Texte intégral
CLÉMENT LHUILLIER
Bonjour Agnès PANNIER-RUNACHER.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonjour Clément LHUILLIER.
CLÉMENT LHUILLIER
Merci d'être avec nous sur France Bleu Lorraine ce matin. Vous êtes à Metz pour la concertation nationale sur le mix énergétique, ce matin, à partir de 10h00, c'est au Centre des congrès Robert Schuman. Dernière des 11 réunions publiques organisées dans le cadre de cette concertation nationale. Agnès PANNIER-RUNACHER, quel est le but de cette concertation, sachant qu'Emmanuel MACRON, dans ses différents derniers discours sur l'avenir énergétique de la France, a déjà lui-même tracé la voie. Quel est le sens de cet avis que vous demandez aux Français aujourd'hui ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Le président de la République, il a donné sa vision de la politique énergétique de ces prochaines années. C'est une proposition, elle sera débattue à l'Assemblée nationale, avec un niveau de détail plus approfondi, puisqu'il a donné une voie générale, il faut faire des économies d'énergie, il faut faire plus de renouvelable, il faut relancer un programme nucléaire. L'enjeu de cette concertation, c'est précisément de faire dire aux Français comment ils voient ces enjeux, jusqu'où ils estiment qu'on peut aller en matière d'économies d'énergie et en particulier de sobriété, puisque ça nous concerne tous dans nos comportements. Quel mix énergétique veut-on ? Il faut savoir que 2/3 de notre énergie aujourd'hui est fossile, c'est beaucoup de pétrole, de carburant pour les voitures, de fuel encore, de gaz évidemment pour se chauffe. Par quoi remplace-t-on ce carburant et ce gaz, et là encore quelle part de renouvelable, dans le renouvelable quelle part d'éolien terrestre, d'éolien marin, de photovoltaïque, quelle part de nucléaire ? Ce sont ces questions sur lesquelles nous voulons entendre les Français, parce que ça les concerne au premier chef. Et puis, troisième question, comment on finance ces efforts, comment on les réparti, et là encore c'est une question centrale, puisqu'on sait que la transition doit être juste pour qu'elle soit socialement supportable et acceptable. On va particulièrement interroger les jeunes, ce sont eux qui sont concernés, les 18/35 ans, par les conséquences des décisions que nous prenons aujourd'hui, en matière de lutte contre le réchauffement climatique, et ça nous apparaît important qu'ils puissent avoir une expression propre, et pour cela nous les interrogeons aujourd'hui en rassemblant des étudiants de différentes écoles et universités, et puis en janvier nous ferons un Forum spécial pour les jeunes, 200 jeunes tirés au sort de toute la France, notamment de Grand-est, pour donner leur opinion en 4 jours de travail intense, et je crois que ce sera des visions roboratives, qui seront ensuite transmis au Parlement, transmis aux partenaires sociaux et aux grandes associations, pour qu'on puisse travailler sur cette base-là et écouter ce qui nous aura été dit.
