Interview de M. Stanislas Guerini, ministre de la transformation et de la fonction publiques, à CNews le 9 décembre 2022, sur les coupures d'électricité, l'énergie nucléaire, l'installation d'éoliennes, la laïcité, les questions de sécurité et la réforme des retraites.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : CNews

Texte intégral

ROMAIN DESARBRES
Stanislas GUERINI est avec nous, bonjour Monsieur le ministre.

STANISLAS GUERINI
Bonjour.

ROMAIN DESARBRES
Ministre de la Transformation et de la Fonction publiques. Beaucoup de thèmes évidemment à aborder avec vous, je voulais qu'on commence avec ce qui s'est passé dans Paris hier soir, des quartiers de la capitale entièrement privés d'électricité cette nuit à la suite d'un incident technique, ce n'était pas un délestage…

STANISLAS GUERINI
Non.

ROMAIN DESARBRES
Mais, mais, certains parisiens ont cru que les délestages avaient commencé, ça y est, ça a créé un petit peu de stress, est-ce que c'est le symbole du naufrage, ou en tout cas de l'échec de la communication du gouvernement ?

STANISLAS GUERINI
Non, je ne crois pas, je pense qu'il ne faut pas tout confondre, là vous me parlez d'un incident, si mes informations sont bonnes, qui a duré moins de 20 minutes à Paris, donc les coupures d'électricité, vous le savez très bien, ça a pu arriver dans le pays, et ça arrivera encore demain, donc ça n'a absolument rien à voir.

ROMAIN DESARBRES
Ça n'a rien à voir, mais on a entendu des Parisiens qui disaient "holà là, je ne sais pas, c'est les délestages, ce n'est pas les délestages ?"

STANISLAS GUERINI
Je prends votre question très directement, et je la comprends totalement, bien sûr qu'il y a une situation qui est difficile partout en Europe, sur les marchés de l'énergie, et singulièrement de l'électricité, maintenant je crois que ce qu'il faut dire avec beaucoup de clarté, c'est que nous avons les cartes en main. Et voyez, quand on compare les différentes informations, il y a eu une autre information hier, on est déjà au-delà de ce qu'on prévoyait en termes de réussite du plan de sobriété, on a lancé un grand plan de diminution de la consommation d'énergie, dans tous les secteurs de la société, on l'a fait aussi pour l'État, et on est déjà quasiment à -10 % de consommation, en dehors des conditions météo et des variables saisonnières.

ROMAIN DESARBRES
Pour les clients d'EDF.

STANISLAS GUERINI
Oui, très bien, c'est le cas, à 8 % je crois, -8 % pour l'ensemble de la consommation.

ROMAIN DESARBRES
Sur une semaine, sur le mois.

STANISLAS GUERINI
C'est très important, parce que moi je veux bien qu'on mette tout le temps la focale sur les difficultés, etc., c'est normal que le gouvernement se prépare, mais ce qu'il faut dire avec beaucoup de clarté c'est que nous pouvons réussir, et ce que nous faisons maintenant, dans les difficultés certes, en baissant la consommation d'énergie, ce sont des changements de consommation qui sont majeurs pour la suite et qui vont nous permettre de réussir, de réussir collectivement, donc de ça aussi on peut parler, d'autant plus que j'ai l'intime conviction qu'on peut réussir à passer ce moment difficile sans coupures, si on s'y met tous…

ROMAIN DESARBRES
On aurait pu l'éviter ce moment difficile.

STANISLAS GUERINI
Et si on fait des efforts quotidiens, certes exigeants, mais qui, je crois, ont un impact.

ROMAIN DESARBRES
Revenons quelques instants sur ce qui s'est passé hier dans la capitale, on est certain que ce n'est pas un acte de malveillance ?

STANISLAS GUERINI
Oui, enfin en tout cas ce sont les informations qu'ENEDIS a communiquées très rapidement, je pense qu'il n'y a pas de raison de croire que ce soit un acte malveillant.

ROMAIN DESARBRES
Vous vous réjouissez qu'on soit tous à devoir faire des efforts en termes de consommation d'électricité ?

