Texte intégral
APOLLINE DE MALHERBE
Bonjour Bruno LE MAIRE.
BRUNO LE MAIRE
Bonjour Apolline de MALHERBE
APOLLINE DE MALHERBE
Merci de venir répondre à mes questions ici. Vous êtes le ministre de l'Économie. Vous êtes le numéro deux du Gouvernement, le ministre le plus populaire du Gouvernement d'ailleurs. On va y revenir. On va parler retraites, bien sûr, mais je voudrais qu'on commence par le coût de la vie et le pouvoir d'achat. Dans quelques minutes, à 09h, on pourra se connecter sur le site des impôts pour recevoir ou savoir si on est éligible aux indemnités carburants pour les travailleurs les plus modestes, 100 euros. Est-ce que ça va marcher le site, cette fois-ci ?
BRUNO LE MAIRE
Ecoutez, nous avons fait toutes les vérifications avec Gabriel ATTAL, donc ça devrait marcher, enfin, on fait tout le nécessaire pour que ça marche. Et c'est un vrai soutien à toutes les personnes qui sont obligées de prendre leur voiture pour aller travailler. Vous habitez à 20, 30 kms de votre lieu de travail, ça coûte cher, il faut faire le plein, là, vous pouvez toucher dès aujourd'hui 100 euros, qui revient à une remise d'à peu près 10 centimes d'euro par litre, et ça va concerner 16 millions de personnes, donc c'est un effort important à destination de tous ceux qui travaillent…
APOLLINE DE MALHERBE
Et qui pourront d'ailleurs être, si tout ça fonctionne, si le système fonctionne…
BRUNO LE MAIRE
Il va fonctionner…
APOLLINE DE MALHERBE
Qui pourront être touchés…
BRUNO LE MAIRE
Je veux rassurer, il va fonctionner, c'est notre responsabilité…
APOLLINE DE MALHERBE
Enfin, vous nous aviez dit la même chose pour le site des boulangers, qui a sauté quand même, le jour J…
BRUNO LE MAIRE
Le site des boulangers n'a pas sauté…
APOLLINE DE MALHERBE
Le portail d'aide…
BRUNO LE MAIRE
Le site des boulangers n'a pas sauté, ce qui a sauté, c'est très précisément le portail unique pour les entreprises, qui a été victime d'une cyber-attaque, mais, en revanche, toutes les aides pour les boulangers, toutes les aides pour les TPE sont disponibles sur le guichet, ils peuvent les toucher, ça fonctionne très bien.
APOLLINE DE MALHERBE
On va revenir sur ces aides-là et sur cette attaque d'ailleurs contre laquelle, je crois, vous avez porté plainte, mais quand même juste un mot encore sur cette indemnité carburant, pour bien comprendre, c'est 100 euros, c'est en une fois, et ça sera versé pour certains dès le mois de janvier ?
BRUNO LE MAIRE
Exactement, enfin dans quelques jours, c'est 100 euros et c'est par véhicule, c'est ça qui est le plus important, si vous vous êtes un couple avec 2 enfants, que vous touchez un peu moins de 3.900 euros, vous êtes éligible à cette aide, et vous pouvez la réclamer si vous avez 2 véhicules, parce que les 2 travaillent, vous avez droit à 2 aides.
APOLLINE DE MALHERBE
La question que je vous posais sur le portail des boulangers, elle n'est pas du tout anodine, parce que, visiblement, le président lui-même avait exprimé son ras-le-bol, ras-le-bol de ces numéros verts, ras-le-bol de ces parcours du combattant pour obtenir les aides. Je voudrais quand même qu'on écoute sa colère, c'était, il y a un peu plus d'une semaine.
EMMANUEL MACRON, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAIS (5 JANVIER 2023)
On m'avait donné un numéro vert, mais il se trouve que j'ai eu un bon réflexe, j'ai testé le numéro vert qu'on m'a donné avant, ça ne marche pas, et moi, j'en ai ras-le-bol des numéros verts dans tous les sens, quand on travaille du matin au soir, on a besoin d'être accompagné et de ne pas passer 2h à attendre au bout du fil ou à passer une heure et demie à chercher sur un site. Beaucoup de nos artisans de nos TPE, ont autre chose à faire que d'aller chercher dans des sites Internet des circulaires absolument illisibles ou des tableaux incompréhensibles, j'ai fait l'exercice, comme je me suis dit un boucher ou un boulanger va le faire, c'est impossible.
