Interview de M. Clément Beaune, ministre chargé des transports, à CNews le 22 juillet 2022, sur l'électricité, le gaz, les prix des carburants, la taxation des profits des grandes entreprises, les transports ferroviaire et aérien la réforme des retraites et les violences contre les policiers.

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Texte intégral

FLORIAN TARDIF
Bonjour Clément BEAUNE, vous êtes ministre délégué en charge des transports.

CLEMENT BEAUNE
Bonjour.

FLORIAN TARDIF
C'est l'une des préoccupations majeures des Français, le pouvoir d'achat, nous en parlerons dans un instant, mais avant cela faut-il s'attendre à des coupures d'électricité cet hiver ?

CLEMENT BEAUNE
Non. Il faut évidemment se mobiliser parce que chacun voit la situation exceptionnelle dans laquelle nous sommes, il y a, avec la guerre en Ukraine et l'agression russe, un danger pour l'approvisionnement énergétique de l'Europe, en gaz principalement. Je veux dire que la France est dans une position qui est beaucoup plus favorable que celle de ses voisins, parce que nous sommes peu dépendants au gaz, en général…

FLORIAN TARDIF
L'Allemagne.

CLEMENT BEAUNE
Beaucoup moins que l'Allemagne, beaucoup moins que l'Italie par exemple, et peu dépendants au gaz russe en particulier. Mais, c'est la raison pour laquelle le président de la République, le 14 juillet, a dit les choses de manière très claire, il faut des efforts de sobriété, il faut se préparer aux scénarios, y compris les pires, l'approvisionnement en gaz russe a repris hier vers l'Europe, et vers l'Allemagne en particulier, mais il pourrait s'interrompre à tout moment et nous ne pouvons pas être dépendants et entre les mains de Vladimir POUTINE, donc ça veut dire qu'on diversifie nos approvisionnements, ça veut dire qu'on réinvestit, pour les années qui viennent, dans les énergies souveraines, le nucléaire et les énergies renouvelables, qui sont les énergies propres également, et ça veut dire qu'on se prépare à toutes les options en augmentant nos stockages de gaz aujourd'hui pour que nous puissions faire face à l'hiver, bien sûr.

FLORIAN TARDIF
Donc vous nous confirmez aujourd'hui que, au sein du Gouvernement, vous ne préparez pas un texte permettant d'opérer des coupures de courant cet hiver ?

CLEMENT BEAUNE
Cela a été indiqué hier par le porte-parole du Gouvernement, on a entendu beaucoup de fantasmes sur ce sujet, il n'y a pas de mesure de cette nature, il faut en revanche se préparer au stockage, à la diversification…

FLORIAN TARDIF
Donc pas de coupure de gaz…

CLEMENT BEAUNE
Et à la sobriété…

FLORIAN TARDIF
Ni d'électricité cet hiver ?

CLEMENT BEAUNE
Non, évidemment, mais tout ça, ça s'organise, ça ne se décrète pas, il faut qu'on soit mobilisé, pour que notre hiver se passe bien, et je le dis aujourd'hui c'est une épreuve difficile, il faut qu'on développe des alternatives aux énergies qu'on utilise aujourd'hui, même si c'est en faible quantité, y compris au gaz russe.

FLORIAN TARDIF
Donc je le disais à l'instant, aujourd'hui les Français payent leur litre de carburant aux alentours de 2 euros, sera discuté tout à l'heure à l'Assemblée nationale le montant de la remise carburant en place depuis le printemps dernier, est-ce que vous êtes ouvert à la discussion, notamment avec les Républicains, jusqu'où pouvez-vous aller concernant le montant de cette remise, est-ce qu'elle sera supérieure, oui ou non, à 15 centimes pour les professionnels, 18 centimes pour les particuliers ?

CLEMENT BEAUNE
Ce n'est pas encore déterminé, mais pour répondre à votre question, oui nous sommes ouverts à discuter du calendrier, des montants de cette ristourne.

FLORIAN TARDIF
Jusqu'à quel montant, 20, 30 centimes ?

