Interview de Mme Marlène Schiappa, secrétaire d'État, chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative, à France Bleu Frequenza Mora le 17 janvier 2023, sur son déplacement en Corse.

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Texte intégral

EVELAINE FONTANA
Elle est la secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, Marlène SCHIAPPA est chez nous, en Corse, depuis hier, et elle est dans nos studios ce matin, à Ajaccio, en direct. Elle est votre invitée, Caroline.

CAROLINE SAGLIONE
Bonjour Marlène SCHIAPPA.

MARLÈNE SCHIAPPA
Bonjour.

CAROLINE SAGLIONE
Vous êtes la première représentante du gouvernement à venir en Corse, depuis l’arrêt du dialogue avec Paris, c’était environ il y a trois mois. Doit-on y voir une volonté de la part du gouvernement, eh bien de dire que la porte reste ouverte ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Bonjour, d’abord, et merci de m’avoir invitée. Effectivement, je viens en tant que membre du gouvernement, donc bien sûr je suis rattachée à la Première ministre Élisabeth BORNE, et dans le cadre de l’action menée par le président Emmanuel MACRON. Donc je viens défendre les dossiers dont j’ai la responsabilité. Vous savez peut-être également que je suis originaire de Corse, ma famille est là, j’ai la Corse autour du cou tous les jours, et ce n’est pas ma première visite, loin de là, j’entame ma 6e année au gouvernement, et moi je fais partie des gens qui viennent en Corse, même l’hiver, qui viennent aussi voir la Corse, pas seulement la Corse des cartes postales, mais aussi les gens qui ont besoin qu’on les soutienne, qui travaillent avec les associations, et les belles réussites économiques. Donc je crois que c’est important d’incluse la Corse en fait dans toutes les politiques publiques menées par le gouvernement, à son bénéfice.

CAROLINE SAGLIONE
Alors, vous avez conscience quand même que ce déplacement se fait dans un contexte de tensions politiques, vous le dites, vous êtes Corse, vous ne pouvez pas ignorer la situation dans l’île. Le ministre de l’Intérieur a d’ailleurs annulé deux déplacements. Est-ce que vous êtes venue prendre également, au-delà de vos fonctions, prendre un petit peu la température dans l’île, parce que dans une interview que nous avons diffusée à 07h00, vous dites : "J’ai eu la permission de venir" ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Oui, bien sûr, parce que, comme je vous le disais tout à l’heure, je ne suis pas une auto-entrepreneuse, je suis membre du gouvernement, je m’inscris dans un collectif politique, et donc avant de faire des déplacements, eh bien en général on demande à l'Élysée et à Matignon ce qu’il en est, et donc bien évidemment personne ne m’a dit : non, il ne faut pas aller en Corse, et au contraire. Et donc, moi je vais vous dire, je suis au service de élus, et au service de la population, et quel que soit le bord politique de chacun, je pense que vous ne trouverez pas un élu en Corse, qui considère que je ne l’ai pas écouté dans le passé ou que je n’ai pas essayé d’arranger des dossiers ou d’être au service du territoire et du peuple corse. Je les ai toujours écoutés, même quand ils sont en désaccord. Je crois qu’il y a un dialogue franc qui s’est installé avec les années, entre les élus de Corse et moi-même, et ce dialogue il existe et il est continu, et je suis aussi là, bien sûr, pour entendre les revendications, et c’est normal.

CAROLINE SAGLIONE
Alors, même si vous le dites vous-même, ce n'est pas votre domaine, vous venez de le préciser, vous ne pouvez pas venir en Corse sans ignorer la situation, sans ignorer les revendications, question de l'autonomie, celle des prisonniers notamment.

