Texte intégral
PHILIPPE COSTA
Pour l'instant, c'est le ministre ardéchois du Travail qui est avec nous, juste avant sa visite en Ardèche aujourd'hui. Bonjour Olivier DUSSOPT.
OLIVIER DUSSOPT
Bonjour.
PHILIPPE COSTA
Vous venez parler, notamment des problèmes de recrutement. Il y a des tensions de recrutement pour les sages-femmes à la clinique Pasteur de Guilherand-Granges, la maternité ne peut plus fonctionner 7 jours sur 7. C'est sur votre ancienne circonscription, est-ce qu'il faut craindre une fermeture ou pas ?
OLIVIER DUSSOPT
La clinique Pasteur, est effectivement sur ma circonscription, celle où j'ai eu la chance d'être réélu au mois de juin. Je ne crois pas qu'il faille craindre une fermeture, mais c'est un problème qui est connu. Connu pour deux raisons, la première c'est que malheureusement, au niveau national, nous avons des difficultés de recrutement dans les filières médicales, c'est vrai pour les sages-femmes, pour les infirmiers et les infirmières, pour les médecins. Nous avons modifié cela, nous avons créé des postes dans les instituts d'infirmiers, dans les filières de formation médicale, mais ça prend du temps, et lorsqu'on forme un professionnel médical, il n'est pas immédiatement disponible, et c'est mieux pour la sécurité des patients. Et puis, sur la clinique Pasteur, il y a eu aussi un conflit social, avec des difficultés au début de cette année 2022, et ce conflit social et les départs qui ont suivi ce conflit, ont aussi d'une certaine manière, aggravé la situation, ce qui explique la difficulté. Et l'Agence régionale de santé est en lien avec le groupe propriétaire de la clinique, pour voir commence cette situation peut être améliore.
PHILIPPE COSTA
Là on parle des problèmes de recrutement pour les personnels de santé, il y a eu aussi de sérieux problèmes cet été pour les professionnels du tourisme, avec les saisonniers, hôteliers, restaurateurs, personnes, pas assez de monde, alors qu'il y avait des touristes, que tout allait bien. Comment on fait pour améliorer rapidement les choses, pour trouver des saisonniers ?
OLIVIER DUSSOPT
On mobilise tous les leviers. Et mobiliser tous les leviers, cela concerne les saisonniers, cela concerne l'ensemble du territoire et l'ensemble des secteurs économiques. L'économie française, et c'est une chance, crée de l'emploi. Entre 2017 et 2022, l'économie a créé 1,5 million d'emplois, et entre le début de la crise Covid et aujourd'hui, alors que tout le monde s'attendait à une explosion du chômage, l'économie française a créé 800 000 emplois. Ça veut dire que…
PHILIPPE COSTA
Oui, mais il n'y a pas saisonniers, Olivier DUSSOPT, il n'y en a pas assez en tout cas.
OLIVIER DUSSOPT
Laissez-moi aller au bout du raisonnement. Cela veut dire qu'il y a des tensions de recrutement partout, pour les saisonniers comme pour les salariés permanents. Nous travaillons sur plusieurs aspects. Pour les saisonniers il faut que nous puissions simplifier un certain nombre de règles, en matière de logement, de mobilité, sans jamais remettre en cause, ni leur sécurité, ni les conditions qui doivent être décentes, qui doivent être dignes pour leur accueil, et je sais l'engagement des professionnels du tourisme, comme de l'agriculture, sur ce sujet-là. Il y a un 2e aspect qu'il faut mobiliser, c'est la question de la formation, pour les saisonniers comme pour les autres. Depuis octobre 2021, le ministère du Travail a mis en place un plan de réduction des tensions de recrutement. C'est avant tout un plan de formation des demandeurs d'emploi, pour faire en sorte que ceux qui sont aujourd'hui inscrits, comme demandeurs d'emploi, puissent être formés, puissent être accompagnés, et ainsi occuper les postes qui sont créés. Et puis nous devons dire en sorte d'inciter aussi tous les demandeurs d'emploi, tous les bénéficiaires du RSA, tous ceux qui sont en recherche d'activité, à aller vers l'emploi, et cela passe par d'autres mesures et finalement un ensemble de levier.
PHILIPPE COSTA
Des sanctions éventuelles ou pas ?
OLIVIER DUSSOPT
Il ne faut jamais parler de sanctions, mais plutôt d'incitation. Nous avons aujourd'hui un système de chômage qui est très protecteur, un des plus protecteurs, sinon le plus protecteur en Europe, et notre objectif, mais nous allons en parler avec les partenaires sociaux, c'est de faire en sorte que lorsque l'économie va bien, lorsqu'il y a des créations d'emplois de manière importante, il faut que les règles soient plus incitatives et que l'on puisse, peut-être modifier, non pas le niveau de l'indemnisation, mais plutôt la durée de l'indemnisation, les conditions d'accès aux droits. Lorsque les choses vont moins bien, voire mal, il faut que ça soit plus protecteur. C'est ce que nous avons fait pendant le Covid. Pendant le Covid, parce qu'il y avait du confinement, parce qu'il y avait de l'arrêt de l'activité, nous avons pris la décision de prolonger les droits des demandeurs d'emploi qui étaient en fin de droits, et donc nous avons prolongé les durées d'indemnisation, pour les protéger plus longtemps. Et il y a un chiffre…
PHILIPPE COSTA
Ça veut dire que vous pourriez écourter désormais les droits pour certaines personnes ?
