Texte intégral
DIMITRI PAVLENKO
Les pénuries de carburant en ce moment, nous donnent peut-être un avant-goût goût des efforts qu'il va falloir consentir pour passer l'hiver. L'objectif fixé par le gouvernement, je vous le rappelle, c'est 10% de consommation en moins d'ici 2024. Cela revient à faire, je vous donne le chiffre, ça revient à faire 30 fois mieux que ce que l'on a fait chaque année depuis 20 ans. On va prendre ce matin l'exemple du secteur du numérique. Bonjour Jean-Noël BARROT.
JEAN-NOËL BARROT
Bonjour Dimitri PAVLENKO.
DIMITRI PAVLENKO
Bienvenue sur Europe 1, vous êtes le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications, vice-président du MoDem également. Je signale aussi que vous avez été réélu député hier à l'issue du second tour, d'une élection législative partielle dans les Yvelines, peut-être voulez-vous en dire un mot.
JEAN-NOËL BARROT
Bon, écoutez, c'est une satisfaction, c'est un score qui nous honore et qui nous engage à poursuivre le travail engagé. C'est aussi une lourde sanction pour la Nupes qui régresse de 7 points, et c'est une sanction contre un comportement qui consiste à préférer le désordre au débat, l'outrance au dialogue, et puis l'obstruction plutôt que le compromis, donc tout ça, j'espère, appellera un certain nombre de mes collègues parlementaires à l'Assemblée nationale, de la Nupes, à un peu de responsabilité.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, je signale aussi que c'est votre suppléante, donc, qui siégera au Palais Bourbon. Venons-en au plan de sobriété présenté mercredi dernier, Jean-Noël BARROT, le numérique évidemment, est évidemment dans la boucle, quels engagements le secteur va-t-il prendre et qu'est-ce que vous, gouvernement, attendez de la filière du numérique qui par définition est un gros consommateur d'électricité ?
JEAN-NOËL BARROT
Oui, mais je crois qu'on attend de ce secteur, comme de l'ensemble des secteurs, les efforts nécessaires à réduire la consommation énergétique, pour que la France diminue de 10 % cette consommation, à l'horizon des 2 ans, et que nous puissions traverser cet hiver et peut-être l'hiver prochain, sans avoir à prendre des mesures de dernier recours. Et s'agissant du numérique, les acteurs ont, avant l'été, pris de premiers engagements, s'agissant de la lumière dans leurs bureaux, dans leurs commerces, mais aussi de la température dans leurs bureaux, et ils ont pris de nouveaux engagements sur la mise en veille automatique des box, sur la réduction de la consommation électrique de leurs réseaux, et puis pour certaines entreprises du numérique également, l'engagement de faire un bilan carbone dès l'année 2023, pour être en mesure de réduire effectivement leur consommation.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, les box notamment, alors ça en l'occurrence ce sont les opérateurs télécoms, est-ce que ce sera transparent pour le consommateur, est-ce que lui va voir une différence dans l'utilisation de sa box Internet, est-ce qu'elle va s'éteindre toute seul la nuit, pilotée à distance par l'opérateur ?
JEAN-NOËL BARROT
C'est l'objectif…
DIMITRI PAVLENKO
Ah, c'est ce que vous souhaitez.
JEAN-NOËL BARROT
L'objectif c'est de réduire…
DIMITRI PAVLENKO
On arrête internet la nuit alors.
JEAN-NOËL BARROT
… la consommation énergétique, sans aller demander des efforts trop importants aux Français. Il existe aujourd'hui des box, des décodeurs qui se mettent en veille automatiquement, mais tout cela n'est pas tout à fait uniforme et donc les engagements pris par le secteur, eh bien c'est soit pour les box existantes déjà installées, eh bien de faire une mise à jour qui permette cette mise en veille de manière un peu plus systématique, soit pour les nouvelles box qui seront distribuées, qui seront vendues, que cette mise en veille soit installée par défaut, pour que ça soit transparent effectivement pour les Français.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, il y a le secteur, ce que l'on appelle les data center, c'est-à-dire vraiment les centres de données. Là on imagine que c'est beaucoup plus compliqué, puisqu'en l'occurrence il faut une alimentation électrique en continu pour que cela fonctionne. Ils se sont engagés à s'effacer, vous allez nous expliquer ce que ça veut dire s'effacer, c'est un terme qu'on va beaucoup entendre, c'est-à-dire de se déconnecter du réseau en fait tout simplement et de brancher à la place des générateurs électriques qui fonctionnent à quoi, eh bien souvent au diésel. Alors là, la question que j'ai envie de vous poser : est-ce que c'est la sécurité d'approvisionnement avant tout, et tant pis pour le bilan carbone vu la situation ?
JEAN-NOËL BARROT
Oui, alors il y a deux choses qu'ils se sont engagés à faire les data center. La première chose c'est de réduire la climatisation dans les salles de serveurs. Ces serveurs ils chauffent, il faut les refroidir et donc ils vont faire un effort en baissant la climatisation, ce qui va permettre de réduire la consommation énergétique.
DIMITRI PAVLENKO
Ce n'est pas périlleux pour justement les serveurs eux-mêmes ?