APOLLINE DE MALHERBE
Alors, il s'est mis tous les boulangers dans la poche ce jour-là, en tout cas, qui l'ont bien applaudi, c'est sur votre dos quand même.
BRUNO LE MAIRE
Non, je ne crois pas que ce soit sur le dos de qui que ce soit, je pense que le président de la République a raison, nous sommes au service des Français, donc nous sommes là pour leur rendre service, pour que ça fonctionne…
APOLLINE DE MALHERBE
Et vous ne vous êtes pas senti visé par ces sarcasmes du président ?
BRUNO LE MAIRE
Mais vous savez, je pense qu'en politique, il faut savoir mettre son ego, ses susceptibilités de côté en se disant tous les jours, en tout cas, c'est mon état d'esprit, c'est difficile pour des millions de nos compatriotes, donc ma pomme, ça ne compte pas beaucoup, ce qui compte, c'est que ça aille mieux pour nos compatriotes, et si effectivement un site ne fonctionne pas, il faut le corriger, si les aides sont trop compliquées, il faut le corriger. Et le président de la République a parfaitement…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais est-ce qu'il n'aurait pas été plus correct qu'il vous le dise, j'imagine que vous vous appelez, que vous vous voyez, plutôt que de faire un peu la risée de votre système…
BRUNO LE MAIRE
Mais je vais vous dire avec beaucoup de sincérité, Apolline de MALHERBE, savoir si c'est bien pour l'un ou pour l'autre, s'il y a eu une difficulté entre un tel et un tel n'intéresse absolument pas nos compatriotes. Il y a un président de la République, il décide, et je suis dans mes fonctions de ministre de l'Économie et des Finances, là, pour que ça marche, pour qu'on protège nos compatriotes, pour que l'économie française aille mieux, tout le reste, je vais vous dire…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça n'a rien à voir avec le fait que vous soyez le ministre le plus populaire du Gouvernement ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je pense que ça n'a absolument rien à voir, et vraiment, très sincèrement…
APOLLINE DE MALHERBE
Ça n'agace pas ?
BRUNO LE MAIRE
Très sincèrement, je n'en ai absolument rien à faire, ça n'est pas mon sujet, mon sujet, c'est que, effectivement, les aides fonctionnent, un boulanger, le président de la République, une fois encore, a raison de le rappeler, il arrive à 4h du matin, il s'occupe de son pain, il fait démarrer son four, il a autre chose à faire que de regarder une facture d'électricité qui est extraordinairement complexe, et on doit lui simplifier la vie, et au bout du compte, on lui a simplifié la vie, puisque, après des heures de négociations avec les producteurs d'énergie, nous avons eu l'engagement que pour toutes les très petites entreprises de France, il y aura un prix moyen de 280 euros le mégawatheure sur l'année, et pour moi, il n'y a que ce résultat qui compte, les affaires de personnes, de susceptibilité, de susceptibilités personnelles, surtout dans cette période où c'est tellement difficile pour nos compatriotes, elles sont tout simplement indignes et elles n'ont pas leur place dans le débat politique.
APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, il y a les boulangers, et puis, il y a les bouchers, les bouchers qui manifestent aujourd'hui, notamment dans la région de Bordeaux, les boulangers d'ailleurs maintiennent aussi leur appel à manifester le 23, est-ce que ça veut dire qu'ils estiment que les aides ne sont pas suffisantes ou peut-être pas suffisamment lisibles ?
