Texte intégral
MARC FAUVELLE
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonjour Marc FAUVELLE.
MARC FAUVELLE
Emmanuel MACRON a reçu hier à l'Élysée les parents de Lola, cette collégienne de 12 ans qui a été torturée et assassinée la semaine dernière à Paris. Que peut-on dire à des parents qui ont perdu un enfant dans ces conditions ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je pense comme mère, comme citoyenne, on peut partager son effroi, leur apporter tout le soutien possible, leur dire la solidarité qu'on a avec eux, il n'y a rien de pire que de perdre un enfant, et surtout, dans ces conditions-là. Et donc le président de la République a tenu effectivement à apporter tout son soutien, toute sa compassion aux parents de Lola. Après, la récupération politique qui est faite de cet épisode barbare est choquante.
MARC FAUVELLE
Vous dites récupération politique, la droite et l'extrême droite accusent le gouvernement de laxisme migratoire, parce que la principale suspecte est algérienne, qu'elle était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français depuis deux mois. Que leur répondez-vous sur ce point ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Eh bien, je leur réponds d'abord qu'ils connaissent parfaitement le fonctionnement de la justice, que le fonctionnement de la justice est qu'on peut faire appel de ce type de décision, que le pouvoir exécutif…
MARC FAUVELLE
C'était le cas de cette femme, elle avait fait appel de son obligation de quitter le territoire ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Comme vous le savez, et je crois que Gérald DARMANIN a donné tous les détails, c'est un point qui appartient à la justice aujourd'hui. Et je veux redire les choses très clairement, vous avez une enfant de 12 ans qui a été torturée dans un fait divers qui est atroce, et vous avez les partis politiques qui se lavent les mains de la douleur d'une famille et qui ont fait un fait politique sorti de son contexte, c'est inadmissible, c'est obscène.
SALHIA BRAKHLIA
Demain, Marion MARECHAL LE PEN, Eric ZEMMOUR, Jordan BARDELLA, le président par intérim du RN, vont participer ensemble à une marche pour demander justice pour Lola, est-ce que c'est leur place d'y être à cette marche ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Eh bien, on voit la récupération politique et les habitudes de l'extrême droite, du RN, chassez le naturel, il revient au galop. Moi, je pense qu'il faut laisser la justice faire son travail, et elle le fera, elle le fera avec droiture et elle le fera comme on le fait dans un Etat de droit. Il y a des investigations qui ont eu lieu, il y a une suspecte qui est désormais interrogée, et les choses suivent leur cours.
SALHIA BRAKHLIA
Agnès PANNIER-RUNACHER…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Et qu'on laisse cette famille tranquille, vivre son deuil.
SALHIA BRAKHLIA
Agnès PANNIER-RUNACHER, 25 % des stations en panne sèche, contre 30 % le week-end dernier, à ce rythme, il faudra encore combien de temps pour un retour à la normale ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ecoutez, on observe une amélioration, hier soir, on était à 22,8 %, donc vous voyez que l'amélioration continue à se faire, on va voir…
MARC FAUVELLE
C'est un nouveau chiffre, ça…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait…
MARC FAUVELLE
C'est un chiffre qu'on n'avait pas jusqu'à présent…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
On va voir ce matin si elle est confirmée, puisqu'on a eu une journée de mouvement social hier, donc on va voir ce matin s'il est confirmé à midi, vous savez que nous publions les chiffres à midi, et nous observons dans une région comme les Hauts-de-France une amélioration très rapide, où on est passé de 55 % à moins de 20 % aujourd'hui des stations qui ont un produit au moins manquant, soit essence, soit diesel.