CLEMENT BEAUNE
Ce n'est pas déterminé puisque ça fait justement l'objet des discussions, c'est Bruno LE MAIRE qui les mène, au nom du Gouvernement, avec tous les groupes qui sont intéressés au sein de l'Assemblée nationale. Très important, cette nuit a été voté un texte sur le pouvoir d'achat, très concret, avec des revalorisations de prestations sociales, des retraites notamment, et aujourd'hui commence cette discussion sur ce qu'on appelle le projet de loi de finances rectificative, avec la ristourne carburant. Pour être très simple, ce qu'a dit le Gouvernement, c'est que nous souhaitions, au-delà de l'été, prolonger la ristourne de 18 centimes que l'on connaît aujourd'hui, au moins jusqu'à la fin du mois de septembre, et avec l'idée d'avoir ensuite un dispositif plus ciblé et une décroissance du dispositif général, ça c'est le point de départ. Ensuite, en respectant nos grands équilibres budgétaires, parce que ça coûte plusieurs milliards d'euros par an, il peut y avoir une discussion sur les montants, le calendrier, la façon dont on conçoit exactement cette ristourne, mais avec les deux objectifs que j'indiquais, garder un équilibre budgétaire qui ne soit pas trop coûteux, et puis avoir bien sûr encore jusqu'à l'automne des dispositifs d'aide…

FLORIAN TARDIF
Mais par exemple les organisations professionnelles et les transports routiers réclament un maintien de cette remise et même un doublement de cette dernière, est-ce qu'une remise de 30 centimes par exemple, pour les professionnels, c'est envisageable, c'est possible concernant… ?

CLEMENT BEAUNE
Pour être très clair, on n'est pas en mesure de dire un chiffre aujourd'hui, il faut garder l'enveloppe budgétaire, c'est plusieurs milliards d'euros sur l'automne, il faut garder une ristourne qu'on ne peut pas arrêter à la fin de l'été. C'est ça, le montant il est aujourd'hui de 18 centimes, une des options c'est qu'il soit un peu supérieur encore à la rentrée, mais ça c'est en discussion dans les jours qui viennent.

FLORIAN TARDIF
De quelques centimes.

CLEMENT BEAUNE
En tout cas je le dis à ceux qui nous écoutent, parce qu'au-delà du chiffre il y aura, encore au-delà de la fin de l'été, notamment à la rentrée, qui préoccupe nos concitoyens, des mesures de soutien aux carburants, comme nous les connaissons aujourd'hui, au moins comme nous les connaissons aujourd'hui.

FLORIAN TARDIF
Est-ce que le Gouvernement aujourd'hui demande à TOTAL de faire également un geste ?

CLEMENT BEAUNE
Alors, oui, bien sûr, je le dis parce qu'il y a un débat qui mêle beaucoup de choses sur les superprofits, les surprofits, notre préoccupation avant ce débat c'est le pouvoir d'achat, donc l'Etat fait un effort très considérable, c'est plusieurs dizaines de milliards d'euros…

FLORIAN TARDIF
Et les entreprises doivent faire de même.

CLEMENT BEAUNE
Exactement, et TOTAL a fait un effort, pour prendre cet exemple très concret…

FLORIAN TARDIF
Insuffisant.

CLEMENT BEAUNE
Sur les aires d'autoroutes, pour compléter la ristourne sur les carburants, j'en ai vue hier sur les aires d'autoroutes d'Ile-de-France, c'est très important, et en effet il y a une discussion avec le Gouvernement pour aller au-delà, prolonger ces gestes, voire les amplifier, en complément des efforts que fait le Gouvernement…

FLORIAN TARDIF
Avec cette menace des superprofits s'ils ne font pas un geste suffisant, la taxation ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, oui, je pense que pour être crédible dans une discussion il faut que toutes les options soient ouvertes, y compris celle d'une taxation in fine, mais ce qu'a dit le Gouvernement, ce qu'a rappelé le ministre des Finances hier, c'est que notre but ce n'est pas la taxe pour la taxe, la taxe pour punir, c'est le pouvoir d'achat des Français, donc on fait nous un effort via le contribuable, c'est l'Etat, c'est les Français collectivement qui font l'effort de solidarité pour aider ceux qui en ont le plus besoin, les entreprises doivent contribuer à cet effort national, surtout quand leur situation financière est bonne, c'est ce que commence à faire TOTAL, on continue la discussion, et à la rentrée, quand on dépose le budget de l'Etat, c'est le calendrier du début du mois de septembre, on regarde où on en est, et j'espère, je pense qu'on peut être confiant à cet égard, qu'il y aura des efforts supplémentaires de la part des entreprises dans les prochaines semaines.

