Déclaration de Mme Laurence Boone, secrétaire d'État chargée de l'Europe, sur le partenariat franco-allemand dans le cadre de l'Union européenne, à Berlin le 8 juillet 2022.

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Circonstance : Conférence de presse conjointe avec Mme Anna Lührmann, ministre adjointe chargée des affaires européennes et du climat de la République fédérale d'Allemagne

Texte intégral

Merci beaucoup Madame la Ministre, chère Anna, d'abord merci de votre accueil, c'était un vrai plaisir de vous rencontrer. C'était aussi important pour moi de faire un bon moment de cette première visite officielle en Allemagne. Comme vous le savez, je viens juste d'être nommée dans le nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne, cela fait juste presque deux jours et voilà, déjà à Berlin.

Pour moi, pour la France, le partenariat franco-allemand, la conscience que c'est vraiment la pierre angulaire du projet européen est importante. Comme vous le savez, nous avons toujours été convaincus, nous sommes convaincus, et je crois resterons convaincu que le changement en Europe n'est possible que dans l'engagement constant et déterminé avec l'Allemagne.

Cela ne veut bien sûr pas dire que nous passons notre temps à célébrer notre relation, on peut avoir des désaccords, mais c'est vrai qu'il y a un vrai dialogue dans un climat de confiance et cela permet de faire avancer l'Union. C'est important depuis 2017, et alors que s'ouvre un nouveau quinquennat pour la France cela restera très important.

Nous avons eu un entretien vraiment sympathique, constructif, et je suis sûre que cela nous permettra des échanges nombreux et réguliers, comme vous avez eu avec mon prédécesseur Clément Beaune, qui avait su bâtir cette relation de confiance et de proximité ; j'espère qu'elle se poursuivra.

Nous avons d'abord évoqué la présidence française de l'Union européenne qui vient de s'achever et c'était l'occasion pour moi de remercier l'Allemagne pour son soutien sans faille et les étroites discussions que nous avons pu avoir et qui ont permis de faire avancer tout un agenda, et je crois qu'ensemble nous avons convenu qu'il y a eu beaucoup d'avancées pendant ces six mois, en partie grâce à cette coopération.

Evidemment, cela n'a pas été facile puisque la guerre en Ukraine a fait irruption pendant cette période et cela aurait pu vraiment perturber l'agenda de la présidence française de l'Union européenne, mais cela n'a pas été le cas, grâce à la discussion que l'on a eue, les Européens sont restés vraiment très unis, fermes et solidaires et avec rapidité aussi, ce qui je crois a surpris le reste du monde.

Juste pour souligner ce qui a été fait sur l'Ukraine :

- d'abord des mesures de soutien à l'Ukraine sur le plan budgétaire, humanitaire et militaire ;

- ensuite 6 paquets de sanctions successives, très rapides et inédits dans leur ampleur ;

- et puis enfin une grande solidarité en accueillant des réfugiés, et en activant notamment la protection temporaire pour permettre un accès rapide et protecteur au sein de l'Union européenne pour des millions de réfugiés ukrainiens.

En même temps, et parfois on dit que l'Europe avance dans les crises, la guerre en Ukraine a encore davantage, je crois, renforcé l'agenda de souveraineté que nous déployons depuis cinq ans, et il y a eu quelques avancées vraiment importantes sur un certain nombre de sujets qui ont toujours été au coeur à la fois de la présidence française et de l'Europe :

- d'abord et Anna l'a mentionné sur le volet climatique, avec la taxe carbone aux frontières de l'Union européenne, et les nombreux textes du paquet "Fit for 55" et je crois que cela est exceptionnellement important ;

- sur le volet numérique aussi, avec les deux textes fondamentaux "DSA" et "DMA" ;

- et puis sur le volet social, lui aussi important, avec la réforme sur les salaires minimaux en Europe, ou encore sur la question de l'égalité femmes-hommes dans le monde des entreprises.

Après nous être félicitées, nous n'avons pas fait que nous féliciter, nous nous sommes aussi dit qu'il y avait encore beaucoup de travail devant nous, et laissez-moi juste vous citer quelques grands chantiers européens en cours.

