Texte intégral
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les présidents, vice-présidents et élus des conseils départementaux et régionaux,
Mesdames et Messieurs les Maires et Présidents d'EPCI,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
D'abord, je dirais que je suis particulièrement heureux de me retrouver ici pour cette grande première : la tenue des états généraux de la transition du tourisme en montagne dans le cadre de la Présidence française de la SUERA. Heureux et honoré donc de pouvoir ouvrir cet évènement que j'espère fondateur. Fondateur pour cette transition que tous, ici, nous souhaitons pour l'avenir de nos massifs.
Aussi, permettez-moi de remercier l'ensemble des très nombreux partenaires ayant participé à la conception et à la réalisation de ces états-généraux. Je crois en avoir compté plus d'une quarantaine alors, je vous prie de m'excuser si je ne vous cite pas nommément. Je ne souhaiterais pas vous perdre dès le début de mon propos. Mais l'on peut tout de même souligner le réel engouement autour d'un tel évènement, d'un tel sujet, qui vous le savez me mobilise quotidiennement et qui mobilise l'ensemble des acteurs associatifs, économiques et institutionnels de la montagne. Par votre présence à tous, nous pouvons déjà considérer cette rencontre comme une belle réussite. Bravo.
Premièrement, je veux vous dire que j'ai pleinement conscience des difficultés créées par la crise sanitaire. Ensuite, et parce que c'est mon rôle, je vous dirai qu'il nous faut aller plus loin. Relancer notre secteur, sûrement différemment, fort de ce qu'il s'est produit. Enfin, je conclurai en vous disant que nous devons prendre la mesure des transitions en cours et nous adapter, comme les territoires de montagne l'ont toujours fait.
Nous sommes, vous êtes, l'une des plus grandes offres touristiques pour la montagne au monde. Les gens traversent l'Europe et parfois le monde pour se tenir où nous nous trouvons aujourd'hui. C'est une pépite de l'économie de notre pays. 350 stations de ski, 120 000 emplois directs ou indirects : tout un écosystème qui gravite autour de la montagne et qui a durement été touché par la crise. C'est pourquoi nous nous sommes attachés à soutenir les entreprises, opérateurs et les collectivités de la montagne, par des mesures spécifiques et adaptées à leurs problématiques. En tout, plus de 5,4 milliards d'euros ont été débloqués pour vous dans le cadre des mesures d'urgence et de relance.
La crise que nous avons traversée, et j'espère pouvoir parler au passé, est apparue comme un révélateur des vulnérabilités, dont on peut craindre qu'elles soient accentuées dans les prochaines années en raison du dérèglement climatique. Il y eut bien sûr donc la baisse brutale de l'activité touristique hivernale liée à l'épidémie, mais vous le savez, les territoires de montagne sont sujets à des mutations plus grandes encore, qui sont aujourd'hui davantage liées au changement climatique. Difficultés d'enneigement, fonte des glaciers, érosions de la biodiversité, les défis sont grands et nombreux. Longtemps élu d'un territoire de montagne, je connais cette réalité. Mais je connais aussi la grande capacité de résilience de ces territoires et surtout de leurs élus. Je sais que nous pourrons œuvrer ensemble face à ces défis. Et nous avons commencé à le faire, en construisant le plan « Avenir Montagnes ».
Le plan " Avenir Montagnes " c'est notre moyen de surmonter la crise actuelle bien sûr, mais il s'agit également d'une réponse aux défis de demain. C'est faire face à la crise, en soutenant celles et ceux qui ont été affectés par ses conséquences. Et en même temps, c'est repartir, plus haut, plus fort, pour faire à l'avenir. Avec " Avenir Montagnes ", nous jetons les fondations d'un nouveau modèle pour nos montagnes. Un modèle touristique plus diversifié, plus durable. Un modèle qui améliore aussi bien la qualité de vie des habitants qu'il garantit l'expérience d'un séjour réussi pour les touristes, et ce, toute l'année.
En ce sens, le Premier ministre a présenté le 27 mai dernier et après de nombreuses concertations avec les élus et acteurs de la montagne, avec vous, ce grand plan d'investissement pour le tourisme en montagne, intitulé " Avenir Montagnes ". Ce plan, doté de 650 millions d'euros, porte une ambition forte : investir et préparer l'avenir de nos massifs.