FLORIAN TARDIF
Cet été, des millions de Français vont parcourir des milliers de kilomètres, au-delà de la question du prix des carburants, celle du prix des péages, vous étiez hier au péage de Saint-Arnoult, vous allez saluer le geste des compagnies d'autoroutes tout en expliquant que vous alliez poursuivre les discussions autour justement des prix à la rentrée, qu'essayez-vous concrètement de négocier, on sait que lors de la crise des Gilets jaunes le Gouvernement avait obtenu une baisse importante de l'ordre de 30% pour les clients réguliers, est-ce que c'est envisageable d'avoir une telle baisse avec les négociations que vous allez opérer ?

CLEMENT BEAUNE
Alors cette baisse, j'insiste, parce que vous avez raison de le rappeler, elle avait été négociée au moment de la crise des Gilets jaunes, elle continue, je veux dire ceux qui sont abonnés ont des tarifs préférentiels, c'est ça qui avait été discuté, c'est toujours en vigueur. Nous avons fait en sorte aussi cette année, c'est chaque année au mois de février qu'on révise les prix des péages pour tous les Français qui utilisent l'autoroute, que ceux-ci soient bien inférieurs à l'inflation, ils ont augmenté de 2%, on a une inflation de 6 à 7% aujourd'hui, c'était très important. Nous aurons cette nouvelle discussion dès la rentrée, pour le début de l'année 2023, pour que les prix des péages n'explosent pas malgré l'inflation, ça c'est une….

FLORIAN TARDIF
Est-ce qu'un gel des tarifs est envisageable ?

CLEMENT BEAUNE
Tout est envisageable.

FLORIAN TARDIF
Y compris un gel des tarifs ?

CLEMENT BEAUNE
C'est une option qu'on discute. Je veux être très clair, il faut être sans faiblesse et sans démagogie. Les prix des sociétés ils sont organisés par un contrat avec l'Etat, vous avez d'un côté les prix, de l'autre des investissements, pour la sécurité, pour la transition écologique, etc., donc c'est un équilibre global qui doit être discuté, mais ce qui est clair c'est qu'on ne peut pas avoir une revalorisation des péages, ce qui pourrait arriver automatiquement si on ne faisait rien, de 6, 7, 8%, pour suivre l'inflation, ça c'est impossible, donc on aura cette négociation dès la rentrée pour que le pouvoir d'achat des Français, par des mesures commerciales, comme celle qu'on connaît cet été, réduction pour ceux qui ont un badge de télépéage et des chèques-vacances, des mesures supplémentaires, et surtout, surtout, pas d'explosion des tarifs de péages en début année prochaine, c'est ça qui me préoccupe et c'est cette discussion que je mène avec les sociétés d'autoroutes.

FLORIAN TARDIF
Toujours sur le pouvoir d'achat des Français. En un an le prix des billets de train a augmenté de 15%, et dû à la situation actuelle les prix de ces billets de train pourraient à nouveau augmenter, vous discutez avec Jean-Pierre FARANDOU pour réguler le prix des billets, pour 2023 par exemple ? J'ai regardé sur leur site, le prochain train pour Marseille en partance de Paris coûte plus de 150 euros, est-ce que c'est supportable pour les Français actuellement ?

CLEMENT BEAUNE
C'est très cher, dans beaucoup de cas, et notamment aux périodes de pointe. Vous avez regardé, j'imagine, pour cette matinée même, je vous souhaite de pouvoir partir, mais…

