Interview de M. Roland Lescure, ministre chargé de l'industrie, à France Info le 17 octobre 2022, sur les difficultés d'approvisionnement dans les stations-service, les salaires en France, l'Union européenne face à la crise énergétique, le budget pour 2023 et les voitures électriques.

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Média : France Info

Texte intégral

 

MARC FAUVELLE
Bonjour Roland LESCURE.

ROLAND LESCURE
Bonjour.

MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON et Élisabeth BORNE ont promis un retour à la normale dans les stations-services dès cette semaine, alors que le nombre de stations à sec est reparti à la hausse pendant le week-end. Est-ce qu'ils ont parlé un peu trop vite ?

ROLAND LESCURE
Non, on va tout faire pour, c'est-à-dire que le gouvernement fait sa part du boulot, si je puis dire, 1°) : en appelant aux négociations, 2°) : en annonçant, une fois que les négociations ont abouti, sur des accords majoritaires qu'on va débloquer les raffineries, et puis, ensuite, il faut que ça se débloque, littéralement, mais moi, je pense qu'on est dans… comment dirais-je… dans un ballet, en fait, qui est assez écrit d'avance, qui doit se dérouler un peu jusqu'au bout, j'imagine que les grévistes en annonçant la poursuite de la grève aujourd'hui attendent la journée de demain avec impatience, et ensuite, il faut que l'acte se termine.

MARC FAUVELLE
Donc vous ne pouvez pas pour l'instant dire aux Français qui vont partir en vacances en fin de semaine qu'ils auront forcément du carburant. C'est impossible à dire ?

ROLAND LESCURE
Moi, je pense qu'ils en auront, je pense que ce sera encore un peu difficile d'en obtenir, et évidemment, je compatis largement avec cette galère, parce qu'il faut l'appeler comme elle est, c'est une galère aujourd'hui d'aller chercher de l'essence, et c'est vrai pour celles et ceux qui envisagent d'aller en vacances, eh bien, ça va être forcément un peu difficile d'en trouver, mais en tout cas, on va tout faire pour que ça s'améliore progressivement dans les jours qui viennent, moi, j'en appelle aussi un peu la responsabilité de tous les acteurs, chacun a sa part du travail à faire, évidemment, les entreprises doivent négocier, mais c'est le cas maintenant, ça a été le cas chez ESSO, et c'est le cas chez TOTAL, il faut que les salariés à un moment acceptent que les accords majoritaires, une fois qu'ils sont signés, eh bien, ça s'impose à tous, c'est la démocratie, ça.

SALHIA BRAKHLIA
Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, le patron du MEDEF, s'agace en parlant, je cite, des 150 personnes des raffineries qui prennent les Français en otage, vous dites la même chose ?

ROLAND LESCURE
Je n'aime pas trop ces vocabulaires quasi-guerriers, parce qu'on n'est pas dans une guerre, mais on est dans une situation qui, à mon avis, devrait, je le répète, avec la responsabilité de tous les acteurs et de tous les actrices, se stabiliser et s'améliorer. Il faut, pour citer une fois de plus…

SALHIA BRAKHLIA
Alors, c'est quoi, c'est une minorité qui dans ce pays…

ROLAND LESCURE
Maurice THOREZ, savoir arrêter une guerre (sic)… savoir arrêter une grève, pardon…

MARC FAUVELLE
Une fois qu'on a obtenu partiellement satisfaction…

SALHIA BRAKHLIA
Grève, oui…

ROLAND LESCURE
Exactement, mais c'est…

MARC FAUVELLE
Les deux parties, les syndicalistes le rappellent d'ailleurs, les deux parties…

ROLAND LESCURE
Oui, oui, je sais, ils la répètent, mais moi, j'entends toute la phrase, aujourd'hui, il y a des syndicats majoritaires chez ESSO, et visiblement, chez TOTAL, on n'en est pas loin, qui considèrent qu'ils ont obtenu satisfaction.

MARC FAUVELLE
Ce que dit la CGT, c'est qu'elle est, vu que l'accord, effectivement, a été signé par deux syndicats majoritaires dans l'ensemble du groupe TOTAL, mais qu'elle est, elle, la CGT, majoritaire dans les raffineries.