BRUNO LE MAIRE
Je pense que, aujourd'hui, ces aides ne sont pas suffisamment lisibles pour une raison qui est très simple, c'est que les factures ne sont pas encore arrivées, les factures de janvier vont arriver…
APOLLINE DE MALHERBE
En fait, ils s'angoissent à l'avance…
BRUNO LE MAIRE
Mais bien sûr, mais c'est normal, et je veux…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais vous dites quand les factures seront là, les inquiétudes tomberont…
BRUNO LE MAIRE
Moi, je veux simplement les rassurer, mais pas simplement les boulangers, pas simplement les bouchers, mais toutes les TPE, les 2 millions, plus de 2 millions de très petites entreprises, moins de 10 salariés, qui aujourd'hui s'inquiètent, qui voient leur facture, je veux les rassurer, la facture qu'ils auront à partir de la mi-février fera figurer le prix moyen, vous ne paierez pas plus de 280 euros le mégawattheure, alors que vous auriez pu avoir à payer 500, 600, certains avaient négocié jusqu'à 1.000 euros le mégawatheure, vous avez un prix garanti, si vous avez encore une difficulté, vous pouvez aller sur le guichet de "impots.gouv.fr" demander une aide supplémentaire. Vous avez droit à un amortisseur qui va réduire l'augmentation de prix de 20%, et si jamais vous avez encore des difficultés, les reports de charges sociales et fiscales sont possibles…
APOLLINE DE MALHERBE
Vous ne laisserez tomber personne…
BRUNO LE MAIRE
Mais, il y aura dans chaque département un conseiller qui sera à disposition de chaque patron de très petite entreprise, et je veux que chacun entende bien que nous sommes à leur disposition, et que s'il y a encore des difficultés ici ou là, parce que, même avec le meilleur système du monde, il peut toujours y avoir un cas particulier d'une entreprise, une très petite entreprise qui vient d'ouvrir ou qui a oublié de payer ses factures ou qui s'est retrouvée dans une situation singulière, elle va à la préfecture occulter le conseiller qui lui apportera les précisions nécessaires et les aides nécessaires.
APOLLINE DE MALHERBE
Les aides, il y en a un qui trouve qu'il y en a trop. C'est Édouard PHILIPPE, qui s'exprime dans le journal Le Point, j'ai regardé la liste des chèques, dit-il, donc votre ancien Premier ministre, c'est effrayant, il va falloir arrêter d'en faire, il précise même le quoi qu'il en coûte, il était nécessaire pendant le confinement, mais il n'est pas durable, et il va jusqu'à dire que c'est une manière d'acheter la paix sociale en faisant des chèques, c'est peu efficace à court terme, et c'est dangereux à long terme. Qu'est-ce que vous lui répondez ?
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, je veux le rassurer, le quoi qu'il en coûte est terminé, il est terminé, je pense que l'exemple que j'ai donné avec l'indemnité carburant, est le meilleur exemple qu'on puisse donner. Dans l'année 2022, vous aviez une remise qui était de 30 centimes d'euro pour tout le monde par litre de carburant, nous avons basculé sur un système qui est beaucoup plus ciblé, qui ne concerne que ceux qui prennent leur voiture pour aller travailler, on pourrait dire la même chose des aides aux entreprises, pourquoi est-ce qu'effectivement, il y a parfois des tiraillements, des inquiétudes, c'est parce que j'ai refusé qu'on fasse une aide générale sur toutes les entreprises d'un montant qui aurait été exorbitant, parce que ça aurait été mauvais pour les finances publiques, et que nous avons fait le choix, avec le président de la République et la Première ministre, de cibler les aides sur les entreprises qui sont le plus en difficulté. Donc je rassure Édouard PHILIPPE, nous sommes sortis du quoi qu'il en coûte, et il a parfaitement raison de rappeler que l'équilibre des finances publiques, auquel je suis profondément attaché, et que nous rétablirons dans les années qui viennent, est essentiel pour la nation.
APOLLINE DE MALHERBE
Et quand il dit que c'est peu efficace à court terme et dangereux à long terme, que c'est une manière d'acheter la paix sociale ?
BRUNO LE MAIRE
Mais personne ne souhaite acheter la paix sociale, et je vous redis mon état d'esprit dans ce début d'année, le service de nos compatriotes, les querelles politiciennes, les attaques personnelles ou autres me laissent de marbre.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est un peu ça, ce qu'il fait, là, Édouard PHILIPPE ? En tout cas, vous, vous dites…
BRUNO LE MAIRE
Mais tout cela me laisse de marbre. Je suis responsable de l'économie française, et que ça aille mieux pour tous nos compatriotes, qu'ils soient salariés, qu'ils soient entrepreneurs, qu'ils soient au chômage, en recherche d'emploi, qu'ils soient jeunes et qu'ils démarrent dans la vie, ma responsabilité, c'est de faire en sorte que l'économie française tourne, crée des emplois et de la prospérité pour tout le monde.
APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, le coût de la vie, c'est aussi le panier, le panier de la ménagère, le panier toutes les familles, le caddie, comme on l'appelle, eh bien, le journal Le Parisien révèle ce matin que vous seriez en train, à Bercy, de travailler sur un panier anti-inflation, 20 produits de première nécessité au prix le plus bas possible, alors là, pour le coup, ce ne serait pas un chèque, ce serait une sorte de négociation, où vous mettriez un peu quand même le couteau sous la tempe des grands distributeurs, de la grande distribution, en leur demandant à eux de faire un effort pour casser ces prix, c'est vrai ?
BRUNO LE MAIRE
L'idée globale oui, l'idée globale, c'est la même que sur le soutien aux très petites entreprises avec les énergéticiens, c'est que tout le monde contribue à la lutte contre l'inflation, l'État ne peut pas tout payer, l'État est là pour garantir sa protection, mais ne peut pas tout payer. Donc il faut partager le fardeau, c'est ce qu'on a fait sur les prix de l'énergie, on a dit 280 euros pour toutes les très petites entreprises, l'État va en payer une partie, les fournisseurs d'énergie, je veux le dire très clairement, en paieront aussi une partie…
APOLLINE DE MALHERBE
Ils ne sont pas d'accord, j'ouvre une petite parenthèse, puisque vous évoquez les fournisseurs d'énergie…
BRUNO LE MAIRE
Ça ne m'a pas échappé…
APOLLINE DE MALHERBE
Je recevais notamment une représentante de ces fournisseurs indépendants d'énergie, vendredi, sur RMC, qui disait : mais, ce n'est pas à nous de porter le chapeau, en gros, elle se trouvait prise en sandwich entre les particuliers…
BRUNO LE MAIRE
Mais ça ne m‘a pas échappé qu'il y a encore des résistances…
APOLLINE DE MALHERBE
Et les producteurs d'énergie, donc ceux qui sont les fournisseurs entre les deux, ils disent : eh bien, dans ces cas-là, c'est nous qui allons mettre la clef sous la porte…
BRUNO LE MAIRE
L'équité, c'est que tout le monde porte une part du fardeau de l'inflation, l'État, le consommateur, il en paie déjà une partie, puisque les prix augmentent, et les entreprises. Donc, on fera en sorte évidemment que les plus petits…
APOLLINE DE MALHERBE
Mais les fournisseurs, ils disaient : nous ne sommes pas des profiteurs de guerre et de crise…
BRUNO LE MAIRE
C'est pour cela que nous regardons attentivement la situation des plus petits producteurs d'énergie, plus petits fournisseurs d'énergie, mais je vous confirme…
APOLLINE DE MALHERBE
Il y a une différence, vous distinguez TotalEnergies, EDF…
BRUNO LE MAIRE
Je vous confirme ce matin, bien sûr, ce n'est pas la même chose d'être TotalEnergies ou EDF ou d'être un tout petit fournisseur d'énergie, on est lucide, et nous saurons faire la différence entre les uns et les autres. Mais tout le monde prendra sa part, c'est une question de justice, une question d'équité, et une question d'efficacité, et c'est la même chose pour les prix alimentaires…
APOLLINE DE MALHERBE
Non, mais ça veut dire que vous nous confirmez, ce matin, Bruno LE MAIRE, que, ou, on pourra bien renégocier quand on est un particulier, quand on est une entreprise qui a des difficultés à payer, on pourra renégocier son contrat d'électricité, on pourra, voire même, casser son contrat…
BRUNO LE MAIRE
Ce que je vous confirme ce matin, c'est des choses, je pense, très simples et très claires, il y aura un prix moyen pour toutes les très petites entreprises à 280 euros le mégawattheure sur l'année 2023, 2°) : les fournisseurs prendront leur part du coût que cela représente, et 3°) : pour les petites et moyennes entreprises, nous avons aujourd'hui tous les dispositifs, le guichet, l'amortisseur, le report de charges, la possibilité de renégocier son prêt garanti si on est vraiment en grande difficulté, et s'il reste des PME qui sont vraiment en difficulté, qui ont négocié des contrats à des tarifs qui sont totalement prohibitifs, exorbitants et qui pourraient les mettre dans une vraie difficulté économique, eh bien, nous traiterons au cas par cas la situation de ces PME.