STANISLAS GUERINI
Moi je ne me réjouis pas des difficultés sur le réseau électrique, elles sont dues à différents facteurs, qui peuvent météorologiques…

ROMAIN DESARBRES
Non, mais la baisse de la consommation électrique, c'est-à-dire que tout le monde est en train de…

STANISLAS GUERINI
De production, il faut se dire les choses de façon très transparente, d'énergie aussi, de production, mais nous avons besoin de, collectivement, baisser notre consommation d'énergie, et ça nous devons le faire, pour une raison de court terme, sur les difficultés d'approvisionnement, mais nous devons surtout le faire parce que c'est une nécessité pour la planète. Si on veut construire une société décarbonée à l'horizon 2050, ça passe par le développement des énergies renouvelables, ça passe par le nucléaire, mais ça passe aussi par la sobriété énergétique.

ROMAIN DESARBRES
Excusez-moi, pour la planète, le nucléaire ne recrache pas de CO2, ça réchauffe absolument…

STANISLAS GUERINI
Oui, vous avez bien raison, c'est la raison pour laquelle on investit massivement dans le nucléaire, on développe aussi les énergies renouvelables, il faut que ça aille plus vite dans notre pays, c'est très clair, c'est ce qu'on est en train de faire, notamment à l'Assemblée nationale, mais aussi la baisse de la consommation d'énergie, évidement ça doit faire partie de la stratégie.

ROMAIN DESARBRES
Oui. La semaine dernière à votre place, Karl OLIVE, député de la majorité, comme vous, disait…

STANISLAS GUERINI
Excellent député de la majorité.

ROMAIN DESARBRES
Disons-le clairement, c'est ce qu'il disait, il disait ça a été une erreur de fermer Fessenheim, vous êtes d'accord avec lui ou pas ?

STANISLAS GUERINI
Écoutez, moi je… sincèrement, si nous refaisons le match maintenant, de décisions qui ont été prises, non pas dans le premier quinquennat d'Emmanuel MACRON, mais dans le quinquennat encore avant, je pense que nous n'avancerons pas sur…

ROMAIN DESARBRES
Réalisées par le quinquennat d'Emmanuel MACRON, décidées avant.

STANISLAS GUERINI
Oui, bien sûr, sûr, exactement…

ROMAIN DESARBRES
Sous la pression des écologistes.

STANISLAS GUERINI
Vous avez raison de le dire comme ça ; ce n'est pas aujourd'hui Fessenheim qui aurait changé la donne sur la situation énergétique qui est la nôtre, la réalité c'est qu'il y a des opérations de maintenance dans les centrales nucléaires…il y a des difficultés, il faut se dire les choses avec beaucoup de transparence, sur le parc nucléaire, c'est un enjeu considérable pour l'opérateur, les pouvoirs publics ont leur responsabilité aussi, et nous avançons avec l'opérateur sur cette question-là, mais ne faisons pas croire aux Français que c'est la question de Fessenheim qui aurait aujourd'hui…

ROMAIN DESARBRES
C'est symbolique.

STANISLAS GUERINI
Changé la donne.

ROMAIN DESARBRES
C'est symbolique.

STANISLAS GUERINI
Oui mais, la politique nucléaire elle est extrêmement claire. Nous nous pensons qu'il faut investir dans le nucléaire…

ROMAIN DESARBRES
Elle l'est devenue, elle ne l'a pas été au début du quinquennat.

STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas totalement consensuel en Europe et dans le monde, et nous menons aussi cette bataille-là, mais nous avancerons, disons-le très clairement, en matière de production d'énergie, sur nos deux jambes, les énergies renouvelables elles sont fondamentales, nous n'y arriverons pas si nous n'accélérons pas très fortement sur les énergies renouvelables, on a besoin d'aller plus vite, on ne peut pas attendre 12 ans pour installer un parc éolien offshore par exemple, pour multiplier le solaire, mais aussi avancer sur le nucléaire.

ROMAIN DESARBRES
Il y a une forte hostilité des habitants sur l'offshore et sur l'installation d'éoliennes…

STANISLAS GUERINI
Davantage, je crois, sur l'éolien terrestre, ça nécessite beaucoup de concertation, dans les discussions qui sont en cours il faut donner la place aux élus locaux, elle doit être centrale, mais moi je veux le dire, avec clarté…

ROMAIN DESARBRES
Eh ben non, la place aux élus locaux, non, vous ne voulez justement pas donner la parole aux élus locaux, puisque les maires n'ont pas le droit de veto.