Le premier pilier de ce plan est de diversifier l'offre touristique et de conquérir de nouvelles clientèles. Oui la transition du tourisme en montagne doit être faite. Et oui, l'État sera à vos côtés pour accomplir, achever et surtout réussir cette transition. Il est essentiel que les territoires de montagne favorisent la diversification de leur offre touristique pour proposer un tourisme « deux ou quatre saisons ». C'est d'autant plus vrai pour les territoires de moyenne montagne ; qui subissent plus que tout autre territoire les difficultés liées à l'enneigement. Nous le savons, la neige se fera plus rare, plus attendue. Nous pourrions aller chercher la neige plus haut, mais ce serait une solution comparable au tonneau des Danaïdes. Sans fin.
Diversifier l'offre est, je crois, une bonne solution. Les dernières saisons touristiques sont au-delà d'encourageantes. Les Français désirent la montagne. Ils désirent les grands espaces et le vert. Ça tombe bien, nous sommes prêts à leur en donner.
Diversifier est donc l'un des axes forts du fonds " Avenir Montagnes ". Les collectivités sont évidemment les premières concernées par ce fonds, mais nous soutenons également l'investissement des entreprises et de tous les acteurs du tourisme de montagne, notamment en matière d'infrastructures. Avenir Montagne Investissement mobilise ainsi près de 300 millions d'euros de crédits publics, à égalité de parts avec les régions, à destination des projets d'investissement dans des projets de territoires dans le cadre du développement d'une offre de tourisme durable et résiliente. La première vague de sélection des projets doit s'achever le 30 septembre prochain, et la seconde sera lancée au tout début de l'année 2022.
De même, le prêt tourisme distribué par BpiFrance et garanti par la Caisse des dépôts a déjà permis de mobiliser environ 700 millions d'euros pour l'ensemble des secteurs du tourisme, dont plus de 150 millions d'euros au profit des acteurs de la montagne, et il devrait atteindre très rapidement 1 milliard d'euros.
Diversifier l'offre passe également par la relance des colonies de vacances et des classes de découverte en montagne sur laquelle le ministère de l'Éducation nationale est grandement mobilisé. Cela passe aussi par la promotion, évidemment, de la destination montagne avec le savoir-faire et la mobilisation d'Atout France.
Si nous souhaitons sortir du " tout ski " pour pérenniser le tourisme de montagne, soyez rassurés, le ski restera, dans toutes ses dimensions, une activité structurante et attractive pour nos montagnes.
Mais pour renforcer cette attractivité, et c'est le deuxième pilier du plan et la grande priorité de la Présidence française de la SUERA, nous devons accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagne.
La mobilité du premier et du dernier kilomètre est un sujet important en montagne, les alternatives à la voiture individuelle étant peu nombreuses. La mobilité est donc autant un enjeu du quotidien pour les habitants, qu'un enjeu pour la transition écologique. Dans le cadre d' " Avenir Montagnes ", plus de 30 millions d'euros, via le programme Avenir Montagnes Ingénierie porté par l'ANCT, sont consacrés à l'accompagnement en ingénierie de projets pour les territoires, en particulier dans les nouvelles solutions de mobilité comme les ascenseurs valléens. Pour concrétiser cette mesure, j'aurai le plaisir de lancer cet après-midi à Flaine, l'appel à manifestation d'intérêt France Mobilités. Cet AMI vise à construire des alternatives adaptées aux contraintes locales tant pour rejoindre les stations que pour s'y déplacer. C'est un accompagnement sur-mesure pour penser, expertiser et réaliser le projet de mobilité durable adapté au territoire.
Nous mettrons ainsi un nouveau levier à disposition des collectivités pour permettre à de nouvelles solutions de mobilités d'émerger grâce à un dialogue constructif entre les différentes collectivités et les acteurs de la montagne. Fidèles à notre volonté de différencier les territoires et de décentraliser la conduite des projets au plus près du terrain, nous apportons aux collectivités des moyens supplémentaires pour agir et réaliser les changements et transitions nécessaires à l'amélioration de la qualité de vie des habitants.
De plus, la protection et la valorisation de la biodiversité et des paysages dans les territoires de montagne constituent un deuxième axe fort des moyens que nous déployons pour mener ces transitions. L'accélération des investissements en faveur de la préservation de la biodiversité des territoires de montagne permettra de réduire l'empreinte environnementale des équipements, activités et aménagements touristiques. Au moins 10 millions d'euros du volet investissement du fonds Avenir Montagnes financés par l'État seront consacrés à cette mesure.
Enfin, pour que la montagne soit un espace vivant, dynamique et attractif, nous allons au travers du troisième pilier du plan, dynamiser l'immobilier de loisir et enrayer la formation des « lits froids », ces hébergements au potentiel inexploité.
