Texte intégral
La ministre déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, Isabelle ROME, est en visite chez nous dans le département Gironde depuis hier, à quelques jours de la présentation d’un plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations.
MARIE ROUARCH
Bonjour Isabelle ROME.
ISABELLE ROME
Bonjour.
MARIE ROUARCH
Avant de parler de ce plan qui sera donc présenté fin janvier, un mot de la mort de Lucas, un collégien de 13 ans qui s’est suicidé samedi dernier dans les Vosges. Sa famille affirme qu’il était harcelé du fait de son homosexualité. Le mot qui nous vient ce matin c’est encore, encore un drame du harcèlement scolaire.
ISABELLE ROME
Déjà, le suicide d’un jeune adolescent comme Lucas, c’est insupportable. Et je pense évidemment très fort à sa famille. Il faut que la Justice fasse vraiment la lumière sur ce drame et le contexte d’homophobie qui peut être présent justement dans ce suicide. Et puis, je rappelle tout de même que la lutte contre le harcèlement scolaire est une priorité du Président de la République. Donc, voilà, nous allons faire beaucoup. Et puis aussi, bien sûr, la lutte contre l’homophobie et qui fait aussi partie des grandes actions de mon ministère.
MARIE ROUARCH
Justement, sur ce sujet, on a entendu ce matin sur France Bleu Gironde, Nora FRAISSE, la maman de la petite Marion qui s’est suicidée il y a dix ans, qui se mobilise depuis dix ans contre le harcèlement scolaire. Elle nous dit « le bla bla, je n’en peux plus. On ne combat pas sans armée. Et on ne met pas assez de moyens contre le harcèlement scolaire. » Qu’est-ce que vous lui répondez ce matin ?
ISABELLE ROME
Je pense que si des moyens sont mis, des actions sont faites un peu partout sur le terrain, mais que… Voilà, il faut aller toujours plus loin et c’est vraiment notre objectif.
MARIE ROUARCH
Isabelle ROME, vous allez présenter dans quelques jours un plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. Pour le dire en entier, quelles sont les grandes lignes de ce plan ? Quels sont ses objectifs ?
ISABELLE ROME
Alors, l’objectif déjà, c’était d’ajouter les discriminations. Puisqu’il existait des plans nationaux donc de lutte contre le racisme - antisémitisme. Et j’ai souhaité ajouter les discriminations parce que c’est une manifestation aussi très concrète que peuvent être le racisme – antisémitisme. Donc, on peut parler par exemple des discriminations au logement, des discriminations à l’embauche dues aux origines. Donc, c’était vraiment une volonté importante. Et en fait, ce plan, il a trois grandes directions. D’abord, il faut vraiment oser nommer les choses, les qualifier, c'est-à-dire que, oui, dans notre pays, il existe encore de racisme, de l'antisémitisme, des discriminations. Il est important donc d’en être bien conscient, de dire que c'est interdit, que ce sont des délits, par exemple. Et puis aussi, il faut les mesurer c'est-à-dire qu'il faut se rendre compte de, où on en est, que ce soit dans les administrations, dans les entreprises, au sein d’une société.
MARIE ROUARCH
Faire un état des lieux.
ISABELLE ROME
Voilà. Et puis ensuite, corriger. Une fois qu'on a affirmé, mesuré, il faut corriger. Et cela passe, bien sûr, par traiter le mal à la racine. Et traiter le mal à la racine c’est lutter, par exemple, contre les préjugés. Donc ça veut dire éduquer les enfants, donc bien sûr un axe sur l'éducation. Former aussi tous les acteurs de terrain à ces questions. Et puis donc, bien sûr, pour corriger, c'est tout aussi le rôle du droit, le rôle de la Justice, le rôle de la sanction. Et donc, ça veut dire aussi qu'il ne faut rien laisser passer lorsque la ligne rouge est franchie. Ensuite aussi, accompagner les victimes ; par exemple, pour aller en Justice mais aussi pour les soutenir lorsqu’ils en ont besoin.
MARIE ROUARCH
Ça veut dire que dans ce plan, on peut imaginer un durcissement des sanctions contre les auteurs d'actes racistes ou antisémites ?
ISABELLE ROME
Alors, durcissement pas nécessairement ; une répression plus forte. Mais par exemple certaines circonstances liées à la commission de l'infraction qui peuvent être un peu plus fermes. Et puis voilà, des manières aussi de pouvoir interpeller les personnes peut-être plus largement. Voilà, je ne peux pas trop dévoiler.
MARIE ROUARCH
Les dispositions concrètes, vous ne pouvez pas les dévoiler encore ?
ISABELLE ROME
Non, je ne peux pas les dévoiler puisqu’en fait, le plan, je vais l'annoncer, le présenter le 30 janvier, donc en compagnie d'autres ministres. Je précise que nous sommes quinze ministres à avoir travaillé sur ce plan, donc on voit bien qu'il y aura des mesures très diverses et très larges, très variées. Je précise aussi qu’il y a eu 35 associations que j'ai mises autour de la table ; justement, parce que c'est un sujet qui nous concerne toutes et tous. Et puis, qui doit être justement traité dans la concertation, dans une forme de co-construction. Voilà, pour moi, c'était extrêmement important.
MARIE ROUARCH
Isabelle ROME, est-ce qu'un nouveau plan contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ; est-ce que ce n’est pas un plan de plus, et une forme de constat d'échec des précédents ?
ISABELLE ROME
Alors, on dit toujours que c'est un plan plus oui. Alors, sauf que celui-là, comme je vous l’ai dit déjà : il vise aussi les discriminations et surtout, il est extrêmement concret et avec des mesures qui seront accompagnées d'indicateurs, de suivi, d'objectifs et c'est un plan sur quatre ans. Et j'aurais aussi à coeur de faire un comité de suivi de ce plan, de le réunir tous les trois mois et puis aussi tous les six mois de manière plus large. Et aussi avec le ministre de l'Intérieur, nous allons aussi demander aux préfets de réunir régulièrement les CORA (les Comités organisationnels de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l’homophobie) justement pour décliner, de manière efficace et pragmatique, ce plan dans les départements.
MARIE ROUARCH
Pour que les mesures concrètes s'appliquent sur le terrain.
ISABELLE ROME
Voilà. Parce que je pense que la méthode, justement dans un plan comme celui-ci, elle est extrêmement importante. Si on veut être efficace, il faut justement suivre et s'assurer de la mise en oeuvre effective des mesures.
MARIE ROUARCH
Merci beaucoup Isabelle ROME, ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes, de la diversité et de l'égalité des chances. Merci d'avoir été en direct avec nous ce matin.
ISABELLE ROME
Merci à vous.
Source : Service d’information du Gouvernement, le 13 janvier 2023