FLORIAN TARDIF
Je ne partirai pas, mais…

CLEMENT BEAUNE
C'est sans doute le pic tarifaire par ailleurs, ne soyons pas… soyons honnêtes, ne soyons pas naïfs, c'est dans les périodes de vacances, d'un des week-ends les plus chargés de l'année, qu'effectivement les prix sont les plus élevés, globalement. Nous avons mobilisé, j'ai demandé à la SNCF d'y veiller, tous les trains disponibles cet été, il y a une augmentation très forte des voyages, tant mieux, c'est une bonne nouvelle, le tourisme reprend, les Français revoyagent. Il y a des cartes de réduction très importantes, c'est là-dessus qu'on travaille pour peut-être améliorer encore l'offre tarifaire, je pense, pour être très concret, à une carte Avantage, qui vous permet d'avoir des prix plafonnés. Evidemment, les week-ends les plus chargés, et quand on achète au dernier moment, eh bien c'est plus cher, c'est vrai, et je pense que ce qu'il faut regarder c'est d'avoir une offre diversifiée, des Ouigo notamment qui permettent de voyager moins cher, et j'invite tous ceux qui peuvent le faire, je sais que ce n'est pas le cas de tout le monde, mais tous ceux qui peuvent le faire, d'acheter à l'avance, le plus d'avance possible, avec les cartes de réduction, et ceux qui ont un peu de flexibilité en choisissant les heures ou les jours, s'ils ont un tout petit peu de marge, qui sont un peu moins coûteux parce qu'il y a aussi des billets beaucoup moins chers qui sont encore en vente, par millions, sur le site de la SNCF.

FLORIAN TARDIF
Toujours concernant le réseau ferroviaire, mardi soir des centaines de passagers d'un Thalys ont été bloqués dans une rame, cela a été un véritable calvaire ont-ils expliqué par la suite, les raisons de cette panne ne sont pas encore déterminées précisément, mais la compagnie est en mesure de dire qu'il s'agit d'un problème, je la cite, matériel lié à la chaleur. Est-ce que notre réseau ferroviaire est adapté à ces fortes chaleurs et est-ce que, on a bien compris que cela risquait de se reproduire ces prochaines années, il faudrait adapter notre réseau ?

CLEMENT BEAUNE
Vous avez raison, l'enjeu clé, ce n'est pas très spectaculaire, mais on le voit dans les moments comme ça, c'est le réseau, on a réinvesti massivement dans le réseau ces cinq dernières années, on a multiplié par quatre l'investissement de l'Etat dans le réseau du quotidien, ce sont les Transilien en Ile-de-France, c'est le TER avec les régions, etc. Il faut aller plus loin, c'est une de mes priorités, pour les mois qui viennent. Et, bien sûr, on aura des épisodes, auxquels on n'était pas habitué de manière aussi massive, malheureusement, de canicule dans les prochaines années, qui vont durer, donc raison de plus pour réinvestir dans notre réseau, à court terme, ça veut dire aussi s'adapter, avec la SNCF on a fait en sorte qu'il y ait des choses très concrètes, des distributions d'eau aux voyageurs en gare, quand il y a un problème technique on peut anticiper, qu'on ralentisse un peu le trafic sur les voies pour que le train circule quand même malgré les très fortes chaleurs, et puis, ça prendra du temps, je le dis honnêtement aux Français, réinvestir, réinvestir encore dans le réseau pour l'adapter à tout, mais notamment aux fortes chaleurs.

FLORIAN TARDIF
Donc, adaptation et réinvestissement dans le réseau routier, et ferroviaire.

CLEMENT BEAUNE
Absolument.

FLORIAN TARDIF
Vous disiez la semaine dernière que la problématique des bagages perdus était résolue, pourtant des passagers se plaignent toujours de ne pas avoir retrouvé ces derniers, que leur répondez-vous aujourd'hui ?

CLEMENT BEAUNE
Oui, je veux être très transparent. Je sais, j'ai beaucoup de messages en ce sens, qu'il y a des passagers qui, le week-end du 1er juillet où il y a eu un dysfonctionnement majeur aux AEROPORTS DE PARIS, donc n'ont pas encore récupéré leurs bagages, ce que je veux dire c'est que, je m'étais engagé, et on a mobilisé des centaines de personnes pour le faire, les 35.000 bagages qui avaient été stockés ont été réacheminés, maintenant il y a des gens qui sont partis en vacances, qui sont revenus, donc c'est du cas par cas, pour que la valise qui est partie de Roissy pour être réacheminée arrive in fine chez la personne, le voyageur, qui parfois a plusieurs destinations de vacances, etc., c'est assez compliqué…

FLORIAN TARDIF
C'est compliqué, mais la situation sera résolue dans les prochains jours.

