. On veut dépendre moins des autres, plus de nous-mêmes, pour se déplacer, pour se chauffer, pour travailler, pour se défend, pour s'informer ; et ça, c'est le projet d'Emmanuel MACRON qui le permet.

LAURENCE FERRARI
Pour s'informer, dépendre moins des autres pour s'informer ?

GABRIEL ATTAL
Oui, vous avez vu, on a pris un certain nombre de décisions sur des ingérences en matière d'information qui avaient lieu en Europe et en France...

LAURENCE FERRARI
Oui, vous avez bloqué un certain nombre de médias comme RT Russia...

GABRIEL ATTAL
Oui, qui étaient financés par l'étranger, on veut aussi que nos acteurs culturels, nos acteurs informationnels en France et en Europe aient les moyens de pouvoir travailler.

LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous êtes inquiet de l'écart qui se resserre entre Emmanuel MACRON et Marine LE PEN qui, dans nos sondages, semble se rapprocher de plus en plus ?

GABRIEL ATTAL
Il y a des sondages qui sont régulièrement publiés et qui montrent qu'il y a match dans cette élection, et une élection, vous savez, elle ne tombe jamais du ciel, il faut aller la chercher, il faut aller convaincre les Français. Et donc, on va continuer avant le premier tour, puis, avant le deuxième tour, je l'espère que le président de la République sera qualifié, à convaincre les Français qu'il a le meilleur projet.

LAURENCE FERRARI
Mais lequel projet ?

GABRIEL ATTAL
C'est celui que je viens de donner, un projet d'indépendance pour le pays, un projet concret pour le quotidien des Français, avec des progrès majeurs. Et puis, que les autres projets ne permettent pas d'atteindre cet objectif...

LAURENCE FERRARI
Tout le monde a un peu le même projet...

GABRIEL ATTAL
Non, je ne crois pas du tout, vous savez, Marine LE PEN, elle propose un projet qui consiste à dire à chacun ce qu'il a envie d'entendre, et à faire à chacun la promesse qu'il a envie d'entendre.

LAURENCE FERRARI
Par exemple ? Elle baisse les taxes par exemple de l'essence, où elle va à 5,5...

GABRIEL ATTAL
Eh bien, elle explique aux gens qu'elle va baisser, voire supprimer toutes les taxes, baisser, voire supprimer les impôts, l'impôt sur le revenu, qu'elle va le supprimer jusqu'à 30 ans, qu'elle va en même temps donner 300 euros de pouvoir d'achat aux Français...

LAURENCE FERRARI
Ça, ce n'est pas bien que les jeunes de moins de 30 ans ne payent pas d'impôt ?

GABRIEL ATTAL
Eh bien, vous savez, moi, je pense que vous quand vous êtes un jeune de 29 ans qui gagne énormément d'argent, eh bien, ce n'est pas normal que vous ne payez pas d'impôt...

LAURENCE FERRARI
Oui, mais quand vous en gagnez 1.100 ?

GABRIEL ATTAL
Alors qu'un jeune de 31 ans qui travaille dur, qui ne gagne pas beaucoup, lui, il paie des impôts, moi, je pense que ce qui est important, c'est d'avoir le juste impôt, une progressivité, mais, voilà, c'est un projet qui consiste à proposer tout à tout le monde, et à la fin, les Français, je ne pense pas qu'ils soient idiots, ils savent qu'il y a quelqu'un qui paie. Et ils savent qu'au bout du bout, il y aura quelqu'un qui paiera, sur son système de retraite, par exemple, elle explique aux Français qu'ils vont pouvoir travailler moins, alors même que l'espérance de vie s'allonge, et qu'en même temps, ils pourront garder leur niveau de pension, mais non, on sait très bien qu'à la fin...

LAURENCE FERRARI
Elle reste à 60, 62 ans...

GABRIEL ATTAL
Elle diminue la durée de cotisations...

LAURENCE FERRARI
Au niveau actuel...

GABRIEL ATTAL
Et on a déjà un système qui n'est pas financé, donc à la fin, le choix, si elle était élue, ce sera, soit, de baisser les pensions, soit, d'augmenter les impôts sur ceux qui travaillent. Donc, voilà, je pense que c'est aussi ce débat de projet contre-projet qui va avoir lieu dans les semaines qui viennent...

LAURENCE FERRARI
Entre les deux tours donc ?

GABRIEL ATTAL
Si ces deux candidats sont qualifiés au deuxième tour...

