Texte intégral
Merci Pekka, Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureux de revenir aujourd'hui à Helsinki où j'avais déjà eu l'occasion de me rendre lors de la présidence finlandaise de l'Union européenne en 2019, mais aussi en 2012, alors dans mes fonctions de ministre de la défense.
Le contexte a beaucoup changé, puisque l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février dernier a bouleversé la situation stratégique de toute l'Europe et les équilibres sur lesquels elle est bâtie. Le retour de la violence extrême, au service d'une politique impérialiste russe, dans son voisinage qui est aussi le nôtre, est une menace pour tous les Européens ; et la violation par la Russie de tous ses engagements, à commencer par ceux, conclus ici, à Helsinki, en 1975, est également un défi, un défi que nous devons relever ensemble. Et c'est tout le sens de mon déplacement ici à Helsinki, de cette rencontre avec Pekka, et c'est aussi l'enjeu principal que j'évoquerai demain à Tallinn, puis à Vilnius.
Le principal sujet que nous avons soulevé aujourd'hui avec Pekka Haavisto est évidemment la sécurité de notre continent et celle de la Finlande. Ce sujet d'ailleurs, nous l'avons évoqué, cet après-midi, avec le Président Niinistö, qui a bien voulu me recevoir, et le Président du Parlement M. Vanhanen. Je sais que la Finlande prépare en ce moment un nouveau Livre blanc sur sa politique étrangère et de sécurité ; je sais que ce Livre blanc fera l'objet d'un débat parlementaire. C'est un débat important pour la Finlande et nous le suivons naturellement avec beaucoup d'attention ; et nous serons aux côtés de la Finlande, quelles que soient les orientations prises par ce travail programmatique, car nos destins sont liés.
Avec Pekka, nous avons aussi évoqué le renforcement de notre politique de défense de l'Union européenne, grâce notamment à la Boussole stratégique qu'il vient de citer. Nous avons aussi évoqué la solidarité entre les Etats membres prévue par l'article 42-7 du Traité sur l'Union européenne. La défense de nos pays passe également par leurs relations avec l'Alliance atlantique : la France en est membre, la Finlande en est un partenaire très proche. Au titre de notre présence, du fait que nous soyons membre de l'Alliance atlantique, nous avons accru notre présence militaire en Estonie, et nous sommes désormais aussi présents en Roumanie.
Une bonne coopération bilatérale, telle que nous l'avons avec la Finlande, dans des formats ad hoc, telle que l'Initiative européenne d'intervention, sont également des facteurs d'amélioration de notre sécurité commune. L'Europe sera forte quand les armées de ses Etats membres seront fortes, capables de travailler ensemble, à chaque fois qu'il le faut, dans un cadre plurilatéral ou multilatéral, sur la base d'une culture stratégique commune et sur la base d'intérêts partagés. C'est ce que nous devons construire comme Européens.
Et nous continuerons de travailler sur chacun de ces sujets avec la Finlande dans l'esprit d'amitié et de responsabilité qui est le nôtre et qui sort encore renforcé de ma visite d'aujourd'hui.
Nous allons donc renforcer notre partenariat bilatéral en établissant - et nous venons d'en prendre la décision - un dialogue ministériel franco-finlandais sur la sécurité européenne, spécifique, au niveau ministériel, et il constituera le cadre structurant pour approfondir notre coordination sur ces enjeux de sécurité pour les années à venir.
Enfin, au nom de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, et s'agissant de la guerre en Ukraine, je voudrais réaffirmer ici trois messages essentiels sur notre approche convergente.
D'abord, celui du soutien : nous fournissons à l'Ukraine équipements de défense et aide humanitaire. Nous avons évoqué ensemble les moyens de venir en aide aux pays en première ligne pour l'accueil des réfugiés et d'en partager la charge entre Etats membres. Je tiens à cette occasion à saluer la générosité de la Finlande pour l'accueil de réfugiés ukrainiens, y compris les plus vulnérables.
Le deuxième message, c'est le message d'unité dans la fermeté contre la Russie. Nous avons fait le choix d'infliger des sanctions très dures pour que le président Poutine considère que le prix à payer contre l'invasion agressive de l'Ukraine est trop élevé, et donc qu'il revienne à la négociation. Et nous poursuivrons cette approche.
Enfin, le troisième point, c'est la réduction de nos vulnérabilités. Une Ukraine souveraine a besoin d'une Europe souveraine. Il est urgent que nous réduisions nos dépendances énergétiques et agricoles, nos dépendances à l'égard de la Russie, et que nous le fassions d'une manière qui renforce notre cohésion et nous aide à construire un modèle économique plus durable. Le Sommet de Versailles et le Conseil européen de la semaine dernière ont permis de faire en sorte qu'il y ait des avancées très significatives et très qualitatives dans ce domaine, et nous continuerons dans les semaines qui viennent sur la même direction. Et nous avons avec la Finlande sur ce sujet des convergences permanentes.
Je te remercie à nouveau, Pekka, de ton accueil, et je suis ravi d'avoir passé ce moment ici à Helsinki.
Q (AFP) - (Question en anglais relative à l'éventualité d'une candidature finlandaise à l'OTAN et au soutien de la France à cet égard)
R - Je crois avoir été clair dans mon propos, mais je veux bien les reprendre : la décision d'adhérer ou pas à l'OTAN, de rentrer dans l'Alliance atlantique, est une décision souveraine de la Finlande.
J'ai bien noté qu'il y avait un processus d'élaboration d'un Livre blanc et un débat parlementaire qui allait s'ouvrir ; c'est tout à fait dans le respect de la souveraineté de la Finlande.
La Finlande décidera de ce qu'elle considère comme bon et comme essentiel à sa propre sécurité, et la France soutiendra la Finlande dans ses choix, quels que soient les choix, parce que la Finlande est un pays libre, souverain, qui décide ; mais c'est aussi un pays ami et allié de la France. Donc, la France soutiendra les choix que feront les Finlandais, que fera la Finlande, en toute souveraineté.
(...)
Q (Yle) - (Question en anglais sur l'éventualité d'une adhésion de la Finlande à l'OTAN et sur le soutien de la France à la candidature finlandaise)
R - Je l'ai déjà dit deux fois, mais je veux bien le dire une troisième fois : la France soutiendra les choix de souveraineté de la Finlande, quels qu'ils soient, parce que la Finlande est notre alliée, et parce que nous avons des relations d'amitié et des convergences. Donc, nous soutiendrons le choix de la Finlande, tel que la Finlande le décidera souverainement.
Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 avril 2022