CLEMENT BEAUNE
Oui, et je demande à la compagnie AIR FRANCE, et à AEROPORTS DE PARIS, de renforcer encore les efforts pour que ça prenne le moins de temps possible, et évidemment il y aura des compensations, c'est prévu par la loi, par des directives européennes, à tous les clients qui sont victimes de ces délais.

FLORIAN TARDIF
Entre les pénuries de personnel à tous les étages, alors que le trafic aérien explose, les multiples appels à la grève, on en a connus plusieurs ces dernières semaines, pour une augmentation des salaires, à nouveau on parle de cette problématique du pouvoir d'achat, est-ce qu'il faut se préparer à un été chaotique ?

CLEMENT BEAUNE
Ecoutez, on est au milieu de l'été, et moi je me suis attaché dès le début à ce qu'on n'ajoute pas des problèmes aux problèmes, qu'on n'ait plus de nouveau problème de bagages comme on l'a connu le week-end du 1er juillet, heureusement on épuise le stock, mais il n'y a pas eu de nouveau problème de cette nature, qu'on évite les grands mouvements de grève, il y avait un risque à AIR FRANCE, il y avait un risque à la SNCF, il y avait un risque chez AEROPORTS DE PARIS, on les a évités. Il y a eu des problèmes ponctuels, je le mesure, Aéroport de Bordeaux, compagnie TRANSAVIA aujourd'hui, je crois, notamment pour TRANSAVIA, qu'il n'y aura pas de difficultés dans les prochains week-ends. Il y a un dialogue social qui se poursuit, qui est difficile dans toutes les branches, parce qu'il y a des difficultés de pouvoir d'achat pour les salariés, il faut les entendre, il y a eu des accords qui ont été trouvés dans certaines compagnies, notamment chez AEROPORTS DE PARIS récemment, tant mieux, je les soutiendrai. Et puis, il faut le dire aussi, je crois que chacun le voit malheureusement, et c'est un phénomène dans toute l'Europe, nos aéroports, parfois nos gares, mais surtout nos aéroports, doivent se réorganiser après deux ans de Covid, il y a eu parfois des pénuries de recrutements, au moment du contrôle des bagages notamment, dans les personnels aéroportuaires, et vous regardez ce qui se passe en Allemagne et au Royaume-Uni, les difficultés sont encore plus grandes, ça ne nous console pas, mais ça veut dire qu'on doit faire un effort de service, un effort d'image, un effort d'attention aux clients et aux usagers, encore plus grand. Moi ce que je me bats pour faire, c'est que cet été on évite des grands mouvements sociaux qui ajoutent aux difficultés traditionnelles de grands départs en vacances, et, dans tous les modes de transport, qu'on ait les vacances les plus fluides possible, je souhaite que pour ce week-end, par la route, par le train ou par l'avion, les Français puissent partir en vacances dans les meilleures conditions possibles, on a moins de chaleur, on a, a priori, pas de mouvements sociaux, donc j'espère que ça se passera bien et je suis engagé.

FLORIAN TARDIF
Quid de la rentrée, la réforme des retraites, on le sait, va arriver d'ici les prochains mois sur la table du Gouvernement avec la fin des régimes spéciaux, est-ce que vous nous le confirmez aujourd'hui, quitte à ce que cela entraîne des perturbations importantes pour les Français, on en a connues lors du quinquennat précédent ?

CLEMENT BEAUNE
La réforme des retraites elle est beaucoup plus globale et, là aussi, on parlait de discussions parlementaires, il faudra un accord, construit avec différentes forces politiques, avec les organisations syndicales, avec les entreprises, tout ça prendra plusieurs mois, il faut une large concertation, donc il n'y a pas, non, une réforme qui arrive d'en haut brutalement au 1er septembre à la rentrée…

FLORIAN TARDIF
Pour éviter ce qui s'est passé lors du quinquennat précédent, ces grèves à répétition…

