Texte intégral
LAURENCE FERRARI
Bonjour Madame la Ministre.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonjour Laurence FERRARI.
LAURENCE FERRARI
Emmanuel MACRON a invité hier les Français à la sobriété énergétique pour éviter les rationnements, on va y revenir dans le détail, mais avant cela, un petit commentaire sur ce qui est en train de devenir, allez, un scandale national, dont nous, Français, avons la spécialité ; faut-il vouer aux gémonies, Christophe GALTIER, entraîneur du PSG et son joueur vedette, Kylian MBAPPÉ, qui ont osé rire et plaisanter lorsqu'on leur a demandé pourquoi ils ne prenaient pas le train plutôt que le jet privé. Est-ce que la sobriété, c'est devenu la nouvelle religion d'État, est-ce qu'on se fait lyncher si on n'y adhère pas, c'est ça ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je ne crois pas, je crois surtout que la réaction de Fabien GALTHIER (sic) et de Kylian MBAPPÉ montre à quel point ils sont très loin des enjeux de réchauffement climatique, et je crois que tous les Français aujourd'hui ont pris la mesure de ce réchauffement climatique cet été. Ce réchauffement climatique, ce n'est plus une abstraction, c'est quelque chose qui a des conséquences sur notre quotidien, ce sont des feux de forêts, c'est une sécheresse très forte, ce sont des inondations, et chacun doit prendre sa part de cet effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Donc ce n'est pas risible…
LAURENCE FERRARI
D'accord, donc il faut les lyncher. C'est Christophe GALTIER, ce n'est pas Fabien, parce que j'ai fait…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Pardon…
LAURENCE FERRARI
La confusion.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, c'est Fabien…
LAURENCE FERRARI
Christophe. Christophe, c'est Christophe.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais ce n'est pas risible. Et c'est ça qui est choquant dans leurs propos, c'est d'en faire quelque chose qui est anecdotique, non, et nous avons avec Amélie OUDÉA-CASTÉRA, la ministre des Sports, travaillé avec l'ensemble des fédérations justement sur un plan sobriété, pour faire en sorte de réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport du staff, des transports des équipes, des transports même des supporters qui viennent voir les compétitions. Et donc le PSG n'est pas au-dessus de la loi, n'est pas au-dessus de ces considérations. Et moi, je…
LAURENCE FERRARI
Non, mais c'était peut-être une plaisanterie, peut-être on peut avoir encore un petit peu d'humour dans ce pays ou pas, dites-le-nous !
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Eh bien, c'était un peu, je dirais, humiliant par rapport à la question posée par le journaliste à balayer d'un revers de main cette question, qui est fondée…
LAURENCE FERRARI
Oui, en disant : on pourrait prendre le char à voile…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Qui est fondée et à laquelle on peut apporter une réponse en disant aujourd'hui on n'a pas trouvé les moyens de transport qui permettent en sécurité et sans déplacer des millions de personnes qui voudront avoir un autographe…
LAURENCE FERRARI
Voilà, quand on a des vedettes comme ça…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais nous y travaillons, ça aurait été une réponse tout à fait légitime, là, je pense qu'ils sont allés beaucoup trop loin, mais je crois que nous y travaillons, et je veux le redire, dans le secteur... tout à fait, dans le secteur sportif, encore une fois, nous avons un plan sobriété, nous y travaillons avec la ministre des Sports, et nous avons eu des propositions très avancées de la part de l'ensemble des fédérations. Donc l'arbre PSG ne doit pas cacher la forêt du monde sportif.
LAURENCE FERRARI
Mais vous voulez interdire les jets privés par exemple, soyons très clairs ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça n'a rien à voir, c'est-à-dire que, moi, je ne suis pas dans l'interdiction…
LAURENCE FERRARI
Un petit peu quand même…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je suis juste dans le fait que chacun doit avoir conscience, et en particulier les entreprises et les administrations, de combien elles émettent de gaz à effet de serre, parce que ces émissions de gaz à effet de serre sont en train de réchauffer la planète et de mettre, dans des conditions très difficiles, nos enfants, donc c'est un sujet sérieux, et c'est un sujet qu'on aborde sans plaisanterie et sans le balayer d'un revers de main.