ROLAND LESCURE
Écoutez, on peut toujours, moi, j'ai été majoritaire dans ma circonscription, ce qui compte quand même, c'est la majorité au Parlement aujourd'hui, qui est aussi une majorité de la majorité gouvernementale ; on peut toujours découper et saucissonner des suffrages en se disant qu'on est majoritaire quelque part, on est toujours majoritaire dans un bureau de vote, la démocratie sociale, pour moi, ça a du sens, ça se respecte dans les deux sens d'ailleurs, le dialogue social, il est essentiel, je pense qu'il a mis un peu de temps à démarrer, mais que maintenant, il est en cours et qu'il débouche, il faut que tout le monde s'y conforme, sinon, ça part dans tous les sens, c'est n'importe quoi…

SALHIA BRAKHLIA
Là, quand vous voyez, TOTAL, justement, il y a eu un accord qui a été conclu avec deux syndicats, une hausse de salaires de 7% dès novembre et entre 3.000 et 6.000 euros de prime. Est-ce que vous dites l'entreprise doit faire un geste supplémentaire, parce que la CGT, elle, elle demande 10 % de hausse de salaires ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, deux choses à ça, d'abord, quand on entend ces chiffres, je pense que je laisse chacun et chacune juger de leur pertinence ou pas, mais par rapport à une inflation qui est aujourd'hui à 6, on se souvient qu'elle est à 10 ou 12 partout en Europe, bon, eh bien, je pense qu'il y a un geste significatif qui semble avoir été fait…

SALHIA BRAKHLIA
Eh bien, eux, ils disent…

MARC FAUVELLE
Suffisant ou pas ?

ROLAND LESCURE
Alors ça, ce n'est vraiment pas à moi d'en juger. Ça, c'est la deuxième partie de mon insertion, je ne suis pas là, le gouvernement n'est pas là pour négocier, chacun et chacune…

MARC FAUVELLE
Le gouvernement ne réclame pas un geste supplémentaire à TOTAL ?

ROLAND LESCURE
Non, non, chacun et chacune peut juger de la pertinence ou non de ce geste, ensuite, il y a une négociation qui doit se faire au niveau de l'entreprise, autant, le gouvernement est garant…

SALHIA BRAKHLIA
Oui, d'accord, mais, est-ce que vous trouvez que les Cégétistes, ils abusent en demandant davantage, c'est la question ?

ROLAND LESCURE
Moi, je considère que le gouvernement, il est garant du dialogue social, il doit s'assurer que le dialogue social a lieu, mais alors, si le gouvernement se mette dans les négociations en disant : 7, c'est trop, ce n'est pas assez, là, on va vraiment partir n'importe comment, dans un sens où on nationalise tout, et on peut nationaliser les salaires, d'ailleurs, la Nupes le proposait en proposant des amendements cet été qui visaient des augmentations généralisées de salaires. Moi, toutes les semaines, je suis dans des entreprises industrielles qui aujourd'hui font face à une inquiétude, ce n'est pas les salaires, c'est la hausse des coûts de l'énergie, je peux vous dire que les salariés, y compris…

SALHIA BRAKHLIA
On va en parler tout à l'heure…

ROLAND LESCURE
Oui, mais juste qu'on comprenne bien, parce que les organisations syndicales que je rencontre aujourd'hui dans les entreprises que je visite, elles sont inquiètes de la capacité de l'entreprise à poursuivre sa production, ce que je veux dire par-là, c'est qu'il y a des situations extrêmement divergentes, il y a des entreprises qui vont bien, il faut qu'elles se mettent autour de la table et qu'elles participent à partager ce bien, il y a des entreprises qui souffrent aujourd'hui, et les salariés sont prêts à accompagner aussi les entreprises dans ces moments difficiles, donc pas de mesure généralisée…

MARC FAUVELLE
On va parler longuement des mesures mises en place pour les entreprises et de ce qui manque peut-être aussi pour les aider dans cette période. Si je vous dis, l'attitude de la CGT est illégitime, vous êtes d'accord ou pas ?

ROLAND LESCURE
Moi, je pense qu'aujourd'hui…

MARC FAUVELLE
Illégitime…

ROLAND LESCURE
Non, mais, elle est évidemment légale, si c'est la question, puisque le droit de grève est légal…

MARC FAUVELLE
La question, c'est illégitime, c'est ce que vient de déclarer votre collègue, Bruno Le MAIRE, le ministre de l'Économie, illégitime.

ROLAND LESCURE
Moi, je pense qu'il y a un enjeu en tout cas, comment dirais-je, d'acceptabilité, et donc de respectabilité de ce conflit, il y a un moment…

MARC FAUVELLE
Ça, c'est autre chose, l'opinion…

ROLAND LESCURE
Non, non, non…

MARC FAUVELLE
La légitimité d'un syndicat, c'est une autre question…

ROLAND LESCURE
Non, mais le syndicat est légitime, le mouvement qui s'oppose à un accord majoritaire, signé par des organisations syndicales, dans le cadre d'une négociation avec une direction, moi, je pense qu'on est en train de franchir des limites, qu'il ne faudrait pas franchir, surtout dans un moment aujourd'hui où on a plutôt besoin de rassemblement que de division, on a la guerre aux portes de l'Europe, on a les coûts de l'énergie qui partent dans tous les sens. Et on est là à essayer de se tendre sur des accords qui sont en plus des accords, dans la grande majorité, acceptés…