STANISLAS GUERINI
Mais bien sûr que si, il faut distinguer ce qu'est le droit de veto in fine et une place, très centrale, dans la concertation, en amont, parce que les projets qui posent des problèmes, c'est souvent quand il y a eu des difficultés dans la tenue du débat public en amont, et donc si on prépare mieux les projets, si on concerte plus tôt, et on associe mieux les citoyens, en amont de l'installation des éoliennes, les choses se passent mieux. Mais là aussi pour vous répondre avec beaucoup de franchise et de clarté, moi je suis favorable à l'éolien en France et je ne crois pas ceux qui nous disent que nous pourrons réussir sans éolien dans le pays, je suis favorable à ce qu'on accélère très fortement sur l'éolien offshore, c'est une réponse importante pour les enjeux de production d'énergie que nous avons devant nous.

ROMAIN DESARBRES
Vous êtes ministre de la fonction publique, vous avez un plan en cas de coupures dans la fonction publique ?

STANISLAS GUERINI
Bien sûr que nous nous préparons, et il faut le dire avec là aussi clarté, les services publics, les services publics essentiels, seront bien entendu toujours maintenus, je pense aux soignants…

ROMAIN DESARBRES
Qu'est-ce qui sera prioritaire et qu'est-ce qui le ne sera pas ?

STANISLAS GUERINI
Je pense aux policiers, je pense aux pompiers, tout ce qui permet d'assurer la sécurité des Français, au quotidien, ne jouons pas, je l'ai trop entendu ces derniers jours, avec les peurs de nos concitoyen, tout ça ça sera absolument maintenue, dans tous les cas de figure…

ROMAIN DESARBRES
Le gouvernement a mal communiqué au début ?

STANISLAS GUERINI
Je ne crois pas, très sincèrement, je pense que la responsabilité du gouvernement c'est de préparer tous les scénarios, y compris les scénarios les plus difficiles, et c'est parce que l'on prépare tous les scénarios qu'on peut aussi les éviter. Mais je veux vraiment insister, ce matin avec vous, sur un point, nous avons les cartes, et quand je dis "nous" c'est l'État, parce qu'il fait des efforts très importants, les grandes entreprises, parce que, évidemment, elles ont un rôle aussi important sur la consommation d'électricité, et l'ensemble de nos concitoyens. Moi j'ai toujours pensé que si on voulait demander des efforts aux Français il fallait d'abord être crédibles nous-mêmes, c'est pour ça que j'ai lancé ce plan de sobriété pour l'État, on est en train de réussir, qu'on sera allé d'ailleurs plus loin même que les efforts demandés à nos concitoyens, s'il y a des alertes EcoWatt rouges on baissera encore la température dans les bâtiments publics, pour réussir…

ROMAIN DESARBRES
Mais on en est quand même, en France, à se dire qu'il faut baisser notre consommation d'électricité pour passer l'hiver sans problème, ça attriste certains Français qui se disent "mais on est tombé bien bas."

STANISLAS GUERINI
Mais tous les pays européens rencontrent des difficultés sur la consommation énergétique…

ROMAIN DESARBRES
Mais vous parliez de cartes en main, on les avait les cartes en main avec les réacteurs, beaucoup sont à l'arrêt, et on le va passer difficilement…

STANISLAS GUERINI
Mais voyez, il y a quelques semaines, on parlait des difficultés sur le gaz, en fonction, notamment, de la situation internationale et de la situation avec la Russie, eh bien les réservoirs, les réserves de gaz sont remplies, certains nous disaient que nous n'y arriverons pas, que tout ça n'était pas possible, donc avançons, avançons collectivement, je pense que ça passe par un discours de franchise, de clarté, mais sincèrement ne regardons pas en France ce qui coince, ce qui bloque - et il y a des difficultés - mais ce que nous pouvons faire, et je crois que nous sommes en train de franchir des étapes qui méritent d'être saluées aussi.

ROMAIN DESARBRES
Monsieur le ministre, je veux vous entendre également, si vous l'acceptez bien sûr, sur la laïcité.

STANISLAS GUERINI
Je l'accepte, évidemment.