JEAN-NOËL BARROT
Non, je crois que là, l'effort qui est fait, ne met pas en difficulté la sauvegarde des données. Ensuite vous avez raison, dans le cas où nous serions amenés à prendre des mesures un peu plus importantes, ils seraient en capacité de s'effacer, c'est-à-dire de basculer du réseau vers des générateurs. Alors, évidemment ce n'est pas une solution idéale, ce n'est pas une solution de long terme puisque nous voulons…
DIMITRI PAVLENKO
C'est un peu périlleux d'ailleurs, parce que le générateur c'est la roue de secours pour le data center…
JEAN-NOËL BARROT
C'est ça.
DIMITRI PAVLENKO
Si la roue de secours crève, on est mal.
JEAN-NOËL BARROT
C'est de passer sur une roue de secours, mais ce n'est pas idéal, parce que la roue de secours, comme vous l'avez dit, elle fonctionne en général avec une énergie carbonée. Et ce que nous voulons à terme c'est décarbonner intégralement le fonctionnement des Data Center et d'aller plus loin, puisque le data center, enfin les data center travaillent en permanence à essayer d'optimiser leur fonctionnement pour réduire leur consommation électrique et à long terme nous souhaitons qu'ils puissent le faire au maximum. Mais cet hiver en tout cas, baisse de la climatisation dans les salles de serveurs et le cas échéant, c'est-à-dire si ça s'impose, un effacement temporaire pour réduire la ponction énergétique sur le réseau.
DIMITRI PAVLENKO
Ça représente quoi le secteur du numérique en termes de consommation électrique, Jean-Noël BARROT ?
JEAN-NOËL BARROT
En consommation électrique, c'est 10 % de la consommation électrique du pays.
DIMITRI PAVLENKO
Ah oui tout de même.
JEAN-NOËL BARROT
Eh oui, et donc c'est pour ça qu'il faut faire cet effort.
DIMITRI PAVLENKO
Et vous leur demandez quel effort ? De diminuer par un tiers, par deux, leur consommation ? Que l'on se fasse une idée.
JEAN-NOËL BARROT
Alors, c'est difficile de le dire exactement, mais c'est l'ordre de grandeur…
DIMITRI PAVLENKO
Ou 10 %…
JEAN-NOËL BARROT
Oui, c'est ça, c'est l'ordre de grandeur qu'on s'est fixé pour la Nation dans son ensemble, c'est-à-dire à peu près 10 % à l'horizon 2 ans.
DIMITRI PAVLENKO
Alors, il y a un autre sujet évidemment pour les entreprises du numérique, cela vous concerne Jean-Noël BARROT, c'est dans votre périmètre, c'est la question du prix. Je vous donne l'exemple de Laurent VRONSKI le patron d'ERVOR, alors lui fabrique des compresseurs, ce n'est pas le secteur du numérique, mais bon, il est client des énergéticiens, lui dit : c'est simple, mon mégawattheure je le payais 50 € l'année dernière, là son énergéticien va le contacter, c'est 3 000 € le mégawattheure, c'est fois 60. Comment on fait ?
JEAN-NOËL BARROT
Eh bien c'est-ce que le président de la République, avec Bruno LE MAIRE, est en train de faire au niveau européen, c'est-à-dire de mettre fin à cette situation très conjoncturelle mais très inquiétante pour les acteurs du secteur du numérique comme pour d'autres, du fait de la très forte hausse des prix du gaz…
DIMITRI PAVLENKO
Qu'est-ce que vous demandez à Bruxelles très concrètement là ?
JEAN-NOËL BARROT
Eh bien ce qu'on demande, c'est de pouvoir mettre fin, si l'on peut dire, au couplage du prix du gaz et de l'électricité, de fixer un cap aussi pour faire en sorte que la pression baisse et que les prix diminuent. Parce que, vous avez cité les entreprises du numérique, mais j'ai aussi dans ma circonscription beaucoup de petites entreprises, des TPE, des PME, parfois des boulangeries, et même un moulin à Versailles, qui sont…
DIMITRI PAVLENKO
Mais, Jean-Noël BARROT, pardonnez-moi, mais si vous demandez aux énergéticiens, si vous capez les prix, vous dites "vous n'avez pas le droit de vendre plus cher", qu'est-ce qui va se passer sur les marchés liquides type le GNL ? Les bateaux vont aller ailleurs qu'en Europe, en se disant "les Européens ne veulent pas le payer plus de 180 €, bon, très bien, allons ailleurs".
JEAN-NOËL BARROT
C'est vrai, si nous négocions…
DIMITRI PAVLENKO
Donc les prix ou la pénurie en fait.
JEAN-NOËL BARROT
C'est vrai si chaque Nation, chaque État membre de l'Union européenne négocie dans son coin. Mais si l'Europe parle d'une seule voix, et c'est ce que nous avons fait depuis quelques mois sur la dette, sur les vaccins, si l'Europe parle d'une seule voix, alors elle peut avoir un impact sur les prix. C'est le pari du président de la République qui est, qui à mon avis va fonctionner, parce qu'il a fonctionné ces derniers mois sur d'autres grands défis, et je suis sûr que nous parviendrons dans les semaines qui viennent à faire baisser la pression sur le prix l'énergie en Europe.
DIMITRI PAVLENKO
Merci Jean-Noël BARROT d'être venu ce matin nous voir sur Europe 1.
JEAN-NOËL BARROT
Merci à vous.
DIMITRI PAVLENKO
Je rappelle que vous êtes le ministre délégué chargé de la Transition numérique et des télécommunications. Bonne journée à vous.
JEAN-NOËL BARROT
À vous aussi.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 11 octobre 2022