SALHIA BRAKHLIA
En attendant, Roland LESCURE, est-ce que vous allez accélérer les réquisitions pour que le retour à la normale se fasse le plus vite possible ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, en tout cas, on va continuer à le faire, bien sûr, ça a été fait la semaine dernière avec, je dirais, un certain succès…

SALHIA BRAKHLIA
Un peu à la marge…

ROLAND LESCURE
Mais oui, mais, on n'est pas là pour mettre des camions militaires sur toutes les routes de France, on est là pour montrer que le gouvernement débloque la situation au fur et à mesure que les négociations salariales avancent, les négociations salariales avancent…

SALHIA BRAKHLIA
Mais combien de temps on peut piocher dans les stocks stratégiques ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, vous voyez bien qu'aujourd'hui, on est sur une situation qui n'est pas satisfaisante, à peu près 30 % des stations qui sont en rade, c'est le cas de le dire, et notamment avec des régions particulièrement touchées, ça ne nous empêche pas de continuer à livrer avec, certes, une situation qui est…, elle est insuffisante, mais qui permet quand même d'avoir de l'essence, il faut être patient, franchement, les gens ont autre chose à faire aujourd'hui que d'aller faire la queue aux stations-services, mais, voilà, on arrive à, je pense, assez bien, gérer cette situation difficile, mais ça ne peut pas durer des jours et des jours, il faut qu'on passe à autre chose, le déblocage est utile, la responsabilité des organisations syndicales aussi.

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le ministre de l'Industrie, Roland LESCURE. La France Insoumise propose via un amendement que l'impossibilité de s'approvisionner en essence soit un motif légitime d'absence au travail, est-ce que vous y êtes favorable ?

ROLAND LESCURE
Non, enfin, je veux dire, on ne fait pas des amendements de circonstance, selon l'actualité du lundi, on fait un amendement le mardi, je veux dire, aujourd'hui, le droit de grève, il est extrêmement protégé en France, il est très bien encadré.

MARC FAUVELLE
Là, ce n'est pas…

SALHIA BRAKHLIA
Je parle des consommateurs…

ROLAND LESCURE
Ah, pardon…

SALHIA BRAKHLIA
On parle des Français qui ne peuvent pas…

ROLAND LESCURE
Qu'est-ce qu'ils proposent aujourd'hui, l'amendement, c'est quoi aujourd'hui ?

SALHIA BRAKHLIA
Alors, je repose…

ROLAND LESCURE
L'amendement du jour de La France Insoumise, excusez-moi…

MARC FAUVELLE
L'impossibilité, que l'impossibilité de s'approvisionner en essence soit un motif légitime d'absence au travail, on oublie la grève, là…

ROLAND LESCURE
Ecoutez, eh bien, on ne l'oublie pas tout à fait, parce que l'un est quand même le résultat de l'autre…

SALHIA BRAKHLIA
Mais on ne parle pas des grévistes, on parle des Français qui ne peuvent pas aller au boulot…

ROLAND LESCURE
Non, non, mais on parle de ceux qui galèrent, exactement, moi, j'étais dans une entreprise de matériel médical vendredi, j'y suis allé en RER, c'est en banlieue parisienne, j'ai échangé avec les salariés aujourd'hui, eux, ils font preuve de solidarité, ils organisent le covoiturage, ils vont se débrouiller pour aller bosser ensemble…

MARC FAUVELLE
Ce n'est pas la question de Salhia, mais c'est votre réponse.

ROLAND LESCURE
Mais ma réponse, c'est qu'il y a aujourd'hui des gens qui ont envie de travailler en France et qu'il faut les laisser travailler, alors on peut passer son temps à passer des amendements pour organiser les conflits, les blocages, les grèves et les manifestations, moi, je considère aujourd'hui que les gens dans leur extrême majorité, ils ont envie d'aller bosser et qu'ils ne peuvent pas aller bosser…

SALHIA BRAKHLIA
Alors, ils ne peuvent pas y aller, est-ce qu'il faut poser une RTT, qu'est-ce qu'il faut faire dans ces cas-là si on ne peut pas aller bosser ?

ROLAND LESCURE
Non, aujourd'hui, mais aujourd'hui, dans la quasi-totalité des entreprises, c'était le cas de celle que j'ai vue vendredi, les gens s'organisent, les gens se parlent, il faut qu'on se parle dans ce pays, aujourd'hui, on a l'impression qu'il y a 30.000 personnes dans la rue qui manifestent, et le reste du pays qui regarde ça, là, bouche bée, la réalité, c'est que dans les entreprises, les gens se parlent, que le dialogue social en France, il existe, que sur les salaires pour les entreprises qui vont bien, que sur la production pour les entreprises qui ne vont pas mal, pour l'organisation des transports, quand on a des situations comme celle d'aujourd'hui ou peut-être de demain, les gens se parlent, et c'est tant mieux, arrêtons d'imaginer que la France est au bord de la guerre, il y a malheureusement un pays aujourd'hui qui est en guerre, au bord de l'Europe, je voudrais relativiser un peu, on se calme, on continue à négocier, à discuter, et qu'on arrête de tout conflictualiser.

