Déclaration de Mme Catherine Colonna, ministre de l'Europe et des affaires étrangères, sur l'aide humanitaire et de réhabilitation d'urgence en faveur de l'Ukraine, à Marseille le 28 septembre 2022.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Opération "Un bateau pour l'Ukraine"

Texte intégral

Monsieur le Préfet de région,
Mesdames et Messieurs les députés et sénateurs,
Madame la Première adjointe,
Madame la Présidente du Conseil départemental,
Mesdames et Messieurs les élus,
Monsieur l'Ambassadeur d'Ukraine,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les représentants des entreprises et organisations partenaires de l'opération "Un bateau pour l'Ukraine",
Madame,

Merci de votre présence à tous, dans ce jour important. Je me réjouis de participer, aujourd'hui, au départ du plus important convoi humanitaire français à destination de l'Ukraine, à ce jour. C'est un moment important, je le répète, qui témoigne du soutien sans faille que nous apportons collectivement à l'Ukraine depuis le début de l'invasion illégale déclenchée par la Russie le 24 février dernier ; un soutien politique, économique, militaire, et bien sûr humanitaire, que nous inscrivons dans la durée, parce que la guerre de la Russie contre l'Ukraine dure.

Alors que Vladimir Poutine fait à nouveau le choix de la fuite en avant, viole jour après jour les principes les plus fondamentaux de la Charte des Nations unies et le droit international humanitaire, nous agissons. Nous agissons de manière responsable et sans ménager notre soutien à l'Ukraine ; un soutien que j'ai à nouveau réaffirmé, hier, Monsieur l'Ambassadeur, à l'occasion de mon troisième déplacement dans ce pays. Et je l'ai dit à nouveau au président Zelensky et à mon homologue Dmytro Kuleba, la France est aux côtés de l'Ukraine. Nous sommes aux côtés de l'Ukraine. Et quand je dis "nous", je veux bien dire "la France". Chacun d'entre nous, l'État, les élus, les collectivités territoriales, les associations, les entreprises et les Français, solidaires ; solidaires du peuple ukrainien.

J'étais à Kiev hier, une délégation de l'Assemblée nationale conduite par sa présidente s'y trouve aujourd'hui. Vous voyez que la représentation nationale et l'exécutif témoignent ensemble de cette solidarité de la France.

L'opération qui nous rassemble aujourd'hui doit beaucoup au concours de notre hôte, M. Rodolphe Saadé, que je tiens à remercier. Merci de nous accueillir au pied de la tour CMA CGM, et merci surtout d'avoir mis à notre disposition l'Aknoul, ce bateau roulier que nous connaissons bien, parce qu'il avait déjà servi à acheminer une partie de l'aide humanitaire de la France au Liban après l'explosion du port de Beyrouth, en 2020, vous l'avez rappelé, Madame. Au fil des ans et malheureusement au fil des crises, le groupe CMA CGM, ainsi que la présidente de sa fondation, Mme Tanya Saadé, que je salue également, sont devenus des partenaires de confiance du Centre de crise et de soutien du ministère de l'Europe et des affaires étrangères. Nos équipes savent qu'elles peuvent compter sur le groupe pour acheminer notre aide humanitaire d'urgence, comme vous l'avez fait, dès le mois de mars, en Ukraine, et aussi tout récemment au Pakistan. Elles savent qu'elles peuvent aussi compter sur votre action en matière d'éducation dans les quartiers défavorisés, notamment en Afrique, alors que vous inaugurerez bientôt une école à Abidjan. Merci de tout cela.

Hier, à nouveau, j'ai pu mesurer, à Kiev comme à Gostomel, l'ampleur des destructions causées par les bombardements russes. Je sais combien le peuple ukrainien a été éprouvé par l'invasion, par les exactions et par les crimes dont l'envahisseur s'est rendu coupable, actes que nous condamnons avec la plus grande fermeté et qui devront être punis, parce qu'il n'y aura pas de paix sans justice. Nous aidons aussi l'Ukraine à lutter contre l'impunité, j'ai pu accueillir sur place le détachement des enquêteurs spécialisés de la Gendarmerie nationale, qui vont aider la justice ukrainienne et la justice internationale à documenter ces crimes.

Aujourd'hui, nous agissons sur un autre volet de notre aide : l'aide humanitaire et de réhabilitation d'urgence. C'est l'opération "Un bateau pour l'Ukraine". Nous y travaillons depuis longtemps. Le Président de la République l'a annoncé à la fin du mois d'août, et je suis heureuse de pouvoir être là aujourd'hui, avec vous, pour son départ. Ce bateau dont le chargement parviendra en Ukraine via la Roumanie, via le port de Constanta, à l'issue d'une petite semaine de mer, on verra ce que les vents vous apportent, ce bateau matérialise concrètement notre solidarité, car il aurait été inconcevable que nous restions indifférents au sort du peuple ukrainien qui subit dans sa chair cette guerre ; une guerre qu'il n'a pas choisie et contre laquelle il résiste avec tant de courage.