LAURENCE FERRARI
Est-ce que vous envisagez la possibilité que Marine LE PEN soit élue ?

GABRIEL ATTAL
Par définition, en démocratie, tout le monde peut être élu. Moi, les sondages, ils sont publiés, ils permettent de commenter des dynamiques. Mais à la fin des fins quand même, ceux qui font l'élection, c'est les Français, et l'élection, elle est faite quand le dernier bureau de vote de la dernière commune a été dépouillé. Donc c'est aux Français de décider.

LAURENCE FERRARI
Mais est-ce que vous pensez que le front républicain, qui a toujours été mis en place quand il s'agissait de candidats du Rassemblement national ou à l'époque du Front national, va fonctionner cette fois-là, est-ce que Marine LE PEN n'a pas une réserve de voix qu'elle n'avait pas en 2017 ?

GABRIEL ATTAL
Et honnêtement, moi, je ne suis pas commentateur politique, ce que je sais...

LAURENCE FERRARI
Non, mais vous êtes un fin politique...

GABRIEL ATTAL
Ce que je sais, c'est que vous avez des formations politiques effectivement à droite, à gauche qui, en 2017, ont dit : il faut qu'on travaille pour que le match en 2022 ne soit pas à nouveau celui d'Emmanuel MACRON face à Marine LE PEN, ils ont passé 5 ans à taper surtout sur une personne, c'est Emmanuel MACRON, plus que sur Marine LE PEN, alors même que, je le dis, le projet de Marine LE PEN est une menace, menace pour l'économie des petits épargnants français, une menace pour la solidité budgétaire de notre pays, pour l'attractivité de notre pays. On a le taux de chômage le plus bas depuis 15 ans, le taux de chômage des jeunes le plus bas depuis 40 ans, le taux d'emploi le plus haut depuis qu'il est mesuré, on a eu l'an dernier 720.000 jeunes en apprentissage, ils étaient moins de 300.000 en 2017. On a une croissance économique aujourd'hui qui est locomotive en Europe. Donc je veux dire, on a quand même des raisons d'être optimiste pour l'avenir...

LAURENCE FERRARI
Tout ça risque d'être très, très tempéré dans les mois qui viennent, vous le savez parfaitement, en raison de la conjoncture internationale...

GABRIEL ATTAL
Tout ça risque surtout d'être anéanti, si c'est un projet, encore une fois, de plombage budgétaire et de l'attractivité de notre pays, qui est élu à la fin.

LAURENCE FERRARI
L'affaire MCKINSEY, hier, il y a eu une conférence de presse de deux ministres, Olivier DUSSOPT et Amélie de MONTCHALIN, pour tenter de désamorcer cette affaire des cabinets de conseil, on ne parle pas que d'un cabinet, mais de plusieurs cabinets, la somme d'un milliard d'euros a été validée, donc c'est un peu moins, 890 millions, par Olivier DUSSOPT. Est-ce qu'il fallait en faire une telle conférence de presse, est-ce qu'il fallait donner une telle importance à cet événement envoyant le signal d'une fébrilité du gouvernement sur ce sujet à 10 jours du premier tour ?

GABRIEL ATTAL
Il y a beaucoup de manipulations sur ce sujet, beaucoup d'instrumentalisation, notamment d'ailleurs de l'extrême droite et de l'extrême gauche, et dans ce contexte, il y a des questions qui sont posées, notamment des questions qui sont posées par les journalistes. Et donc moi, il me semble sans en démocratie que vous ayez les membres du gouvernement, en l'occurrence, les deux ministres qui sont chargés de ce dossier, qui puissent rendre des comptes et répondre à toutes les questions que se posent les journalistes sur ce sujet. Et je crois que c'est ce qu'ils ont fait hier soir, voilà, ils ont donné toutes les informations, ils ont répondu à toutes les questions qui étaient posées, face, encore une fois, à beaucoup d'instrumentalisation et de manipulations...

LAURENCE FERRARI
Mais les Français ont du mal à comprendre pourquoi par exemple on donne 4 millions d'euros à un cabinet pour la réforme des APL, est-ce qu'on peut voir le travail qui a été fourni par ces cabinets, est-ce que c'est transparent, est-ce que tout ça est accessible à ceux qui paient, puisque c'est les Français ?