LAURENCE FERRARI
Non, mais on est dans la radicalité, là, on a basculé dans une autre ère, on est d'accord ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Pas tout à fait, non, je pense qu'on prend…
LAURENCE FERRARI
C'est devenu la chasse aux sorcières, on va montrer qui prend un jet, qui ne fait pas exactement... qui ne met pas son chauffage à 19 degrés ; comment on va faire ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, le sujet aujourd'hui, c'est un sujet de mobilisation collective, et moi, ce que j'ai souhaité en tant que ministre de la Transition énergétique, c'est de d'abord mobiliser les grandes entreprises, mobiliser les administrations, on sait que l'essentiel de l'effort va être fait à ce niveau-là, ce sont ceux qui représentent entre 60 et 80 % des consommations de chauffage, des consommations d'eau sanitaire.
LAURENCE FERRARI
Et d'électricité…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Donc il ne s'agit pas de mettre évidemment un policier derrière chaque Français, il s'agit plutôt de dire…
LAURENCE FERRARI
Je crois qu'ils ont autre chose à faire, oui…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il s'agit plutôt de dire que collectivement, avec ces efforts de sobriété, on répond à un enjeu climatique qui aujourd'hui est très important, encore une fois, personne n'a envie de voir la forêt à côté de chez lui, aucun Français, brûler, personne n'a envie de voir sa maison fendillée, parce que les alternances de pluie et de sécheresse fait qu'un million de bâtiments sont en…
LAURENCE FERRARI
D'accord, donc mettre le chauffage à 19 degrés évitera les incendies…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mettre le chauffage à 19 degrés, de manière continue, et continuer à faire des baisses de nos émissions de gaz à effet de serre, oui, tout à fait, ça contribuera à réduire notre bilan carbone, et ça participera de la lutte contre le réchauffement climatique…
LAURENCE FERRARI
... Est-ce que vous avez vérifié que les immeubles de vos bureaux à la Défense sont bien éteints la nuit, parce qu'ils étaient allumés, et jusqu'à hier, est-ce que vous avez vérifié, vous avez fait la tournée pour éteindre les lumières…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, Laurence FERRARI, je vais juste faire une précision, ce qui est allumé dans nos immeubles, c'est la colonne de sécurité qui nous est imposée par les pompiers, donc c'est parfaitement normal, c'est même un élément de réglementation, c'est d'ailleurs pour ça que c'est aussi bien aligné dans l'immeuble, et ce que nous avons fait aussi, c'est de faire en sorte que les rondes de sécurité qui tournent et qui ont un système de détection, qui peut allumer les lumières pendant 2h, soient réduites à allumer les lumières pendant 30 minutes pour les rampes de sécurité. Donc oui, nous avons mis sous contrôle nos administrations, nous allons continuer à le faire, nous n'avons pas la prétention de dire qu'on est parfait, mais en revanche, attention à ces polémiques qui sont décalées, je pense que les immeubles de grande hauteur doivent respecter la réglementation des pompiers.
LAURENCE FERRARI
Et vous allez réunir les acteurs du transport aujourd'hui, toujours pour cet objectif de réduction de 10 % de la consommation énergétique, ça veut dire concrètement, moins de trains la SNCF, moins de bus, moins d'avions, moins de bateaux dans les ports ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, moi, je suis très surprise de cette discussion, parce que, à aucun moment, nous n'avons dit que nous allions réduire le nombre de trains, et pour une raison très simple, c'est que si vous voulez réduire la consommation de carburant, et si vous voulez avoir un report des gens qui prennent leur voiture vers le train, vous avez besoin de plus de lignes, vous avez besoin…
LAURENCE FERRARI
De plus de trains. Donc vous nous dites : il n'y aura pas moins de trains ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais oui, vous avez besoin de plus de transports en commun confortables, réguliers et fiables, donc c'est tout à fait l'enjeu, après, qu'on travaille avec les aéroports, les ports et la SNCF sur le chauffage des gares, sur l'électricité dans les gares, c'est légitime, et ça va nous permettre, là encore, de faire des économies et la chasse au gaspi.