MARC FAUVELLE
Est-ce que vous êtes favorable, Roland LESCURE, à l'organisation d'une conférence en France sur les salaires ?

ROLAND LESCURE
Moi, je suis contre la nationalisation des salaires, la déresponsabilisation des chefs d'entreprise qui doivent prendre leurs responsabilités et organiser des négociations, je le répète, aujourd'hui…

SALHIA BRAKHLIA
Mais vous voyez bien que dans certaines branches, ça ne marche pas, ça fait plusieurs mois que Bruno LE MAIRE demande aux patrons d'augmenter les salaires…

ROLAND LESCURE
Et c'est en train de se mettre en place…

SALHIA BRAKHLIA
C'est assez inégal selon les branches…

ROLAND LESCURE
Non, mais, exactement, et pourquoi c'est inégal suivant les branches, on a fait quand même ce que je pense l'État doit faire, il faut commencer par ça, le SMIC qui augmente de 8%, plus que l'inflation…

MARC FAUVELLE
Ce qui fait que de nombreux métiers se sont retrouvés en dessous du SMIC…

ROLAND LESCURE
Exactement…

MARC FAUVELLE
C'est-à-dire, il y a eu un tassement des salaires, le SMIC est indexé sur l'inflation, pas les revenus qui sont juste au-dessus, c'est ce que disent beaucoup de gens aujourd'hui, le SMIC, il est à 1.350, il y a des gens qui aujourd'hui gagnent 1.400, 1.500, dont le salaire n'a pas progressé.

ROLAND LESCURE
Et ça, c'est le rôle des entreprises de faire des négociations, et que celles qui le peuvent donnent des négociations, et en priorité, vous avez raison, aux petites rémunérations, ce que fait le gouvernement, c'est, 1°) : donner des signaux importants, retraite, point d'indice, SMIC, blocage des prix ou quasiment, en tout cas dans l'énergie, avec une inflation qui est la plus basse dans toute l'Europe, et au fond, dans tous les pays occidentaux. Ensuite, il faut que les entreprises fassent leur part du boulot. Moi, je suis pour la démocratie sociale, je ne suis pas pour l'autocratie sociale qui se…

MARC FAUVELLE
La loi du marché…

ROLAND LESCURE
Non, ce n'est pas la loi du marché, je veux dire, le jour où la France sera dans une économie libérale sauvage, je pense qu'on ne sera pas tout à fait dans la situation dans laquelle on est aujourd'hui, on a un système de protection sociale le meilleur au monde, on un système de santé, le meilleur au monde, on a une école gratuite…

SALHIA BRAKHLIA
Non, mais, concrètement, Roland LESCURE, d'une seule question, est-ce que, là, a posteriori, vu la situation, vous vous dites : on aurait quand même dû voter le SMIC à 1.500 proposé par la gauche ?

ROLAND LESCURE
Non, non, moi, je pense qu'on a augmenté le SMIC comme…

SALHIA BRAKHLIA
Suffisamment ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, comme jamais, et on va continuer à le faire, l'idée, c'est qu'au fur et mesure que l'inflation, si elle doit continuer à progresser, progresse, on continuera à prendre notre responsabilité, à faire notre part du boulot, il faut que tout le monde le fasse, à la fois les salariés et les chefs d'entreprise.

MARC FAUVELLE
La grève a commencé à s'étendre ces derniers jours dans les centrales nucléaires, dans certaines d'entre elles, les grévistes ont commencé à baisser la charge électrique fournie, est-ce que c'est de bonne guerre ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, l'expression est sans doute bien ou mal choisie, moi, je ne pense pas que ce soit le moment…

MARC FAUVELLE
C'est moi qui l'utilise, ce n'est pas eux…

ROLAND LESCURE
Non, non, mais c'est pour ça…

MARC FAUVELLE
Est-ce que vous considérez que c'est normal dans l'exercice du droit de grève de toucher aussi, de tourner le bouton des centrales nucléaires pour qu'elles produisent un peu moins ?