APOLLINE DE MALHERBE
Le panier donc, 20 produits…
BRUNO LE MAIRE
Donc je reviens au panier, voyez, c'est la même logique, c'est de dire aux distributeurs, mais, dans le fond, est-ce qu'on ne pourrait pas tous faire un effort, regardez 20 produits de première nécessité, des produits d'hygiène, des produits alimentaires, sur lesquels vous vous engageriez à avoir le prix le plus bas possible, de façon à ce que tous ensemble nous amortissions le choc inflationniste, le choc inflationniste, aujourd'hui, il touche beaucoup des produits alimentaires, c'est dur pour les familles, c'est dur pour les ménages, il y en a encore pour quelques mois…
APOLLINE DE MALHERBE
Et pourquoi est-ce que sur ces 20 produits, vous ne…
BRUNO LE MAIRE
Et pendant ces quelques mois, regardons si on ne peut pas avoir ce panier qu'a proposé Olivia GRÉGOIRE.
APOLLINE DE MALHERBE
Sur ces 20 produits, est-ce que vous ne pourriez pas supprimer la taxe tout simplement, vous supprimeriez la TVA, ça, c'est aussi une partie du chemin, non ?
BRUNO LE MAIRE
Moi, je veux bien, vous savez, j'ai entendu l'idée de supprimer la TVA…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est ce que propose Marine LE PEN sur 100 produits…
BRUNO LE MAIRE
Je ne suis pas certain, 1°) : que les quelques centimes de différence fassent vraiment la différence pour les ménages…
APOLLINE DE MALHERBE
Eh bien, si ça s'allie au fait que la grande distribution, elle-même, fait baisser ses prix…
BRUNO LE MAIRE
Oui, mais, Apolline de MALHERBE, la seule chose qui compte pour moi, c'est le consommateur, c'est le ménage, je pense l'avoir dit depuis le début de l'émission, c'est la vie de nos compatriotes, qu'est-ce qui me garantit que si je baisse la TVA, ça n'ira pas dans la poche des distributeurs. Donc moi, je suis sûr et certain…
APOLLINE DE MALHERBE
Donc vous voulez qu'ils montrent d‘abord eux qu'ils font un effort…
BRUNO LE MAIRE
Eh bien, ce que je constate, c'est qu'on a fait dans le passé, depuis des années et des années, des baisses de TVA, et que la plupart du temps, les Français n'en ont pas vu la couleur, ils n'ont pas vu le tarif moins cher, le produit moins cher, la TVA est allée dans la poche de l'intermédiaire…
APOLLINE DE MALHERBE
Sur la restauration notamment, vous estimez que ça a été assez peu effectif…
BRUNO LE MAIRE
On ne va pas ouvrir le sujet de la restauration, mais je peux vous garantir qu'à chaque fois qu'on baisse un taux de TVA, le risque que ça finisse dans la poche du distributeur et pas dans la poche des consommateurs, il est très élevé. Donc, moi, je préfère un engagement formel, comme le propose Olivia GRÉGOIRE, sur un panier de produits où les distributeurs s'engageraient à avoir les prix les plus bas possibles…
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est peut-être pas le bon moment…
BRUNO LE MAIRE
Parce que ça, ça va directement dans la poche du consommateur.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce n'est peut-être pas le bon moment parce que quand vous écoutez les distributeur aujourd'hui, la grande distribution, ils sont vent debout contre vous parce qu'il y a cette proposition de loi qui émane de la majorité, qui soit disant voudrait assurer l'acheminement des grands produits mais qui se retourne puisqu'ils vous appellent les pompiers pyromanes, ça c'est le patron de LIDL qui le disait sur RMC, des pompiers pyromanes, le gouvernement puisqu'on vous, en fait on va leur demander en gros quand ils négocient avec les industriels avec Coca-Cola, avec Mars, si ils n'acceptent pas les prix eh bien c'est l'industriel qui In fine aura raison. C'est quand même très paradoxal de demander de baisser les prix et de l'autre côté de leur dire si Coca monte ses prix vous serez obligés d'accepter.
BRUNO LE MAIRE
Quel est là encore notre objectif, celui qu'on a réussi à obtenir avec la loi Egalim, c'est de trouver le bon équilibre entre les intérêts du distributeur, des producteurs agricoles dans le cadre de la loi Egalim et du consommateur, il faut que tout le monde en ait pour son argent. Il faut que le producteur qui est fermier, qui fait du lait…
APOLLINE DE MALHERBE
Là ce n'est pas les producteurs, ce sont les industriels.