Alors, dès le premier jour, nous avons pris toute la mesure du devoir d'assistance qui s'impose à nous, un devoir moral, éthique, je dirais tout simplement un devoir d'humanité, un devoir conforme aux valeurs de la France. En près de sept mois, ce sont plus de 30 convois humanitaires par voie aérienne ou terrestre qui ont déjà été organisés et coordonnés par les équipes du Centre de crise et de soutien de mon ministère ; équipes dont je tiens, devant vous, à saluer le travail extraordinaire. Merci.

Je suis fière de pouvoir affirmer que nous sommes à nouveau, aujourd'hui, au rendez-vous de la solidarité avec le peuple ukrainien, grâce à ce premier convoi humanitaire français par voie maritime. Il rassemble, vous le savez, mille tonnes de fret, qui aideront les populations à affronter les conséquences de la guerre et à faire face à l'hiver qui vient. Il comprend des véhicules, des embarcations et des matériels neufs de sécurité civile, complétés par des dons des services départementaux d'incendie et de secours, des médicaments et du matériel médical, des rations alimentaires, du lait, mais aussi, et ceci pour la première fois, des ponts de franchissement, des ponts qui sont indispensables pour rétablir la circulation et pour relancer l'activité économique dans des villes détruites et dans les zones sinistrées. Et puis bien sûr, au-delà de leur aspect pratique et de leur valeur d'aide humanitaire, ces ponts sont aussi un symbole fort : celui de notre volonté de nous investir et de participer à la reconstruction de l'Ukraine, comme s'y est engagé le Président de la République, en portant l'effort de reconstruction de la France plus particulièrement sur la ville et la région de Tchernihiv, en accord avec les autorités ukrainiennes. Tchernihiv recevra donc logiquement une plus grande partie du chargement de ce bateau, mais notre solidarité concerne aussi

Kharkiv, Odessa, et la ville de Stryi, villes régions avec lesquelles nos collectivités entretiennent des relations d'amitié de longue date, et qu'elles souhaitent durables. Aujourd'hui nous aidons, demain nous rebâtirons.

Cette opération qui marque l'aboutissement de plus de quatre mois de travail est emblématique de l'ampleur de notre mobilisation collective, sans compter les innombrables initiatives de générosité et d'aide prises directement par les particuliers, entreprises et collectivités françaises. C'est ainsi que le fond de concours lancé par mon ministère a vu la mobilisation sans précédent de plus de 1700 collectivités locales, et 60 entreprises, permettant notamment le financement direct de la composante sécurité civile de cette opération. Je dois ici souligner l'investissement de nos collègues du ministère de l'intérieur, que je remercie, qui, pour faciliter l'acheminement des véhicules que nous avons vus tout à l'heure, déploieront dans les heures qui viennent un détachement de sapeurs sauveteurs en Roumanie.

J'ajoute enfin que cette opération bénéficie du soutien de l'Europe, et de son mécanisme de protection civile de l'Union, qui coordonne et facilite l'approvisionnement des États membres vers l'Ukraine. Je tiens donc à remercier l'ensemble des acteurs qui ont contribué à cette opération particulièrement complexe et particulièrement ambitieuse. Je remercie bien sûr aussi devant vous les équipes de nos ambassades en Ukraine et en Roumanie qui ne sont pas là, mais qui m'entendront, ainsi que l'ambassadeur d'Ukraine à Paris, dont je salue à nouveau la présence à nos côtés aujourd'hui.

Monsieur l'Ambassadeur, depuis le 24 février, la France se tient aux côtés de votre peuple. Elle le manifeste une nouvelle fois, cet après-midi, à Marseille. Et vous pouvez compter sur notre détermination collective à poursuivre notre engagement aux côtés des populations ukrainiennes. Je suis fière que nous soyons ici tous réunis, tous : élus, représentants des fondations, des entreprises, et des ONG, pour concrétiser notre soutien à l'Ukraine. Nous le savons, l'agression déclenchée par la Russie en Ukraine est loin d'être terminée, et son cortège de drames humains, de victimes civiles, de crimes de guerre, de destructions ne va, hélas, pas disparaître. Je le dis avec une certaine gravité, au moment où la Russie renouvelle sa rhétorique agressive, au moment où elle organise des simulacres de référendums qui signe son statut d'État paria, et au moment où des incidents inexpliqués ont lieu dans la mer Baltique, je le dis avec une certaine gravité, oui, nous aurons à maintenir notre engagement dans la durée. Je sais que pour cela aussi, nous pouvons continuer à compter sur votre mobilisation. Et je vous en remercie. Merci.


Source https://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 septembre 2022