ROLAND LESCURE
Mais en tout cas, ce n'est vraiment pas le moment, aujourd'hui, je le répète, moi, je suis face à des entreprises qui payent leur électricité ou leur gaz bien trop cher, et c'est sûr que tourner le bouton, comme vous dites, ça ne va pas améliorer la situation, là encore, solidarité, responsabilité, collectif, est-ce qu'on est capable ensemble de se dire que l'hiver est difficile, que la guerre est aux portes de l'Europe, que l'énergie bat tous les records et qu'il faut aider l'économie française à passer l'hiver, ça ne veut pas dire que le dialogue social ne doit pas avoir lieu, mais aujourd'hui, pour moi, ministre de l'Industrie, la priorité des priorités, c'est que l'industrie française continue à tourner, c'est essentiel, parce que derrière l'industrie française, il y a évidemment des emplois, il y a des revenus…

SALHIA BRAKHLIA
Mais quand vous voyez qu'ils veulent aussi retarder le calendrier de maintenance des centrales, vous, vous dites pour cet hiver, ça va compliquer la tâche, ça va être difficile, on va manquer encore plus d'électricité ?

ROLAND LESCURE
Alors, aujourd'hui, on recule le calendrier pour 5 réacteurs, il y en a 21 qui, j'espère, ça va être une des missions essentielles du nouveau PDG d'EDF, vont reprendre en temps et en heure, on avait 26 réacteurs arrêtés pour des raisons de…

SALHIA BRAKHLIA
Mais là, il y a déjà un retard.

ROLAND LESCURE
Il y en a 1 pour 5, donc moi, ce que j'espère, et ça, je le répète, mais aujourd'hui, la priorité des priorités pour EDF, c'est de livrer des électrons, c'est-à-dire, c'est l'efficacité opérationnelle et industrielle d'un grand opérateur français qui doit montrer qu'il est capable de livrer la marchandise, et pour ça, j'espère bien qu'effectivement, les 21 réacteurs, qui doivent redémarrer d'ici la fin de l'hiver, vont le faire.

MARC FAUVELLE
Face à la crise énergétique, vous parliez de l'industrie, il y a quelques instants, dont vous êtes le ministre, la production industrielle va chuter de 10 % au dernier trimestre de cette année, est-ce que ça y est, est-ce qu'elle est en train de décrocher déjà, est-ce que la France, les usines sont en train de décrocher ?

ROLAND LESCURE
Alors, ça, c'est ce que prévoit Français industrie si les prix de l'énergie restent là où ils sont. Donc on est dans une semaine…

MARC FAUVELLE
Ce qui est le scénario le plus probable pour l'instant.

ROLAND LESCURE
Non, on est dans une semaine clé de ce point de vue-là, il y a un sommet européen d'ici la fin de la semaine, ce qu'on souhaite, Emmanuel MACRON y travaille et négocie jour et nuit avec ses collègues européens, c'est d'avoir en place tout un arsenal qui va faire baisser le prix de l'électricité et le gaz très vite.

MARC FAUVELLE
Avec la limitation des prix du gaz dont les Allemands ne veulent pas aujourd'hui.

ROLAND LESCURE
Exactement. On est aujourd'hui dans un vrai défi, dans un vrai débat, comme c'est souvent le cas en Europe, à la veille des sommets européens, entre, je dirais, les volumes et les prix, nous, on veut faire baisser les prix. Les Allemands ont peur que si on fait baisser les prix, ils n'aient plus les volumes, vous savez que l'industrie allemande dépend beaucoup du gaz. Et donc, il faut les rassurer sur le fait qu'on va continuer à avoir de l'énergie en Europe, il faut nous rassurer et rassurer nos industriels sur le fait que les prix vont baisser, il y a tout un arsenal sur lequel à mon avis il est possible de converger, qui suppose de négocier avec les Norvégiens, les Américains au niveau européen, qui suppose de plafonner le prix du gaz dans les centres électriques, qui suppose d'amplifier, de prolonger et simplifier le dispositif d'aide, on y travaille, et j'espère qu'on va converger.

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce qui nous interdit de faire comme les Espagnols et de sortir momentanément du marché de l'énergie ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, en gros, c'est la géographie, quand vous regardez la géographie de l'Europe, la péninsule ibérique est très isolée, si on le fait tout seul, le mécanisme à l'espagnol, on va en gros subventionner l'ensemble de l'énergie européenne, l'ensemble du gaz européen, donc, oui, il faut faire le mécanisme à l'espagnol, mais il faut le faire ensemble, si on arrive à convaincre nos partenaires qu'on fait un mécanisme à l'espagnol pour tout le monde, on avancera ensemble vers des prix du gaz plus bas, sinon…

MARC FAUVELLE
Qu'est-ce qui est le plus dur aujourd'hui, c'est négocier avec la CGT ou négocier avec Olaf SCHOLZ ?