ROMAIN DESARBRES
Il y a 117 ans la loi de séparation des Églises et de l'État était promulguée, la loi de 1905, l'IFOP sort une enquête, une grande enquête, très détaillée, que vous avez probablement eue en main – sur l'école, plus particulièrement sur l'école – 56 % des professeurs du public s'autocensurent pour éviter des incidents sur les questions de religion, ils n'étaient que 36 %, donc 20 points de moins, avant l'assassinat du professeur martyr Samuel PATY. Qu'est-ce que ça vous inspire comme commentaire, et est-ce que ça vous attriste, est-ce que ça vous inquiète ?

STANISLAS GUERINI
D'abord, le premier commentaire c'est un rappel, de dire que la laïcité ce n'est pas une opinion, ce n'est même pas une valeur, c'est un principe constitutionnel, et donc qu'il mérite d'être défendu, pas débattu, défendu, et défendu au quotidien, c'est pour ça qu'il faut protéger – voyez, moi le premier enseignement que je tire des chiffres que vous donnez là…

ROMAIN DESARBRES
C'est l'IFOP qui les donne.

STANISLAS GUERINI
Il y a parfois de l'inquiétude les agents publics, sur leurs capacités à faire appliquer le principe de laïcité, c'est pour ça que nous avons considérablement renforcés nos moyens de protection fonctionnelle, je veux le dire ce matin, à la télévision, à l'ensemble des agents publics, à chaque fois qu'ils seront menacés, inquiétés, notamment sur les principes républicains et de laïcité, ils seront protégés. Il y a une obligation publique pour tous les employeurs publics à protéger le plus rapidement, immédiatement, les agents de la fonction publique, et je veux dire aussi que…

ROMAIN DESARBRES
Sauf que ce chiffre vous contredit Monsieur le ministre, c'est-à-dire qu'il y a 20 points de plus, il y a des professeurs qui s'autocensurent.

STANISLAS GUERINI
Ça montre qu'il y a un travail au quotidien à mener, ça montre qu'il faut investir considérablement dans les moyens de formation, c'est ce que nous faisons…

ROMAIN DESARBRES
Qu'il y ait une volonté politique, vous en parlez très bien, mais dans la réalité, sur le terrain ?

STANISLAS GUERINI
Disons les choses clairement, il faut avancer, là aussi, sur nos deux jambes, il faut protéger. Nous avons créé justement un délit, dans la loi, c'était la loi de 2021, pour dire que tout agent public qui est menacé, la personne qui commet cela est passible de cinq ans de prison, donc nous devons renforcer nos armes, mais nous devons aussi avancer sur la jambe de la formation, de l'accompagnement, dans la fonction publique nous avons déployé déjà 2000 référents pour les questions de laïcité, formé 170.000 agents de la fonction publique, nous formerons l'ensemble des agents publics d'ici 2025, c'est l'engagement que j'ai pris, que je suis, avec l'ensemble des référents laïcité, nous déployons des outils pour mieux les accompagner au quotidien. Vous savez, la laïcité ça ne doit pas être un grand débat sur la ligne, c'est une question d'application au quotidien. Je me rendrai tout à l'heure dans le Val-de-Marne, à Créteil notamment, à Villiers, pour rencontrer des Atsem, des jeunes, qui sont des engagés du Service civique, justement dans le quotidien pour accompagner les agents, eh bien j'irai à leur rencontre parce que nous les formons, nous les accompagnons, et je crois qu'on doit apporter des réponses à toutes ces questions du quotidien, parfois à toutes ces atteintes quotidiennes, à la laïcité, qui peuvent se passer à l'hôpital, qui peuvent se passer dans nos écoles, vous le mentionniez tout à l'heure, pour justement donner les outils à chacun pour faire vivre ce principe constitutionnel.

ROMAIN DESARBRES
Parce qu'on entend le discours à Paris, le discours du ministre, c'est formidable, et c'est bien, et c'est une volonté politique…

STANISLAS GUERINI
Pardon, ce n'est pas un discours à Paris, je me permets de vous couper. Quand on dit qu'on forme tous les agents de la fonction publique, ce n'est évidemment pas les agents publics parisiens que nous formons, c'est les agents publics partout sur le territoire, c'est à l'école, mon collègue Pap NDIAYE est extrêmement engagé sur ces questions-là. Vous savez, Jean-Michel BLANQUER avait mis à un principe, un peu informel, qui consistait à dire "pas de vagues. Surtout, quand il y a un incident, mettons-le sous le tapis", eh bien tout cela c'est fini, c'est l'engagement, c'est l'engagement réitéré du ministre de l'Éducation nationale, notamment en ce qui concerne les écoles, il a décidé d'être le plus clair possible, tous les mois de publier les chiffres sur les atteintes à la laïcité, parce que je crois que ce n'est pas en regardant ailleurs qu'on réglera ces problèmes-là et Dieu sait qu'ils sont importants, il faut les faire avancer.

