Interview de Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, à RMC Info le 21 septembre 2022, sur les économies d'énergie dans les universités dans le cadre du plan de sobriété.

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Média : RMC Info

Texte intégral

CHARLES MAGNIEN
Notre invitée ce matin c'est vous Sylvie RETAILLEAU, bonjour.

SYLVIE RETAILLEAU
Bonjour.

CHARLES MAGNIEN
Vous êtes la ministre de l'Enseignement supérieur, et hier matin, à ce micro, le président de l'université de Strasbourg nous annonçait qu'il comptait fermer son université cet hiver pendant deux semaines supplémentaires pour faire des économies d'énergie, est-ce qu'il a raison de le faire ?

SYLVIE RETAILLEAU
On a demandé à tous les présidents d'université, les présidents d'organismes de recherche, de réfléchir à ce plan de sobriété, qui est demandé par le gouvernement, et je pense que le président de Strasbourg s'est aussi positionné dans un cadre, je dirais même pour le futur, à long terme, d'efforts de sobriété.

CHARLES MAGNIEN
Exactement, mais il dit "j'ai mis en place un plan de sobriété", il nous a parlé des thermostats, un chauffage à 19 dans l'université, mais il nous dit "malgré toutes ces mesures, ce plan de sobriété, je n'aurai pas les moyens de régler la facture cet hiver, ça va doubler, ça va passer en gros de 10 à 20 millions d'euros, donc la meilleure solution pour faire des économies c'est de fermer deux semaines en plus, une semaine à Noël, une semaine en février", est-ce que c'est la bonne solution ?

SYLVIE RETAILLEAU
C'est vrai que cette situation, qui est aujourd'hui exceptionnelle, en plus du plan de sobriété qui lui doit être fait dans la durée, doit être pensé dans la durée, j'y reviendrai peut-être, ne doit pas impacter finalement le présentiel des étudiants, je rappelle qu'on sorte de Covid, c'est vrai que les étudiants, nos jeunes, ont connu une période difficile, ils ont fait preuve de beaucoup de résilience, et il est important aujourd'hui de leur permettre, pour cette nouvelle année universitaire, d'avoir des conditions d'enseignement majoritairement, et je dis bien majoritairement, le plus haut en présentiel.

CHARLES MAGNIEN
Alors Sylvie RETAILLEAU, vous nous dites voilà, on veut favoriser le présentiel, la solution ce n'est pas la fermeture, mais qu'est-ce que vous dites au président de l'université de Strasbourg, il y a d'autres universités, à Cergy aussi, est-ce que l'État est prêt à faire une rallonge, à payer la facture ?

SYLVIE RETAILLEAU
Alors l'État est en train de regarder, donc pour 2022, vous savez qu'à ce moment-là chaque année les arbitrages budgétaires pour la fin de l'année, pour 2022, sont rendus à l'automne, sur l'exercice budgétaire en cours, et donc c'est ce qu'on est en train de faire, on va regarder pour aider, pour accompagner les établissements, au cas par cas, les établissements qui en ont besoin, regarder leur situation financière, vous savez nous avons le budget, il y a l'effondrement des établissements, ceux qui sont libres et non pas ceux qui sont impactés déjà par des projets d'investissement des universités, et nous allons accompagner les établissements, au cas par cas, pour cette année 2022, au démarrage.

CHARLES MAGNIEN
Donc quand vous dites accompagner, pour parler concrètement, ça peut être de l'argent.

SYLVIE RETAILLEAU
C'est aider financièrement.

CHARLES MAGNIEN
Il y a aussi l'inquiétude, dans les universités, des étudiants, le syndicat UNEF redoute, je le cite là, ils viennent de tenir une conférence de presse hier, disant qu'ils craignent des enseignants qui feraient cours en couverture de survie et des étudiants qui vont grelotter de froid, on ne peut pas réussir ses études dans de telles conditions s'inquiète l'UNEF, là aussi j'imagine que vous voulez les rassurer.

SYLVIE RETAILLEAU
Alors, je ne sais pas si je veux les rassurer, je ne veux surtout pas polémiquer sur ces conditions à 19 degrés, que cette fois dans les amphis, dans les établissements, je pense que, voilà, nous allons à faire preuve de responsabilité, tester l'enseignement aussi à 19 degrés, comme dans tous les bureaux administrations, pour le professeur qui bouge beaucoup, ayant été professeure moi-même, je pense que ce n'est pas celui qui va avoir le plus froid, mais c'est vrai que les étudiants étant plus statiques dans les amphis il sera important de suivre, de faire un bilan, c'est toujours au niveau du bilan qu'il faut regarder.

CHARLES MAGNIEN
Oui, mais Madame la ministre, pour le dire clairement, on n'aura pas froid dans les facs cet hiver, c'est ce que vous dites.

SYLVIE RETAILLEAU
Non, je ne pense pas qu'on aura froid dans les facs cet hiver pour le dire clairement.

CHARLES MAGNIEN
Et, Sylvie RETAILLEAU, il y a une solution de long terme sur laquelle j'aimerais vous entendre, c'est est-ce qu'il ne faudrait pas repenser aussi le calendrier ? c'est ce que nous disait hier le président de l'université de Strasbourg, il disait "peut-être qu'il faut repenser aussi aux semaines pendant lesquelles les universités sont ouvertes plus largement, réaliser peut-être une rentrée universitaire un peu plus tôt, début septembre, voire fin août, peut-être pousser les cours jusqu'à début juillet, et donc limiter les semaines chauffées l'hiver dans les facs."

SYLVIE RETAILLEAU
Alors je pense que ces réflexions, qui sont des réflexions, comme vous dites, on ne change pas le calendrier au mois de septembre, donc des réflexions un peu plus long terme, mais déjà pour l'année prochaine il va falloir considérer, regarder toutes les propositions qui sont avancées, pour essayer d'optimiser au mieux sans pénaliser l'enseignement, sans pénaliser la recherche, et avec d'une part les investissements, d'autre part des régulations, et puis, comme vous le dites, des nouvelles organisations qui pourront être mis au point, donc ce sont des choses pas regarder de près.

CHARLES MAGNIEN
C'est sur la table en tout cas et on entend que pour la vengeance le gouvernement est prêt à faire un geste financier, une rallonge pour payer les factures de chauffage cet hiver dans les facs…

SYLVIE RETAILLEAU
On regardera au cas par cas.

CHARLES MAGNIEN
Voilà, mais en tout cas limiter au maximum les fermetures et favoriser le présentiel, c'était le message ce matin…

SYLVIE RETAILLEAU
Tout à fait.

CHARLES MAGNIEN
Merci beaucoup Sylvie RETAILLEAU, ministre de l'Enseignement supérieur…

SYLVIE RETAILLEAU
Merci à vous.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 27 septembre 2022