ROLAND LESCURE
Je dirais que ce n'est pas tout à fait les mêmes, c'est Patrick POUYANNE, d'un côté, qui négocie avec la CGT, Emmanuel MACRON négocie avec Olaf SCHOLZ. Au fond, l'objectif…

MARC FAUVELLE
Mais c'est dur aussi avec Berlin en ce moment…

ROLAND LESCURE
Eh bien, je dirais qu'on avance, mais qu'on avance difficilement, l'industrie allemande n'est pas dans une situation extrêmement favorable, il faut le reconnaître, l'industrie automobile a beaucoup souffert, et donc aujourd'hui, l'Allemagne, qui fait face à des vents de face énormes, moi, je les appelle, et je pense qu'on y arrivera à travailler ensemble, en solidarité européenne, c'est quand même l'essentiel, et on l'a toujours montré, on l'a montré pendant la Covid, on l'a montré pendant la guerre en Ukraine, il faut le montrer face à cette crise énergétique.

MARC FAUVELLE
On va parler de l'industrie française, du choc énergétique dans un instant.

SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec le ministre de l'Industrie Roland LESCURE. Dans une tribune parue hier dans le Journal du dimanche, Laurent WAUQUIEZ prédit un tsunami de délocalisation et de faillites. Est-ce qu'il se trompe ?

ROLAND LESCURE
Bon, la dernière fois que Laurent WAUQUIEZ était au gouvernement, on a détruit 350 000 emplois dans l'industrie. Nous ces 5 dernières années on en a créé 50 000. Ce que j'espère, c'est qu'on va tous se rassembler aujourd'hui autour de l'industrie française, pour que l'on poursuive le grand mouvement de réindustrialisation qu'on a commencé. Et, oui, cette période est difficile, il faut qu'on se serre les coudes pour soutenir notre industrie française. Moi je n'ai pas besoin de leçons aujourd'hui. J'ai besoin de l'union autour de l'industrie française.

SALHIA BRAKHLIA
La crainte des faillites, c'est aussi l'inquiétude qu'a partagée la patronne de ENGIE, Catherine McGregor. Est-ce que vous avez un chiffre aujourd'hui, du nombre d'entreprises qui sont dans des difficultés, qui partagent des…

ROLAND LESCURE
Oui, la partie visible de l'iceberg, c'est-à-dire ceux qui nous alertent. Donc on est alerté par les régions qui nous appellent, qui viennent nous voir. On regarde des entreprises au cas par cas, c'est à peu près 350 entreprises aujourd'hui, qui font vraiment face à des difficultés importantes du fait de la crise énergétique. C'est un peu la partie visible de l'iceberg, parce qu'évidemment aujourd'hui au fond toutes les entreprises sont affectées par une hausse de l'énergie, sauf les toutes petites, qu'on va protéger avec le bouclier tarifaire. Aujourd'hui, le défi majeur, il est en Europe, il est en partie en France aussi, c'est d'accompagner au cas par cas toutes ces entreprises, de manière à ce qu'elles puissent continuer à produire. L'enjeu majeur c'est de préserver l'appareil productif, d'accompagner les salariés, de manière à ce qu'on ferme au minimum les activités. Il y en a qui vont ralentir, il y en a déjà qui ont ralenti. Vous savez que les verreries, par exemple, ça consomme énormément d'énergie, il y a des verriers aujourd'hui, DURALEX…

SALHIA BRAKHLIA
10 % de production en moins.

ROLAND LESCURE
Qui baissent, exactement, qui ferment leurs fours, et ça il faut qu'on les accompagne aussi, et y compris les salariés face à ces situations difficiles. Mais aujourd'hui, je le dirais comme ça, pour un laïque ça peut apparaître un peu improbable, mais la messe n'est pas dite. On a aujourd'hui les moyens de faire en sorte que notre énergie, que notre industrie, pardon, passe cet hiver, mais il faut qu'on mette le paquet au niveau européen, au niveau national, et on va le faire.

MARC FAUVELLE
Bruno LE MAIRE avait annoncé il y a quelques jours sur ce plateau un nouveau bouclier tarifaire, plus adapté à la situation des entreprises, qui n'en bénéficient pas aujourd'hui. Il est pour quand ?

ROLAND LESCURE
Il est pour début novembre. En fait on est en train de négocier la fin des aides, enfin l'ajustement de ce qu'on appelle le mécanisme d'aide d'Etat. Donc ça, ça fait partie du paquet européen. Pour simplifier, pour prolonger, parce qu'il était en théorie éteint à fin 2022, on va évidemment le prolonger en 2023, et pour amplifier. Donc, amplifier, on augmente les plafonds, on avait trois plafonds, de 25, 50 millions d'euros, on va les doubler. Et simplifier…

MARC FAUVELLE
Plus d'entreprises concernées.