LAURENCE FERRARI
Donc pas moins de trains, pas moins de bus, pas moins de bateaux, pas moins d'avions ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, il faut surtout faire attention à ce que la sobriété ne soit pas un prétexte pour réduire l'offre de services publics ou réduire l'activité, ce n'est pas notre choix. Notre choix, c'est de dire que depuis longtemps, on a eu la chance d'être dans un monde où, au fond, l'énergie, on ne s'en préoccupait pas, c'était abondant, ce n'était pas cher, et on n'y faisait pas vraiment attention. Le fait de dire que lorsqu'on baisse d'un degré le chauffage dans un bâtiment, ça permet d'économiser 5 à 7 % de la facture, je crois que tout le monde peut comprendre que c'est quelque chose qui est atteignable, que c'est un effort qui est à la fois collectif, raisonné et proportionné. Et donc, c'est de ça qu'on parle aujourd'hui, le plan sobriété, c'est une économie de 10 % de l'énergie, et je crois que tous les Français ont compris que c'est leur intérêt de ne pas surchauffer les bureaux de la Défense ou les bureaux de mon ministère, ça ne leur rapporte rien, c'est une économie d'énergie, c'est aussi une économie sur les finances publiques…
LAURENCE FERRARI
Vous ne pensez pas que les près de dix millions de foyers qui sont en-dessous du seuil de pauvreté, ils sont déjà à la sobriété énergétique, qu'ils ne se chauffent pas l'hiver…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et c'est bien pour ça qu'on ne leur demande pas d'effort, les 12 millions de personnes en situation précaire, par construction, pratiquent la sobriété, ils ne choisissent pas, et au contraire, moi, j'ai lancé, avant l'été, un dispositif de 150 millions pour accompagner les familles précaires dans une démarche où elles puissent sortir des passoires thermiques, c'est-à-dire que nous finançons des associations qui les aident à monter leur dossier d'aide, qui les aident à choisir les bonnes solutions en matière d'énergie, de façon à réduire leurs factures, et à pouvoir se chauffer convenablement. Mon objectif, c'est que tous les Français soient à 19 degrés, et ceux qui sont aujourd'hui à 15 degrés, je veux qu'ils soient à 19 degrés.
LAURENCE FERRARI
Un mot sur l'essence, hier, le président a dit que ça faisait partie des mesures peut-être les moins intelligentes qu'il avait prises, ce sont ses mots, la ristourne accordée en ce moment au prix à la pompe, il faut des mesures plus ciblées, c'était idiot cette mesure sur l'essence ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est une mesure qui subventionne des énergies fossiles qui sont produites à l'extérieur de la France.
LAURENCE FERRARI
Donc c'est idiot…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Donc de ce fait-là, ce n'est pas la mesure la plus ciblée qu'on ait pu prendre…
LAURENCE FERRARI
Il a dit : pas intelligente.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ce n'est pas la mesure la plus ciblée surtout. L'objectif aujourd'hui, c'est de faire en sorte que les Français qui prennent leur voiture pour aller travailler, qui n'ont pas le choix d'utiliser un autre mode de transport, ceux qui sont en périphérie, ceux qui sont dans le monde rural, ceux qui doivent déposer les enfants, aller voir la grand-mère à l'EHPAD en voiture, et qui n'ont pas d'autre solution, puissent être accompagnés lorsqu'ils n'ont pas les moyens. En revanche, peut-être qu'il n'appartient pas aux Français de financer le week-end ou l'aller-retour en Normandie de quelqu'un qui a les moyens de se payer de l'essence, c'est ça que dit le président, et nous allons resserrer nos dispositifs en 2023…
LAURENCE FERRARI
Comment ? Comment, est-ce qu'il faudra présenter sa feuille d'impôt à la pompe ou est-ce que ce sera des tickets qui seront donnés aux familles les plus modestes, comment vous allez faire concrètement ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais ça, c'est un sujet qui va être, je dirais, arbitré dans les prochains jours, mais je veux rappeler qu'on a aujourd'hui un système qui est plébiscité par les associations, par les entreprises, et par les ménages, qui s'appelle le chèque énergie, il est très utile, parce qu'il est automatique, donc il ne nécessite pas de démarches, vous savez que beaucoup de Français en situation précaire sont handicapés pour faire les démarches, ils n'ont pas forcément, ne serait-ce que l'outil numérique pour le faire. Deuxième chose, ça s'adresse aux énergies, comme l'électricité, le gaz, etc., donc ça répond vraiment au sujet, et effectivement, c'est fondé sur le revenu fiscal, donc c'est ciblé sur les familles qui en ont le plus besoin, et encore une fois, je pense qu'il est important d'accompagner les Français dans les situations les plus précaires, mais aussi ceux qui travaillent, et dont le salaire est encore modeste, parce que ceux-là…