Evidemment toujours la transition verte, et ce n'est pas fini, il y a encore beaucoup de choses à faire pour le climat, pour l'environnement et pour la biodiversité ; la transition numérique aussi, et je crois que les attentes de nos citoyens sont fortes sur ces deux sujets. Ce sont deux sujets qui sont chers non seulement à l'Allemagne et à la France mais aussi personnellement à Anna et moi, donc je crois que nous allons continuer à travailler ensemble très bien dessus.

Il y a aussi l'importance de préserver la solidarité et l'unité au sein de l'Union européenne, et c'est vrai que l'hiver, la période qui s'annonce, ne va pas être facile. Mais c'est la coopération, au niveau européen comme au niveau mondial, qui permettra d'apporter des réponses constructives et de faire face à ce qui est devant nous. Nous avons aussi parlé de la nécessité de développer notre autonomie stratégique, notamment en ce qui concerne l'Europe de la défense, capable de protéger ses citoyens en Européens face aux désordres auxquels on assiste.

Et puis, il y a les discussions sur la zone euro, avec l'inflation, sur les ruptures de chaînes d'approvisionnement, sur la hausse des prix de l'énergie et du carburant, qui ne doivent pas nous empêcher de poursuivre avec l'agenda climatique. Et face à tous ces risques, laissez-moi répéter que c'est l'unité, la solidarité et la coopération franco-allemande, et plus généralement européenne, qui nous permettront de faire face.

Enfin, pour conclure, nous avons parlé évidemment des coopérations bilatérales. Anna a mentionné des résultats concrets, et je crois que c'est quelque chose qui nous tient toutes les deux à cœur, de pouvoir montrer aux citoyens que cela change des choses et positivement pour eux : la liaison ferroviaire, aussi la protection des travailleurs transfrontaliers et le déploiement de l'apprentissage, et puis nous avons aussi discuté de l'organisation du prochain Conseil des ministres franco-allemand, qui pourrait intervenir à l'automne. Et puis ensuite, nous aurons à parler de l'anniversaire des 60 ans du Traité de l'Elysée en janvier, ce qui sera une formidable occasion.

C'est maintenant à la présidence tchèque de faire vivre l'agenda européen et de l'amener encore plus loin, et je voudrais prendre cette opportunité pour dire qu'elle pourra compter sur l'aide du tandem franco-allemand et merci encore, Anna, de cet accueil.


Q - J'aurais voulu connaître votre réaction après la démission en Grande-Bretagne de Boris Johnson et quelles sont les conséquences éventuelles que cela peut avoir, de la formation d'un nouveau gouvernement à Londres, sur les relations avec l'Union européenne et je pense évidemment au différend entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne concernant le protocole nord-irlandais. Merci.

(...)

R - Merci pour la question, en fait, cela va être un très bel exemple d'entente franco-allemande puisque je vais répéter à peu près la même chose que ce qu'Anna vient de dire. Evidemment l'entente entre l'Union européenne et le Royaume-Uni est essentielle, mais les règles de droit aussi, et nous, ce que nous espérons, et je vais juste rajouter à ce qu'Anna vient de dire, qu'on va pouvoir poursuivre le dialogue entre l'Union européenne et le Royaume-Uni.

Q - Une question sur la Macédoine du Nord, il y a des observateurs qui disent que l'Union Européenne a perdu beaucoup de capital politique important. Comment gérer cette situation difficile à vos yeux, est-ce que l'Union européenne devrait geler cette proposition ou recommencer les négociations ?

(...)

R - Une fois plus, c'est un sujet sur lequel je pense que nous sommes totalement d'accord. Il est important de poursuivre ces discussions. Il est d'autant plus important d'assurer notre présence, et quand je dis notre, je parle de la présence de l'Union européenne bien sûr, dans les Balkans et dans tous les pays qui sont plus à l'Est. Je crois que la France fait depuis cinq ans beaucoup plus d'efforts pour être plus présente et pour élargir sa présence, ses investissements, les discussions, et favoriser l'accession de ces pays et nous allons poursuivre, oui, c'est une bonne chose.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juillet 2022