ROLAND LESCURE
Plus d'entreprises concernées qui vont a priori toucher davantage aussi. Moi j'ai des entreprises…

SALHIA BRAKHLIA
Et ça va coûter combien tout ça ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, ça en fait ça dépend beaucoup de l'impact de toutes ces mesures sur le prix du gaz. Si on arrive à faire baisser le prix du gaz et de l'électricité, au fond ça ne coûtera pas grand-chose. On aura en fait construit un airbag ou une glissière de sécurité, mais on ne sortira pas de la route.

SALHIA BRAKHLIA
Donc ça dépend des Allemands.

ROLAND LESCURE
Eh bien ça dépend de l'Europe en fait. Ça dépend de l'Europe…

MARC FAUVELLE
Tout n'est pas …

ROLAND LESCURE
Non, non, non, ce n'est pas… d'abord c'est une négociation européenne, même si elle a toujours une dimension franco-allemande forte…

MARC FAUVELLE
Mais, je vous pose la question "combien ça va coûter ?", tout simplement parce qu'on est en train de voter le budget, cette semaine, vous avez bien une ligne, enfin…

ROLAND LESCURE
Alors, aujourd'hui dans le budget… Mais on a une ligne. Aujourd'hui on a 3 milliards de budgétés pour ça. Et on a déjà dit que la fameuse contribution, qui elle aussi a été votée cette semaine, qui va permettre d'avoir des énergéticiens qui contribuent au budget de l'Etat, va nous permettre de rajouter des montants à ce fonds. Aujourd'hui on a 3 milliards de budgétés pour l'année 2023.

SALHIA BRAKHLIA
Oui, mais c'est sur les anciens critères, là vous avez tout changé.

ROLAND LESCURE
Exactement, mais pour l'instant sur les anciens critères, je peux vous le dire, on a dépensé moins de 10 millions d'euros, donc il y a encore de la marge sur les 3 milliards.

MARC FAUVELLE
Sur le budget justement, à quoi ça sert de négocier et de passer des heures à l'Assemblée nationale, puisqu'on sait comment ça va se terminer c'est-à-dire avec un 49.3 ?

ROLAND LESCURE
Eh bien c'est sûr qu'à 8 milliards la semaine…

MARC FAUVELLE
C'est-à-dire ?

ROLAND LESCURE
… c'est la somme des amendements qui ont été votés dans des alliances un peu improbables, par les oppositions la semaine dernière…

MARC FAUVELLE
Et parfois par la majorité.

ROLAND LESCURE
Très minoritairement…

MARC FAUVELLE
Il y a eu un amendement, notamment, qui a été voté, à l'initiative de vos partenaires du MoDem, pour taxer exceptionnellement ce qu'ils appellent les superbénéfices, amendement…

ROLAND LESCURE
Super dividendes.

MARC FAUVELLE
Super dividende, pardon, amendement qui a été voté par 19 députés de votre camp, et par le propre suppléant d'Élisabeth BORNE. Cet amendement va-t-il rester une fois que le 49 3 sera passé ?

ROLAND LESCURE
Moi je préfère nettement l'article qui a été voté quelques heures avant, qui…

MARC FAUVELLE
Alors là, je ne l'ai pas.

ROLAND LESCURE
C'est la contribution sur les superprofits des énergéticiens. Ça va rapporter des milliards.

MARC FAUVELLE
Non mais celui-là on le connaît déjà…

ROLAND LESCURE
Ah oui, non, il est important.

MARC FAUVELLE
Il était à l'initiative du gouvernement…

ROLAND LESCURE
Non mais celui-là il est simple, il est efficace, et il rapporte beaucoup d'argent. Celui-ci…

MARC FAUVELLE
La taxation des super dividendes, ça reste ou pas ?

ROLAND LESCURE
… il est compliqué. Moi je ne suis pas sûr qu'il soit inefficace, et il ne rapporte pas grand-chose. Voilà.

MARC FAUVELLE
Vous n'êtes pas sûr qu'il soit inefficace ou efficace ?

ROLAND LESCURE
Je pense qu'il est inefficace, compliqué, et je ne suis pas sûr qu'il rapporte grand-chose. Si ma langue a fourché, je vous prie de m'en excuser.

MARC FAUVELLE
Je crois qu'elle avait légèrement fourché.

SALHIA BRAKHLIA
Roland LESCURE, le Mondial de l'auto s'ouvre aujourd'hui à Paris, vous y serez d'ailleurs tout à l'heure avec le président de la République. Un Salon qui va mettre à l'honneur les voitures électriques. Emmanuel MACRON vise un million de véhicules électriques d'ici la fin du quinquennat. Est-ce que c'est vraiment réaliste ?