SALHIA BRAKHLIA
Ça s'améliore partout pareil ou alors, il reste des régions où c'est vraiment tendu ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Il reste trois régions sur lesquelles il va falloir remettre encore de l'énergie, l'Ile-de-France qui aujourd'hui encore au-dessus de 30 %, Bourgogne Franche-Comté et Auvergne Rhône-Alpes, et c'est pour cette raison que nous réquisitionnons ce matin le dépôt de Feyzin…
MARC FAUVELLE
Dans le Rhône…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Pour permettre de soulager l'Auvergne Rhône-Alpes et Bourgogne Franche-Comté, et que sur l'Ile-de-France, ce n'est pas un sujet d'approvisionnement en carburant, puisque vous le savez depuis que la raffinerie d'ESSO et le dépôt d'ESSO en Normandie a recommencé à fonctionner depuis quelques jours, le carburant est acheminé en Ile-de-France, c'est maintenant un sujet de logistique, c'est-à-dire que chaque station-service doit pouvoir avoir le transporteur et le distributeur qui lui apportent le carburant, ça a l'air d'être très simple sur le papier, mais en fait, il y a 10.000 stations-services en France, et comme les flux ont été désorganisés, on doit aider avec les préfets, ce qui, naturellement, est géré par des entreprises privées, à faire en sorte que la bonne station-service ait le bon camion qui parte du bon dépôt à la bonne heure pour livrer, et que les gens n'attendent pas, comme aujourd'hui. Moi, je redis aux Français…
MARC FAUVELLE
Donc les réquisitions…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je comprends leur situation, c'est insupportable, et nous mettons tout en œuvre pour faire en sorte que la situation s'améliore très rapidement.
MARC FAUVELLE
Et vous leur garantissez qu'il y aura du carburant absolument partout à partir de vendredi soir, pour les départs en vacances ou pas ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je leur dis que je mets tout en œuvre pour qu'ils puissent partir en vacances tranquillement…
MARC FAUVELLE
Certains s'interrogent aujourd'hui pour savoir tout simplement s'ils doivent annuler leur réservation, pour ceux qui ont la chance de partir, ou les conserver ; que leur dit la ministre ce matin ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
La ministre leur dit que ma responsabilité est de mettre tout en œuvre pour soulager la situation, je vous le dis, dans la plupart des régions, nous sommes dans une situation aujourd'hui où on trouve du carburant. Il faut améliorer la situation en Auvergne Rhône-Alpes, en Bourgogne Franche-Comté et en Ile-de-France.
MARC FAUVELLE
En dehors des réquisitions que vous nous annoncez ce matin du côté du Rhône, donc dans ce dépôt de carburant de Feyzin, est-ce qu'il y en aura d'autres aujourd'hui ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Aujourd'hui, il n'est pas nécessaire de réquisitionner à Dunkerque par exemple, qui ont été les réquisitions que nous avons menées ces derniers jours, précisément parce que la situation dans les Hauts-de-France s'est très rapidement améliorée ces derniers jours.
MARC FAUVELLE
Bourgogne Franche-Comté, pas de réquisition, Auvergne Rhône-Alpes, à part celle de Feyzin ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bourgogne-Franche-Comté, ça dépend du dépôt de Feyzin, donc c'est pour ça que nous faisons une réquisition à Feyzin avec des trains qui puissent apporter le carburant en Bourgogne Franche-Comté.
SALHIA BRAKHLIA
La grève de la CGT est maintenue au moins jusqu'à la mi-journée, Geoffroy ROUX DE BEZIEUX, le patron du MEDEF, affirme qu'il n'y a que 150 grévistes dans toute la France, hier, la direction du groupe TOTAL parlait de 90 grévistes, de quels chiffres vous disposez-vous ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Écoutez, ces chiffres sont relativement, je dirais, corrects, nous, on ne compte pas les grévistes, nous, on met du carburant dans les stations-services.