ROMAIN DESARBRES
Parce que quand il y a des soucis, souvent, on exfiltre le professeur, et on laisse l'élève.

STANISLAS GUERINI
Il faut d'abord protéger les agents publics. Moi je vous le dis, avec la plus grande fermeté, avec la plus grande clarté, celles et ceux qui inquiètent nos professeurs, mais aussi une soignants, nos policiers, les agents qui sont derrière les guichets, eh bien nous ne les lâchons pas, nous avons créé un délit pour cela, dans la loi, passible de peines, d'emprisonnement, d'amende, il faut les faire appliquer.

ROMAIN DESARBRES
Il y a énormément de choses à voir avec vous. Je voulais parler avec vous de ce qui se passe dans la capitale, vous avez été élu parisien…

STANISLAS GUERINI
Je suis élu parisien.

ROMAIN DESARBRES
Vous êtes élu parisien, ministre et élu parisien, dans Paris des élèves sont escortés par des policiers pour aller à l'école, on en a parlé hier matin sur CNews, d'autres médias ont suivi, il s'agit de les protéger des agressions de consommateurs de crack. Comment en est-on arrivé là ?

STANISLAS GUERINI
Ce n'est d'abord pas une situation qui est nouvelle, c'est évidemment extrêmement choquant…

ROMAIN DESARBRES
Justement, c'est parce que ce n'est pas nouveau que c'est d'autant plus choquant.

STANISLAS GUERINI
De voir des jeunes enfants accompagnés à l'école par des policiers, des policiers municipaux. Je dis ça, ils ont raison de le faire, si jamais il y a de l'inquiétude sur le trajet de ces enfants-là, mais ce n'est pas une situation que nous pouvons durablement accepter, c'est l'évidence. Donc c'est la raison pour laquelle il y a un engagement très fort, très fort de l'État, très fort du préfet de police, là aussi, je le dis clairement, en lien avec les élus, avec les élus locaux, en l'occurrence du 18e arrondissement, où je suis moi-même aussi élu…

ROMAIN DESARBRES
Non mais, vous l'avez dit vous-même, ça dure depuis longtemps…

STANISLAS GUERINI
Il faut avancer sur nos deux jambes, une jambe sécuritaire, il y a eu des moyens considérables qui ont été déployés, des interpellations très nombreuses, des éloignements, il y a eu 250 trafiquants qui ont été interpellés, certains, d'origine étrangère, ont d'ailleurs été renvoyés dans leur pays, et puis il y a une jambe sociale…

ROMAIN DESARBRES
Beaucoup d'Afrique de l'Ouest.

STANISLAS GUERINI
Il y a une jambe d'accompagnement social, parce que les gens qui consomment du crack sont des gens qui sont malades, et donc je crois qu'il ne faut pas opposer la réponse sécuritaire à la réponse sociale, elle doit être évidemment en partenariat très très fort entre l'État, la police nationale, les élus, la police municipale et les services sociaux, pour accompagner, il n'y a pas de réponse simple et de baguette magique pour régler cette question-là.

ROMAIN DESARBRES
Vous avez promis d'être très clair et transparent ce matin…

STANISLAS GUERINI
J'essaye de l'être.

ROMAIN DESARBRES
Est-ce que vous accepteriez ça en bas de chez vous ?

STANISLAS GUERINI
Non, bien sûr, je n'accepterai pas l'idée que…

ROMAIN DESARBRES
Alors je continue, est-ce que ça durerait depuis longtemps si c'était en bas de chez un ministre ?

STANISLAS GUERINI
Je crois que ce n'est pas la question, vraiment, très sincèrement…

ROMAIN DESARBRES
C'en est une que se posent certains parisiens, ça dure depuis longtemps.