CLEMENT BEAUNE
Il faut prendre le temps de la discussion, et la situation parlementaire, tant mieux d'une certaine façon, nous oblige aussi à plus de concertation et plus de compromis, on aura ce temps de discussion qui durera plusieurs mois. Et je le dis, pour prendre le cas de la SNCF en particulier, il y a une réforme très importante, qui avait été d'ailleurs à l'époque portée par Elisabeth BORNE ministre des Transports, qui a été un effort important pour les cheminots, pour l'entreprise, et ce changement de statut fait qu'on a basculé déjà dans un régime qui est beaucoup plus proche des règles normales, donc un effort a déjà été largement fait, voilà, donc je ne veux pas qu'il y ait d'inquiétude ou de panique pour la rentrée, on n'a pas une sorte de réforme dans les tiroirs qui crée des perturbations sociales dans toutes les entreprises de transport, mais il y aura un dialogue social qui va continuer, notamment sur les salaires, sur le pouvoir d'achat, dans toutes les grandes entreprises du secteur des transports, y compris la SNCF.

FLORIAN TARDIF
Merci pour cette clarification. Dernière question. Des policiers ont été blessés mercredi soir à Lyon en tentant d'interpeller une personne suspectée de vol au milieu d'une foule qui les a violemment pris à partie, ce sont des faits qui reviennent régulièrement dans l'actualité, l'Etat est-il impuissant pour garantir la sécurité de ceux qui nous protègent ?

CLEMENT BEAUNE
Non, certainement pas. Ces agressions sont extrêmement violentes, extrêmement choquantes, inqualifiables, le ministre de l'Intérieur a eu l'occasion d'apporter son soutien aux policiers immédiatement après ces actes, il faudra donc une enquête judiciaire, des sanctions extrêmement fortes, et la réponse à l'insécurité qu'on ressent encore, qui est encore plus choquante quand elle touche les policiers eux-mêmes, c'est de renforcer nos effectifs et de renforcer nos moyens judiciaires, et renforcer nos effectifs, notamment dans les grandes villes, à Lyon, à Paris, c'est ce qu'a dit encore Gérald DARMANIN cette semaine, nous le ferons, nous doublerons en 5 ans la présence policière sur le terrain. Le combat contre l'insécurité c'est un combat de longue haleine, nous le menons sans relâche depuis 5 ans, nous le renforcerons encore dans les mois qui viennent.

FLORIAN TARDIF
Il y a le profil du suspect également qui interroge, nationalité algérienne, multirécidiviste, inscrit au fichier des personnes recherchées pour interdiction judiciaire de territoire, est-ce qu'il n'y a pas également une impuissance de l'Etat pour expulser ces délinquants étrangers présents toujours sur notre territoire ?

CLEMENT BEAUNE
Non, mais sur le principe, il est très clair, le ministre de l'Intérieur l'a encore rappelé, une personne qui est, si c'était le cas de tel ou tel agresseur, en situation irrégulière sur le territoire, elle doit de toute façon être reconduite, a fortiori quand il y a eu une agression, en priorité elle doit être reconduite. Maintenant, une politique de reconduite dans un pays, c'est une politique qui vise aussi à mettre la pression sur le pays d'origine….

FLORIAN TARDIF
Est-ce qu'elle est assez forte justement, par exemple vis-à-vis de l'Algérie ?

CLEMENT BEAUNE
Nous sommes le premier Gouvernement, puisque j'entends beaucoup de leçons, notamment de la droite et de l'extrême droite, nous sommes le premier Gouvernement qui avons baissé, pour faire pression justement sur les pays d'origine, le nombre de visas, pour dire écoutez, quand on reconduit quelqu'un chez vous, notamment quand il a commis des faits de délinquance, il faut le récupérer rapidement, sinon on ne sera pas en mesure d'octroyer des visas au pas en question. "

FLORIAN TARDIF
Et le Gouvernement est prêt à accentuer cette pression ?

CLEMENT BEAUNE
Mais nous l'avons commencée l'an dernier, nous continuerons cette pression bien sûr, mais la première réponse c'est la présence des policiers sur le terrain, et c'est la loi qui sera votée, je l'espère, par le plus grand nombre de forces politiques possibles dans quelques mois, pour doubler encore les effectifs sur le terrain et garantir la sécurité des Français.

FLORIAN TARDIF
Merci beaucoup Clément BEAUNE.

CLEMENT BEAUNE
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 26 juillet 2022