SALHIA BRAKHLIA
Non, mais ça veut dire quoi, ça veut dire qu'il y a moins de 200 personnes qui bloquent la France depuis trois semaines ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça veut dire que vous pouvez bloquer un dépôt avec 4 opérateurs, puisque vous avez des fonctions qui sont très spécifiques, et que, je dirais, techniquement, ça peut être…
SALHIA BRAKHLIA
En fait, c'est des postes clefs…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça peut être des postes qui peuvent être bloqués facilement, et c'est pour ça que les réquisitions sont également très ciblées, je réquisitionne 10 personnes à Feyzin, je ne réquisitionne pas 50 personnes, 10 personnes peuvent permettre de débloquer la Bourgogne Franche-Comté. Maintenant, je le rappelle, la grève, c'est un droit constitutionnel, nous, nous faisons des réquisitions…
MARC FAUVELLE
Elle n'est pas illégitime, comme l'a dit. Bruno LE MAIRE, cette grève-là ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
La grève est un droit constitutionnel. Nous, notre travail a consisté à faire en sorte…
MARC FAUVELLE
Inacceptable et illégitime…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
A faire en sorte que les organisations syndicales et que les directions se retrouvent autour d'une table, et qu'il y ait un accord qui soit signé, cet accord, il a été signé chez ESSO en début de semaine dernière, chez TOTAL, à la fin de la semaine. Donc aujourd'hui, effectivement, j'appelle les grévistes à reprendre le travail, parce qu'il me semble que le temps du dialogue social a eu lieu, qu'il y a un accord qui représente la volonté, la majorité des salariés, et qu'il n'est pas illégitime de reprendre aujourd'hui le travail. Mais je respecte le dialogue social et les salariés, et par ailleurs, nous, nous travaillons, mon ambition, ma responsabilité, c'est de libérer les stations-services.
MARC FAUVELLE
Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique. Je rappelle ce chiffre que vous nous avez donné, il y a quelques instants, 23 % des stations désormais à court d'au moins un carburant, selon la formule désormais rituelle depuis un peu plus de 2 semaines en France, des difficultés toujours dans trois régions, Ile-de-France, Bourgogne Franche-Comté et Auvergne Rhône-Alpes, où là, on dépasse les 30 % de stations à sec.
SALHIA BRAKHLIA
Toujours avec la ministre de la Transition énergétique Agnès PANNIER-RUNACHER. Les ristournes de 30 centimes de l'Etat et celle de 20 centimes de TOTAL vont être prolongées jusqu'à la mi-novembre. C'est ce qu'on a appris en début de semaine. Et après le 15 novembre, il se passe quoi ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Après le 15 novembre, on revient à des ristournes de 10 centimes pour l'État comme nous l'avions prévu initialement au 1er novembre.
MARC FAUVELLE
C'est définitif ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est la position qu'on a prise, oui, très clairement.
MARC FAUVELLE
Ça peut encore évoluer comme ça a déjà évolué une fois là ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non. Je pense que c'est assez clair que la Première ministre a pris la décision de prolonger la ristourne carburant dans un moment de tension d'accès sur le carburant, dans un moment où la ristourne carburant diminuait sur le week-end de la Toussaint qui est un week-end où les Français ont l'habitude de se retrouver. Donc il n'était pas question de compliquer les choses avec des afflux complémentaires aux stations-service. Le 15 novembre, ça permet de sortir progressivement de la ristourne carburant et donc ce sera le 15 novembre.
MARC FAUVELLE
Même avec des carburants à 2,50 euros d'ici là, la ristourne disparaîtra. Lentement. Les carburants ont pris 20 centimes en deux semaines là déjà.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Le prix du carburant a augmenté sous l'effet des difficultés d'approvisionnement, puisque vous avez des coûts logistiques qui ont augmenté, parce qu'on fait venir le carburant depuis plus loin.
MARC FAUVELLE
Vous voulez dire que ça va baisser mécaniquement quand la grève s'arrêtera ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Donc théoriquement la grève devrait avoir un effet de diminution du prix. Après il y a le cours du pétrole mondial, et ça nous nous adapterons nos réponses en fonction de ce cours du pétrole mondial, mais ça c'est une autre histoire.
SALHIA BRAKHLIA
Est-ce que c'est vrai, Agnès PANNIER-RUNACHER, qu'on a donc augmenté les importations de carburant et notamment de carburant russe ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors si vous voulez, on a augmenté les importations de carburant depuis la Belgique et en arrivée depuis le port de Rouen. Ça, c'est des marchés qui sont complètement fongibles. Le carburant, il vient de toutes les productions mondiales.