BRUNO LE MAIRE
C'est juste pour expliquer quelle est la cohérence de notre action politique, avec la loi Egalim on a réussi à trouver une juste distribution de la valeur.
APOLLINE DE MALHERBE
Ce que vous êtes en train de me dire c'est que cette proposition de loi, elle n'est pas tout à fait dans votre… elle n'est pas bonne.
BRUNO LE MAIRE
Là il faut qu'on arrive, là je pense que l'équilibre n'est pas, l'équilibre n'est pas encore trouvé. Je ne dis pas ça, je dis que l'intention du député DESCROZAILLES est bonne, que l'équilibre n'est pas encore trouvé et que quand l'équilibre n'est pas encore trouvé, là en l'espèce c'est entre l'industrie et l'agroalimentaire, le consommateur et le distributeur, quand l'équilibre n'est pas encore trouvé, il faut continuer à travailler.
APOLLINE DE MALHERBE
Donc en l'état vous ne soutenez pas cette proposition.
BRUNO LE MAIRE
En l'état je pense que cette proposition de loi qui part d'une bonne intention doit être retravaillée, qu'on a encore un peu de temps pour la retravailler.
APOLLINE DE MALHERBE
Les retraites, Bruno LE MAIRE, vers un jeudi noir les syndicats qui disent attendre au moins un million de personnes voire même un million et demi dans la rue, des grèves dans tous les secteurs, est-ce que c'est à peu près comme ça que vous voyez la journée de jeudi ?
BRUNO LE MAIRE
Mais je ne vais pas dire que la journée de jeudi n'a pas d'importance, la liberté de manifester, les syndicats appellent à la grève c'est leur droit. Je voudrais juste qu'on comprenne pourquoi est-ce qu'avec le président de la République, la Première ministre, nous nous engageons dans une réforme des retraites. c'est jamais sympathique une réforme des retraites, ce serait beaucoup plus facile pour nous de dire aux gens c'est pas la peine de faire de réforme des retraites, c'est pas la peine de travailler plus longtemps, c'est pas la peine que collectivement nous travaillons tous plus, mais au bout du compte qu'est-ce que ça donnerait comme nation française dans 10 ans ou dans 20 ans ? Une nation appauvrie et déficitaire. L'appauvrissement et les déficits ne sont pas un avenir souhaitable pour la France et c'est ça le véritable enjeu. Est-ce que nous tenons à la solidarité entre les générations oui ou non ? Si on y tient, ce qui est mon cas, on doit garantir l'équilibre du régime des retraites, son équilibre financier. Et je voudrais dire à quel point je suis révolté d'entendre parfois les arguments des uns et des autres qui vous disent, ce n'est pas grave.
APOLLINE DE MALHERBE
Lesquels ?
BRUNO LE MAIRE
Quand on me dit ce n'est pas grave que le régime des retraites soit déficitaire, mais si c'est grave parce qu'à un moment donné vous ne pouvez plus payer ou alors des taux d'intérêt augmentent et vous payez la facture 3 fois ce que vous devriez la payer. Certains le [disent qu'il n'y a] pas de déficit, mais si dès l'année prochaine il y a un déficit et à horizon 2030 le déficit…
APOLLINE DE MALHERBE
Enfin là-dessus vous avez François BAYROU qui dit il y a une autre manière de faire, c'est de demander aux entreprises de participer.
BRUNO LE MAIRE
Mais je vais venir à la proposition de François BAYROU, je veux juste que chacun comprenne qu'avoir un régime des retraites qui est déficitaire de plus de 10 milliards d'euros c'est grave, avoir des déficits qui s'accumulent, c'est grave. et qu'on ne peut pas payer la solidarité à crédit, à un moment donné les choses se retournent contre vous et le choix que la nation française a à faire devant elle, c'est est-ce qu'elle croit encore à la solidarité entre les générations, et bien dans ce cas-là on rétablit l'équilibre, ce que fait notre loi en 2030 ou est-ce que dans le fond on fait la politique de l'autruche et on se résigne au chacun pour soi, parce que ce à quoi mène ce que propose, ce qui la main sur le cœur vous dit c'est pas grave les déficits, c'est pas grave et tout va bien, ce à quoi ça mène directement, c'est l'égoïsme, le chacun pour soi, le débrouillez-vous tout seul qui sera dur pour les plus pauvres, pour les moins qualifiés, pour les plus modestes parce que eux ne s'en sortiront pas. Donc oui j'accuse tous ceux qui ne se soucient pas des déficits du régime des retraites, qui ne veulent pas engager de réformes des retraites quelles qu'elles soient dans un fond de faire le jeu des plus favorisés dans notre pays au détriment des plus faibles et des plus modestes.