GABRIEL ATTAL
D'abord, c'est transparent, puisque vous avez rappelé les informations sur les sommes, et on a toujours communiqué et communiqué toutes les informations qui étaient demandées au gouvernement. Ensuite, chaque ministre peut avoir l'occasion, quand il est interrogé, de rendre compte de l'utilisation du recours à des cabinets de conseil par son ministère....

LAURENCE FERRARI
Ce n'est que les ministres, ce n'est pas l'Elysée qui commande ces...

GABRIEL ATTAL
Eh bien, vous savez, c'est les ministères qui sont en lien avec des cabinets de conseil...

LAURENCE FERRARI
Donc c'est Matignon, ce n'est pas l'Elysée...

GABRIEL ATTAL
Qui peuvent y avoir recours...

LAURENCE FERRARI
C'est Matignon, ce n'est pas l'Elysée ?

GABRIEL ATTAL
Mais j'ai aussi regardé des interventions qui étaient celles de spécialistes, d'économistes, je crois que c'est Nicolas BOUZOU, l'économiste, qui s'exprimait encore récemment qui disait que la France était probablement un des pays d'Europe ou le pays d'Europe qui dépensait le moins en cabinets de conseil. On sait que...

LAURENCE FERRARI
C'est sans doute un des pays d'Europe qui a la Fonction publique la plus pléthorique, parce qu'on n'a pas de fonctionnaires assez compétents ?

GABRIEL ATTAL
Et par ailleurs, qu'on réforme. Vous savez, on a porté une réforme...

LAURENCE FERRARI
Oui, je sais que vous avez porté une réforme, mais la haute Fonction publique...

GABRIEL ATTAL
On a porté une réforme de la haute Fonction publique. Précisément, pour disposer dans la haute Fonction publique...

LAURENCE FERRARI
Alors justement, on a presque six millions de fonctionnaires dans notre pays, vous n'allez pas me dire qu'ils ne peuvent pas faire le travail que font ces cabinets de conseil ?

GABRIEL ATTAL
Mais précisément, la réforme de la haute Fonction publique, elle permet d'être plus efficace sur ces sujets-là, elle permet d'avoir des directions qui travaillent davantage ensemble, de plus de mobilité dans la Fonction publique, précisément pour avoir moins besoin...

LAURENCE FERRARI
Mais ce n'est pas le sujet des cabinets de conseil, Gabriel ATTAL...

GABRIEL ATTAL
Si, pour avoir moins besoin d'avoir recours à des cabinets de conseil. Si vous avez des compétences dans l'Etat qui permettent de répondre à un certain nombre de sujets, eh bien, vous êtes plus efficace...

LAURENCE FERRARI
Il est temps de s'en rendre compte !

GABRIEL ATTAL
Eh bien, on s'en est rendu compte dès 2017, mais vous savez, c'est une réforme qui a mis plusieurs années à être mise en place, parce qu'elle est très lourde, c'est pour ça qu'elle n'avait pas été mise en place avant, quand vous voulez permettre à des personnes qui viennent de la société civile, du privé, de pouvoir rejoindre la haute Fonction publique, d'y apporter leur expertise, leurs compétences, quitte ensuite, d'ailleurs, si elles le souhaitent à quitter la Fonction publique ou retourner...

LAURENCE FERRARI
Et revenir tranquillement, c'est ça, avec un statut à part et préservé...

GABRIEL ATTAL
Oui, c'est ça la réforme qu'on a faite...

LAURENCE FERRARI
Ça, vous n'allez pas changer, j'imagine ?

GABRIEL ATTAL
La réforme qu'on a faite, encore une fois, c'est plus de mobilité pour permettre à des personnes qui ne font peut-être pas partie de la haute Fonction publique de venir apporter leurs compétences et leurs expertises. Et ça, je pense que c'est attendu par les Français, et c'est ce qui va nous permettre d'être plus efficaces.

LAURENCE FERRARI
Donc il y aurait 15 %, a dit Amélie de MONTCHALIN, en moins sur ces budgets alloués aux cabinets de conseil l'an prochain ?

GABRIEL ATTAL
Absolument, oui, il y a eu une hausse pendant la crise sanitaire, à un moment où on a une crise, qui a surgi dans le monde entier, qui a conduit dans le monde entier tous les gouvernements à avoir recours à toutes les aides possibles, évidemment, dans ces moments-là, vous cherchez tous ceux, tous les experts, tous ceux qui peuvent vous aider à être plus efficaces pour répondre à cette situation qui, encore une fois, était inédite. Maintenant, on revient à un rythme de croisière plus normal. Et donc, c'est ce qu'a annoncé ma collègue Amélie de MONTCHALIN, avec une baisse de 15%...