MARLÈNE SCHIAPPA
Oui…

CAROLINE SAGLIONE
…d'autant que vous êtes donc, on va le répéter, originaire de l'île. Est-ce que vous connaissez précisément les aspirations des insulaires et est-ce que vous comprenez cette volonté de reprise du dialogue ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Alors, moi vous savez, comme tous les gens qui sont issus de la diaspora, j'aime passionnément et profondément la Corse, je suis attachée à sa culture et aux valeurs, et je pense que beaucoup des valeurs qui m’ont été transmises dans mon éducation viennent de la Corse, le respect de la parole donnée par exemple, le respect des plus fragiles, la solidarité, etc. etc., mais je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. C'est-à-dire, moi je ne suis pas élue de Corse, je ne prétends pas parler au nom de la population de Corse, et c'est pourquoi j'écoute les élus qui eux sont élus démocratiquement, quel que soit leur bord politique, qu'il s'agisse du Conseil territorial, qu'il s'agisse du Conseil exécutif, des députés, des maires, des élus locaux. J'ai déjeuné hier avec Monsieur le Député et avec Monsieur le Maire de Bastia pour parler de la candidature de Bastia comme capitale européenne. Je trouve que c'est un magnifique projet et qu’il convient d'être soutenu au-delà de tous les bords politiques, moi en tout cas je le soutiendrai et nous avons rencontré également des élus, j’ai été reçue à Corte par Monsieur le Maire, puisque j’ai visité le Fab Lab de l'université de Corte, et tout à l'heure nous allons continuer, j'aurai également un déjeuner avec des élus. Ce soir, à la préfecture, j'organise un dîner avec des entrepreneurs du monde de l'économie sociale et solidaire. Il y a aussi ce dynamisme en Corse, et je pense qu'il ne faut pas que les problèmes institutionnels masquent aussi, un, les besoins du territoire, le territoire a besoin d'être soutenu encore davantage, et deux, je ne veux pas que cela masque non plus les belles réussites, parce qu'il y en a. Vous avez des gens qui créent et qui entreprennent. J'irai tout à l'heure dans une recyclerie qui travaille sur ce sujet. J’irai avec Monsieur le Recteur voir en collège qui travaille sur un programme qui s'appelle « Apprendre pour entreprendre », pour que chacun puisse ensuite, s'il le souhaite, créer son entreprise, et ça je crois que c'est assez enthousiasmant. Il faut vraiment mettre en avant je crois les belles réussites économiques de la Corse.

CAROLINE SAGLIONE
Marlène SCHIAPPA, vous avez prévu de rencontrer Gilles SIMEONI durant les 2 jours qu'il vous reste ?

MARLÈNE SCHIAPPA
Alors, je crois que nos agendas ne nous ont pas permis de pouvoir trouver un rendez-vous, puisque j'ai beaucoup, j’étais à Bastia, Corte, Ajaccio, Sartène. Sur les 3 jours je me déplace beaucoup, néanmoins nous sommes en échanges réguliers, j'étais hier avec Nanette MAUPERTUIS notamment, avec laquelle nous avons besoin bien sûr discuté, échangé. Les équipes se parlent. Le ministre de l'Intérieur, vous l'avez rappelé, Gérald DARMANIN, mène le dialogue institutionnel, mais il n'y a pas que ce sujet qui existe ici et je pense que les autres sujets nous devons continuer à les adresser. J'étais par exemple au club de foot de Bastia hier, pourquoi, parce que c'est le premier club de foot qui s'est organisé en coopérative, et je trouve que c'est vraiment passionnant de voir ces nouveaux modèles de démocratie d'entreprenariat, qui mettent à la fois les élus, les supporters, la population, mais aussi les dirigeants du club ensemble, au service de projets communs. Je dirais que c'est ça aussi finalement les valeurs de la Corse, c'est savoir ponctuellement mettre de côté nos désaccords, même si nous savons qu'ils existent, au bénéfice du territoire.

CAROLINE SAGLIONE
Merci Marlène SCHIAPPA.


Source : Service d’information du Gouvernement, le 18 janvier 2023