LAURENCE FERRARI
Donc les classes moyennes qui travaillent ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Exactement.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot sur le bouclier énergétique qui, cette année, a permis de contenir la hausse de la facture électrique à 4 %, il sera maintenu en 2023, a dit Gabriel ATTAL, à quel niveau ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Eh bien, ça aussi, ça va être un sujet qui sera tranché dans les prochains jours, ce qui est sûr, c'est que nous allons amortir la facture, aujourd'hui, les ménages français…
LAURENCE FERRARI
Et pas au même niveau qu'aujourd'hui, j'imagine…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Vous savez que chaque année, il y a une augmentation du prix de l'électricité et du prix du gaz, donc on serait surpris que dans un moment de hausse du coût de l'électricité et du gaz, on reste à zéro, ce serait plutôt surprenant en France. Mais en revanche, je veux le redire, les ménages français aujourd'hui sont ceux en Europe qui payent le prix le plus bas de l'électrique et du gaz, et ça, c'est important parce que ça leur a permis de protéger leur pouvoir d'achat, ça explique que nous ayons le taux d'inflation le plus bas d'Europe, il est élevé, mais il est très loin des sommets atteints par d'autres pays, et nous allons continuer à accompagner le Français. Gabriel ATTAL l'a dit, Bruno LE MAIRE l'a dit, la Première ministre l'a dit, le président de la République encore hier, et donc, ces décisions seront prises dans les prochains jours.
LAURENCE FERRARI
Un tout petit mot sur les stocks de gaz, où est-ce qu'on en est à l'heure où on se parle, est-ce qu'on a de quoi aller jusqu'à la fin de l'hiver, on est à quoi, plus de 94 % ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, on a atteint le niveau maximum, vous savez qu'on ne peut pas être à 100 %, parce qu'il faut ménager un petit peu d'espace, c'est comme lorsque vous remplissez une bouteille, vous laissez toujours un petit peu d'air avant le goulot. Donc on est au maximum de nos gaz, de nos stocks de gaz, ces stocks de gaz représentent 50 % de notre consommation hivernale. Donc vous voyez, on est bien équipé, on continue à alimenter par nos terminaux gaziers, dont on a augmenté les capacités, parce que ça fait plusieurs mois qu'on travaille, c'est un plan qui est préparé, qui est déployé par le gouvernement depuis plusieurs mois, qui est ordonné et qui explique aujourd'hui que, avec nos terminaux gaziers, avec nos stockages de gaz, avec le déblocage de projets aussi de biogaz renouvelable, nous sommes dans les meilleures conditions pour préparer l'hiver.
LAURENCE FERRARI
On a de quoi passer la moitié de l'hiver en tout cas avec les stocks de gaz qu'on a…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, et pardon…
LAURENCE FERRARI
50 %…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non seulement, nous avons des stocks de gaz, mais nous avons des terminaux méthaniers qui tous les jours reçoivent du gaz naturel liquéfié, et qui tous les jours, alimentent le système, à tel point qu'aujourd'hui, nous sommes exportateurs nets de gaz vers le reste de l'Europe, parce que nos besoins sont très largement couverts.
LAURENCE FERRARI
Un mot sur le nucléaire, le gouvernement veut relancer les 32 réacteurs nucléaires qui sont à l'arrêt en ce moment pour corrosion ou pour maintenance, est-ce que c'est une réouverture à marche forcée que vous demandez à ces centrales…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Nous…
LAURENCE FERRARI
Non, mais est-ce que c'est au détriment de la sécurité, parce qu'il faut absolument produire, parce qu'on a besoin de cette énergie…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Mais Laurence FERRARI, ces réouvertures de centrales à gaz, c'est le planning que donne EDF de manière publique…
LAURENCE FERRARI
Ce n'est pas du gaz, c'est du nucléaire, dont je vous parle…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
De centrales nucléaires, pardon, c'est le planning que donne EDF, que communique EDF de manière obligatoire, donc ce n'est pas une annonce du gouvernement, c'est simplement la réalité opérationnelle d'EDF. EDF est obligée par la loi européenne à dire de manière très transparente quand est-ce qu'elle arrête une centrale nucléaire, quand est-ce qu'elle la redémarre, de façon à ce qu'on puisse anticiper sur le marché européen l'offre et la demande d'électricité. Donc ce n'est jamais que la réalité opérationnelle d'EDF.