LAURENCE FERRARI
Il n'y avait pas un risque d'influence étrangère, parce que ce sont des cabinets, pour la plupart, étrangers, est-ce que, finalement, le quinquennat n'a pas été marqué par une influence étrangère ?

GABRIEL ATTAL
Non, non, je ne crois pas, vous savez, parce que c'est des filiales françaises, quand il s'agit de cabinets étrangers, en l'occurrence, celui dont on parle beaucoup, qui représente, je le rappelle, 2% des dépenses de conseils.

LAURENCE FERRARI
Oui, oui, on ne parle pas que d'un cabinet, il y en a plusieurs...

GABRIEL ATTAL
Ce sont des filiales françaises avec des salariés français, des directions Françaises, qui... et puis, à la fin surtout, c'est évidemment les ministres et les directeurs d'administration qui prennent les décisions, ce ne sont jamais des cabinets de conseil, c'est ce qui a été rappelé hier dans la conférence de presse, qui est donc utile pour répondre à un certain nombre d'instrumentalisation qu'on peut lire ici ou là.

LAURENCE FERRARI
Un mot de l'inflation, préoccupation majeure des Français, pouvoir d'achat, on l'a vu, elle explose, en Espagne, 10 % le prix des denrées alimentaires est sur une courbe exponentielle, est-ce que vous allez faire plus que ce que vous avez fait, la prime inflation déjà, un certain nombre de Français ne l'ont pas reçue ?

GABRIEL ATTAL
On continuera toujours à agir pour protéger les Français, vous l'avez dit, il y a une indemnité inflation, 38 millions de Français quand même qui gagnent moins de 2.000 euros, qui l'ont reçue, 100 euros, on a mis en place des mesures notamment sur l'essence. Je rappelle qu'à partir de demain, il y aura une ristourne de 18 centimes par litre à la pompe, précisément pour faire baisser ces coûts-là pour les Français qui, pour beaucoup, travaillent dur et n'arrivent pas à boucler les fins de mois. Vous parliez de l'inflation sur les sujets alimentaires, on a mis en place un plan de résilience précisément pour lutter aussi contre ça, je vous donne un exemple, on sait qu'aujourd'hui, pour nos éleveurs, c'est très difficile, parce que le coût des matières premières, notamment du blé, par exemple, a beaucoup augmenté, et donc ils l'achètent plus cher...

LAURENCE FERRARI
Les engrais surtout...

GABRIEL ATTAL
Voilà, et les engrais, ils achètent tout ça plus cher pour leur bétail. Et donc à la fin, le risque, c'est que ça se répercute sur la facture des Français quand ils vont faire leurs courses. Et donc, qu'est-ce qu'on a fait, plan de 400 millions d'euros pour accompagner. nous éleveurs pour faire baisser les coûts de production, pour qu'à la fin, ça ne se répercute pas sur le ticket de caisse des Français, donc on agit sur tous les fronts, pour lutter contre l'inflation, pour protéger au maximum le pouvoir d'achat des Français ; je rappelle, puisque vous citiez des pays étrangers, que notamment l'Espagne, l'Italie, on a vu des augmentations de 45, 50, parfois 100% de la facture d'électricité ces derniers mois, on a pris un bouclier tarifaire, concrètement, si on n'avait pas pris ce bouclier, au mois de février dernier, les Français qui nous regardent en moyenne auraient reçu une augmentation de leur facture d'électricité de 300 à 400 euros. Alors c'est sûr que ça se voit moins que quelque chose qu'on verse aux Français, quelque chose qu'ils n'ont pas à payer, mais je veux dire, il y a quand même cette action de protection, là où on a vu autour de nous des citoyens qui ont vu leur facture d'électricité augmenter de 400, 500, 700 euros. On a gelé le prix du gaz aussi, qui a, je crois, été multiplié par 10 ces derniers mois, il a été gelé en France au mois de novembre dernier, précisément pour qu'il n'augmente pas. Donc on prend toutes ces mesures de protection, et évidemment, on continuera toujours à les prendre dans les mois qui viennent, évidemment si les Français nous permettent de continuer à le faire.

LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Gabriel ATTAL d'être venu ce matin dans la matinale de Cnews.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 1er avril 2022