STANISLAS GUERINI
Non, non, non, je ne peux pas laisser penser ça, il y a un engagement extrêmement fort de la part de l'État sur ces questions-là, un engagement policier, répété, sur la durée, le ministre de l'Intérieur en a fait un axe absolument prioritaire, avec le préfet de police de Paris…

ROMAIN DESARBRES
Laurent NUNEZ.

STANISLAS GUERINI
Laurent NUNEZ, qui s'engage extrêmement activement sur cette question, pas parce que c'est dans tel ou tel quartier de Paris, pas parce qu'on se trouve sous les fenêtres de telle ou telle personnalité, non, parce qu'il faut accompagner les Parisiennes et les Parisiens, cette situation est insupportable, elle n'a que trop duré, mais l'action elle doit être menée à la fois au quotidien, et surtout elle doit être tenue dans la durée, à la fois sur l'aspect sécuritaire, sur l'aspect d'accompagnement social, et médical aussi, parce que ça fait partie des solutions qu'il faut déployer…

ROMAIN DESARBRES
Sauf que ça ne fonctionne pas.

STANISLAS GUERINI
C'est la seule condition pour réussir à régler ce problème.

ROMAIN DESARBRES
Sauf que ça ne fonctionne pas, puisque vous l'avez dit en introduction, vous avez dit que ça dure depuis longtemps.

STANISLAS GUERINI
Il y avait des points de concentration qui étaient extrêmement importants, ils étaient connus à Paris, ils ont justement été dissous, mais maintenant nous devons continuer notre action dans la durée, parce que cette situation, je le dis, elle est absolument insupportable et elle ne peut pas durer sur le long terme.

ROMAIN DESARBRES
Stanislas GUERINI, une dernière question sur les retraites, alors ce n'est pas un petit sujet, c'est un gros sujet…

STANISLAS GUERINI
Pour une dernière question c'est un sujet très important.

ROMAIN DESARBRES
C'est un sujet très important, mais bon ! La réforme des retraites, dîner à l'Élysée mercredi soir, on reste sur un départ à 65 ans, un âge légal de départ à 65 ans, c'est ce que le gouvernement va proposer ?

STANISLAS GUERINI
Je vais vous répondre très clairement, puisque c'est l'engagement pris par le président de la République pendant l'élection présidentielle, travailler globalement plus longtemps pour préserver notre modèle de retraite, mais aussi pouvoir l'améliorer, sur des questions extrêmement importantes, je pense à la pénibilité, à l'aménagement des fins de carrière, à la question des carrières longues, à la prise en compte des retraites pour les agents de la fonction publique aussi, puisque c'est ce dossier dont moi j'ai la charge, eh bien nous allons avancer, là aussi, dans l'intérêt des Français et dans l'intérêt de la protection de notre modèle social.

ROMAIN DESARBRES
C'est vrai qu'Emmanuel MACRON a été réélu avec ce programme, en disant "avec moi…"

STANISLAS GUERINI
De façon extrêmement claire.

ROMAIN DESARBRES
"On repoussera l'âge légal…"

STANISLAS GUERINI
Je pense que c'est le mandat démocratique…

ROMAIN DESARBRES
"De départ à la retraite à 65 ans."

STANISLAS GUERINI
Que le président de la République a reçu et que nous avons collectivement avec lui reçu, notamment en menant nos campagnes législatives.

ROMAIN DESARBRES
Ça pourrait passer par un 49.3 ?

STANISLAS GUERINI
Ce n'est pas le but, je vous réponds de façon très claire…

ROMAIN DESARBRES
Donc vous me dites, oui c'est possible.

STANISLAS GUERINI
C'est toujours possible, parce que c'est institutionnellement possible, mais je crois que le but c'est de convaincre, je pense que nous avons la capacité de convaincre, moi j'attends, quand le projet sera présenté, de voir ce que nos oppositions diront, certains avaient pris eux-mêmes des engagements, dans une direction assez similaire, d'augmenter la durée du travail, nous verrons à ce moment-là quelles seront les positions, la responsabilité des différentes forces politiques dans le pays.

ROMAIN DESARBRES
Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, merci Monsieur le ministre d'être venu ce matin sur le plateau de la "La Matinale", bonne journée à vous.

STANISLAS GUERINI
Merci.


Source : Service d'information du Gouvernement, le 12 décembre 2022