OLIVIER DUSSOPT
Vous savez, aujourd'hui quand vous cotisez, et que vous avez travaillé, il faut 6 mois de travail sur les 24 derniers mois, pour déclencher une indemnisation, et plus vous travaillez, plus votre droit à l'indemnité est long, bien évidemment, et il va jusqu'à 24 mois. Nous pourrions imaginer que ce soit un peu moins de 24 mois, ou imaginer qu'il faille travailler 6 mois, non pas au cours des 24 derniers mois, mais au cours des 18 ou des 20 derniers mois, pour que ce soit un tout petit peu plus exigeant. Mais c'est un débat que nous aurons avec les partenaires sociaux. Et il y a un chiffre qui est important, et qu'il faut avoir en tête, et qui montre que les tensions de recrutement s'expliquent. Il y a 5 ans, lorsqu'on on regardait le nombre de demandeurs d'emploi et le nombre d'offres d'emploi proposées par Pôle emploi, donc transmises par les entreprises à Pôle emploi, il y avait 50 offres pour 1 000 demandeurs d'emploi. Aujourd'hui nous avons 160 offres pour 1 000 demandeurs d'emploi. Cela montre qu'il y a beaucoup plus de recrutements, c'est une bonne nouvelle, cela montre aussi que les demandeurs d'emploi doivent être accompagnés, et que nous devons faire les efforts de formation, continuer à faire ces efforts, pour qu'ils puissent avoir toutes les chances d'accéder et d'occuper les emplois qui sont vacants.
PHILIPPE COSTA
Olivier DUSSOPT, un des gros chantiers aussi qui vous attend, c'est la réforme des retraites. Élisabeth BORNE a l'a redit hier, le gouvernement va évidemment la faire, les consultations vont démarrer la semaine prochaine. Cette réforme, c'est pour quand ?
OLIVIER DUSSOPT
Les consultations, et la Première ministre l'a dit, vont démarrer autour du 15 septembre, pour deux raisons, d'abord parce que le président de la République aura réuni le Conseil national de la refondation et eu un échange avec les forces vives, les partenaires sociaux. Et la 2e raison c'est qu'il existe un Comité d'orientation des retraites, qui le 15 septembre va remettre au gouvernement et aux partenaires sociaux, un état des lieux financier, comme chaque année, du système de retraite. Et je considère qu'il est opportun, qu'il est plus efficace, d'avoir les premières réunions de discussion, lorsque l'état financier a été actualisé, pour que tout le monde parle de la même chose et que tout le monde ait les derniers chiffres. Ensuite, il faudra que nous puissions ouvrir un certain nombre de discussions et de débats, de concertations. Le calendrier de la réforme en tant que tel n'est pas fixé, mais nous avons deux objectifs : il y a un 1er objectif qui est partagé par tout le monde je crois, faire en sorte que le système de retraite soit meilleur. Le président de la République s'était engagé à une retraite minimum à 1 100 €, c'est 85 % du smic, le smic a augmenté donc c'est nécessairement plus. Il faut mieux prendre en compte la pénibilité, il faut mieux prendre en compte la précarité. Et puis il a un 2e objectif, c'est que ce système soit financé, parce que si on crée un système ou si on laisse un système avec les déficits qu'il connaît, ça n'est pas responsable. Et enfin un 3e point, pardon parce que c'est un peu long, mais ce 3e point c'est qu'une fois qu'on est d'accord sur les objectifs et sur le constat et sur les déficits il faut résorber, il faut trouver les moyens de les résorber, c'est là que la discussion est évidemment un peu plus compliquée.
PHILIPPE COSTA
Si on vous entend bien ce matin, donc pas de calendrier définitif, en tout cas pas d'objectif de mise en œuvre de cette réforme des retraites à cette heure-ci. C'est bien ça ?
OLIVIER DUSSOPT
Nous souhaitons que les premiers effets de la réforme, et de manière progressive, parce que ces réformes se mettent toujours en œuvre, de manière progressive, puissent intervenir au cours de l'année 2023, mais cela va dépendre aussi des discussions avec les partenaires sociaux. Et on ne peut pas dire qu'on fait du dialogue social, et en même temps dire la conclusion du dialogue, avant qu'il se soit tenu.
PHILIPPE COSTA
Bien compris. Merci à vous Olivier DUSSOPT, ministre ardéchois du Travail. Vous êtes sur vos terres aujourd'hui, en visite ce matin. Passez une bonne journée.
OLIVIER DUSSOPT
Merci, à vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 16 septembre 2022