MARC FAUVELLE
Donc il est possible ou probable qu'aujourd'hui, quand on fait son plein, il n'y a pas d'embargo encore sur le pétrole russe, il y a probablement du pétrole russe dans nos voitures.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Marc FAUVELLE, je rappelle qu'il n'y a pas d'embargo sur le pétrole russe jusqu'au 31 décembre pour les produits non raffinés et deux mois plus tard pour les produits raffinés.
MARC FAUVELLE
Quelle est la part de pétrole russe dans notre consommation aujourd'hui ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Elle est très faible aujourd'hui puisque nous sommes un des pays qui étaient les moins dépendants du pétrole russe. On avait à peu près 20 % d'approvisionnement là où le reste de l'Europe était au-delà de 40 %, et TOTAL qui est le principal fournisseur de pétrole français s'est désengagé du pétrole russe depuis déjà le mois de mars dernier, de mémoire, ou avril. Donc il est très faible en France.
MARC FAUVELLE
Allez, après le pétrole le gaz. Vous allez accompagner Emmanuel MACRON demain et après-demain à Bruxelles pour le sommet européen. Comme pour les vaccins, l'Europe a décidé de procéder à des achats communs de gaz ; à partir de quand ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
À partir de l'année 2023 puisqu'il s'agit d'imposer aux États membres de reconstituer une partie de leurs stocks stratégiques sur la base de ces achats communs. C'est 15 % des stocks stratégiques qui devront être achetés en commun et ça, l'objectif est que ça a un impact sur le prix du gaz.
SALHIA BRAKHLIA
15 et pas plus ? Si le gaz est moins cher, pourquoi on en achète pas plus ensemble ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Parce qu'il y a des logiques aussi d'organisation. C'est-à-dire que les entreprises qui achètent aujourd'hui du gaz pour le compte des États ont leurs circuits d'approvisionnement qui sont souvent déjà contractualisés, et donc l'idée c'est sur la partie qui ne serait pas contractualisée d'avoir cet appui. C'est un complément. On va devoir aller chercher beaucoup plus de gaz puisque nous n'aurons plus l'appui du gaz russe pour nous fournir. Mais je veux dire ici qu'avec le président de la République, on veut aller plus loin. On veut aller plus loin parce qu'il nous semble que ce qui est proposé aujourd'hui par la Commission européenne n'est pas suffisant pour faire face à la situation du prix du gaz et du prix de l'électricité.
MARC FAUVELLE
La Commission européenne par exemple, qui a fait connaître sa décision hier soir, ne retient pas la proposition française de plafonner le prix du gaz lorsqu'il sert à produire de l'électricité. Ça fait des semaines qu'Emmanuel MACRON se bat là-dessus. Très clairement, Berlin a gagné.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je ne crois pas. Je crois que c'est une discussion qu'on va avoir.
MARC FAUVELLE
Ce n'est pas dans les propositions de la Commission.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est écrit de manière un peu plus lâche mais, je le redis, notre objectif – et ce n'est pas un objectif qui est propre à la France, c'est un objectif qui est soutenu aujourd'hui par 12 pays - c'est d'avoir un mécanisme qui permette de faire baisser le prix de l'électricité. De le faire baisser aujourd'hui et rapidement. Pas l'année prochaine.
SALHIA BRAKHLIA
Mais là, la Commission dit pas de plafonnement du gaz et, par conséquent, pas de pas gaz et électricité découplés aussi ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors vous savez Salhia BRAKHLIA, la Commission elle dit achats groupés obligatoires sur une partie.