APOLLINE DE MALHERBE
et qu'est-ce que vous répondez aux élus de la France insoumise notamment qui soutiennent les mouvements syndicaux et qui disent que vous allez réduire l'espérance de vie en bonne santé et ils pointent du doigt le fait qu'il y a déjà un certain nombre de travailleurs modestes qui n'atteignent tout simplement pas l'âge de la retraite.
BRUNO LE MAIRE
Oui mais vous pouvez être encore plus précise Apolline de MALHERBE, certains sont allés expliquer que les travailleurs les plus modestes de toute façon était un quart à mourir avant 64 ans, on n'a pas le droit de jouer comme ça avec les peurs des Français, d'avancer des mensonges pareils.
APOLLINE DE MALHERBE
C'est faux ?
BRUNO LE MAIRE
Oui c'est faux, ça a été parfaitement démontré par un de vos confrères Patrick COHEN.
APOLLINE DE MALHERBE
Tout à fait.
BRUNO LE MAIRE
C'est faux. Mais au-delà du fait que ce mensonge…
APOLLINE DE MALHERBE
C'est faux, c'est indécent, je vois la colère dans votre regard.
BRUNO LE MAIRE
Mais je trouve ça totalement indécent. Le débat démocratique c'est pas le mensonge contre la vérité, le débat démocratique c'est conviction contre conviction, vérité contre vérité, chiffres contre chiffres, on n'a pas le droit de jouer avec leurs des Français, on n'a pas le droit de dire que les déficits sont totalement sans importance et on n'a pas le droit de laisser entendre que sans réformer le régime des retraites, on fait autre chose que de favoriser…
APOLLINE DE MALHERBE
Deux points encore Bruno LE MAIRE. Un : Si jamais ça bloque est-ce que vous débloquerez sans état d'âme ? Aurore BERGE, la présidente du groupe macroniste à l'Assemblée dit, bon il y a le droit de grève bien sûr mais ça n'est pas un droit de blocage et elle précise que s'il le faut ils permettront aux Français de ne pas entraver, enfin de pouvoir continuer à aller travailler, est- ce que ça veut dire que vous êtes prêt à débloquer s'il le faut, on parle déjà de blocage des établissements par les lycéens, on parle de blocage des raffineries, est-ce que vous prendrez votre part et vous irez débloquer ?
BRUNO LE MAIRE
Là encore qu'est-ce que nous voulons comme pays, qu'est-ce que nous voulons comme France ? La grève, le droit de grève bien entendu c'est un droit constitutionnel, le droit de manifester bien entendu c'est un droit constitutionnel, exprimer ses idées bien entendu mais bloquer, non, empêcher ceux qui veulent aller travailler de travailler, non. Et nous ferons respecter cette règle simple que la démocratie c'est la libre expression, ça n'est pas le désordre, ça n'est pas le blocage.
APOLLINE DE MALHERBE
Un dernier point parce que je l'ai évoqué François BAYROU qui dit que ce n'est moralement pas acceptable de faire tout peser sur les salariés et qui dit qu'il faudrait mettre à contribution les entreprises, est-ce une option ?
BRUNO LE MAIRE
Mais mettre à contribution les entreprises, elles sont déjà très à contribution. un entrepreneur du bâtiment et travaux publics, je sais que François BAYROU est très attaché aux TPE et aux PME, il a raison, quand il paye un de ses salariés 2000 euros, il va sortir 3300 euros de sa poche, 1300 euros, augmenter les cotisations des entreprises c'est courir le risque du chômage, augmenter les cotisations des salariés, c'est baisser les salaires nets des salariés, donc en tout état de cause l'augmentation des cotisations ne parait pas la bonne option.
APOLLINE DE MALHERBE
Bruno LE MAIRE, ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et du Numérique était donc sur RMC et BFM TV, merci à vous.
BRUNO LE MAIRE
Merci à vous.
Source : Service d'information du Gouvernement, le 17 janvier 2023