LAURENCE FERRARI
Donc il n'y a pas le gouvernement qui force le calendrier de réouverture, parce qu'il faut produire, parce que, sinon, on a un risque de coupure ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non, c'est les maintenances normales d'EDF, j'ai l'impression que tout le monde est en train de redécouvrir une chose, c'est que 30 %…
LAURENCE FERRARI
Mais tant mieux, vous êtes là pour en faire la pédagogie…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
30 % du temps, une centrale nucléaire doit avoir des maintenances, des maintenances de niveaux différents, vous devez recharger le combustible, vous avez des maintenances annuelles, triennales, décennales, pour nos centrales nucléaires qui passent le cap des 40 ans d'exploitation, vous avez une revue de l'ensemble de l'installation pour prolonger son utilisation de dix ans, or, vous savez que nos centrales ont été construites fin des années 70, début des années 80, donc on est dans cette période-là. Donc sur toutes ces centrales, c'est des maintenances très classiques. Sur les centrales, les 12 réacteurs qui font l'objet d'un suivi particulier, parce qu'on a détecté de la corrosion, là, les réparations ont fait l'objet d'une présentation à l'Autorité de Sûreté Nucléaire qui a validé le protocole de cette sécurité, l'Autorité de Sûreté Nucléaire, c'est une des agences qui est reconnue comme la plus exigeante au plan international, et elle est indépendante.
LAURENCE FERRARI
D'accord. Est-ce que c'était une erreur de fermer Fessenheim, on a besoin de cette énergie nucléaire pour assurer notre indépendance énergétique ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
En réalité, Fessenheim pèse assez peu dans notre... ou pesait assez peu dans notre mix électrique, dans la mesure où ce sont deux réacteurs qui représentent à peine, je crois, 2 % de notre besoin annuel. Donc je crois que c'est un mauvais débat, et a fortiori, quand la décision a été définitive, sous le quinquennat précédent, elle n'était que la traduction d'un arrêt des maintenances sur la centrale nucléaire ; une centrale nucléaire qui n'est pas maintenue, elle ne peut pas être prolongée, il faut l'avoir en tête, parce que, ce sont des installations de sécurité, et donc, vous avez besoin de passer des contrôles extraordinairement réguliers, si vous ne le faites pas, vous condamnez la centrale. La centrale a été condamnée par le gouvernement HOLLANDE, il est faux de dire qu'il était possible de la redémarrer aujourd'hui en claquant dans les doigts.
LAURENCE FERRARI
Est-ce qu'il y a des ordres très précis qui ont été donnés à EDF sur la réouverture de certaines centrales, est-ce qu'il y a assez de main-d'œuvre, le patron d'EDF, monsieur LEVY, s'est plaint du fait que, voilà, lui, il n'a plus la main-d'œuvre pour ces nouvelles centrales…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors ce que j'observe, c'est que Jean-Bernard LEVY, il y a deux ans, je crois, se félicitait d'avoir su relancer l'attractivité des métiers du nucléaire et d'avoir toutes les compétences disponibles dans le cadre d'un plan qu'il avait lancé, j'ai l'impression que, finalement, il juge durement sa propre gestion. Aujourd'hui, EDF doit se concentrer sur sa performance industrielle et opérationnelle, nous, c'est ce que nous lui demandons en tant qu'actionnaire principal de cette entreprise, ce n'est pas sa performance financière, nous sommes le principal actionnaire, nous sommes derrière cette entreprise, nous finançons à chaque fois qu'il y a des sujets financiers, les augmentations de capital, etc., aujourd'hui, c'est la performance opérationnelle, et ça, EDF en a les moyens, il y a des compétences, mais c'est à eux de suivre ça au plus près, et moi, je le redis, lorsqu'EDF annonce un calendrier de réouverture des centrales, il doit le tenir, je crois que c'est ce qu'il doit aux Français.
LAURENCE FERRARI
Merci beaucoup Agnès PANNIER-RUNACHER d'être venue ce matin dans "La matinale" de CNews. On aura l'occasion de vous réinviter pour évoquer tous ces sujets d'énergie qui vont nous occuper tout l'hiver. Merci à vous.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Merci beaucoup Laurence FERRARI.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 19 septembre 2022