SALHIA BRAKHLIA
Sur les 15 %.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça, c'est une proposition de la France depuis deux mois. La Commission, elle a rejoint les propositions de la France sur les stocks stratégiques, donc ça fait un certain temps que la France est à la manœuvre et obtient des bougées de la part de la Commission européenne. Donc nous allons continuer à agir et nous allons continuer à agir aussi au niveau national. C'est-à-dire nous ne laisserons pas nos industries tomber parce qu'il y a aujourd'hui un prix de l'électricité qui est trop élevé. Nous ne laisserons pas faire.
SALHIA BRAKHLIA
Mais vous n'avez toujours pas le plafonnement du prix du gaz. Pardon, je le répète parce qu'on n'arrive pas à savoir ce que vous pouvez avoir de plus demain. Pas de plafonnement du prix du gaz et pas de découplage d'électricité.
MARC FAUVELLE
Entre le prix de l'électricité et celui du gaz.
SALHIA BRAKHLIA
Ce qui fait que l'électricité est plus chère alors qu'on a 56 centrales.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je rappelle qu'aujourd'hui, Salhia BRAKHLIA, le prix du gaz a fortement diminué sur les marchés spot. Le prix du gaz a fortement diminué.
SALHIA BRAKHLIA
Mais il peut ré-augmenter.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, mais il a fortement diminué donc il est en dessous des niveaux où on aurait imaginé un plafonnement il y a quelques jours. S'agissant du marché de l'électricité, on va prendre nos responsabilités. Nous travaillons avec le président de la République et la Première ministre à un mécanisme pour les entreprises, pour les collectivités locales parce que nous ne laisserons pas faire cette situation où le prix de l'électricité perdure à des niveaux élevés.
SALHIA BRAKHLIA
C'est quoi le mécanisme ? Il est franco-français, il ne peut pas être européen ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est un mécanisme qui permettra de protéger nos entreprises d'un prix de l'électricité trop élevé. Nous sommes aujourd'hui au travail.
MARC FAUVELLE
Sans quitter le marché européen de l'énergie.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bien sûr que non. Bien sûr que non.
MARC FAUVELLE
Sans quitter le marché.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je rappelle que la France depuis le début de cette crise…
MARC FAUVELLE
Pardon, mais là je ne vous suis plus.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Marc FAUVELLE, la France depuis le début de cette crise a pris des mesures pour protéger.
MARC FAUVELLE
C'est le bouclier tarifaire notamment.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Nous avons pris des mesures pour protéger les ménages. Nous avons aujourd'hui des mesures qui protègent les très petites entreprises et les très petites collectivités locales.
MARC FAUVELLE
En gros, ça consiste à faire payer l'État pour l'instant.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ce sont les collectivités locales, les ménages, les très petites entreprises qui payent le prix de l'électricité, le prix du gaz - le prix de l'électricité, pardon - le moins élevé d'Europe. Le moins élevé d'Europe. Et nous allons continuer à agir pour nos entreprises, pour éviter qu'elles aient à subir un prix de l'électricité qui soit inaccessible pour continuer à travailler.
MARC FAUVELLE
Agnès PANNIER-RUNACHER, que se passera-t-il si la grève se poursuit pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines dans les centrales nucléaires ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors sur la grève dans les centrales, je veux d'abord dire une chose. C'est qu'hier quatre organisations syndicales ont signé un accord majoritaire dans la filière Énergie dont la CGT. Aujourd'hui démarrent les discussions bilatérales entre la direction d'EDF et ces organisations syndicales, et dans les jours qui viennent et dans les heures qui viennent la négociation va avoir lieu chez EDF.
MARC FAUVELLE
Quand on dit EDF, en vrai c'est l'Etat. 84 % du capital, c'est vous.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est une entreprise qui, aujourd'hui, a son autonomie de direction.
MARC FAUVELLE
Est-ce que oui ou non l'État, l'actionnaire principal, va accorder les 5 % d'augmentation que réclame la CGT ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors l'État n'a pas à s'immiscer dans la négociation d'une entreprise. En revanche, moi j'ai eu les organisations syndicales hier, j'ai eu tout cas une partie d'entre elles. Nous avons échangé avec la direction d'EDF. Ils rentrent dans cette négociation avec un esprit de responsabilité.