C'est un problème identifié, connu et reconnu, les " lits froids " minent l'attractivité des territoires, sont pour la plupart vieillissants, et freinent la performance touristique des résidences de tourisme.
Pour nous y attaquer, nous instaurons dans le projet de loi " 4D " une cessibilité du droit de préemption du preneur commercial en cas de local loué spécifiquement pour le tourisme de montagne. Désormais, les opérateurs de résidences de tourisme pourront céder leur droit de préemption à des foncières qui vont permettre d'acheter et de rénover des hébergements appartenant à des particuliers dans des résidences de tourisme, pour ensuite les rénover et les confier à des gestionnaires qui optimiseront leur utilisation en tant que le " lits chauds ". C'est-à-dire utilisés au moins 20 à 30 semaines par an. À cet effet, la Banque des territoires investira 125 millions d'euros sur cinq ans dans ces foncières. C'est un engagement majeur que nous pouvons saluer.
Vous l'aurez compris, il n'y a ici que des convaincus. Des mutations sont en cours et appellent à une transition du tourisme en montagne. Sur le front de la transition écologique, d'imaginer et réaliser un tourisme plus durable donc. Sur le front de la diversification de notre activité touristique de montagne en sortant du " tout neige ". Et enfin sur le front de l'attractivité des stations, en développant de nouvelles solutions de mobilité et en luttant contre ce fléau des « lits froids ». Nous avons, le Gouvernement, l'État, déployé le cadre et les conditions qui permettront d'accomplir à bien ces transitions. Je serai évidemment attentif, car c'est mon rôle, au déploiement de ce plan et j'incite évidemment l'ensemble des acteurs et élus de la montagne à s'en saisir. Car nous l'avons fait avec vous, pour vous.
Enfin, je, suis réellement ravi qu'un tel évènement puisse rassembler tant d'acteurs aux points de vue différents, parfois aux avis différents, mais qui regardent dans la même direction : la montagne de demain.
En effet, ces dernières années, les tensions entre les partisans d'un développement économique centré sur les activités " neige " et les partisans d'une meilleure prise en compte des enjeux de transitions écologiques et de protection de la biodiversité avaient à nouveau atteint un certain paroxysme, notamment du fait de la multiplication de conflits d'usage sur les ressources en montagne. Les enjeux croissants du changement climatique autant que la concurrence aiguë entre les territoires pouvaient expliquer cela ; mais s'ajoutait également l'absence de consensus entre les différents acteurs, entre les représentants de la montagne, notamment au sein des instances de gouvernances que constituent les comités de massifs. Le changement climatique et la crise sanitaire ont conduit à une véritable prise de conscience de la dépendance de l'activité " neige " de ces territoires. Les engagements de femmes et d'hommes engagés ont permis de faire bouger les lignes et d'envisager la construction d'un nouveau modèle de développement touristique, plus résilient et plus durable. La mobilisation de jeunes et moins jeunes militants associatifs, issus notamment de Mountain Wilderness, conscients de la nécessité de faire évoluer l'écosystème montagnard, les éco-engagements de Domaine skiable de France et de son Président Alexandre Maulin, la mobilisation d'universitaires expérimentés dont Pierre Torrente, l'ambition des Maires des stations autour de Jean-Luc Boch et Pierre Vollaire, comme beaucoup d'autres communes touristiques de montagne, de faire face au destin de leur territoire, pour n'en citer qu'une poignée, ont permis d'organiser ces États généraux de la transition du tourisme en montagne.
Il faut maintenant construire, dans le respect et la bienveillance des points de vue de chacun, un modèle renouvelé du tourisme en montagne qui tienne compte tant du besoin de créer des emplois en montagne, de créer de la valeur économique, mais aussi et surtout de préserver l'environnement si fragile de nos territoires, qui est un bien rare et précieux dans le contexte de changement climatique qui accélère chaque jour l'urgence de l'adaptation.
Avec le soutien du plan Avenir Montagnes, l'objectif est, vous l'avez compris, de favoriser la relance et la résilience des territoires de montagne. Les travaux qui seront réalisés lors des États généraux permettront de rassembler les bonnes pratiques pour agir et innover en faveur d'un développement durable et résilient du tourisme en montagne. Il s'agit de définir un nouveau modèle et d'identifier les moyens pour l'atteindre. »
Je vous souhaite à tous d'excellents échanges, d'excellents états-généraux.
Je vous remercie.
Source : ministère de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, le 9 mai 2022