ROLAND LESCURE
Oui, ça l'est, c'est ambitieux mais c'est réaliste. Pour ça il faut que les constructeurs nous aident, ça tombe bien on les aide nous aussi. Je pense qu'il y a un certain nombre d'annonces qui ont été faites. Moi j'ai grandi dans une 4L. RENAULT a déjà annoncé que la future RENAULT 4…

MARC FAUVELLE
Vous avez grandi dans une 4L.

ROLAND LESCURE
Eh bien c'est-à-dire que la voiture de mes parents c'était une 4L.

MARC FAUVELLE
D'accord.

ROLAND LESCURE
Et on allait se promener sur les routes de France en 4L pendant nos vacances. Moi je suis très heureux d'imaginer que dans quelques années, quelques mois même j'espère, on aura des 4L qui sortiront de l'usine de production en France, qui seront des 4L électriques. La RENAULT 5. Donc on a des véhicules qui vont être produits en France. Aujourd'hui on vend 140 000 véhicules électriques. Ce n'est pas grand-chose mais c'est quand même 15 fois plus qu'il y a quelques années. La plupart de ces véhicules électriques sont importés, donc…

MARC FAUVELLE
80 %.

SALHIA BRAKHLIA
80 %.

ROLAND LESCURE
Exactement. Donc il faut qu'on produise ces véhicules électriques qui sont le sens de l'histoire…

MARC FAUVELLE
On n'est pas en train de subventionner les constructeurs chinois, qui vont pouvoir s'engouffrer dans le marché européen et français, alors qu'eux-mêmes verrouillent le leur ?

ROLAND LESCURE
Non. Non, on est clairement plus naïf, je veux le dire comme ça, parce qu'on l'a sans doute été dans le passé. On souhaite développer une industrie automobile ou redévelopper, peut-être faire naître…

MARC FAUVELLE
Comment vous allez forcer les Français à acheter des voitures françaises ?

ROLAND LESCURE
On ne va forcer personne. Mais…

SALHIA BRAKHLIA
Les inciter alors.

ROLAND LESCURE
Je pense qu'on aura des constructeurs qui aujourd'hui sont en train de s'aligner pour avoir des véhicules de qualité et pas trop chers. On va continuer à aider les Françaises et les Français à acheter des véhicules. Vous le savez, le président l'a annoncé, la prime à l'achat va passer de 6 000 à 7 000 € pour les Français les plus démunis on va dire, et qui souhaitent passer à l'électrique. Et on va accompagner les constructeurs européens, et singulièrement les constructeurs français, qui produisent en France, sur l'innovation, sur la transition, parce qu'il y a des métiers qu'il faut accompagner, les métiers d'hier ne seront plus les métiers de demain. Et on a tout un paquet, ça va faire 5 milliards d'euros, dans le cadre de France 2030, pour accompagner l'industrie automobile française, de celle d'hier et d'aujourd'hui, à celle d'aujourd'hui et de demain, l'industrie électrique.

MARC FAUVELLE
Une question sur une promesse d'Emmanuel MACRON pendant la campagne, c'est la fameuse voiture en leasing à 100 euros par mois, Emmanuel MACRON dit ce matin dans les Echos que les Français, elle sera réservée aux Français les plus modestes, pourront la réserver à partir de la fin de l'année prochaine, qu'ils auront leur voiture début 2024. En plus des 100 euros, est-ce qu'il y aura une somme à débloquer au départ, est-ce qu'il faudra mettre un apport ?

ROLAND LESCURE
Alors, on est en train de finaliser tout ça, parce que, en fait, la raison pour laquelle on établit ce calendrier, et jusqu'à début 2024, c'est qu'on veut s'assurer que d'ici-là, on aura suffisamment de véhicules, justement produits en France pour éviter que le…

SALHIA BRAKHLIA
Il n'y aura pas de voiture étrangère ?

ROLAND LESCURE
Eh bien, alors…

MARC FAUVELLE
Ce sera réservé aux voitures européennes ?

ROLAND LESCURE
En tout cas, on va tout faire pour que ce soit essentiellement des voitures européennes qui répondent à ce leasing, on va mettre en place des conditions d'un marché qui restent à préciser, elles aussi, en fonction des prix. Tout ça va dépendre des prix, donc on aura le détail du marché et le détail des entreprises qui auront remporté ce marché d'ici une année, mais en attendant…

MARC FAUVELLE
Et du coup, apport à l'origine ou pas, ou ce sera vraiment 100 euros par mois de location et rien d'autre à mettre ?

ROLAND LESCURE
Non, ça, je ne peux pas vous dire à ce stade, on est en train de finaliser ça.

MARC FAUVELLE
D'accord. Roland LESCURE qui a donc grandi à bord d'une 4L, c'est ça…

ROLAND LESCURE
4L…

MARC FAUVELLE
Était ce matin l'invité de France Info. Merci, bonne journée à vous.

ROLAND LESCURE
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 18 octobre 2022