MARC FAUVELLE
Et du grain à moudre comme on dit.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Avec la volonté d'aboutir vite. Donc je n'ai aucune raison de ne pas faire confiance aux organisations syndicales et à la direction d'EDF pour conclure sur un accord qui soit équilibré.
MARC FAUVELLE
Agnès PANNIER-RUNACHER, ça fait des semaines que le gouvernement demande aux Français plus de sobriété dans leur consommation d'énergie. Est-ce que ça marche ? Est-ce qu'il y a déjà des effets qu'on arrive à mesurer ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors RTE, qui est notre expert, notamment énergétique, et qui assure le transport de l'électricité en France, a indiqué hier que la consommation d'électricité en France avait baissé de 5 %.
MARC FAUVELLE
Sans lien avec la météo...
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Corrigée des aléas climatiques, évidemment, puisque sinon, ça n'aurait pas beaucoup de sens, donc une baisse de 5 % sur l'électricité, une baisse à deux chiffres sur le gaz, hors consommation des centrales à gaz, puisque, pour protéger nos centrales nucléaires, et les avoir en force pendant l'hiver, nous utilisons nos centrales à gaz, hors centrales à gaz, nous avons une baisse de l'ordre de 14 % sur le gaz.
MARC FAUVELLE
Est-ce qu'il faut récompenser les Français qui jouent le jeu. TOTAL et ENGIE notamment ont annoncé qu'ils allaient donner un peu d'argent aux Français qui arrivent à réduire leur consommation d'électricité et de gaz, est-ce que vous souhaitez que ce soit généralisé ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, j'ai demandé aux fournisseurs d'énergie le 7 juillet dernier, effectivement, de mettre en place des tarifs qui permettent d'aller au-delà de la simple baisse de facture lorsqu'on fait des économies d'énergie, mais qui récompensent les Français qui font des économies d'énergie…
MARC FAUVELLE
Et ils vont tous le faire ou pas ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
EDF a fait des propositions, ce sont les tarifs... l'équivalent heures pleines/heures creuses…
MARC FAUVELLE
Tempo, c'est ça, les jours bleus, les jours rouges, etc., mais ça, ça existait déjà…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça existait déjà, mais on n'avait pas le droit de les promouvoir, donc aujourd'hui, ils sont revenus, et il y a un travail justement pour les représenter aux Français, ENGIE a fait des propositions, TOTAL a fait des propositions, d'autres petits fournisseurs font également des propositions, et je pense que les Français doivent être attentifs dans leur choix de contrat effectivement, à ce que s'ils sont en capacité de baisser leur consommation d'énergie, qu'ils choisissent le tarif qui permette de mieux le valoriser ; beaucoup de fournisseurs d'électricité aujourd'hui font des simulateurs pour voir si vous arrivez effectivement à activer ces leviers de baisse d'énergie, et donc de baisse de facture encore plus importante.
SALHIA BRAKHLIA
Agnès PANNIER-RUNACHER, le dispositif MaPrimeRénov' est critiqué très durement par la Défenseure des droits, Claire HEDON, elle l'estime trop complexe, trop lent, elle dit notamment que l'obligation de faire les démarches sur Internet est une rupture d'égalité, est-ce que vous allez revoir votre copie ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
En tout cas, j'ai lu le rapport de Claire HEDON avec beaucoup d'attention. Elle pointe un certain nombre de dysfonctionnements qui sont des dysfonctionnements inadmissibles, il faut y remédier, si on regarde ensuite la statistique, on traite près plus d'un million, l'ordre de 1,5 million de dossiers PrimeRénov', donc les chiffres qu'elle nous remonte sont relativement modestes par rapport à cet énorme volant de dossiers que nous traitons, mais ce n'est pas une raison pour accepter que quand quelqu'un par exemple cherche à faire son dossier MaPrimeRénov' n'y arrive pas, parce que ça ne fonctionne pas sur le site, lance les travaux, revient ensuite pour obtenir sa subvention, on lui dit : eh bien, vous êtes venu trop tard, alors qu'il avait cherché à s'inscrire plus tôt et qu'il en a la preuve, voilà. C'est ça que pointe Claire HEDON. Elle pointe aussi le besoin pour certains Français d'avoir un accompagnement, parce que tout le monde n'a pas accès à Internet, et donc c'est ce qu'on fait…
MARC FAUVELLE
Il y a une obligation aujourd'hui de passer par Internet…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
C'est ce qu'on fait aujourd'hui dans les maisons France Services, typiquement, vous avez un accueil humain qui vous permet de remplir vos dossiers pour faire un certain nombre de démarches administratives sur Internet. Mais, oui, Claire HEDON a raison de pointer ces dysfonctionnements, et moi, je souhaite que mon administration en tienne compte, et remédie à ces dysfonctionnements.