CLÉMENT LHUILLIER
Agnès PANNIER-RUNACHER, en matière de mix énergétique, on est plein dedans en Moselle, nous avons la centrale de Cattenom, dont seulement deux réacteurs fonctionnent actuellement sur quatre, et puis la centrale à charbon de Saint-Avold qu'il a fallu redémarrer cet hiver. On ne peut pas s'empêcher de se dire que du point de vue la neutralité carbone, on en est encore loin.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Oui, tout à fait, ça montre bien le combat que nous devons mener, c'est-à-dire qu'il faut à la fois avoir de l'énergie disponible, alors que 40 % du gaz fourni à l'Europe est d'origine russe et que cette fourniture est en train de se tarir, 17 % en France, mais c'est quand même beaucoup, et de l'autre… Donc, dans l'immédiat nous devons être prêts à chauffer et fournir de l'électricité aux Français, d'où le redémarrage de la centrale de Saint-Avold, et dans le même temps on ne peut pas retarder la lutte contre le réchauffement climatique, c'est pour cette raison que chaque tonne de CO2 émis par la centrale de Saint-Avold, sera compensé sur le territoire de Grand-est, c'est un engagement législatif et c'est un engagement qu'a pris l'opérateur et…
CLÉMENT LHUILLIER
Compensé de quelle manière ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Compensé par des projets de capture carbone, qui permettront de limiter le bilan carbone de la centrale, de le remettre en neutralité par rapport à ce qu'il est, et donc ça veut dire financer des projets qui compensent ces émissions de carbone dans la…
CLÉMENT LHUILLIER
Et ça voudrait dire que vous ne vous interdisez pas de la redémarrer d'autres hivers ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Non. Il est très clair que dans la programmation pluriannuelle de l'énergie, la position française est une sortie la plus rapide possible du charbon. Ça c'est très clair. S'agissant de Saint-Avold, il est trop tôt pour dire ce que nous aurons à faire en 23/24, puisque moi j'attends d'avoir les scénarios de notre expert des réseaux électriques et énergétiques RTE, pour tracer la situation, situation de disponibilité des réacteurs nucléaires, situation de disponibilité hydraulique, situation de tension sur le marché international en matière de production électrique venant de nos voisins, en particulier de l'Allemagne, s'agissant de Grand-est pour prendre une décision éventuelle de prolongation d'un an. Mais on sait très bien que nous serons sortis des centrales à charbon avant la fin de la décennie. Ça c'est un engagement qui est ferme, et on ne peut pas ne pas l'appliquer.
CLÉMENT LHUILLIER
Agnès PANNIER-RUNACHER, je le disais, deux réacteurs de la centrale de Cattenom sont à l'arrêt actuellement, sur quatre, ça prouve aussi un peu notre vulnérabilité de ce point de vue de l'énergie nucléaire ?
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Alors, je dirais que nous faisons face à plusieurs choses en matière de réacteurs nucléaires. La première chose c'est que nos réacteurs ont plus de 40 ans, et lorsqu'un réacteur à plus de 40 ans, il doit passer une visite de maintenance extrêmement rigoureuse, où du sol au plafond on va vérifier que tous les équipements de la centrale nucléaire sont capables de durer 10 ans supplémentaires. Et cette visite est d'autant plus rigoureuse que nous avons tiré tous les enseignements de l'incident de Fukushima, et que nous avons très fortement rehaussé les niveaux de sécurité de nos centrales nucléaires. Donc ça prend du temps, c'était prévisible il y a 40 ans qu'il y aurait une visite décennale à 40 ans, d'ailleurs nos centrales initialement avaient été construites pour 40 ans, donc c'est une prolongation de vie des centrales, et ça c'était prévisible. Et puis vous avez deux éléments qui sont, je dirais plus conjoncturels, d'abord la Covid qui a retardé certaines maintenances, puisque pendant 2 ans nous n'avons pas pu avoir un programme de maintenance comme nous l'aurions souhaité, donc ça fait un effet d'embouteillage des maintenances sur nos réacteurs nucléaires. Et un autre élément qui est la détection de corrosion dans certaines tuyauteries, que nous sommes en train de réparer, et ça c'est un élément nouveau. La bonne nouvelle c'est qu'on sait réparer, mais effectivement ça fait des travaux supplémentaires dans ce calendrier de maintenance.
CLÉMENT LHUILLIER
Merci…
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Je veux quand même rassurer les Français, nous avons aujourd'hui reconnecté sur les 32 réacteurs nucléaires qui ne fonctionnaient pas, presque 20 réacteurs, et donc nous continuons à travailler en ce sens.
CLÉMENT LHUILLIER
Merci Agnès PANNIER-RUNACHER, ministre de la Transition énergétique, à Metz ce matin pour la Concertation nationale sur le mix énergétique, et avant cela, invitée de France Bleu Lorraine. Bonne journée à vous.
AGNÈS PANNIER-RUNACHER
Bonne journée à vous, merci beaucoup.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 6 janvier 2023