MARC FAUVELLE
Et améliore le système. Ça, c'est ce que dit la Défenseure des droits, la Cour des comptes également a épinglé MaPrimeRénov' en estimant que le dispositif finalement a très peu d'impact sur l'efficacité énergétique des logements. La Cour des comptes dit que l'an dernier, 2.500 logements rénovés seulement ont pu changer d'étiquette énergétique, passer de F à E par exemple, enfin, remonter d'un cran, c'est vrai, ça, 2.500 seulement ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, là, pour le coup, je ne partage pas l'avis de la Cour des comptes, puisque, nous, nous avons des évaluations qui montrent que 80.000 logements ont pu faire des économies importantes d'énergie, de l'ordre de 30 %. Et donc MaPrimeRénov'…
MARC FAUVELLE
La Cour des comptes se trompe ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je ne dis pas que la Cour des comptes se trompe, je dis précisément…
MARC FAUVELLE
Eh bien, si vous dites, c'est 80.000, ils disent 2.500, il y a un petit…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Marc FAUVELLE, je dis précisément que, elle se focalise sur un des dispositifs, qui est la rénovation globale, qui est MaPrimeRénov' Sérénité, donc certes, il y a 2.500 MaPrimeRénov' Sérénité, mais au-delà de ce dispositif, il y a le dispositif global MaPrimeRénov', qui, pour 80.000 logements, permet de faire des économies significatives d'énergie. Et donc il faut regarder cette vision un peu plus large, maintenant, notre objectif est de faire en sorte que nous ayons des économies encore plus impactantes, et une des pistes de travail, c'est de regarder si on ne peut pas conditionner les subventions à la réalité de la performance énergétique, après, puisque, un an, deux ans, trois ans après, de mesurer, de voir si effectivement on a obtenu la plénitude des économies qui étaient espérées.
SALHIA BRAKHLIA
A l'Assemblée nationale, la tension ne retombe pas après des jours de débats autour du budget, vous confirmez que le gouvernement, que la Première ministre va recourir au 49.3 aujourd'hui ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, je le redis, ça fait des jours et des nuits que nous travaillons, que nous discutons sur les bancs de l'Assemblée nationale, Bruno LE MAIRE, Gabriel ATTAL, pour porter ce projet de loi de finances. Donc nous faisons tout en sorte pour aboutir à un projet qui soit voté, sans passer par le 49.3. Après, on prendra nos responsabilités, c'est-à-dire que si ça ne fonctionne pas, on déclenchera le 49.3.
MARC FAUVELLE
Merci la droite qui ne votera pas la motion de censure de la Nupes ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Ça, c'est à la droite qu'il appartiendra de juger, si elle doit voter ou pas une motion de censure…
MARC FAUVELLE
C'est elle qui a votre sort, sort du gouvernement et de vous, ministre, entre les mains…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Encore une fois, moi, j'agis en responsabilité, le gouvernement agit en responsabilité, la Première ministre agit en responsabilité. Les Français auront un budget, ils auront un budget, et nous prendrons nos responsabilités pour avoir ce budget.
MARC FAUVELLE
Merci à vous, Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 20 octobre 2022